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EAN : 9782246440116
462 pages
Grasset (07/11/1991)
3.72/5   16 notes
Résumé :
Le 22 octobre 1849, Gustave Flaubert quitte Croisset pour un voyage en Orient qui va durer un an et demi. Il a 28 ans, ce voyage sera une expérience décisive. De retour à Croisset, il reprend ses carnets de route sans pour autant en envisager la publication. Ce sera sa nièce Caroline qui, après la mort de Flaubert, les publiera dans les {Oeuvres complètes}. Edition "expurgée", éliminant les confessions les plus intimes, notamment érotiques. Le collectionneur proprié... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Flaubert, c'est nous. Entre octobre 1849 et juillet 1850, âgé de 28 ans, il voyage avec son ami Maxime du Camp en Égypte. Ce dernier était chargé d'une mission officielle consistant à photographier les monuments de l'Égypte antique. Ils remontent le Nil d'Alexandrie jusqu'en Nubie puis redescendent en passant par mer Rouge.
Expérience exotique, l'orient étant très à la mode, mais surtout expérience érotique, ce récit est peuplé de femmes dépeintes de manière impressionniste. Aujourd'hui, avec le décalage temporel, ces descriptions paraissent au minimum savoureuses.
Une succession de tableaux parfois assez crus
"Kuchiouk-Hanem est une grande et splendide créature plus blanche qu'une Arabe elle est de Damas sa peau, surtout du corps, est un peu cafetée quand elle s'assoit de côté, elle a des bourrelets de bronze sur les flancs ses yeux sont noirs et démesurés, ses sourcils noirs ses narines fendues larges épaules solides, seins abondants"
Ce n'est pas le registre le plus connu de G. Flaubert.
" J'ai pris Hadély (la seconde), elle a passé devant moi portant un flambeau à la main ses chalouars amples traînaient par terre, et ses sandales claquaient sous ses pieds, à chaque pas bruit d'étoffe et de vent froufrou doux par terre les piastres d'or de sa chevelure, en ligne au bout de fils de soie, bruissaient c'était un bruit clair et lent"
Sans oublier les odeurs ;
" Elle venait de sortir du bain sa gorge dure sentait frais, quelque chose comme une odeur de térébenthine sucrée elle a commencé par nous parfumer les mains avec de l'eau de rose"
Scène presque Christique...
Cette expérience érotique que l'auteur dans ses carnets qualifie de totale, est proche d'une saturation sensorielle et aura une conséquence physique pour l'écrivain : Flaubert rapportera d'Égypte un souvenir : la syphilis.
Autre conséquence moins mesurable, puisque ce voyage se situe avant l'écriture de "Madame Bovary", celle concernant le style de l'écrivain....
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Voyage en Égypte est un récit de voyage sous forme de journal écrit par Gustave Flaubert en 1851 et publié à titre posthume, mais de manière incomplète, pour la première fois en 1881.Le manuscrit, égaré depuis 1930, a été retrouvé dans les années 1980 et publié en 1991 en version intégrale.
Ce journal relate une partie du voyage effectué en Orient, d'Alexandrie en Nubie, par l'auteur en compagnie de son ami, l'écrivain et photographe Maxime du Camps dans les années 1849-50. Je découvre ce livre en version audio, lue par Daniel Mesguich. Ce dernier s'est manifestement bien approprié le texte qu'il sert avec brio.

Dans ce journal de voyage, nous découvrons une écriture antérieure à Madame Bovary, à Salammbô et à L'Éducation sentimentale, oeuvres beaucoup plus connues de Flaubert, mais son style est déjà reconnaissable et remarquable par sa grande qualité… Une forme de lyrisme romantique imprègne les descriptions des paysages, de la luminosité, des couchers et levers de soleil tandis que réalisme et souci du détail prédominent notamment dans les scènes érotiques et les portraits. Il ne faut pas oublier que Maxime du Camps a beaucoup photographié durant ce voyage ; parfois, le regard de Flaubert se focalise de manière photographique également…, comme si son ami l'avait influencé.
