Pas toujours évident de passer d'une lecture à une autre, hésitante devant ma PAL…je prends celui là….oh et puis non…. Ce sera finalement « La vie à tâtons » de Marie Fitzgerald acheté le jour de mon anniversaire !….
….Vous savez ce genre d'expression « la vie à tâtons », on l'a expérimentée à un moment ou un autre de notre vie, parfois dans certains de nos premiers pas, puis dans des moments plus délicats….critiques, quand on avance à reculons, ou que ca rouuuule sur des roues carrrrrées…
On stagne dans des eaux troubles, rien d'aérien, pas un brin de poésie dans le quotidien… oh non Christian Bobin…on ne décolle pas : on boit la mer à la petite cuillère… !
L'auteur nous dresse le portrait de quatre personnages :
- Claude, 80 ans qui vit dans le noir, la solitude
- Alain, Sans Destin Fixe (SDF),
qui revisite sa vie sur un banc
- Carole, une femme battue et abattue,
- Corentin, étudiant, mais si seul
Quatre solitudes,
Quatre chemins si différents,
A leurs croisées,
Qui vont finir par se rencontrer,
Parce que notre Claude, magnanime, même aveugle, il voit loin, sent les choses, réfléchit, prend quelques risques… en rassemblant cette troupe, à tâtons… !
Cette histoire est un véritable engrenage amical, rocambolesque, tendre, drôle.
L'auteur nous embarque admirablement bien, pressée de tourner les pages.... j'ai mordu à l'hameçon…c'est la multiplication des surprises, des sourires…c'est la tristesse qui se change en allégresse, pas sans rebondissements…
Des personnages ordinaires…qui vont vivre une aventure extraordinaire…qui va les bousculer, changer leur vie…
Si…si…
C'est juste une histoire de regards….
Le vôtre,
le mien,
le nôtre…
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Quand on pense qu'il y a à peine dix jours, j'ai postulé pour un travail de technicien de surface justement. Vous savez ce qu'ils ont osé me demander en dehors de mon CV ? Une lettre de motivation ! Qui connaît une seule personne qui fait le ménage parce que c'est sa passion ou par carriérisme ? La seule motivation quand on postule pour un job comme ça, c'est le besoin de gagner de l'argent, c'est tout. Comment peuvent-ils insulter les gens à ce point ? Imaginez que je réponde : "J'ai toujours rêvé d'astiquer, de faire briller les meubles... de voir des parquets reluisants, de respirer la fragrance de la lavande dans les toilettes des autres et rien n'équivaut pour moi en esthétique aux mouvements rythmés de la serpillière dans son aller-retour." Tout ça, parce qu'un énarque dans le coin, bien intentionné mais dans un coin protégé quand même, aura décidé de valoriser "ces" personnes en leur faisant faire comme tout le monde, un CV et une lettre de motivation... Comme le disait Pascal, "la seule chose qui me donne une idée de l'Infini, c'est la bêtise humaine".
Pourquoi, grands dieux, me forcerais-je à marcher, sans but, sous la pluie ou dans le froid ? C'est ce que j'essaye de faire comprendre à Angéla, ma femme de ménage, en lui disant que je fais suffisamment d'exercice avec mes allées et venues entre la chambre, le salon et la cuisine. Je sais, elle a raison. Il faudrait que je sorte tous les jours. "Au moins, faire le tour du pâté de maisons", comme elle dit, ce serait bien, mais je me trouve des excuses et puis j'aime bien la faire enrager. On se chamaille gentiment, comme un vieux couple. [...] En fonction des saisons, je change de prétexte. J'invoque la chaleur ou le soleil, la pluie, le vent. A chaque fois, ça marche, elle s'énerve. Aujourd'hui je lui ai rabattu son gentil caquet quand j'ai rajouté :
- Parce que vous croyez que ça va me distraite de déambuler le long du trottoir ? Je suis aveugle au cas où vous l'auriez oublié... et, à quatre-vingt ans, j'ai le droit de faire ce qui me chante !
Elle est encore jeune avec un joli visage fin, petite et menue, de belles formes. Elle a dû être pétillante un jour mais maintenant elle rase les murs, regarde par terre et ses grands yeux clairs expriment à la fois une détresse immense et de l'effarouchement à fleur de peau.
Elle me fait penser au petit gibier, toujours en alerte, prêt à détaler et à se terrer.
C'est vrai que je ne suis pas dupe. Il est âgé et n'a pas de vie sociale... alors évidemment pour lui, je suis une aubaine. Mais il se trouve que j'aime sa compagnie, vraiment, sinon je n'accepterais pas ses invitations. En plus d'avoir un sens de l'humour acéré, il possède une nature joviale, il est cultivé et a de l'énergie que beaucoup de personnes plus jeunes. Surtout, il a une qualité essentielle, il sait écouter... Vous me direz que c'est un pléonasme quand on est aveugle ! Ce que je veux dire, c'est qu'il donne sa place à l'autre et s'y intéresse sincèrement.
C'est comme "technicien de surface" ! Mais où sont-ils allés chercher ça ? Ce n'est pas de se faire appeler différemment qui change ce qu'on fait.