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EAN : SIE84621_8067
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.03/5   40 notes
Résumé :
Pendant des années torrent impétueux, l'ardeur conjugale de Victor-Emmanuel Chandebise subit soudainement une éclipse, tel un oued en été. Cette brusque sécheresse met la puce d l'oreille de son épouse Raymonde qui l'attribue à la plus simple des hypothèses, un changement de lit. Ce qui s'admet pour une rivière ne se tolérant pas d'un mari, elle décide de prendre le sien au piège. Une lettre doit l'attirer à l'hôtel du Minet Galant... où elle le recevra de la belle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La pièce a été créée en 1907 au théâtre des Variété, comme beaucoup de pièces de Feydeau. Nous sommes en terrain connu avec son intrigue, relativement reconnaissable et basique. Raymonde Chandebise, sur la foi d'indices ténus, soupçonne son mari d'infidélité. Elle se propose de le démasquer, et pour cela fait écrire à son amie Lucienne une lettre supposée venir d'une admiratrice énamourée, donnant rendez-vous à Victor-Emmanuel à l'hôtel du Minet-Galant (tout un programme). Ce qu'elle ignore, c'est que cet établissement est fréquenté par un certain nombre de ses proches : Camille, le neveu de son mari, le docteur Finache, un habitué de la maison. de plus, le nouveau valet à tout faire de l'hôtel, ivrogne et idiot, est un sosie de Victor-Emmanuel Chandebise. Pour une raison ou une autre, tout le monde va se retrouver à l'hôtel de rendez-vous galants, en partie parce que le mari de Lucienne, un jaloux hidalgo, a reconnu l'écriture de sa femme et veut l'occire avec son supposé amant. Si on y ajoute, le personnel de l'hôtel et les hôtes de passage, cela fait beaucoup de mouvement et de matière à quiproquos.

Nous sommes en terrain connu, Feydeau reprend ses thèmes et mécaniques habituelles pour faire rire : les couples bourgeois flirtant avec les infidélités et séductions, l'hôtel de rendez-vous haut en couleur propice à toutes les méprises, toutes les tromperies, et à la mise en mouvement des personnages dans un ballet soigneusement organisé. Ici, le comique repose beaucoup sur le double personnage Victor-Emmanuel / Poche. le respectable directeur d'une compagnie d'assurance est pris pour un valet ivrogne, se fait rosser et traiter comme un moins que rien, pendant que Poche a droit aux attentions, excuses et petits soins de l'entourage de son double, et ne comprend rien à l'étrange comportement de toutes ses personnes. Les familiers de Chandebise sont quant à eux à deux doigts de le croire pris de folie. A tout cela s'ajoute un jeu particulier sur le langage : entre Camille, le neveu, capable de prononcer uniquement les voyelles, le client américain de l'hôtel qui ne parle que l'anglais, et Carlos, avec son accent appuyé et des dialogues en espagnol, une cacophonie ambiante s'installe.

On peut bien entendu voir dans la pièce une illustration d'une difficulté à communiquer, d'une inutilité du langage, d'un vide existentiel aboutissant à un monde absurde, à la limite de la folie, malgré une logique interne aussi imparable que délirante. Mais le mieux est sans doute de se laisser aller à rire de tout ce petit monde, lors d'une représentation théâtrale de qualité : le résultat peut-être tout simplement irrésistible et faire passer des moments de fous rires inoubliables.
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Feydeau est très fort pour donner du rythme à une succession de quiproquos dans un univers conjugal bourgeois parisien.

Raymonde est persuadée que son époux Victor-Emmanuel Chandebise, pourtant très fidèle, la trompe, notamment parce qu'il ne fait plus l'amour avec elle. Mais c'est un colis contenant des bretelles reçu de l'hôtel du Minet-Galant qui lui a mis « La puce à l'oreille ». Elle demande alors à son amie Lucienne de l'aider à monter un coup pour le pincer : adresser à son mari une lettre passionnée, anonyme et parfumée, pour lui fixer un rendez-vous dans cet hôtel de Montretout plutôt douteux.
Lucienne qui s'est prêtée au jeu se retrouve dans une situation dramatique : son mari a reconnu son écriture et croit qu'elle le trompe avec Chandebise. Il décide de se venger et se rend au Minet-Galant où, comme si ce n'était pas déjà suffisamment complexe, le garçon d'hôtel, un certain Poche, est un sosie du mari de Raymonde. Ça va vite chauffer et les portes vont claquer comme Feydeau en a l'habitude, car si tout le monde se retrouve à l'hôtel, personne ne veut y être vu.