Flaubert était de santé fragile ; nous le découvrons dépassant ses limites, souffrant de la chaleur, de la pluie, s'essoufflant, toussant… mais ne se ménageant pas de la traversée en bateau à la croisière sur le Nil, à pied, à cheval, rampant même pour certaines visites, dormant sous la tente dans le désert, vivant à la dure…

Le texte revêt une couleur anthropologique, géographique, historique et sociale digne du plus grand intérêt..
Pour apprécier aujourd'hui un tel récit, il faut nécessairement se replacer dans les mentalités du XIXème siècle. le ton de Flaubert est paternaliste, colonialiste, supérieur… Mais il écrit en 1851 ; l'esclavage, dénoncé en 1794 dans l'allégresse de la Révolution, avait bien vite été rétabli par Napoléon en 1802… le nouveau décret d'abolition de 1848 avait été considérablement assoupli pour les colonies françaises… Ces quelques dates replacent en perspective le regard de l'auteur sur ce que nous appellerions aujourd'hui du tourisme sexuel…
Si Flaubert nous livre ici de magnifiques portraits de femmes, son regard et sa plume se font gourmands, concupiscents et s'attachent à des détails physiques toujours auréolés de sensualité : son voyage est emmaillé de parties de chasse, de visites de sites archéologiques et de rencontres charnelles… rencontres tarifées, proposées, provoquées, demandées… Même les très jeunes filles, tout juste pubères sont décrites de manière sensuelle et suggestive. Les descriptions de ses ébats sont transcrites sans pudeur, sans retenue, avec un souci du détail, de la posture, du grain de peau, des odeurs, etc…
De même, les voyageurs ne s'étonnent pas des bastonnades, châtiment longuement décrit selon le but recherché : la punition ou la mort…

Ce journal de voyage est une belle découverte, mais une incursion dans l'intimité d'un homme en quête de lui-même, qui n'est pas encore devenu le grand écrivain que nous connaissons.
Flaubert a 28 ans quand il quitte sa propriété de Croisset où il s'est retiré à cause de sa maladie nerveuse pour se consacrer à l'écriture. Ce voyage d'un an et demi représente pour lui une expérience décisive, à une époque où l'orientalisme est à la mode, mais à un moment où il est également en pleine dépression ; il écrit ses carnets de route sans penser qu'ils seront publiés un jour. Dans cette version intégrale, toutes ses aventures nous sont données à lire ou à entendre, même les plus intimes. Le lecteur curieux devient voyeur, intrusif… Qu'aurait pensé Flaubert de cette mise à nu publique ?
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Une histoire bien triste avec une écriture aussi mélancolique que celle de gustave Flaubert. Monsieur Ohmlin prend de l'opium avant de dormir après une dure journée. Voila que le lendemain, ne se réveillant pas, il est tout froid. Sa bonne fait appel aux médecins. Après examens, ils concluent qu'il est mort. Un medecen n'est pas de cet avis mais il se réserve de peur d'être maladroitement incompris face à ses confrères. Une fois enterré, monsieur Ohmlin se réveille. Il se retrouve dans une caisse qui n'est autre qu'un cercueil. Il se débat dans la rage et réussit à briser le cercueil. Mais seulement il se trouve impuissant face à la terre qui le couvre. Il entend juste les aboiements de son chien. le fossoyeur décide de creuser à nouveau le trou en entendant le chien aboyer interminablement espérant y trouver quelque trésor.
Voilà ce qu'il trouve:
"Le cadavre était tourné sur le ventre, son linceul était déchiré, sa tête et son bras droit étaient sous sa poitrine. Quand je l'eus retourné avec ma pelle je vis qu'il avait des cheveux dans la main gauche, il s'était dévoré l'avant-bras – Sa figure faisait une grimace qui me fit peur – il y avait de quoi. Ses yeux tout grands ouverts sortaient à fleur de tête, les nerfs de son cou étaient raides et tirés. On voyait ses dents blanches comme de l'ivoire car ses lèvres vertes relevées par les coins découvraient ses gencives comme s'il eût ri en mourant."
