Ce matin, une panne de voiture m'a contrainte à annuler mes projets de ce jour. C'est à croire que le voleur de regards avait planifié ça pour me permettre de me plonger corps et âme dans son projet macabre. Je viens d'avaler 400 pages sans interruption, sans manger, sans même respirer.
Ca faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre capable de me scotcher, de me captiver, de m'emmener si loin dans l'horreur.
Et - c'est très bizarre à dire - ça m'a fait du bien.
Pendant quelques heures, j'ai oublié mon quotidien, mon travail en retard, mes coups de fil à passer, les appels incessants de mon estomac à l'approche de midi.
L'histoire est glauque à souhait. le jeu est dément. L'homme qui le dirige encore plus. Nos méninges se triturent pour tenter d'aider Alexander Zorbach et Alina dans leur quête de sauver deux enfants des griffes du monstre.
Jusqu'à la fin, nos hypothèses se succèdent, se démantelant au gré des indices. Et jusqu'au bout, le doute persiste.
Au coeur de l'enquête, les indices paranormaux d'une femme aveugle nous malmènent, déstabilisant nos repères rationnels et traditionnels.
On est perdus. du début à la fin !
Sebastian Fitzek a su trouver les mots précis et parfaits pour enlever les miens de la bouche l'espace d'une journée. Quel talent !
P.S. Et je viens d'ajouter à l'instant à ma liste Pense-bête, la suite de ce roman - Le chasseur de regards - qui promet de m'emmener une nouvelle fois très loin du confort de ma terrasse printanière sous le soleil. A croire que je suis un peu masochiste :-)
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45 h et 7 min, c'est le temps que laisse "le voleur de regards" aux enquêteurs pour retrouver vivants des enfants qu'il enlève après avoir assassiné leur mère. Par trois fois déjà, ce serial-killer a sévi dans Berlin et... gagné. Le délai imparti, toutes les petites victimes ont été découvertes, mortes par noyade et énuclées de l’œil gauche. Le quatrième compte a rebours a été lancé. Les jumeaux Léa et Tobias ont disparu alors que la police vient de trouver le cadavre de leur mère, un chronomètre coincé entre les doigts, lançant le décompte fatidique. Philippe Stoya le chef de la brigade criminelle commence alors la partie de cache-cache. La présence sur le lieu du crime d'Alexander Zorbach, un de ses anciens collègues reconverti dans le journalisme après une affaire qui a mal tourné, va rapidement attirer les soupçons des flics. Et c'est là qu'entre en scène Alina, une jeune psychothérapeute médium... et aveugle.
De Sebastian Fitzek, j'avais beaucoup aimé "Tu ne te souviendras pas". Je retrouve ici exactement la même trame de scénario, c'est-à-dire un personnage principal qui n'est pas flic (ici, journaliste et dans l'autre, avocat) obligé de mener une enquête de son côté pour se disculper, pendant que le vrai coupable reste insoupçonnable sous nos yeux. Les premières pages de ce thriller psychologique m'ont intriguée car l'auteur nous entraîne dans un "perpetuum mobile" énigmatique, en commençant son livre par l'épilogue puis le numéro des chapitres qui va décroissant tel un compte à rebours, pour terminer par le prologue et le chapitre un, comme si l'histoire allait recommencer. La surprise passée, j'ai eu du mal à être happée par le récit et l'ennui était à deux doigts de me gagner. La ligne de flottaison entre monde réel et paranormal est souvent brumeuse. Malgré le décompte implacable enclenché, il m'a manqué l'adrénaline qui fait dresser les poils sur les bras. Toute l'originalité de ce thriller réside dans les dernières pages. Comme je n'avais pas été très attentive, j'ai relu quelques pages par ci, par là, afin de me remémorer les indices qui m'avaient échappé. Il faut vraiment patienter jusqu'au bout pour découvrir le machiavélisme de l'auteur. C'est dommage que sur presque 500 pages, ces instants de grâce aient été si limités.
