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Delphine Chevalier (Traducteur)Jean-Louis Chevalier (Traducteur)
EAN : 9782264037053
400 pages
10-18 (04/08/2004)
3.4/5   24 notes
Résumé :
Connaissez-vous la Tasmanie, cette île du bout du monde, distante de la France de quelque dix-sept mille kilomètres ? Une terre montagneuse et sauvage, abritée au nord par le continent australien. Les hivers y sont rudes, et la tempête faisait rage en cette nuit de 1954 où Maria Buloh s'est enfoncée dans la forêt, abandonnant son mari et sa fille de trois ans. Mystère inaugural qui hante chaque page de ce récit, tout comme il hante les rêves de Sonja Buloh, cette fi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Les lieux, plutôt dépaysants,
Hobart, la plus grande ville de l'état de Tasmanie, à l'origine colonie pénitentiaire, ancien centre du commerce du phoque et de la baleine, ville jumelée avec Brest !
Tullah petite ville dans le nord ouest de l'île, en plein centre, une population d'environ 160 personnes.
L'Australie, un continent qui s'est construit par l'arrivée des éléments rejetés de notre société européenne .... des prisonniers, des escrocs, des illuminés qui pensaient que c'était forcément mieux ailleurs, un continent qui s'est construit en exterminant la population autochtone.
La Tasmanie, une île perdue au sud de l'Australie, cernée par les quarantièmes rugissants, une île qui s'est construite par l'arrivée des éléments rejetés par l'Australie, les déchets des déchets !
Les habitants se sont comportés vis à vis de l'émigration des années 50, (celle qui a fui la situation désespérante de l'Europe), comme des nababs qui s'attribuaient une fausse légitimité, juste celle du premier arrivé, celle de ceux qui maîtrisaient la langue, qui maîtrisaient les mots, et cherchaient à se venger de toutes les humiliations qu'ils avaient eux mêmes déjà subies.

Un livre émouvant,
Un livre puzzle où l'histoire se raconte doucement au travers des différentes époques, des étapes de la vie des protagonistes.
Une histoire comme une autre, celle d'un homme et d'une femme qui ont espéré se reconstruire sur les désastres de leur passé pour recommencer à croire en la vie.
Un homme Bojan,celui qui a été Artie, une femme Maria, celle qui a été Mama qui ont lutté pour construire autre chose, pour eux, au nom de la fleur d'edelweiss qui a été ramenée de l'autre bout de la terre, en mémoire du début d'un si bel amour, et pour leur fille Sonja, qui essaie de démêler ses souvenirs pour les apprivoiser et accepter de vivre avec son héritage si lourd et offrir autre chose à son enfant.

C'est une belle histoire, pas très gaie juste à l'image de la vie de ces gens qui ont souffert pour essayer d'offrir autre chose à leur descendance.
Ce livre paru en 2002, est une fenêtre ouverte par laquelle nous pourrions prendre conscience de ce que c'est que de vivre une vie de réfugiés,
En 2002 mais aussi et surtout aujourd'hui en 2018 lors que nous nous posons des questions sur le fait d'ouvrir ou pas nos ports aux bateaux de réfugiés ....
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C'est la première fois je crois que je lis un roman qui se passe en Tasmanie, île australienne, à l'époque de la construction des grands barrages, juste après la deuxième guerre mondiale. L'histoire s'ouvre sur une scène déchirante. Celle d'une petite fille de trois ans, Sonja, qui voit partir sa mère dans la neige avec une petite valise, et qui comprend qu'elle ne reviendra pas.

Bojan, le père, fait partie de la masse d'émigrés d'Europe de l'Est ayant fui les horreurs vécues là-bas, perpétuées autant par l'Armée allemande que par les Russes. Ils sont exploités comme des bêtes de somme sur les chantiers, boivent tous comme des trous pour oublier d'où ils viennent et vivent dans des taudis indignes.

La fuite de Maria laisse Sonja seule avec son père, désemparé et fou de chagrin d'avoir perdu son amour de jeunesse. C'est un père aimant et attachant lorsqu'il est sobre, mais il se transforme en tyran qui frappe à tour de bras dès qu'il boit et il boit souvent.

Quand il est sur des chantiers lointains, il confie Sonja un peu à n'importe qui et la pauvre enfant est ballotée d'une maison à l'autre, avec le souvenir lancinant de sa mère, la grande solitude qu'elle connaît et la vie dure qu'on lui fait.

Plusieurs époques s'entrecroisent qui nous font remonter constamment dans le passé. On ne s'y perd pas car la date est mentionnée à chaque tête de chapitre. A chaque retour en arrière, on en apprend un peu plus sur la scène initiale et sur le passé de Bojan, sur les évènements qui ont traumatisé durablement Maria et font plonger les hommes dans l'alcool et l'abrutissement.

