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Jacques Tournier (Traducteur)
EAN : 9782253052296
414 pages
Le Livre de Poche (01/01/1990)
  Existe en édition audio
3.9/5   1124 notes
Résumé :
Tendre, la nuit ne le fut que brièvement pour les héros de ce roman, chez qui l'on pressent dès le début une fêlure qui laisse présager la chute. L'évolution est implacable, orchestrée par un récit impeccablement construit, efficace et délivré à travers plusieurs points de vue, dont l'alternance est motivée par la présence successive des protagonistes au devant de la scène. Bien plus que le roman autobiographique du couple légendaire Francis Scott et Zelda Fitzgeral... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (114) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 1124 notes
Installez-vous confortablement, baissez la lumière, le film commence. Un hôtel et sa plage, sur la Côte-D'azur, les années 20, images en noir et blanc. Une jeune starlette chaperonnée par sa mère débarque, en maillot, tapant dans l'oeil d'une bande de jeunes et riches Américains, comme elle. Parmi eux, les Diver, Nicole et Dick. Rosemary tombe tout de suite amoureuse de Dick. Elle le dit à sa mère, qui l'incite à s'affranchir et à vivre l'aventure. Elle le dit à Dick, aussi.
Soirées-champagne qui se finissent par un duel, un vrai; virée à Paris et fréquentation des meilleurs bars, bagarres, shopping dans les boutiques de luxe... tout serait parfait si, dans l'intimité du couple Diver, il n'y avait pas ce poids, ce secret, la maladie mentale de Nicole. Et son besoin absolu de Dick pour exister. Quant à Rosemary, même si elle disparaît assez rapidement de l'intrigue, elle se fait le fil conducteur, implicite, du roman et elle seule semble garder une sorte de maîtrise et de calme qui manquent à tous les autres personnages.
Je n'aime généralement pas ce genre de milieu, mais le récit, très cinématographique, loin d'être lisse et harmonieux, est au contraire saccadé, marqué de violences et de bipolarités. Le couple Diver est fascinant, et très certainement inspiré du couple de l'auteur lui-même. Les personnalités magnifiquement décrites, surtout celle de Dick absolument sans concession. On le voit, tout le long du récit, descendre par secousses de son firmament et sombrer dans un alcoolisme pathétique, comme on voit Nicole lutter contre sa maladie et chutant malgré elle.
Le roman a eu très peu de succès à sa sortie, peut-être à cause de sa très grande modernité, c'est bien le monde des célébrités, de la jet-set et des paparazzis qui se dessine déjà, le plaisir à tout prix, le progrès, le luxe, dans toute sa splendeur et décadence!
Le roman d'un écrivain maudit qui tombe dans la déchéance avec une grande lucidité, romantique cynique et désabusé, dégoûté de ce qu'il est devenu, mais aussi de celui qu'il était.
Une très belle lecture teintée d'amertume.
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Francis Scott Fitzgerald était, d'après les dires de Malcolm Cowley, un critique américain qui lui fut contemporain, "un poète qui n'apprit jamais les règles de la prose." le propos en dit long sur un auteur dont le génie profond ne réside pas au premier abord dans la narration.


Il ne s'agit pas d'affirmer que Fitzgerald ne savait pas du tout construire des intrigues: cela étant dit, en terme de virtuosité et surtout d'originalité narrative, un Zola, un Mauriac, un Balzac, un Tolstoï et un Dostoïevski semblent bien supérieurs, dans la mesure où leur style en devient parfois "invisible" tant l'on est happé par le récit lui-même.
Cette apparente fragilité chez Fitzgerald se trouve compensée par un génie inégalé dans la suggestion, cette capacité qu'il possède comme nul autre à faire affleurer, avec une netteté implacable, les émotions les plus pénétrantes et les plus poignantes. On sait combien Fitzgerald admirait Joseph Conrad: les deux auteurs ont en partage une écriture où les descriptions elles-mêmes prennent une sorte de phosphorescence lyrique, émotive, qui leur ôte tout caractère froidement technique.


