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EAN : 9782290118689
93 pages
J'ai lu (26/08/2015)
3.56/5   648 notes
Résumé :

L'Histoire d'un cœur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais.

Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit.
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Critiques, Analyses et Avis (83) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 648 notes
Vingt ans après Madame Bovary, Gustave Flaubert reprend sa pièce maîtresse sous un autre angle et nous la montre par le petit bout de la lorgnette. En effet, la Félicité qu'il nous dépeint ici ressemble à s'y méprendre à la domestique d'Emma Bovary qui s'appelait… Félicité !

On retrouvera donc ici tout le parfum normand de Madame Bovary mais totalement aseptisé de ses vapeurs de soufre. L'auteur a vieilli et ne s'intéresse plus autant au scandale que par le passé, une envie, sans doute de revenir à des choses moins superficielles, prosaïques, assurément moins brillantes mais peut-être plus ancrées en lui…

Flaubert a su faire de l'écriture un point de broderie. C'est vrai ailleurs dans son oeuvre, et c'est vrai évidemment ici dans Un Coeur Simple. Un ouvrage de facture pointilleuse, métrée, cadencée, contournée, imbriquée, complexe derrière une apparente simplicité, foisonnante sous ses airs de sobriété.

Une écriture un peu trop précieuse et artificielle à mon goût car l'on n'y sent jamais aucune spontanéité (contrairement à ce qu'il faisait dans sa correspondance), aucun élan incontrôlé comme chez Hugo, aucune pointe malséante, aucun crachat de l'esprit comme chez Balzac. Une forme certes épurée et recherchée mais qui n'atteint pas selon moi l'élégance ou l'harmonie de celle d'un Stendhal.

Tout est maîtrisé, tout est sous contrôle ce qui nuit, je pense, à l'émotion que peut dégager cette écriture. Tout est trop net, trop épousseté, trop repassé, trop astiqué, trop apprêté, trop ordonné comme en ces appartements somptueux, où toute vie a disparu et dont toute faille humaine a déserté.

J'aime pourtant Un Coeur Simple ; mais d'un amour froid, admiratif, non contagieux comme en ces expositions de dentelles d'Alençon, toutes plus belles, toutes plus incroyables, dont on se dit : « Quelle minutie ! Quel travail ! Comme ça a dû être laborieux ! Combien patientes et dextres ont dû être ces dentelières ! »

Un Coeur Simple, probablement plus nouvelle que conte, bien que son auteur en ait décidé autrement, est intéressante à divers égards. Intéressante car Gustave Flaubert nous plonge à nouveau mais très différemment dans son univers " à la Madame Bovary ". Intéressante aussi parce qu'elle fait figure de passage de témoin entre Flaubert et Maupassant. Parue peu avant la disparition de papa Flaubert, à un moment où Guy de Maupassant, dans un registre un peu similaire entrait en piste... la filiation est tentante.

Pourtant, j'avoue avoir toujours un certain mal à percevoir cette filiation " naturelle ". Bien sûr, Maupassant est normand, comme lui, bien sûr ils se connaissaient et s'appréciaient mutuellement, bien sûr ils ont fait l'un et l'autre dans le régionalisme et dans la psychologie intimiste, bien sûr ils ont su tous deux remuer la nostalgie et les émotions mais il s'en faut de beaucoup, tout de même, pour faire De Maupassant un Flaubert et de Flaubert un Maupassant. Retirez le Trois Contes, et Un Coeur Simple en particulier, de la production de Flaubert et vous ne verrez plus forcément énormément de liens entre les deux oeuvres.

J'aime le Pays d'Auge et certains sur Babelio savent même que j'y ai vu le jour, à deux pas des pâturages mêmes que décrit Flaubert. J'ai donc un attachement tout particulier à cette nouvelle. Je puis même ajouter qu'il m'est arrivé de rencontrer de vieilles filles normandes qui répondent trait pour trait au portrait de Félicité (mais on en trouve beaucoup également chez Maupassant et avec un côté " terroir " peut-être encore mieux rendu).

