Crépuscule

J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique, j'en remercie vivement Babelio et les éditions du Mérite.
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre ; ni le titre "crépuscule", ni la quatrième de couverture évoquant Christine Angot ne donnent une idée exacte du contenu du roman.
En réalité, il s'agit de l'histoire de Takoungne, un jeune Camerounais qui a fui son pays et tente de s'installer en France. Comme il veut obtenir des papiers et le statut de demandeur d'asile, il lui faut rédiger un mémoire et raconter ce qu'il a vécu devant une commission. Il évoque alors son enfance, dans un petit village du Cameroun, son père et ses six épouses, l'école, le travail dans les champs, les rites, les croyances. Tout bascule lorsqu'il découvre ses penchants homosexuels, il est alors considéré comme "un diable", un de ses amants sera lynché jusqu'à ce que mort s'ensuive et lui, il n'a d'autre choix que de s'enfuir, de partir dans une ville plus grande puis de quitter le pays. Il ira au Niger puis en Espagne avant d'arriver en France.
Le style est proche du langage parlé, très imagé, très vivant. ça se lit très facilement, c'est fluide.
Malgré la gravité des faits, il n'y a jamais d'apitoiement, ni de jugement.
C'est un ouvrage touchant, plein de tolérance, un appel à la non-discrimination, qui nous apprend aussi beaucoup sur les traditions africaines ancestrales.
Je vous incite vraiment à le lire, pour moi c'est une belle découverte !
Le meilleur livre que j'ai lu depuis longtemps.

"Je" débarque à la gare d'Angoulème, suis accueilli chez Félix, l'ami de "Je".
"Je" n'ai plus de papiers, ils ont été perdus et "je" doit profiter de l'hospitalité de Félix le temps de faire les démarches.
"Je" dois justifier de mon histoire afin de recouvrer mon identité.

Mais qui est ce "Je"? La personne qui nous raconte ses galères et ses doutes, celui obligé de relater dans un dossier toute sa vie pour avoir droit à nouveau à un nom et une carte le justifiant?

C'est là toute la magie de l'écrit, toute sa force : on découvre peu à peu qui est "Je", sans a-priori, simplement en l'écoutant dérouler son humanité. On se prend à l'aimer, l'auteur nous manipule avec bienveillance, nous surprend au rythme des révélations. Tout l'intérêt de ce livre est dans ce mystère qui se dévoile au fil des pages. Il nous montre à quel point nous aurions abordé "Je" différemment si nous ne l'avions pas aimé comme un égal avant de savoir qui il est.

Très belle aventure humaine qui trouve son écho dans le monde contemporain, un livre simple, touchant, qui donne à penser sur nous mêmes.

Reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique, je tenais à remercier Babélio ainsi que les éditeurs jouant le jeu. Je dois signaler que les éditions du Mérite ne font pas les choses à moitié : j'ai reçu l'ouvrage dans une magnifique enveloppe manuscrite dont l'ouverture me laisse encore rêveur : à l'intérieur, le livre était protégé par un superbe papier illustré. Un logo Carrefour et des tas d'images couleurs qui m'apprirent, stupéfait, que le lot de deux boites de haricots extra-fins en bocal n'est qu'à 3€50 au lieu de 4€30.
L'éditeur voulait-il faire passer un message?... Ou a t-il une indéfectible confiance en son auteur?.... Je crois les deux possibles !

Pourquoi un coq ? Pourquoi un titre aussi coloré ? Cette première de couverture fait naître des questions dans nos têtes. Je remercie alors les Éditions du Mérite pour cette découverte, même si elle n'est pas si bonne que ça…

Crépuscule est un livre sans âme. Il semble même être bâclé, tout allant si vite ! L'écriture de Michel Flaque est extrêmement saccadée, sans être une jolie saccade littéraire. C'est vraiment déconcertant.
Le vocabulaire employé l'est également, faisant perdre toute crédibilité à l'ensemble de l'ouvrage. le lecteur est infantilisé par ces dialogues peu crédibles, par ces descriptions trop plates, par ces raccourcis trop faciles. À cause de ça, certaines scènes à porter poignantes deviennent blasantes. Elles ne deviennent qu'un ramassis de mots sans saveur. C'est triste, un livre pareil.

D'autant plus triste que cette histoire pourrait faire de grandes choses. Elle pourrait faire bouger de nombreuses mentalités, abordant des sujets tels que le racisme, l'homophobie ou encore les problèmes migratoires qui, en ce moment, sont très cher aux yeux de nos médias.
Mais, comme je l'ai déjà dit, la plume de Michel Flaque fait perdre toute la puissance qu'aurait pu avoir Crépuscule. Les clichés si nombreux m'ont agacés plus qu'autres choses. La plupart sont ciblés sur notre « je », sur notre narrateur aux milles noms. Ce garçon est fissuré par la vie, par toutes les merdes qu'il a vécu. Il est extrêmement attachant de part son vécu. En toute fin de roman, il apporte une réflexion sur la liberté et l'amour extrêmement intéressante. Sauf que j'aurai voulu avec ce type de raisonnement durant toute ma lecture, ce qui n'a pas été franchement le cas. Ce roman a une construction bancale, formant une histoire trop anecdotique pour être prise au sérieux.

Crépuscule n'a donc pas été pour moi une bonne lecture. Intéressante découverte, certes, mais tous ces petits détails négatifs gâchent beaucoup trop le reste de l'oeuvre. Ce n'est pas un roman que je conseillerais à mon entourage, même si je leur livraison avec plaisir ses derniers mots.
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