Tendre est la nuit représente à cet égard véritablement l'apogée, un moment comme il y en aura plus jamais dans l'écriture fitzgeraldienne, où son génie lyrique et suggestive trouve son accomplissement ultime en un immense bouquet incandescent. Bien entendu, les plus fins connaisseurs me rétorqueront qu'il existe encore l'amour du dernier nabab. Pour magnifique qu'elle soit, cette dernière oeuvre demeure largement inachevée, Fitzgerald ayant été surpris par la mort alors qu'il l'écrivait, six ans après la publication de Tendre est la nuit.


A vrai dire, tout concourt à donner à Tendre est la nuit sa puissance évocatrice faisant de lui un roman de légende, à commencer même par le contexte biographique et même historique de sa création. L'on se souviendra que les deux sont indissociablement liés chez Fitzgerald, dont la gloire et le déclin littéraires sont exactement parallèles à la prospérité des années folles américaines et à la Grande Dépression déclenchée en 1929. le Fitzgerald de 1934, désespérément alcoolique, déserté par le succès et esseulé depuis que Zelda, son épouse, a sombré dans la maladie mentale, dans une Amérique ravagée par la crise, n'est guère plus que l'ombre de lui-même. La tragédie, qui demeurait encore un simple pressentiment cantonnée dans la fiction lorsqu'il écrivit Gatsby le Magnifique, en 1925, l'a désormais rattrappé dans sa propre vie.
A plus forte raison, l'on ne peut s'empêcher à posteriori de trouver à cette dernière oeuvre achevée de Fitzgerald cette même résonnance funèbre qui accompagne certains chefs-d'oeuvres ultimes des grands artistes tous domaines confondus, crées à l'article de la mort, à l'instar de la Pathétique de Tchaikovsky, ou la Neuvième de Mahler. le désespoir profond qui émane de ces oeuvres "testamentaires" tranche avec l'expression d'une espérance ultime qui se manifeste chez d'autres artistes, à l'instar de Boulgakov avec le Maître et Marguerite, ou Tout passe de Vassili Grossman, sans compter la Neuvième d'un Beethoven.


Pour revenir à Tendre est la nuit, outre le contexte de sa création, le choix du titre est également profondément signifiant dans sa puissance lyrique. Avant même de franchir le seuil du roman, ces vers de Keats semblent renfermer sa quintessence même:

"Avec toi, maintenant! Combien tendre est la nuit
Mais il n'y a plus de lumière
Sinon ce qui descend du ciel avec le vent
Pénètre l'ombre des feuillages
Et serpente à travers les chemins de mousse."

Rien n'y est dit explicitement, mais bien entendu suggéré, et ce de manière suffisante néanmoins: avant même que nous puissions entamer la lecture de ce roman, la conscience que nous assisterons à une tragédie s'impose avec une certitude implacable.


J'en viens enfin au roman lui-même.


J'en profite ici pour faire un conseil à suivre absolument: vous devez absolument lire Tendre est la nuit dans sa version de 1934, telle qu'existante dans son édition d'origine, qui débute par le point de vue de Rosemary Hoyt sur la Côte d'Azur, et en aucun cas par la version de 1936 qui remodèle le récit dans l'ordre chronologique. J'ai eu la chance de le découvrir dans sa version de 1934, et croyez-moi que si j'avais eu en main la version de 1936, il n'est pas certain que Tendre est la nuit eut intégré mon Panthéon personnel des livres à emporter sur une île déserte. La version chronologique de 1936 fut voulue essentiellement par Cowley plus que par Fitzgerald, qui se hasarda à suivre son conseil, dans un moment de doute sur soi-même à l'issue de l'insuccès flagrant de son roman.


De manière schématique, l'édition de 1934 s'articule en trois parties. La première débute par le point de vue sublimé et fasciné de Rosemary Hoyt, une jeune actrice de Hollywood, sur le couple richissime et brillant formé par Dick et Nicole Diver, modelés directement sur Francis Scott et Zelda Fitzgerald: une liaison est cependant sur le point de se créer entre Dick et Rosemary...

