Revue XXI, n°28

C'est un pléonasme à présent de dire à quel point la revue XXI est de qualité !
Le présent numéro n'échappe une nouvelle fois pas à ce constat et l'on se surprend à lire avec passion un article qui, à première vue, n'était pas très glamour... Ce fut mon cas avec l'enquête sur Khaled Jarrar (j'avoue que les relations israëlo-palestiniennes sont pour moi un tel imbroglio que leur évocation seule suffit à me faire battre en retraite!)
Mais ce numéro 28 tient surtout à l'enquête d'Emmanuel Carrère sur Luke Rhinehart, ce psychanalyste qui, un soir, décide de se soumettre au décisions d'un dé. de plutôt innocentes dans un premier temps, les options proposées deviennent de plus en plus farfelues et originales... puis carrément risquées et dangereuses. Il devient alors le Diceman, l'Homme-dé.
En choisissant l'option d'enquêter sur cet homme, Emmanuel Carrère donne à lire un superbe article, approfondi, humble, littéraire et passionnant.
Les collaborateurs habituels de XXI sont extras. Mais ajouter Emmanuel Carrère à l'ours de ce numéro, c'est apporter le son surround à Mozart, la 3D à Picasso ou l'option olfactive aux livres de recettes de Gordon Ramsay !
En bref, si le temps vous manque et si vous ne deviez ne lire qu'un seul XXI cette année, n'hésitez pas : c'est celui-là !

Peu de temps après avoir découvert (et avoir été enthousiasmée) par la revue 6 mois, voici que je tombe sur sa grande soeur : la revue XXI !
Si la revue 6 mois privilégie le reportage photo alors que XXI donne plus de place au texte, l'esprit qui les anime est proche : les formes sont diverses (enquêtes de terrain, interview, etc.), l'écriture est généralement simple tout en étant agréable, les sujets sont variés (parcours personnels ou à l'échelle d'une ville, beaucoup à l'étranger mais quelques-uns en France tout de même) mais à chaque fois, on sent l'implication du reporter.
Tout en apportant des éléments informatifs, on perçoit l'intérêt et la prise de position de la personne à l'origine de l'article et c'est ce qui donne de la force aux reportages. C'est d'ailleurs cet aspect qui m'a permis de maintenir mon intérêt tout le long de la revue.
Moi qui ne lis ni ne regarde aucun journal, cette revue pourrait bien être le portail qui me permettrait (enfin) de me tenir informée... Juste génial !

Pour ce numéro, encore de nombreux reportages qui se moquent de l'actualité à chaud, mais qui préfèrent un traitement de fond. Ce concept me plaît, nous sommes suffisamment abreuvés par la télé et les magazines et journaux d'informations sans décryptage, d'informations qui n'en sont pas pour nous faire oublier l'essentiel.


Beaucoup de reportages dans ce numéro, je ne peux parler de tous mais tous sont intéressants. J'ai été sidéré par " le rêve de Lagos" qui montre une réalité loin des clichés vus quelques temps auparavant à la télé... ça fait peur... j'ai été ému par "Retour au Vietnam" et par cette quête des racines encore difficile à mener, par les belles photos de " La vie sans hommes" en Arménie, intriguée par "A la recherche de l'homme-dé", j'ai aimé l'entretien avec "Malek Chebel"....

Toujours un plaisir de relire ces histoires, ces enquêtes, du journalisme où l'on voyage, les yeux aux aguets, merci! Mention spéciale pour Mathieu Palain.