Je trouve que le personnage de Camille Chandebise, le neveu qui ne sait prononcer que les voyelles, est particulièrement réussi et original. Ce qui est drôle aussi dans ce vaudeville, c'est que plus la pièce avance, plus les personnages et les situations évoluent vers un burlesque mêlant humour et schizophrénie avec le double personnage de Victor-Emmanuel et Poche son opposé.


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LA PUCE A L'OREILLE (1907)

Feydeau (1862-1921) aime à traiter des maris aldutérins, des femmes jalouses et réciproquement. Là une femme suspecte son mari de la tromper. Une lettre rédigée suite à un envoi de bretelles venant de l'hôtel du Minet Galant à Montretout (rien que ce nom là fait rire) déclenche une série de catastrophes en chaine.
Le génie comique de Feydeau donne à plein.
Quiproquos, sosies, textes taillés avec une précision de diamantaire, situations comiques, trouvailles hilarantes-le lit qui tourne, le personnage qui ne parle qu'en utilisant des voyelles-...
Excellente pièce qu'on peut aussi visionner en différentes versions sur Youtube...Celle de 1980 jouée par la Comédie Française est excellente. Quand on voit la distribution, on comprend pourquoi :
Comédie française
Georges Descrières
Georges Chamarat
Bernard Dhéran
Michel Aumont
Alain Pralon
Michel Duchaussoy
Alain Feydeau
Guy Michel
Jean le Poulain
Yvonne Gaudeau
Paule Noëlle
Bérengère Dautun
Alberte Aveline
Virginie Pradal
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Un bon moment de lecture. Feydeau toujours dans son registre habituel, même si cette pièce de théatre n'est pas la meilleure de sa production.
Je lui préfère, et de loin, un autre pièce : " Mais n'te promène donc pas toute nue ! "
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Une intrigue classique (une femme qui soupçonne son mari de la tromper lui tend un piège), des quiproquos, des portes qui claquent, des personnages insolites (dont des sosies qui génèrent des quiproquos…), et tout finit bien à la fin. du Feydeau poussé à l'extrême et qui en devient ennuyeux.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
LUCIENNE.—Eh ! bien, raison de plus !... ça ne prouve pas qu'il se décave ailleurs. Ça prouve
simplement qu'il est décavé, un point, c'est tout.
RAYMONDE, qui a écouté tout cela adossée au meuble du fond et les bras croisés. —Oui-da !
(Redescendant jusqu'à la table et fouillant dans son réticule dont elle tire une paire de bretelles
qu'elle brandit sous le nez de LUCIENNE.) Eh bien !... et ça ?
LUCIENNE.—Qu'est-ce que c'est que ça ?
RAYMONDE, sur un ton péremptoire. — Des bretelles.
LUCIENNE, sur le même ton. —C'est ce qu'il me semblait.
RAYMONDE.—Et sais-tu à qui elles sont, ces bretelles ?
LUCIENNE.— A ton mari, je présume !
RAYMONDE, vivement. —Ah ! ah ! tu vois, tu ne le défends plus autant.
LUCIENNE.—Mais non, quoi ! Je dis ça... parce que je suppose que si tu as des bretelles sur
toi, elles sont plutôt à ton mari qu'à un autre monsieur.
RAYMONDE, qui a remis les bretelles dans le réticule, allant déposer ce dernier sur le meuble
du fond et redescendant (1), tout en parlant, au milieu de la scène. —Parfaitement ! Eh ! bien,
peux-tu m'expliquer maintenant comment il se fait que mon mari les ait reçues ce matin par la
poste, ces bretelles ?
LUCIENNE.—Par la poste ?...
RAYMONDE.—Oui, un colis postal que j'ai ouvert, par mégarde, en inspectant son courrier.
LUCIENNE.—Et pourquoi l'inspectais-tu, son courrier ?
RAYMONDE, du ton le plus naturel. —Pour savoir ce qu'il y avait dedans.
LUCIENNE, s'inclinant ironiquement. —C'est une raison.
RAYMONDE.—Tiens !
LUCIENNE.—C'est ça que tu appelles ouvrir un colis... par mégarde !
RAYMONDE.—Mais dame ! par mégarde signifie : qui ne m'était pas adressé.