La seconde partie effectue un retour en arrière vertigineux, en montrant le lourd secret que dissimule le couple Diver: la schizophrénie dont souffre Nicole...Dick, psychiatre de renom, s'étant marié avec elle à seule fin de pouvoir la guérir un jour. Les prémices de la déchéance alcoolique de Dick Diver, nourrie par son désespoir de pouvoir guérir un jour sa femme, se font déjà jour, aggravée par le déchirement lié à sa passion naissante pour Rosemary, de telle sorte que la troisième partie n'est plus qu'une longue agonie pour le couple Diver, qui finira par se désagréger lorsque Nicole, guérie, convolera aux bras de Tommy Barban, un mercenaire rencontré déjà dans la première partie.


Il importe de bien avoir à l'esprit cette construction en trois parties pour comprendre combien son rôle est central dans l'élaboration de cette tragédie romanesque qu'est Tendre est la nuit.

De manière très simple, la première partie, se déroulant essentiellement sur la Côte d'Azur et à Paris, pousse jusqu'au paroxysme l'illusion d'un couple richissime et heureux, à qui rien, absolument rien ne semble manquer. L'usage du point de vue d'un des personnages du roman, un procédé déjà inauguré par la figure de Nick Carraway dans Gatsby le Magnifique, est exploité pour faire ressentir de manière certaine au lecteur l'illusion qu'il se trouve devant le couple dans son expression la plus parfaite. Cette impression est d'autant plus profonde que le regard que Rosemary Hoyt porte sur les Diver est celui de la fascination pure, dénué de tout recul, contrairement à celui de Nick Carraway sur Gatsby. Les prodromes de la tragédie à venir se mettent cependant en place: l'attirance réciproque éprouvée entre Dick Diver et Rosemary, ainsi qu'une rumeur colportée sur l'état de santé de Nicole Diver par un des amis du couple...


Les trois dernières pages de la première partie suffisent à briser de la manière la plus brutale qu'il soit dans toute l'histoire de la littérature cette illusion. Rosemary découvre brusquement la vérité d'un couple rongé par la maladie mentale de Nicole: le basculement vers la tragédie est consommé, et ce de manière irréversible, à partir de la seconde partie montrant le passé de Dick et Nicole. Une fois n'est pas coutume, Fitzgerald a su mettre en place un dispositif narratif d'une banalité confondante, le retour en arrière, au service d'un récit où la disproportion entre un bonheur apparent et une réalité sordide en devient presque insoutenable.


Le dissipement de l'illusion marquera de manière ultime la déchéance de Dick Diver. La réalité de son couple et de sa propre vie, peu à peu rongée par l'alcoolisme, se révélant au grand jour, Dick perd l'ensemble des moyens lui permettant de fasciner ceux qui l'entourent, à commencer par Rosemary, dont l'évolution du regard qu'elle porte à son encontre évolue de la fascination à une pitié mêlée de répulsion face à son déclin.


Ce qui in fine donne à roman une résonnance terriblement tragique et lyrique, au-delà de ce qu'il dit de la tragédie personnelle vécue par le couple Fitzgerald lui-même, c'est finalement son caractère profondément réel: le décalage entre la vie (que ce soit la nôtre ou celle des autres) telle que l'on se la représente et telle qu'elle est réellement, qui est au coeur de toute désillusion, l'incapacité profonde à rendre pérennes les rares moments d'équilibre qui peuvent exister. Cette conscience du déséquilibre disproportionné entre représentation et réalité a nourri de manière irréversible la chute de Dick Diver, incapable de la soutenir toute une vie.
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En 1 : Ils s'aiment
« Ils étaient encore au meilleur de l'amour. Ils étaient remplis d'illusions généreuses, l'un vis-à-vis de l'autre, d'illusions tellement démesurées que la fusion de leurs deux personnalités les entraînait vers des hauteurs où les relations humaines n'avaient plus aucune importance? Ils semblaient l'un et l'autre être parvenus à ces hauteurs-là dans un état de parfaite innocence, comme s'ils y avaient été conduits, malgré eux, par une série d'incidents bénéfiques, une si importante série d'incidents qu'il n'y avait plus d'hésitation possible ; ils étaient destinés l'un à l'autre. »

