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EAN : 9782843376870
281 pages
Anne Carrière (04/10/2012)
4.12/5   8 notes
Résumé :
– Des pingouins ! Vous êtes comme des pingouins sur la banquise, tous à vous renifler, à lustrer votre plumage… Et vous vous serrez l’un contre l’autre, frissonnants, dès que souffle un vent mauvais… Malheur à l’intrus : vous lui souriez, mais vous le regardez les yeux dans les pieds, à guetter sous ses palmes la moindre fissure de la glace, en espérant qu’elle devienne fracture, béante, qu’elle l’entraîne le plus loin possible, et allez, ciao ! Tous ensemble, bien ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Voici que ce l'auteur lui-même dit de son nouveau recueil de nouvelles, Tous ensemble, mais sans plus, qui vient de paraître aux Editions Anne Carrière : « L'idée de ce recueil est simple : on n'a jamais tant parlé, en France, de mixité sociale, d'égalité des chances, de fractures du corpus national. Mais on n'a jamais eu autant envie de se resserrer en petits cercles, entre semblables. J'ai voulu écrire un recueil sur ces fractures sociales, sur ces clivages selon l'âge, le milieu, l'apparence, la couleur, la religion, l'origine.

Mais il ne suffit pas de débarquer sur un sujet d'actualité pour en faire un recueil intéressant. Je ne voulais pas tomber dans la facilité, et me laisser porter par le vent. Je ne voulais pas de beau message moralisant, je ne suis pas un bien-pensant. Je ne voulais pas non plus de brûlot, je ne suis pas un polémiste. J'ai simplement voulu mettre en scène ces fractures, sans chercher à les soigner. J'ai voulu montrer dans un registre parfois grinçant, allant même jusqu'à l'humour le plus noir, parfois cruel, parfois plus souriant. »

Et voilà qu'une fois de plus, Georges Flipo, en quelques nouvelles, parvient à nous réjouir, et plus même, à nous rendre heureux. Heureux de le lire, de retrouver sa plume alerte mais délicate, son humour caustique souvent au second degré, et surtout l'attachement, la tendresse qu'il porte à ses personnages, et sans doute à son prochain.

Lire Georges Flipo, c'est s'évader, mais s'évader tout près de chez soi (bien qu'avec le précédent recueil Qui comme Ulysse, nous ayons vraiment voyagé). Les personnages, ça pourrait être vous ou moi, ou votre voisine, votre grand-père ou votre soeur. Ce sont des gens simples, normaux à qui il arrive les choses normales de la vie, de l'amour, du désir, des désillusions, des maladies… Alors bien sûr, ces gens si proches de nous, on s'y attache, on les aime un peu, beaucoup, ils nous font rire ou pleurer, mais jamais ne nous laissent indifférents.

Tout au long des 14 nouvelles de ce recueil, nous croisons les grands thèmes de notre époque : mixité sociale et racisme, qui font la une des informations, mais aussi les différences de milieu, les non-dits et le rejet de l'autre dont l'apparence n'est pas la même que la nôtre, du trop vieux ou de la trop romantique, du riche par rapport au pauvre, des branchés et des ringards, des bourgeois et de la classe ouvrière, de ceux atteints d'un handicap….

Ces textes sont pour la plupart drôles, mais portent également à la réflexion. Sous un ton léger, le fond est là. Georges Flipo ne se permet pas de juger, jamais, non, il constate, il témoigne, il partage. Et c'est à nous, lecteur, de faire notre chemin, notre mea-culpa parfois et de regarder la réalité en face.

A la fin de la lecture, en plus du plaisir immense de retrouver cet auteur proche des gens et de leurs souffrances, de la vie de tous les jours se pose une question primordiale : Sommes-nous donc tous des pingouins ?