Qu'est-ce qui nous touche dans Un Coeur Simple (ou du moins, qu'est-ce qui me touche, moi) ? Tout d'abord un sentiment de gâchis : une femme dévouée, simple, timide et humble, trop humble pour oser aller chercher son bonheur là où il est, pour avoir un mari et des enfants à elle, pour se créer sa propre vie. Et donc, faute d'avoir une vie à soi, elle goûte les miettes de la vie des autres en faisant montre d'un dévouement quasi surhumain et pour lequel elle ne recueille, bien souvent, que des marques de mépris.

Ce qui me touche aussi dans cette nouvelle, c'est le sentiment de nostalgie que sait faire naître l'auteur, notamment au travers du culte des objets dérisoires que Félicité élève au statut de reliques inestimables, faibles vestiges des quelques émotions qui lui tiennent lieu de souvenirs.

Ce que j'aime enfin dans Un Coeur Simple, c'est ce sentiment de douce pitié, de commisération que nous suscite Gustave Flaubert en nous dévoilant sur le tard, la principale, peut-être même la seule véritable histoire d'amour qu'ait connu cette petite femme dans sa vie, cette tendresse, cette communion, cet attachement entre elle et son perroquet Loulou.

Combien encore de nos jours — surtout de nos jours —, n'ont, pour seule compagnie et marqueur d'affection, qu'un chien, qu'un chat, qu'un hamster, qu'un lapin nain, un python (voir Gros-Câlin de Gary) ou... qu'un perroquet ? En cela, elle est belle cette histoire, belle et touchante, tout en subtilité, tout en caresse, mais bien sûr, ce n'est là que l'avis d'un coeur simple, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les faits se situent dans la campagne normande, à Pont l'Evêque peu après 1810.
Très jeune, Félicité rencontre un homme qui décide de marier une autre.
Félicité est orpheline et rentre au service de Mme Aubain, jeune veuve avec deux enfants ,Paul et Virginie.
Elle se dévoue entièrement à ses maîtres .
"Un coeur simple" est un très beau roman court, très riche qui nous donne des renseignements sur la vie au 19ème siècle, qui nous présente une personne qui accepte son sort et ses tâches courageusement.
Félicité et sa maîtresse vont traverser des épreuves, des deuils.
La vie n'est pas un paradis mais les personnages assurent bravement, simplement.
Les scènes de Félicité et le perroquet, qu'elle reçoit car son propriétaire s'en est allé, sont très colorées.
Des tableaux de la vie quotidienne comme le pique-nique à la ferme, le voyage à Trouville sont très agréables à lire.
Dans la préface, Albert Thibaudet nous indique que Flaubert a beaucoup projeté sa personne dans ce roman.



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Nouvelle 100% descriptive, "Un coeur simple" ne brille pas par son action. le récit retrace la vie ordinaire de Félicité, fille de maçon au parcours semblable à bien des destins des gens du commun : un temps ouvrière agricole puis domestique, entrée au service d'une famille qu'elle ne quittera plus jamais et à laquelle elle survivra.

Flaubert semble vouloir rendre ici hommage à cette immense catégorie des âmes bonnes et simples, dont la vie de servitude fut également partagée entre ingratitude et dévouement, catégorie souvent oubliée par la littérature, en tout cas sous-représentée.

Nonobstant ce louable enjeu, le destin de Félicité ne m'a pas particulièrement captivée, je savais déjà à quoi m'en tenir sur la vie d'une domestique en province au 19ème siècle. Toutefois, si vous avez un goût prononcé pour les récits à l'office, pour les moeurs de femmes humbles et pour les perroquets, vous ne passerez pas un mauvais moment.


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Félicité est entrée au service de Mme Aubain à la suite d'une déception amoureuse. Elle se dévoue pour cette veuve qui s'est retirée à Pont-l'Évêque. Flaubert ne s'attarde pas sur la description physique de Félicité. Son objectif est d'analyser ce coeur pur qui n'a pu s'épanouir dans l'amour conjugal et la maternité. L'affection de Félicité va se reporter successivement sur les deux enfants de sa patronne, une famille de pêcheurs, un indigent et enfin un perroquet. Cette âme pieuse va s'éloigner du dogme catholique pour s'enflammer dans une religiosité mystique.