Après réflexion, je reconnais que c'est bien joué, d'autant plus que Fitzek ne se contente pas de jouer sur la corde sensible de l'émotion en mettant en scène des enlèvements d'enfants, ni d'attirer l'attention du lecteur sur le difficile quotidien des personnes non-voyantes, il donne en plus à son tueur un mobile "presque acceptable". A vous de lire si vous êtes curieux... Pour moi, c'est un 12/20 car j'ai été ballottée entre le pire et le meilleur.
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Rien dans ce quartier ensommeillé en bordure de la forêt de Grunewald, ne signalait qu'un meurtre brutal venait d'y être perpétré. On aurait dit que la neige fraîche recouvrait non seulement les toits, les rues et les jardins, mais aussi le souvenir du drame. Si je n'avais pas été alerté, j'y aurais vu l'endroit le plus sûr de la planète, dans un quartier où les parents donnent à leurs enfants des noms qui passeraient inaperçus dans un catalogue Ikea : Tombte, Sören, Noemi, Las-Alvin, Finn... Des enfants dont le temps passé devant la télé est strictement limité et dont on attend le retour, non pas du terrain de foot, mais de la leçon de piano, tandis que les adultes, par-dessus les haies, discutent des mérites comparés des engrais pour pelouses et recherchent lequel des voisins a encore laissé son chien se soulager dans le Wirtschaftsweg, alors que la commune a disposé partout ces boites bleues qui proposent gratuitement des sacs jetables.
- Laisse-moi t'aider !
- M'aider ? hurla-t-elle. Comment donc ? Tu n'as pas la moindre idée du monde dans lequel je vis. Tu fermes les yeux, tout devient noir et tu te dis : "Haha, c'est donc ça quand on est aveugle." Mais ce n'est pas comme ça du tout.
- Je le sais...
- Tu sais que dalle. T'est-il déjà arrivé qu'on te prenne par l'épaule et qu'on te fasse traverser la rue contre ton gré, parce qu'on pense qu'il faut aider les personnes handicapées ? T'es-tu déjà mis en colère contre les handicapés en fauteuil roulant pour qui on abaisse les rebords des trottoirs, après quoi, putain, je ne sais même plus où commence la rue ? Est-ce qu'en ta présence, les gens agissent comme si tu n'existais pas et ne parlent qu'avec la personne qui t'accompagne ? Je suppose que la réponse est non, pas vrai ?
- Espèce de salaud égocentrique, sans cœur et sans parole.
- Tu as oublié "répugnant" et "abruti".
Je parlais d'une voix calme, beaucoup plus calme qu'à mon habitude quand je me querellais avec celle qui était encore ma femme. Je précise "encore" car, lors de notre dernière rencontre, nous avions décidé de divorcer. Nicci répéta alors la phrase qu'elle m'avait lancée à la figure, ce soir-là :
- Parfois, je me demande vraiment comment j'ai pu vivre avec toi !
- Bonne question ! Je demande un joker et je sollicite l'avis du public !
Je me demandai s’il existait une loi obligeant même les hommes politiques les plus inconnus et les plus laids à faire tirer leur photo sur papier. Et s’il y avait sur notre planète un seul être qu’une affiche électorale ait jamais pu influencer dans son vote. Peut-être devrais-je lancer dans mon journal un appel à témoins quand toute cette affaire serait terminée.
Franck n'était pas comme ça. Pour lui, le journalisme n'était pas un métier, mais une vocation, qu'il aurait probablement vécu aussi intensément si notre journal l'avait payé plus mal encore que ce n'était le cas. Vu le nombre d'heures supplémentaires qu'il accumulait bénévolement, son salaire horaire ne devait guère dépasser celui d'un ouvrier agricole somalien.
Sebastian Fitzeks Die Therapie - Teaser | Prime Video