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Critique de gouelan


Charles est médecin, Emma est fille de paysan. Elle sort du couvent, elle est belle, elle rêve de félicité, de passion et d’ivresse. Charles est un homme bien de son époque. Il aspire à une vie simple, avec une petite femme à la maison, belle et douce…Il aime gauchement, mais pourtant il l’aime !

Les rêves d’Emma sont trop hauts. Elle se perd dans des aventures sentimentales. Mais les hommes, qu’ils soient bourgeois ou aristocrates, sont tous les mêmes. Des lâches ou des goujats. L’élégance de ces gens-là; leurs costumes, leurs parfums et leurs belles paroles, ne valent pas la délicatesse des sentiments.

Elle s’essaie au luxe :
« C'était comme une poussière d'or qui sablait tout du long le petit sentier de sa vie. »
Le luxe ne lui apporte que déception et ruine.

Elle ne s’épanouit pas non plus dans son rôle de mère. Elle nous apparaît même, parfois, détestable.

La quiétude du couvent l’appelle. Mais Dieu, pas plus que les hommes, ne viendra à son secours.
Religion de pacotille… Hommes fades, cupides, hypocrites…Ennui, solitude, désespoir…

Emma se brûle les ailes en voulant se rapprocher de son idéal.

À qui la faute si elle ne parvient pas à atteindre le bonheur ?

La faute à la vie provinciale médiocre et monotone, qui étouffe les existences et consume les rêves. La faute à ce siècle qui ne permet pas à chacun, aux femmes surtout, d’être libre, de s’assujettir des lois contraignantes de la société.

Ce roman est une belle découverte pour moi, qui n’aime pas trop les romans d’amour sans substance. Emma ne cherche pas vraiment l’amour d’un homme, elle cherche du sens à sa vie.
Rêver trop grand empêche-t-il de vivre heureux ? Ne peut-on se satisfaire de ce que l’on a ? Mais, bien-sûr, c’est en rêvant d’une vie meilleure qu’on avance, que la vie se pimente, au risque de se brûler.
Emma est une femme qui ne veut pas être raisonnable, qui ne veut pas se résigner à son existence fade et médiocre. Et sa déraison, sa désobéissance, son obstination, son courage, sont le moteur du changement.

Charles n'est pas à blâmer, il n'est tout simplement pas aussi en avance sur son époque que l'est sa femme. Il ne peut pas la comprendre : "Il ne descend pas au fond des choses." Lui aussi se perd, pas dans ses rêves, mais dans un immense chagrin.

Que deviendra leur fille Berthe? Une rebelle comme sa mère, ou une douce et belle jeune fille, soumise et triste ?

L’écriture de Gustave Flaubert est simple et délicieuse. Les descriptions sont poétiques. Les personnages nous semblent tellement réels. Ils nous émeuvent, ils nous exaspèrent. On aurait envie de les secouer, de leur dessiller les yeux.

L’auteur nous offre une belle satire de la société du 19è siècle, dans cette belle région de Normandie. On comprend que le personnage d’Emma a dû faire scandale à son époque. Son roman bouscule, donne un coup de pied dans la fourmilière, dépoussière cette existence étriquée, aveugle et hypocrite.
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