« – Des pingouins ! Vous êtes comme des pingouins sur la banquise, tous à vous renifler, à lustrer votre plumage… Et vous vous serrez l'un contre l'autre, frissonnants, dès que souffle un vent mauvais… Malheur à l'intrus : vous lui souriez, mais vous le regardez les yeux dans les pieds, à guetter sous ses palmes la moindre fissure de la glace, en espérant qu'elle devienne fracture, béante, qu'elle l'entraîne le plus loin possible, et allez, ciao ! Tous ensemble, bien sûr, mais sans plus. Sans les trop vieux, les trop pauvres, les trop colorés, les trop moches. Sans les trop autres. – Allons, mon ami, ce ne sont que des mots. Words, words, words… »

Aux lecteurs qui attendent à chaque nouvelle une « chute » selon la tradition, sachez qu'à part pour une ou deux, l'auteur nous livre des chutes toutes en douceur, des fins si évidentes, bien que parfois surprenantes qu'elles ne « chutent » pas, mais coulent de source… Néanmoins, la nouvelle Compassion a une chute, une vraie chute qui clôt d'une phrase et d'une façon merveilleuse la nouvelle : sursaut d'horreur ou éclat de rire, chaque lecteur aura sans doute une réaction différente !

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Et oui, le précédent recueil de nouvelles de Georges Flipo, Qui comme Ulysse était excellent. Celui-ci sera-t-il à la hauteur ? Vous le saurez en lisant ma chronique (si vous ne le savez pas déjà, car c'est un livre déjà très apprécié : Aifelle, Kathel, Keisha, Liliba, Cathulu, ...). Sans plus attendre, car je vous vois déjà ronger vos ongles d'impatience, je peux vous dire que je vais être dans le ton des billets précédents. Élogieux. Mais comment fait-il ce Georges Flipo pour réussir à nous enchanter à chaque fois ?
Et l'on sent tout de suite que le ton sera ironique et moqueur. C'est vrai, certes, mais pas que... Car l'auteur crée des personnages auquel il, et nous lecteurs avec lui, nous attachons. A certains beaucoup moins, ceux qui ont le pouvoir aussi minime soit-il. Mais malgré tout, ils ne sont pas totalement antipathiques, plutôt maladroits, et pris dans un système qui les empêche d'agir plus humainement. Et là, je pense particulièrement à la nouvelle Tous ensemble, mais sans plus qui raconte l'entretien de Raoul Noir pour un poste important dans une entreprise de parfums. Ou alors, ils sont "plus bêtes que méchants", comme on dit par chez nous, notamment les collègues de l'entreprise de Sabrina (dans Changement de look) qui l'obligent à rentrer chez elle ré-habillée par une spécialiste du relookage, sans penser aux conséquences éventuelles.
Il est beaucoup question de différence sociale, de différence culturelle, de différence d'instruction, d'éducation et même de différence de niveau de langue comme Jacek qui redoute le quiproquo dû à son français approximatif (La maîtrise de la langue). Toutes difficilement surmontables. Ce n'est pas du pessimisme. C'est malheureusement une réalité : que peuvent avoir à se dire un dirigeant de petite entreprise, lecteur de philosophie et aspirant à un repos au calme, une sorte de retraite solitaire et un amateur de sudoku et de jeux télévisés, qui plus est, bavard (Le monsieur de l'autre lit) ? Un mariage est-il possible voire souhaitable entre une jeune fille de bonne famille et un jeune homme (qui s'aiment) à la réussite avérée certes, mais issu d'un milieu modeste et qui malgré des efforts garde en lui des pans de son éducation (Les choses du marais) ? Oublie-t-on ses amours de jeunesse lorsqu'on a "réussi" (Gracieusette)?
D'autres sont plus optimistes et jouent avec ces codes : le naturalisme chez Zola (ou comment passer un oral de littérature), Sainte Pauline des Tandas (comment le tango rapproche les gens pour peu que l'on ait un peu de coeur.
Quatorze nouvelles très bien écrites, tour à tour tendres, drôles, dures, réalistes, parfois tout en même temps, pas forcément avec des chutes tragiques ou comiques. Parfois, juste des tranches de vies. J'ai une tendresse particulière pour celles qui justement finissent sans chute et qui font s'interroger tout le monde, lecteurs et personnages et peut-être même auteur : La vache et le tigre, Changement de look ou L'heure du bain. Ah, celle-ci je l'aime beaucoup. Bourrée de tendresse sans être gnangnan. Parler de l'amour des personnes âgées en finesse mais très directement n'est pas aisé.
Souvent lorsqu'on ouvre un livre de nouvelles, on en lit une puis deux et ensuite on ouvre un autre livre, puis on reprend le recueil de nouvelles pour une ou deux, et ainsi de suite. M'est avis, que comme moi, vous ouvrirez ce bouquin et n'en prendrez un autre que lorsque vous l'aurez fini.
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Rien de tel qu'une petite louchée de nouvelles entre deux romans plus conséquents, à savourer tranquillement... Ah, non, pas celles de ce recueil ! Elles sont plutôt du genre à être englouties les une à la suite des autres, tels les carrés de chocolat d'une plaque qui n'a pas eu le temps de réintégrer le placard, comme en leur temps les nouvelles voyageuses de Qui comme Ulysse.
Le point essentiel étant qu'elles se laissent lire très aisément, tout en pointant des petits travers particulièrement bien partagés par nos contemporains. Racisme, misogynie, « grand écart » social, réactions aux différences quelles qu'elles soient, forment la toile de fond de ces nouvelles réunies sous une couverture évocatrice avec des pingouins formant des groupes mouvants et hétéroclites.
Dans bon nombre de ces textes, un individu tente de rester dans son petit cocon pour se protéger des autres, des vieux, des laids, des plus pauvres, des différents, et n'y réussit pas toujours parfaitement. C'est acide, mais pas dépourvu d'empathie avec les uns et les autres. Certaines nouvelles plus optimistes laissent heureusement un peu d'espoir en l'humanité. Beaucoup de sourires et quelques grincements de dents plus tard, on s'étonne de quitter avec regrets cette foule pas si sentimentale... A lire et à faire lire !
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Rayonnage : Nouvelles