En 2 : On y réfléchit un peu
« Ou bien on réfléchit soi-même, ou on laisse les autres réfléchir pour vous, prendre barre sur vous, détourner ou conditionner vos instincts naturels, vous civiliser, vous stériliser. »

En 3 : Mais comment lui dire...
« Être bien élevé, c'est admettre que les gens sont tellement fragiles qu'il faut prendre des gants pour les manipuler. le respect humain interdit de traiter quelqu'un de menteur ou de lâche, mais si on passe sa vie à ménager les sentiments des gens, et à entretenir leur vanité, on finit par ne plus savoir ce qui, en eux, mérite d'être respecté. »

En 4 : On est toujours tout seul. Seul même à deux, même à dix, fondus dans un groupe cosmopolites de gens aisés sur les bords de la Riviera
« Se sentir solitaire, tant d'esprit que de corps, incline vers la solitude, et la solitude elle-même incline à plus de solitude encore. »

Alors... « Autant vous rassurer tout de suite – pour Dick Diver, c'est maintenant que tout commence. »

J'avais envie de faire un résumé qui me corresponde, en reprenant les citations qui me permettent de retrouver les lignes de ce roman. Des lignes de fuites. Fuites pour ne pas entrer dans une rédaction laborieuse de mon ressenti (paresseuse un peu) et pour souligner cette fuite outrancière d'une société qui s'impose un rire de façade pour masquer ses souffrances. Je me suis interrogée sur ce couple, qui signait ses messages à l'attention de leurs amis « Dicole ». Comment peut-on en arriver à cette fusion sans imaginer qu'à un moment les deux allaient étouffer ?
J'ai apprécié la construction du roman tout autant que la plume de l'auteur, même si j'ai une préférence pour Le jardin d'Eden d'Ernest Hemingway. Ai-je été d'accord avec tout, certainement pas, mais il est certain que la description d'une époque est rendue de manière somptueuse et fine.
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« Tendre est la nuit… mais il n'y a plus de lumière »J dit le poème de Keats dont s'inspire Fitzgerald dans le titre de son roman.

Dick Diver apparaît dans la première partie du livre séduisant par ses attentions continuelles, plaisant à tous, beau, sensible à l'attrait qu'il provoque, et justement une petite actrice « comme un bourgeon qui s'ouvre », s'éprend éperdument de lui.
Mais il est marié.
Mais il aime sa femme.
Peu importe pour elle, elle le veut.
Et puis, tiens, il est psychiatre.

Dans la deuxième partie, par un retour en arrière dans sa jeunesse pauvre « avec cette sérénité admirable des étudiants, proche plus qu'aucune autre de l'extase mystique » il en vient à souhaiter presque, tellement il est comblé par la vie, qu'une petite fêlure le ronge doucement. Il va être servi, car nous assistons au cours du roman à la destruction quasiment complète de Dick, à la déconstruction d'un homme qui se veut sauveteur et ne prend pas garde aux relations toxiques qui l'entoure.
Tombant amoureux d'une internée de l'hôpital psychiatrique où il travaille,(Nicole/ Zelda) il connaît les dangers du transfert, il se demande bien pourquoi sacrifier sa vie si ce n'est pour être aimé, cependant « cette petite épave, maintenant, à peine sauvée d'un naufrage, lui offrait l'essence de tout un continent. ».

Il s'est en réalité fait acheter par la famille de multimillionnaires de Nicole, (on a les moyens , ce serait bien un docteur tout neuf sorti de l'usine de jouets, au vernis pas encore sec, se disent ils)qui lui ont facilité l'ouverture de la clinique, et la lui ont fait l'épouser.