Au fil des années, la relation entre Sonja et son père se transforme et se distend, sans toutefois abolir le lien qu'ils ont en dépit de tout. Sonja a mené une vie d'adulte ponctuée d'échecs, faut-il s'en étonner. Elle a l'impression de n'être qu'une somme d'erreurs et de malheurs et est persuadée qu'elle ne se sortira jamais de ce cercle.

Un évènement viendra la contredire et peut-être que de toute cette noirceur sortira un jour quelque chose de bien, fragile mais précieux.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, dense, étoffée, où au delà de l'histoire de Sonja et Bojan, l'auteur développe le contexte historique, politique, social de la Tasmanie avec ses grands projets de développement, l'utilisation agressive de main d'oeuvre pauvre et peu regardante. Les émigrés sont vus comme une sorte d'humains de seconde catégorie par les Australiens. Beaucoup d'entre eux ne maîtrisent pas l'anglais. Ils n'évoquent pas le passé, trop chargé pour tous.

La nature est décrite dans sa démesure, tout comme la démesure des chantiers. Il y a un passage sidérant sur la rupture d'un barrage et sur des incendies massifs, faisant écho à l'actualité récente.


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« Avec un choc, Sonja se rendit compte qu'elle laissait l'amour pénétrer, et elle se sentait malade de dégoût, sentit tout son corps et son âme quitter le lieu où elle était et eût peur que la petite parcelle de terre solide sous ses pieds ne soit en train de se désintégrer et qu'il n'y ait plus jamais rien sous elle, éprouva une forte sensation de chute tellement accélérée qu'on aurait dit qu'il flottait, qu'il volait, mais sans savoir si elle tombait ».
En effet, Sonja est en quête de ses racines à partir d'un souvenir datant de ses trois ans : le départ de sa mère, un manteau rouge sur le dos pendant une tempête. Elle n'est jamais revenue. Sonja a grandit en Tasmanie, née de parents slovènes ayant fuit l'Europe pendant la seconde guerre mondiale, après avoir vécu et l'horreur. La vie est dure pour les émigrés et quand on n'a plus sa mère et qu'on ne sait pas pourquoi. Et c'est encore plus difficile quand on vit avec un père alcoolique et violent. Alors, Soja est partie, a vécu et travaillé à Sydney …jusqu'à ce que le besoin de savoir enfin se fasse sentir. Retour pour quelques jours en Tasmanie sur les traces de son passé. Trouvera-t-elle les réponses à ses questions ?
Le livre est construit sur des allers-retours entre différentes dates du passé et le présent (1954-1960-1989), qui permet ainsi de reconstituer le puzzle de sa vie et des sentiments.
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En prologue à ce roman, Richard Flanagan a écrit: " Pardonnez les imperfections, mais je raconte avec amour".
Imperfections, peut-être; une écriture venant du coeur certainement, car ce livre a la capacité de dégager une réelle émotion. Voici en effet un ouvrage bouleversant sur l'exil, sur la douleur de l'absence, sur la tentative de reconquête d'une identité. Voici également un livre qui par ailleurs plonge le lecteur dans un dépaysement géographique total, puisque l'auteur l'emmène en Tasmanie, cette île lointaine au Sud-Est de l'Australie balayée par les neiges, les pluies et le vent.
Ce roman est l'histoire d'une famille émigrée, venue de Slovénie après la 2ème guerre mondiale, composée d'un couple et d'une petite fille nommée Sonya. Sonya a 3 ans lorsque sa mère s'en va sans explication un soir d'hiver. L'énigme de cette disparition et la douleur qu'elle provoque chez ses proches va marquer désespérément leur vie et la jeunesse de la petite fille. Et ce n'est que lorsque celle-ci, devenue adulte, mettra au monde sa propre fille sur cette terre de Tasmanie que la vie reprendra peut-être un sens pour cette famille.
Un très beau livre, un vrai "coup de coeur" pour moi.
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Le 23 janvier 2020 je disais à Aifelle que ce livre me tentait beaucoup. Elle me mettait en garde contre l'aspect très noir du roman, elle avait bien raison mais je ne regrette absolument pas cette lecture même si parfois je l'ai trouvée éprouvante.

Ce n'est pas un roman qui se lit facilement parce qu'il décrit une tension que rien ne semble pouvoir apaiser. Mais il permet de découvrir le sort qui était réservé aux émigrés européens qui, après la guerre, ont voulu rejoindre l'Australie pour fuir les horreurs qu'ils venaient de vivre. Comme à toutes les époques d'après conflits, les populations recherchent un ailleurs plus souriant, mais les pays se referment sur eux mêmes et n'accueillent que difficilement de nouveaux arrivants même dans un pays comme l'Australie qui pourtant, est, en principe, une terre d'immigration.

