Autre ouvrage de réflexion passionnant, celui d'un philosophe, vivant celui-ci,
Alain Finkielkraut et son « Mécontemporain » dans lequel il revient longuement sur les différents approfondissements et non évolutions (l'auteur insiste sur cette dichotomie) de la pensée de Péguy. Dreyfusard à l'heure ou d'autres de ses ami(e)s socialistes pouvaient faire le choix inverse (oui il y eût des socialistes antidreyfusards), volontiers mélancolique et nostalgique d'un monde dont il pressentait les prémices meurtrières, nationaliste amoureux d'une « patrie charnelle » puis retournant à la foi catholique à la fin de sa vie l'on peut dire que le cheminement intellectuel de Péguy est loin d'être évident à appréhender.
Finkielkraut nous dépeint avec une profonde sincérité les différents engagements d'un homme que la postérité a pu injustement cloué au pilori en le taxant de réactionnaire, de nationaliste avec tout ce que ce terme implique à la suite des deux conflits mondiaux du XXème siècle et même d'être l'un des fondateurs du national-socialisme à la française (n'est ce pas
Bernard Henri Lévy..).
Finkielkraut remet les choses dans leur contexte en éclairant d'une lumière nouvelle les prises de position de Péguy qui loin d'être anarchique relevaient bien au contraire d'un processus intellectuel cohérent. Péguy est un incompris. Accusé de trahison par ses anciens ami(e)s socialistes, semblant abjurer son engagement Dreyfusard aux yeux des cléricaux, des Barrès et autre Maurras, de ce point de vue l'ouvrage de
Finkielkraut fait en quelque sorte oeuvre de réhabilitation des différents engagements de Péguy. Attention,
Finkielkraut ne tombe pas non plus dans le piège hagiographique d'un Péguy sans contradiction, sans erreur d'appréciation, mais ce qu'il ne souhaite avant tout pas, c'est que selon les propres mots de Péguy, « les oeuvres du génie soient ainsi livrées aux bêtes (…). »
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