Se succèdent alors inceste, alcoolisme, schizophrénie, pédophilie déguisée, puisque les deux femmes qu'aime Dick : sa femme, qui le bouleverse lorsqu'elle lui adresse un sourire d'enfant « comme si tous les enfants perdus à travers le monde souriaient en même temps qu'elle »et l'actrice Rosemary( le bourgeon de rose/ l'enfant de Marie) prête à tout pour profiter des avantages que lui donne sa virginité, sont deux enfants qu'il doit sauver.


Et lui qui a sauvé et sauve chaque jour sa femme de la folie, essaie de ne pas avoir l'air d'un gigolo, mais ses rêves presque mystiques achoppent à la réalité.
Et la nuit n'est plus tendre.
Elle est noire, cette nuit, le monde est noir.


Fêlure, donc, celle de Nicole( un peu fêlée), celle de Dick, qui se met à douter de lui, celle de Baby( encore !) la soeur ainée de Nicole, portant en elle toute l'insatisfaction figée des femmes seules, celle de Fitzgerald, dont le roman Gatsby avait été mal accueilli par le public, et dont Tendre est la nuit sonnera le glas. de plus, Zelda, enfermée en Suisse écrit la même histoire, avec sa propre analyse et toute sa hargne, sous le titre : « Accordez moi cette valse » ( le titre aurait pu être : « Merci pour ce moment ») et celle du couple Nicole/ Dick, séparé par la différence sociale, financière et de santé mentale.


Nicole s'accroche à lui puis le jette, c'est bien son droit d'avoir un amant. Il se perd en croyant sauver, il la perd et elle le brise en remettant en cause ses vertus de psychiatre.

Fitzgerald ironise souvent, et pourtant Tendre est la nuit est un livre très moderne sur la dépendance dans l'amour, les simulacres d'amour, les adorations sans amour véritable, la différence de cultures (symbolisée par les parfums : Chanel n·16 de Nicole qui en bonne américaine se douche plusieurs fois par jour, s'étrille, se talque et se parfume) s'opposant aux relents aigres de son amie suisse, ou à l'eau de Cologne de sa servante. Oui l'argent a une odeur de propre.) la peur du vieillissement, la peur d'être aimé pour sa fortune, la peur de tromper et de blesser, la peur du temps qui passe, la peur de rater sa vie, la peur de ne pas être aimé. Tous ces doutes et ces peurs, ce processus de démolition inhérente à toute vie, pense Fitzgerald, côtoient et magnifient la fête, le champagne, les plages de la Côte d'Azur, le tragique se mariant avec le futile, la folie avec les rêves et la recherche d'illumination, le sarcasme avec la mystique. Et toujours l'écriture somptueuse de Fitzgerald, lyrique, drôle, cynique, passionnée, passionnante.
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Ma première lecture de Fitzgerald avec Gatsby le magnifique avait été un véritable coup de coeur ce qui m'avait donnée une grande envie de lire un autre livre de cette auteur pour ressentir les mêmes sensation et, depuis un certain temps, Tendre est la nuit me faisait de l'oeil.
Il est très difficile d'écrire une critique sur un livre aussi riche et profond, je vais tout de même essayer.

Tendre est la nuit est une histoire d'amour très Fitzgeraldienne ou aucun n'en ressort vraiment vivant prêt a vivre une histoire d'amour conventionnel, dans tendre est la nuit on y retrouve tout le génie de Fitzgerald avec son écriture unique capable de toucher le lecteur. Dans ce livre l'auteur nous offre des personnages bien plus creusés, plus sincères, plus réelle que dans Gatsby qui étaient des caricatures de la superficialité. Ici il s'agit de l'humain dans sa complexité et ses souffrances.