Le roman se construit sur deux époques, l'enfance de Sonja dans les années 1950, et en 1990 son retour alors qu'elle est enceinte vers son père Bojan Buloh, un ouvrier dur à la tâche et qui noie son mal de vivre dans l'alcool. Avant ces dates, il y a aussi le passé dans les montagnes Slovènes où Bojan et sa femme Maria ont connu l'horreur absolue de la guerre contre les nazis menée par des partisans. Ces horreurs ont modelé des êtres qui renferment alors en eux des bulles de fragilités dont ils n'ont eux-mêmes pas idée et qui peuvent éclater à tout moment. Les chasser loin, au delà de leurs souvenirs, ne leur permettra pas de se débarrasser de leur présence dans leur personnalité.

Marie, disparaît dès le premier chapitre. Disparaît c'est vraiment le mot employé et elle laisse derrière elle, une petite fille de 5 ans qui ne comprend pas et un mari complètement effondré qui ne trouvera que dans l'alcool des oublis qui ne durent que le temps de l'ivresse. La vie des émigrés étaient dures, en effet, avant de devenir australien, ils devaient accepter de travailler pendant deux ans là où on avait besoin d'eux. Pour Bojan, ce sera à construire des barrages hydrauliques en Tasmanie. Si la description du climat est réaliste, cela ne donne guère envie d'y faire du tourisme, il y fait froid, le paysage est noyé sous la brume ou la pluie battante. L'enfant est d'abord retiré à son père et fréquentera deux familles d'accueil absolument horribles, puis elle viendra vivre avec lui. Bojan aime son enfant mais est dépassé par son drame personnel, et lorsqu'il a bu frappe sa fille sans raison. Malgré cela Sonja a bien du mal à le quitter, et c'est vers lui qu'elle revient adulte et enceinte.

Ce roman est donc très sombre et parfois trop pour moi, et il est soutenu par une évocation d'une nature sans pitié qui colore le roman d'une tension supplémentaire. Pendant tout le roman on espère comprendre le pourquoi de tant de malheurs, on sent que la vérité va être insupportable et elle l'est effectivement. Je ne m'attendais pas à cette explication que je me garde bien de vous dévoiler. La fin du roman est un petit moment d'espoir autour d'un bébé qui représente un avenir possible. En tout cas, c'est que j'espère, on croise les doigts pour ce bonheur fragile.
Lien : https://luocine.fr/?p=13519
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Sonja lut consciencieusement plusieurs centaines de pages avant de découvrir qu'il lui était impossible d'empêcher son regard de se figer et de glisser sans les lire sur les mots, puis sur les phrases, sur des articles entiers et même les sections complètes. Elle se rendit compte qu'il était possible de lire attentivement ce qui était écrit sans que cela ait aucun sens et ne lui apprenne en aucune manière quoi que ce soit, et au fur et à mesure qu'elle s'avouait lentement le fait, la futilité de son ambition lui devint apparente.
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Toi et moi, dit-il d'une voix basse au débit hésitant, on a vécu, on a vécu pire que des chiens. Je regrette. Je pense pas qu'tu reviendras. Crois moi, j'ai jamais voulu tout ça, la boisson, les coups, ces gourbis d'immigrés, des fois des choses t'arrivent dans la vie et malgré tout, malgré c'que t'espères, tu peux pas les changer.
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P. 169
Sonja ne se croyait une personne ni bonne, ni forte, ni gentille. Elle se demandait souvent si connaître sa mère et avoir sa mère auprés d'elle pendant son enfance l'aurait rendue meilleure, plus gentille, plus forte, au lieu d'être punie à perpétuité. Car elle se sentait vraiment punie et estimait que cette punition devait être complètement méritée, car si elle ne l'était pas, quelle autre raison pouvait-il exister ? Car s'il n'existait pas de raison à un tel chagrin, alors il était possible qu'il n'existe aucune raison à aucune des souffrances de ce monde, que ce soit juste le destin des hommes et des femmes d'engendrer la souffrance comme ils s'engendrent les uns les autres.
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Une envie de revoir une fois encore la lumière particulière de Tasmanie ce qu'elle éclairait, la chose qui se tenait entre le soleil et la terre, cette étrange lumière d'images négatives par quoi le ciel pouvait être noir comme dans un four et la terre chatoyer d'or et de rubis, avec seulement des ombres pour maintenir le tout ensemble.
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Il y a la naissance, il y a l'amour, il y a la mort, et il n'y a que ces trois histoires dans la vie et pas d'autres, mais il y a aussi ce bruit, ce bruit sans fin qui embrouille les gens et leur fait oublier qu'il n'y a que la naissance et l'amour et que chaque être et chaque chose meurent. Il n'y a que ça, pensa Bojan et il prit Sonja dans ses bras. Il se mit à pleurer, d'abord en silence, puis sans pouvoir s'arrêter, et alors Sonja entoura de ses petits bras la tête de son père et la berça comme si c'était la chose la plus fragile du monde, comme si elle était en porcelaine et pouvait se casser facilement.
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Rencontre avec Richard Flanagan à la librairie La Galerne du Havre pour la parution de "Première personne". 11 septembre 2018.
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