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Critique de Gwen21


Whaou, whaou, whaou ! Place au coup de coeur !

Premier roman de Francis Scott Fitzgerald qui me passe entre les mains et je suis conquise à la fois par le style de l'auteur (je précise que j'ai lu la traduction de Victor Llona), par la construction du récit et par le récit lui-même.

J'ai immédiatement adhéré à cette histoire tellement pleine de notre humanité : vouloir réaliser un rêve, aimer un être tout en se croyant aimé et réaliser trop tard qu'on s'est douillettement enraciné dans un rêve idyllique sans se préparer à la déception, à la souffrance et à la réalité, se confronter au manque d'idéal ou de fidélité des autres, mentir pour se valoriser, jouer un rôle, chercher à se hisser au niveau chimérique de ceux qu'on admire, chercher à atteindre un sommet et pour cela ne reculer devant aucune bassesse ni aucune manigance...

***ALERTE SPOILERS***
Le roman commence par ces mots qui m'ont tout de suite séduite :
"Quand j'étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit :
– Quand tu auras envie de critiquer quelqu'un, songe que tout le monde n'a pas joui des mêmes avantages que toi." et s'achève avec ces mots tout aussi forts :
"C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé".

Le passé, le présent et l'avenir... l'existence, construire sa vie, voilà le fil rouge du récit, vouloir se réaliser et placer au point culminant de sa vie l'amour même si celui-ci est inaccessible, bancal, mensonger, perdu et ne garantit pas le bonheur. Les illusions et la force de l'auto-persuasion vibrent chez Gatsby comme chez Nick, Jordan, Myrtle, Daisy comme des cordes sensibles...

Ce court roman au rythme très enlevé et qui noie ses protagonistes dans une fête ininterrompue largement arrosée de Champagne prend souvent des allures de pièce de théâtre. J'ai ressenti l'émotion et la personnalité de chaque personnage, leur drame individuel m'a habitée chacun à sa manière. L'approche psychologique des hommes comme des femmes, tout en finesse et en sobriété, offre également un témoignage réaliste et cru de la mentalité des Blancs américains pendant les Années Folles.

Gatsby, ce nouveau riche plein de paradoxes, qui avance dans l'ombre tout en faisant scintiller les étoiles de tous les excès, cet amoureux transi au sang-froid affecté et qui pense sincèrement qu'on peut changer le passé en misant sur le présent et en décidant de son propre avenir, offre une figure touchante et pathétique qui a éveillé ma compassion et mon affection.

On pourrait être tenté de réduire la morale de cette histoire à l'adage "l'argent ne fait pas le bonheur" or ce récit est riche d'une foule d'autres enseignements sur la nature humaine et dépasse largement le seul thème de l'arrivisme.

Je recommande chaudement la lecture de ce grand petit roman.
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