C'est sur une plage de Cannes que l'histoire commence nous rencontrons pour la première fois le couple au coeur de l'histoire Dick et Nicole Diver à travers les yeux d'une jeune fille en fleur, Rosemary, toute fraîchement sorti de son monde hollywoodien. Ce n'est pas la première fois que l'auteur utilise ce procédé pour nous présenter ses personnages, rappelons que dans Gatsby ce sont les yeux de Nick Carraway qui nous raconte l'histoire. Nicole et Dick ont l'air d'être parfait, d'aspirer au bonheur et a la tranquillité, leur vie semble si parfaite quelle ressemble a du papier à musique, ce rend les Diver envoûtant. Les liens du couple se désagrègent petit a petit au fil des chapitres la question que l'on peut se poser est la suivante : est-ce que Rosemary Hoyt a été l'élément déclencheur ou bien les choses n'allaient déjà plus depuis un certain temps ? En tous cas Rosemary à une valeur plus symbolique qu'importante dans le récit.
Le secret du couple parfait, ce qui les a unit est en fait simple : Dick Diver est tombé amoureux de sa patiente, Nicole, qui était une jeune femme très riche mais très malade mentalement. En se mariant avec elle Dick à donc du accepter de prendre soin d'elle n'importe quand, de la guérir, de l'aimer ainsi que de tout prendre en main avec les difficultés et les sacrifices que cela implique.

On découvre qu'avec le temps l'un des deux flanche toujours, on peut souffrir d'aimer une personne que ce soit par la dépendance que l'on peut avoir à son égard ou le poids trop lourd que cela peut peser sur l'autre dans un couple. En somme un couple comme celui ci ne pouvait pas durer. Avec déchirement on s'aperçoit que rien ne va plus : Dick sombre dans l'alcoolisme, Nicole connait des crises plus ou moins grave, les deux n'arrivent plus à communiquer, les tromperies commencent.
J'ai toujours eu beaucoup de mal avec les histoires de tromperies surtout quand un couple est si attachant mais la force de ce livre est que Fitzgerald n'arrive pas vraiment à jeter la pierre sur l'un ou sur l'autre. On peut être un coup furieux contre Dick et Rosemary puis compréhensible, pareil pour Nicole, de sorte qu'on ne peut pas vraiment leur en vouloir, on est juste dégoûté tout au plus.

Il y a quelques chose de vraiment touchant dans ce livre qui n'est pas seulement du a la fragilité des personnages, c'est aussi cette impression de vrai et de sincérité car Fitzgerald a un peu fait de cette oeuvre un journal intime ou il a raconté sa célèbre et triste histoire d'amour avec Zelda ce qui a du lui demander beaucoup de courage et d'introspection.