Résumés
Le club Vie Intense : Au cours d'un dîner, un trentenaire raconte un club de sports extrêmes réservé aux septuagénaires et plus.
Tous ensemble, mais sans plus : Un DRH de parfumerie fait passer un entretien d'embauche à un jeune homme prometteur, mais noir.
Changement de look : une jeune secrétaire effacée est rhabillée par une relookeuse. Au moment de remettre ses vêtements, ils ont disparu.
Les choses du marais : Une jeune fille de bonne société s'apprête à convoler avec un jeune loup d'origine plus modeste, ancien camarade de classe devenu son patron.
Une fâcheuse fièvre : Un médecin rencontre un jeune ado, étouffé par ses parents qui le couvent trop.
La vache et le tigre : Un octogénaire, ancien champion d'échec, affronte lors d'un ultime tournoi un jeune champion plein d'ambition.
Compassion : Une jeune femme plaquée par son fiancé doit vivre avec les cicatrices de sa tentative de suicide.
Le monsieur de l'autre lit : Un chef d'entreprise doit partager sa chambre d'hôpital avec un immigré estonien au chômage.
Gracieusette : le patron d'une jeune maison d'édition retrouve au cours d'une réception son amour de jeunesse, serveuse en extra pour le traiteur engagé.
Le naturalisme chez Zola : Un prof de littérature fait passer son ultime oral de rattrapage au bac avant sa retraite.
Sainte Pauline des Tandas : Une jeune femme venue participer à un festival de tango à Tarbes enchaîne les danses avec tous les laissés-pour-compte présents.
La maîtrise de la langue : Un jeune polonais immigré, directeur-adjoint qui doit encore faire des progrès en français, est envoyé par son patron pour un séminaire de l'entreprise dont dépend leur usine.
L'heure du bain : Une septuagénaire et un octogénaire se rencontrent par hasard au bord d'un lac.
La montée vers le ciel : Un photographe indien devenu agnostique prépare une exposition sur "ceux qui croient".