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Cette critique porte sur l'édition audio du livre.
Le récit de voyage de Gustave Flaubert est le journal au jour le jour de son périple en Egypte.
De très belles descriptions des paysages mais une vision de la femme orientale lascive et offerte qui, si elle a le mérite d'être franche, n'en reste pas moins choquante pour nous aujourd'hui.
Une vision des voyages dans ces contrées inconnues très orientaliste et colonialiste.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Jérusalem est un charnier entouré de murs. La première chose curieuse que nous y ayons rencontrée, c’est la boucherie: dans une sorte de place carrée, couverte de monticules d’immondices, un grand trou - dans le trou, du sang caillé, des tripes, des merdes - des boyaux noirâtres et bruns, presque calcinés au soleil tout à l’entour - ça puait très fort; c’était beau de franchise de saleté.
(…)
Sauf les environs du quartier arménien qui sont très balayés, tout est fort sale. Le pavé est presque impossible pour les chevaux - dans la rue de notre hôtel, un chien jaune pourrit tranquillement au beau milieu, sans que personne songe à le pousser ailleurs. Les merdes le long des murs sont effrayantes de mauvaise qualité.
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Si vous voulez à la fois chercher le Bonheur et le Beau, vous n'atteindrez ni à l'un ni à l'autre. Car le second n'arrive que par le Sacrifice. L'Art, comme le dieu des Juifs, se repaît d'holocaustes. Allons ! déchire-toi, flagelle-toi, roule-toi dans la cendre, avilis la matière, crache sur ton corps, arrache ton cœur ; tu seras seul, tes pieds saigneront. – Un dégoût infernal accompagnera tout ton voyage. – Rien de ce qui fait la joie des autres ne causera la tienne. – Ce qui est piqûre pour eux sera déchirure pour toi, et tu rouleras perdu dans l'ouragan, avec cette petite lueur à l'horizon. Mais elle grandira, elle grandira comme un soleil, les rayons d'or couvriront ta figure. Ils passeront en toi. Tu seras éclairé du dedans. – Tu te sentiras léger et tout esprit. Et après chaque saignée la chair pèsera moins.
À Louise Colet. [21 août 1853]
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Si votre œuvre d'art est bonne, si elle est vraie, elle aura son écho, sa place, dans six mois, dans six ans – ou après vous. Qu'importe ! C'est là qu'est le souffle de vie, me dis-tu, en parlant de Paris. Je trouve qu'il sent souvent l'odeur des dents gâtées, ton souffle de vie. Il s'exhale pour moi de ce Parnasse où tu me convies plus de miasmes que de vertiges. Les lauriers qu'on s'y arrache sont un peu couverts de merde, convenons-en.
À Maxime Du Camp. 26 juin [1852]
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On doit toujours embarquer dans une œuvre, comme un corsaire dans son navire ; avec l'intention d'y faire fortune, des provisions pour vingt campagnes et un courage intrépide. On part, mais on ne sait pas quand on reviendra ! On peut faire le tour du monde !
À Louise Colet. [25 mars 1854].
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Tout le talent d'écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots. C'est la précision qui fait la force. Il en est en style comme en musique : ce qu'il y a de plus beau et de plus rare c'est la pureté du son.
À Louise Colet. [22 juillet 1852].
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Et si l'une des meilleures façons de plonger dans l'oeuvre d'un classique était de contourner momentanément ses romans pour découvrir sa correspondance, c'est-à-dire l'homme derrière la statue, l'homme mis à nu ?
La « Correspondance » de Flaubert, c'est à lire en poche chez Folio.
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Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

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