Fitzgerald critique plusieurs choses dans Tendre est la nuit, comme a son habitude, c'est la critique de la bourgeoisie, de ce milieu qu'il a bien connu et qu'il dépeint dans son entièreté avec l'hypocrisie et la superficialité qu'il mêle. Il y a quand même quelques point que je n'ai pas aimé ce qui explique ma note : les débuts son lents, Rosemary me tapait sur les nerfs et enfin notre amie Fitzgy' a un peu joué sur les coïncidences : je veux bien que le monde soit petit mais rencontrer par hasard les personnes aussi facilement et de façon répète c.est peut-être un peu abusé, non ? ( Dick/ Nicole - Rosemary/Dick - Baby/Dick
...). La morale de l'histoire ( à chacun son interprétation ) est bien triste :
En prenant trop soin d'une personne on fini par l'étouffer ainsi qui la passion et quand cette personne peut enfin respirer elle veut s'envoler de ses propres ailes. Deux personnes qui ont pu tout être l'une pour l'autre ne sont finalement plus rien pour devenir au final des inconnues...
Très bon livre très intimiste que l'on oublie pas, je le conseille vraiment !
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
02 août 2011
Roman d’un amour impossible et désespéré, "Tendre est la nuit" est aussi le récit d’un renoncement qui voit un être payer "son tribut personnel à des faits impossibles à alléger, à anéantir, à absoudre" et affronter "un certain principe de solitude : tellement facile d’être aimé, tellement difficile d’aimer".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (125) Voir plus Ajouter une citation
On dit des cicatrices qu'elles se referment, en les comparant plus ou moins aux comportements de la peau. Il ne se passe rien de tel dans la vie affective d'un être humain. Les blessures sont toujours ouvertes. Elles peuvent diminuer, jusqu'à n'être plus qu'une pointe d'épingle. Elles demeurent toujours des blessures. Il faudrait plutôt comparer la trace des souffrances à la perte d'un doigt, ou à celle d'un œil. Peut-être, au cours d'une vie entière, ne vous manqueront-ils vraiment qu'une seule minute. Mais quand cette minute arrive, il n'y a plus aucun recours.
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« Être admis, pendant un moment, dans l’univers de Dick Diver était, de toute façon, une expérience inoubliable. Il donnait aux gens l’impression d’avoir pour eux des attentions particulières, de déceler, sous l’amas des compromissions qui l’avaient étouffée depuis tant d’années, ce que leur vie pouvait avoir d’unique et d’incomparable. Personne ne résistait longtemps à son exquise politesse, aux égards qu’il poussait si loin, et de façon si intuitive, qu’on ne pouvait les mesurer qu’aux résultats qu’il obtenait. Alors, sans autre précaution, de peur de laisser faner des relations à peine écloses, il vous ouvrait les portes de son univers. Tant que vous le considériez comme un tout parfait, auquel rien ne manquait, que vous y adhériez sans réserve, il ne travaillait qu’à vous rendre heureux. Mais, au premier soupçon, à la première lueur de doute, qui paraissait remettre en jeu l’intégralité de cet univers, il disparaissait à vos yeux, et c’est à peine si l’on se souvenait de ce qu’il avait bien pu dire ou faire. »
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Pense à quel point tu m'aimes, avait-elle murmuré. Je ne te demande pas de m'aimer toujours à ce point-là. Mais je te demande de t'en souvenir. Quoi qu'il arrive, il y aura toujours en moi celle que je suis ce soir.
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Etre admis, pendant un moment, dans l'univers de Dick Diver était, de toute façon, une expérience inoubliable. Il donnait aux gens l'impression d’avoir pour eux des attentions particulières, de déceler, sous l'amas des compromissions qui l'avaient étouffée depuis tant d'années, ce que leur vie pouvait avoir d'unique et d'incomparable. Personne ne résistait longtemps à son exquise politesse, aux égards qu'il poussait si loin, et de façon si intuitive, qu'on ne pouvait les mesurer qu'aux résultats qu'il obtenait. Alors, sans autre précaution, de peur de laisser faner des relations à peine écloses, il vous ouvrait les portes de son univers. Tant que vous le considériez comme un tout parfait, auquel rien ne manquait, que vous y adhériez sans réserve, il ne travaillait qu'à vous rendre heureux. Mais, au premier soupçon, à la première lueur de doute, qui paraissait remettre en jeu l'intégralité de cet univers, il disparaissait à vos yeux, et c'est à peine si l'on se souvenait de ce qu'il avait bien pu dire ou faire.
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La boisson permet, en effet, de confondre l'instant présent avec les meilleurs moments du passé, comme s'ils allaient de pair. Elle permet même d'y confondre aussi l'avenir, comme si ces instants merveilleux étaient sur le point de se reproduire.
