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Critique de Elamia


Un roman young adult sans grande prétention mais qui fait honneur au conte de la Belle et la Bête.

Pour être honnête, je n'attendais pas grand chose de ce livre mais j'étais curieuse de connaître cette réinterprétation très moderne de la Belle et la Bête. Si la plupart des romans Y-A d'aujourd'hui sont centrés autour d'une héroïne, celui-ci m'intriguait en raison du point de vue masculin qu'il développe. En effet, lire cette histoire mainte fois adaptée sur divers supports (cinéma, théâtre, télévision) mais vécue par la Bête était d'autant plus original et attrayant.

Étonnamment, la trame de l'histoire suit exactement celle du conte originel. On y retrouve les deux thèmes propres à ce dernier, à savoir l'amour et la rédemption mais aussi, tous les symboles qui fondent l'essence même de ce récit. Tout d'abord, la rose qui rappelle le temps qui passe et l'échéance redoutée de voir la malédiction devenir perpétuelle, fait partie intégrante du roman. Elle devient même le leitmotiv du héros. le miroir, objet magique par excellence, emblème incontesté du merveilleux, a également une place de choix dans ce récit. le prince égoïste est ici un lycéen qui avait tout pour lui, la beauté, l'argent, la popularité. Bien évidemment, sa vie bascule le jour où son chemin croise celui de la fameuse sorcière qui le transforme pour le punir de ne pas avoir su reconnaître la beauté intérieure. Kyle va donc à l'instar de la Bête, rester cloîtré chez lui, dans son château qui n'est autre qu'une ancienne et élégante demeure en plein Brooklyn. Mais que deviendrait-il sans sa fameuse Belle, son seul et unique espoir de redevenir comme avant ? C'est là qu'entre en scène Linda (Lindy), qui incarne l'un des thèmes clés du conte, à savoir le sens du sacrifice. Elle va devoir involontairement sacrifier sa liberté pour sauver son drogué de père. Si la relation père-fille exposée ici est plutôt déconcertante, la motivation de Kyle pour garder la fille (captive) auprès de lui n'en est que plus humaine. Rongé par la solitude et désespéré de voir un jour la malédiction prendre fin, il va tenter de s'attirer l'affection de la studieuse et dévoreuse de livres Linda. A ce propos, ce roman est parcheminé de références nombreuses à la littérature classique, Victor Hugo, Shakespeare, ou encore Charlotte Brontë se côtoient pour offrir à nos deux héros une éducation sentimentale des plus raffinées.

Contrairement à beaucoup de romances jeunesse, pour une fois, les personnages m'ont plu. J'ai beaucoup apprécié le fait que Kyle (j'utilise ce prénom là pour des raisons évidentes de compréhension) prenne sur lui et change rapidement. Son arrogance disparaît assez vite, et il est métamorphosé aussi bien physiquement que moralement. le changement qui s'opère se ressent à travers ses actes, la maturité qu'il acquiert, et d'ailleurs, la plume de l'auteur évolue en même temps que lui. de jeune homme détestable et égoïste, avec un vocabulaire châtié, il devient affable, prévenant, et poli. Ce qui lui donne des airs de gentleman d'une autre époque et confère au récit un aspect assez romantique. L'attention qu'il porte à ses roses et sa bienveillance nouvelle le rendent assez touchant. Au final, cette malédiction lui a permis d'ouvrir les yeux sur ses proches mais aussi de réaliser sa propre introspection personnelle. Il ne semble pas garder rancoeur contre Kendra, la sorcière qui lui a jeté la malédiction. Leur relation est tout à fait particulière, puisqu'ils continuent à communiquer par la suite. Cette proximité entre les deux personnages, est assez inédite, surtout lorsque l'on considère ce qui les a réunit. Kendra éprouve des regrets face à son geste, mais ne pouvant faire machine arrière, elle va tenter d'aider Kyle. J'ai bien aimé cette version moderne et humaine de l'enchanteresse. On est bien loin du cliché de l'affreuse et vieille sorcière acariâtre et couverte de pustules. Quant à la princesse, Lindy, elle n'est peut-être pas la plus magnifique des filles, mais elle est passionnée par les livres et s'émerveille comme une enfant. L'auteur ne tombe pas dans les clichés qui étaient plutôt faciles pour ce type d'histoire et propose quelque chose de sensé et abouti.
Le mariage entre les éléments novateurs imaginés par Alex Flynn et la trame d'origine forment un tout réellement harmonieux, qui, même si l'on connaît le conte par coeur, restent agréables à découvrir.

En soi c'est un roman plaisant qui m'a agréablement surprise. Je l'ai même dévoré en un après-midi seulement ! Je le considère comme un joli hommage rendu au conte et non une pâle copie destinée à éblouir le public jeunesse actuel. Je ne dirais en revanche rien sur le film Sortilège, sorti en 2011, qui pour le peu que j'en ai vu, me semble être une adaptation loupée. A ce titre, je vous recommande donc de découvrir en priorité le livre, beaucoup plus subtil et distrayant à mon goût.

Cette réinterprétation contemporaine de la belle et la bête est donc plutôt réussie. L'auteur a eu l'excellente idée de transposer les symboles et les scènes clés du conte d'origine dans un nouvel environnement. On aurait pu croire que certains thèmes n'avaient pas leur place dans un contexte moderne, mais l'auteur les adapte efficacement et sans anachronisme ni défaut de sens. Si comme moi, vous avez vu des centaines de fois le classique d'animation des studios Disney, vous aurez sans nul doute plaisir à revivre la scène du bal ou la fameuse bataille de boules de neige grâce au livre. Je termine donc cette lecture sur une note vraiment positive, dont je suis la première étonnée.

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