Mon avis
Un savoureux recueil de nouvelles qui se dévore très rapidement. Je n'aime pas trop ce genre en général, le trouvant souvent trop cruel dans sa brièveté, mais là, j'avoue que je n'ai pas pu le lâcher avant de l'avoir terminé.
L'auteur écrit très bien, les situations sont réalistes et pourraient concerner des gens que nous croisonsrégulièrement, je me suis régulièrement retrouvée dans les réactions des uns ou des autres. Il suffit parfois de pas grand-chose pour changer une vie, et c'est ce qui est ici très bien démontré.
Je ne saurais dire quelle a été ma nouvelle préférée dans ce recueil : le naturalisme chez Zola (un domaine que je connais bien, sans forcément l'aimer : la littérature et les oraux qui vont avec), La maîtrise de la langue (des situations cocasses, beaucoup d'humour), Les choses du marais (qui reprend certains côtés de ma propre histoire, le mariage entre deux jeunes qui ne sont pas du même monde et le décalage qui en découle), Tous ensemble, mais sans plus (comment interpréter un CV, et comment le regard peut changer bien des opinions), La montée vers le ciel (une quête qui forcément me parle, et une chute que je trouve très belle)...
Voilà, je crois, celles dont je garderai le meilleur souvenir. Mais je crois bien qu'aucune ne m'a franchement déplu.
Et vous, qu'en pensez-vous, quelles seront vos préférées ? Je vous préviens, c'est un peu comme la tablette de chocolat : on en prend un carré, pour goûter, on pense se montrer raisonnable... et il nous est impossible de ne pas enchaîner carré sur carré, et la tablette y passe ! ;-)
Lien : http://lesloisirsdebernie.ov..
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Sous une couverture au titre assez gavaldéen, illustrée de manchots éparpillés sur la banquise, des nouvelles qui tiennent la promesse de la quatrième de couverture. "Tous ensemble, bien sûr, mais sans plus. Sans les trop vieux, les trop pauvres, les trop colorés, les trop moches. Les trop autres."

Dans les groupes soudés par le milieu social, la culture, les études ou l'âge, le vilain petit canard (ou manchot, ou même pingouin si l'on préfère), en dépit de ses qualités, va avoir du mal à survivre. Parfois il met en oeuvre une stratégie étonnante mais sans réussite obligée (dans Tous ensemble, mais sans plus, très politiquement incorrecte, La vache et le tigre, Compassion, La maîtrise de la langue).

L'ironie caustique fait mouche, bien que l'on sente que l'auteur les aime, ses personnages, et qu'il suffirait de peu pour que change leur sort. Sainte Pauline des Tandas, qui fait la part belle au tango, L'heure du bain, et La montée vers le ciel, offrent des échappées vers un Ensemble c'est tout...

Certains craignent de se lancer dans des nouvelles : "il faut entrer encore dans une nouvelle histoire" et "on n'a pas le temps de bien s'immerger, c'est frustrant". Sans parler de l'éternel débat Chute/Pas chute. Ma foi, ici, pas de souci. Aucun long corridor d'entrée, tout de suite le salon, juste au moment où tout se noue. L'avant est brièvement présenté, souvent au détour d'une phrase. A la fin, une ouverture permet souvent au lecteur de rêver, imaginer la suite, piétiner de désolation de ne pouvoir intervenir.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ah Raoul, un prénom démodé qui enchantait Adrien. Il sentait bon le label héréditaire que l’on se passait avec amour, de père en fils aîné, comme une montre de gousset. Célibataire, heureusement, puisqu’il serait appelé à voyager continuellement en France la première année. Une fille dans chaque port, ce serait de son âge. Ou plutôt dans chaque parfumerie, les occasions ne lui manqueraient pas, au garnement, avec les petites vendeuses.