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Vidéo de Francis Scott Fitzgerald
« L'histoire de ma vie est celle du combat entre une envie irrésistible d'écrire et un concours de circonstances vouées à m'en empêcher. […] Puis, mon roman a été publié. Puis, je me suis marié. Maintenant, je passe mon temps à me demander comment tout cela est arrivé. Selon les mots de l'immortel Jules César : « Tout est dit ; il ne reste plus rien. » (Francis Scott Fitzgerald, « Qui est qui, et quoi? », paru dans le Saturday Evening Post du 18 septembre 1920.)
« […] En mai 1934, Fitzgerald [1896-1940] s'ouvre de son projet subtil à son éditeur, Maxwell Perkins [1884-1947] : « Comme vous le savez, je n'ai jamais rien publié de personnel sous forme de livre parce que j'ai toujours eu besoin de tout le matériel possible pour mes oeuvres de fiction. Toutefois, un certain nombre d'articles et de textes divers ont attiré l'attention d'un vaste public et pourraient le faire de nouveau si nous pouvions trouver, entre le titre et les textes, le lien qui puisse nouer l'humour à un soupçon de sagesse. » […] Perkins ne répond pas. Mais l'idée refait surface deux ans plus tard, en mars 1936, quand Fitzgerald lui propose « un livre de réminiscences, non pas une autobiographie, mais des réminiscences ». […] Fitzgerald, plus précis encore : « Il est plus triste de retrouver le passé et de s'apercevoir qu'il n'est pas à la hauteur du présent que de le voir s'échapper pour demeurer à tout jamais une construction harmonieuse de la mémoire. » Il s'agit donc, dans ce livre des réminiscences, au cours de cette délicate chasse aux papillons, de retrouver, en dépit de la tristesse et contre elle, un passé à la hauteur du présent, un passé qui tienne ses promesses à l'avenir. […] « Il se trouve que la plus grande partie de ces articles sont intensément personnels : alors qu'un journaliste doit trouver un sujet sur lequel écrire son article quotidien ou hebdomadaire, j'ai écrit ces articles uniquement lorsque l'impulsion venait de l'intérieur. En fait, j'ai les mains plus propres pour la non-fiction que pour la fiction. » […] le projet « Mains propre » était resté lettre morte. Que vive Un livre à soi. » (Pierre Guglielmina, Qu'est-ce qu'un « livre à soi »?)
« […]  […] Jamais la foi dans le destin de l'homme n'avait atteint les sommets auxquels elle est parvenue dans les années 1890 - rarement cette même foi a plongé aussi bas qu'aujourd'hui. Lorsque nous observons autour de nous un rapide déclin des idéaux de conduite, il existe nécessairement une cause fondamentale pour l'expliquer. Il est impossible d'être vicieux dans le vide. Quelque chose de sérieux (que seuls les évangélistes professionnels, les romanciers de gare et les politiciens corrompus prétendent comprendre) affecte le monde. Il faudra un coeur solide pour nager à contre-courant dans ces eaux troubles et ne pas être, comme ma génération, un peu cynique, un peu las et un peu triste. […] - doit-on s'étonner que nous redoutions presque d'ouvrir les journaux le matin de peur d'y découvrir une nouvelle dérive de la civilisation, une nouvelle infamie dans cette chambre obscure que nous appelons le coeur humain ! C'est sur ce monde que nos enfants ouvrent aujourd'hui les yeux. […] […] si mon enfant est un meilleur homme que moi, il viendra me voir enfin pour dire, non pas : « Père, tu avais raison concernant la vie », mais plutôt : « Père, tu avais complètement tort. » Et quand ce moment viendra, et il viendra, puis-je être assez juste et sage pour dire : « Bonne chance et adieu, car j'ai possédé autrefois ce monde qui t'appartient, mais je ne le possède plus. Suis ta voie à présent, avec vaillance dans le combat, et laisse-moi en paix, au milieu de tous ces torts passionnés que j'ai aimés, car je suis vieux et ma tâche est accomplie. » (Francis Scott Fitzgerald, « Attendez d'avoir des enfants à vous ! », paru dans Woman's Home Companion, juillet 1924)
« Crack-up (titre original de ce texte [Craquer]) signifie certes « craquer nerveusement », mais aussi, « rire » ou « faire rire ». Fitzgerald a certainement ce double sens en tête […] » (Note de Pierre Guglielmina)
0:04 - Craquer 13:51 - Générique
Référence bibliographique : Francis Scott Fitzgerald, Un livre à soi, traduit par Pierre Guglielmina, Éditions Les Belles Lettres, 2017
Image d'illustration : https://www.npr.org/2015/01/10/376118599/west-of-sunset-imagines-f-scott-fitzgeralds-last-years-in-hollywood
Bande sonore originale : Gotama - Inner Silence
Site : https://gotama-music.bandcamp.com/track/inner-silence
#FrancisScottFitzgerald #Craquer
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