Acte I, Scène IV
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ÉTIENNE [bien face à FINACHE et le corps rejeté en arrière dans son fauteuil en équilibre sur les pieds de derrière]. Quand on a comme ça, de chaque côté du ventre, comme un point continuel ? [Pour bien préciser les points, des deux mains retournées, il se donne des petits coups de chaque côté de l'abdomen.]
FINACHE [assis en face d'ÉTIENNE]. Ah ! bien, ça vient souvent des ovaires.
ÉTIENNE. Oui ? Eh bien ! j'ai ça, moi !
FINACHE [ayant peine à garder son sérieux]. Ah ? Eh ! bien, mon ami, faut vous les faire enlever.
ÉTIENNE [se levant et remontant]. Hein ? Ah ! non, alors ! Je les ai, je les garde.
FINACHE [qui s'est levé également]. Oh ! mais remarquez, mon garçon, que je ne vous les demande pas.
ÉTIENNE [passant au 1 par le fond]. Oh ! vous pourriez !

Acte I, scène 1
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CHANDEBISE.
Ah ! oui, mon pauvre Chandebise ! Car désormais, c’est fini ! Ça devient l’idée fixe ! Je ne me pose même plus la question ; je n’ose même plus me dire : « Ce soir, est-ce que je ? » non, je me dis : « Ce soir, je ne ! » Et vlan ! ça ne rate pas.

FINACHE, blagueur.
Oui, tandis que vous… !

CHANDEBISE.
Comment ?… Allons, Finache, voyons ! ce n’est pas le moment de plaisanter.

FINACHE, se levant.
Oh ! bien, quoi ? vous n’attendez pas que je prenne votre cas au tragique ! Mais il est de tous les jours, votre cas ! Vous êtes simplement victime d’un phénomène d’auto-suggestion. Eh ! bien, c’est à vous d’en avoir raison. Un peu de force de caractère, que diable ! Vouloir, c’est pouvoir !

CHANDEBISE.
Euh ! euh !

FINACHE.
Si au lieu de vous dire : « Est-ce que je ? » ce qui vous fiche à bas ; il faut vous dire (Bien affirmatif.) : « Je ! » et voilà ! Jamais douter de soi dans la vie. Ah ! et puis… et puis surtout ne pas y mettre d’amour-propre… Mais oui, mais oui ! tout ça, c’est de l’amour-propre ! Eh ! bien, l’amour-propre et l’amour, ça ne va pas ensemble !… Si même il y en a un qu’on appelle propre, c’est pour le distinguer de l’autre… qui ne l’est pas !… Tout ce que vous venez de me raconter, c’est à votre femme que vous auriez dû le dire, pas à moi ; et ça bien nettement, bien tranquillement, au lieu d’essayer de faire le malin avec elle. Il serait arrivé qu’elle aurait ri ; vous en auriez ri ensemble, chacun y aurait mis du sien ; et l’émotion, l’inquiétude désormais au rancart, ça aurait marché comme sur des roulettes.
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Oh ! si, si ! Ne dis pas non, Lucienne. Tu étais ma meilleure amie au couvent. Nous avons beau nous être perdues de vue pendant dix ans, il y a des choses qui ne s’effacent pas. Je t’ai quittée Lucienne Vicard, je t’ai retrouvée Lucienne Homénidès dé Histangua ; ton nom a pu s’allonger, ton cœur est resté le même ; j’ai le droit de te considérer toujours comme ma meilleure amie
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ANTOINETTE.
Je ne peux pourtant pas te dire ce qui n’est pas…

ÉTIENNE.
Mais, malheureuse, je t’y ai vue !… de mes propres yeux, vue !…

ANTOINETTE, avec un sang-froid déconcertant.
Et après ? Qu’est-ce que ça prouve ?…

ÉTIENNE, suffoqué.
Oh !

ANTOINETTE, péremptoirement.
Que tu m’aies vue ou non…, je n’y étais pas !…
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