Le style de Flaubert est magistral… J'ai conscience de ne rien dire de nouveau mais je suis impressionné par sa faculté à décrire un milieu social en peu de mots. En deux lignes, l'auteur vous fait comprendre qu'un intérieur bourgeois est décati ou il vous livre une description magnifique d'un débarquement de bateaux de pêche. Alors oui, il n'y a pas d'aventures rocambolesques dans ce conte. Mais le texte est remarquable en ce qu'il associe l'étude d'un caractère « simple » au portrait social de la paysannerie et de la petite bourgeoisie normandes. Et que dire de cette dernière scène qui mêle l'agonie de Félicité à une procession religieuse, si ce n'est que c'est un formidable moment de littérature.

Merci à Marie-Hélène Lafon qui m'a donné l'envie de redécouvrir ce petit bijou.
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Ce " conte" ou nouvelle, paru en 1877, est , selon moi, très réussi.

Flaubert nous trace le parcours d'une humble servante, Félicité,que nous suivons jusqu'à sa mort.Une vie peu gaie, rude, mais la naïveté, la tendresse du personnage, ses affections intenses et successives pour des êtres( un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, et même un perroquet !) la rendent très attachante.

Flaubert, comme il l'explique,n'a pas voulu se montrer ironique, il veut " faire pleurer les âmes sensibles, en étant une moi-même".

C'est vrai qu'on peut trouver le trait forcé, le récit hyperbolique, pour ce qui est des nombreux malheurs du personnage mais Flaubert sait bien rendre compte du sort d'une domestique, à la campagne, au 19ème siècle.Le poids de la religion et de la superstition mêlées,la dureté du travail, le manque de reconnaissance des employeurs.Félicité est pourtant toute( trop) dévouée à sa maîtresse, Madame Aubin.

L'image d'un perroquet géant vu dans son délire achève son destin.Une vie désespérante, mais une vie...
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Le moment arrivé, elle courut vers l'amoureux. A sa place, elle trouva un de ses amis. Il lui apprit qu'elle ne devait plus le revoir. Pour se garantir de la conscription, Théodore avait épousé une vieille femme très riche, Mme Lehoussais, de Toucques.
Ce fut un chagrin désordonné. Elle se jeta par terre, poussa des cris, appela le bon Dieu, et gémit toute seule dans la campagne jusqu'au soleil levant.
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Les jours de soleil, elle se tourmentait de la soif ; quand il faisait de l’orage, craignait pour lui la foudre. En écoutant le vent qui grondait dans la cheminée et emportait les ardoises, elle le voyait battu par cette même tempête, au sommet d’un mât fracassé, tout le corps en arrière, sous une nappe d’écume ; ou bien, – souvenirs de la géographie en estampes, – il était mangé par des sauvages, pris dans un bois par des singes, se mourait le long d’une plage déserte. Et jamais elle ne parlait de ses inquiétudes.
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Le principal divertissement était le retour des barques. Dès qu'elles avaient dépassé les balises, elles commençaient à louvoyer. Leurs voiles descendaient aux deux tiers des mâts; et, la misaine gonflée comme un ballon, elles avançaient, glissaient dans le clapotement des vagues, jusqu'au milieu du port, où l'ancre tout à coup tombait. Ensuite le bateau se plaçait contre le quai. Les matelots jetaient par−dessus le bordage des poissons palpitants; une file de charrettes les attendait, et des femmes en bonnet de coton s'élançaient pour prendre les corbeilles et embrasser leurs hommes.
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Son agonie commença. Un râle, de plus en plus précipité, lui soulevait les côtes. Des bouillons d'écume venaient aux coins de sa bouche, et tout son corps tremblait.
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Elle retenait sa douleur, jusqu'au soir fut très brave ; mais dans sa chambre, elle s'y abandonna, à plat ventre sur son matelas, le visage dans l'oreiller, et les deux poings contre les tempes.
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Et si l'une des meilleures façons de plonger dans l'oeuvre d'un classique était de contourner momentanément ses romans pour découvrir sa correspondance, c'est-à-dire l'homme derrière la statue, l'homme mis à nu ?
La « Correspondance » de Flaubert, c'est à lire en poche chez Folio.
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