Né à Versailles, le 25 décembre 1988, parfait. Bientôt vingt-quatre ans, Raoul n’avait donc jamais redoublé de classe, il ne s’était permis aucun zigzag dans sa jeune trajectoire. Pas d’erreur d’orientation en début de parcours, pas d’année sabbatique à la sortie, ni de lavage de cerveau dans une quelconque O.N.G – cette abréviation-là, il l’acceptait, il aimait même parler d’« ongue » avant de décoder pour l’interlocuteur perplexe. Pas non plus de fourvoiement dans une éphémère start-up avec des potes. Non, un beau projet de carrière rectiligne. Amusante, cette naissance le 25 décembre. Madame avait dû ressentir les contractions au retour de la messe de minuit. À Saint-Louis ou à Saint-Symphorien, il en aurait juré. Études probables à Notre-Dame du Grandchamp ou au Sacré-Cœur. Pourquoi ne le mentionnait-il pas ? Ah, bien sûr, pour éviter les foudres d’un directeur des relations humaines franc-maçon – il était finaud, le jeune Raoul, il avait déjà compris que ces types-là étaient partout.

Licence de sciences économiques à la faculté de Nanterre. Un autre bon point, et même un double. Il devait être légèrement rebelle, juste assez pour avoir refusé de faire une grande école comme papa. Mieux encore, il était allé se frotter au peuple, à Nanterre, dans une faculté notoirement rouge. Courageux, le petit gars.

Master 2 de marketing à Paris-Dauphine. Rassurant. Après cette descente aux soutes, il était remonté en cabine des officiers, hé, la mixité sociale avait ses limites...
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Philippe sentit monter une colère muette et impuissante. Il ne pouvait évidemment plus faire un scandale et réclamer sa chambre pour lui seul, ce serait très désobligeant envers ce Kristofer avec tous ses k qui lui souhaitait la bienvenue. Il ne tenait pas à passer pour xénophobe, d’autant que le chirurgien qui devait l’opérer portait un nom imprononçable, genre tchèque ou slovaque, « mais il est français comme vous et moi », l’avait rassuré son médecin traitant. Kristofer Kask, lui, n’était certainement pas français, en tout cas pas comme vous et moi, il avait un affreux accent venu de nulle part, avec des consonnes finales qui claquaient et d’autres qu’il mouillait.
- C’est très joli, votre accent, vous venez de quel pays ?
- Je suis estonien, mais il y a longtemps que je vis en France.
- Ah, parfait.
Philippe avait hésité à ajouter « J’aime beaucoup l’Estonie », mais il s’en était abstenu, craignant que Kristofer lui demandât ce qu’il aimait en Estonie. Que diable y avait-il à aimer en Estonie ?
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Immuables. Les dîners chez les Pontignac étaient immuables jusque dans leur grain de folie. Chaque deuxième samedi du mois, Monsieur et Madame recevaient une vingtaine d'amis, tous gens de bonne compagnie, notables de Nantes dans la cinquantaine avancée, et les répartissaient en trois tables, en imposant la dissociation des couples puisqu'on était à l'âge où le verbe se libère plus volontiers en l'absence du conjoint. Les recettes de Darawalee, leur domestique thaïlandaise, étaient très appréciées et s'entouraient de mystères qui ajoutaient une pincée de piment à leur saveur -c'est délicieux, chère amie, ces pak-choï au crabe, comment votre petite prépare-t-elle cela ? Ah, tout simplement avec du crabe et des pak-choï, oui, bien sûr. (p.11)
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Hélène n'avait pas de telles préventions. Elle imaginait toute cette vie sexuelle endormie qui s'éveillerait, maladroitement sans doute, mais avec tant de sincérité. Revivre à deux, finir à deux. Elle n'avait aucun souvenir de sa dernière nuit d'amour avec son mari. Cette nuit-là, savait-elle que c'était la dernière ? Désormais, elle vivrait chaque nuit à deux comme si ce devait être l'ultime et mémorable. (p.266)
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"Constance avait toujours cru que Yannick s'était coulé dans le moule Beau-Denivard et avait adopté le style Tête d'Or parce qu'il représentaient pour lui un idéal supérieur. Elle comprenait qu'il n'en était rien : il s'était adapté parce qu'il fallait bien que l'un des deux s'adapte, et ce ne pouvait pas être Constance. Elle pouvait vivre dans un orphelinat au Mali, mais elle ne pourrait jamais taper sur les épaules des gars du hand en buvant des bières, ni commenter les émissions de télé en avalant des pastis avec la famille de Vénissieux."
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