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EAN : 9782070131020
336 pages
Gallimard (06/09/2012)
3.68/5   14 notes
Résumé :
En 2007, confronté aux doutes et aux inquiétudes d’un homme qui attend la venue au monde de son premier enfant, Nick Flynn est frappé de plein fouet par la révélation des actes de torture et d’humiliation perpétrés par l’armée américaine dans la prison irakienne d’Abu Ghraib. Un jury lui a décerné, quelques mois plus tôt, un prix pour son livre Encore une nuit de merde dans une ville pourrie, jury qui a également récompensé un livre justifiant la torture. Comme pour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Contes à rebours" n'est pas un roman. C'est la mise à nu, sans complaisance, sans grandiloquence non plus, d'un homme, d'un amant, d'un fils, d'un bientôt père, d'un poète et d'un humaniste.
Il s'agit du second ouvrage de Nick Flynn publié en France, après "Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie". Dans ce livre, l'auteur semble s'interroger, à l'occasion de la naissance future de sa fille, sur ce que l'on est et sur ce que l'on transmet. Les chapitres sont très courts, décrivant des morceaux de la vie de l'auteur, ses amours, son addiction à la drogue, son père alcoolique et SDF, sa mère qui s'est suicidée lorsqu'il avait 22 ans, des réflexions sur un livre, un film, et son inquiétude de ne pas être un père à la hauteur. "Ma terreur à l'idée d'être père, d'avoir une fille n'est pas facile à cerner, ne tient pas de la menace d'un hypothétique maniaque qui la kidnapperait. C'est la terreur de ne rien éprouver en posant les yeux sur elle. Que son apparition ne change rien à rien. D'être incapable de l'accueillir, d'entrer dans cette vie, de m'engager.". Et toujours, en pointillé, la question lancinante de ce qu'est être un être humain, sous couvert du scandale d'Abou Graib, de ces photographies de prisonniers Irakiens humiliés par des soldats américains les tenant en laisse, souriant et pouce en l'air.
Il me parait difficile de définir le genre de livre qu'est « Contes à rebours ». En tout cas, ce n'est pas un livre sur la torture ni sur le rôle d'un père. Je dirai qu'il s'agit de la biographie d'un homme qui, avant de devenir père, regarde sans complaisance sa vie, s'interroge et s'inquiète de ce qu'il transmettra, de ce que ses parents lui ont transmis, sur fond d'Amérique au lendemain du 11 septembre et des dérives qui s'en sont suivi.
C'est un livre touchant, qui bouscule son lecteur en le poussant dans ses retranchements, au travers de questions dérangeantes, de réflexions existentielles parfois naïves mais souvent percutantes : "On lit souvent l'allégorie de la caverne comme évoquant la perception, les processus qui nous conduisent à croire que les ombres sur le mur, qui nous terrorisent ou nous divertissent, sont réelles. Mais comment sommes-nous arrivés dans cette caverne ? Comment avons-nous fini, heure après heure, jour après jour, par regarder fixement des ombres sur un mur ? Et pourquoi ne détournons-nous pas simplement les yeux ?".
Une lecture splendide.
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L'opération Masse Critique de septembre sur Babelio m'a fait le joli cadeau que voici : Contes à rebours, de Nick Flynn. Tout d'abord, un grand merci à Babelio et à Gallimard pour cet ajout à ma bibliothèque.

Nick Flynn est un poète reconnu, ayant reçu plusieurs récompenses, et également professeur à l'université de Houston. Il est l'auteur d'un premier roman sur les sans-abris, qu'il a côtoyés pendant plusieurs années, son propre père ayant vécu dans la rue. Avec Contes à rebours, Nick Flynn reste dans l'autobiographie, mais d'une manière un peu particulière. Tout au long de son récit, on fait des va-et-vient dans le temps, à différentes périodes de sa vie, qui nous en apprennent un peu plus à chaque fois sur lui-même bien sûr, mais également sur sa famille, sur ses relations amoureuses, amicales, sur son travail... Ecrit peu avant la naissance de son premier enfant, ce texte est en fait une véritable interrogation sur la valeur de la vie, son importance et sa place dans ce monde régit par la peur et la terreur. Car Nick Flynn a été profondément marqué par le scandale d'Abou Ghraib, ces photos de prisonniers irakiens torturés et humiliés par des soldats américains, qui ont été dévoilées 2004, créant une polémique sans précédent. L'auteur s'est même rendu en Irak, afin d'interroger les victimes et savoir ce que ces prisonniers ont réellement vécu.

C'est ainsi que ce récit autobiographique mêle évènements personnels et intimes à ces éléments extérieurs de tortures, de violences, d'injustice, qui gouvernent ce monde dans lequel va bientôt naître la fille de Nick Flynn. Il nous livre ses peurs, ses doutes, ses espoirs également. On pourrait penser que ce genre de récit est forcément triste et ennuyeux, mais l'écriture du poète est très bien ressentie. Les choses sont dites, simplement, sans fioriture, l'essentiel étant de les dire. Les chapitres sont courts et variés, évoquant tour à tour sa vie, ses opinions, mais également sa vision d'un tableau de Giotto ou d'un film sur la Guerre d'Algérie. On ne s'ennuie pas, on s'attache à ce texte, en se demandant un peu où ça va nous mener, mais en prenant le temps de bien comprendre ce qui est dit.

Une lecture intéressante, qui nous pousse à réfléchir à certaines choses qui font malheureusement partie de notre quotidien. Une lecture que je ne regrette pas.
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Le résumé de cet ouvrage m'a tout de suite plu c'est pourquoi j'ai une fois encore demandé à Caroline de Dialogues croisés si elle pouvait me l'envoyer ce qu'elle a fait très gentiment et je l'en remercie.

Mais lorsque j'ai ouvert le livre, j'ai été un peu surprise de découvrir sa composition. Des fragments de textes datés sur plusieurs années composent le récit. Des fragments sans lien les uns avec les autres parfois d'où une lecture très décousue.
Contes à rebours se présentant comme un prolongement de son précédent récit Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie qui j'ai à la bibliothèque, je suis allée voir si la composition était la même. Et bien oui.

Tout cela pour dire que malheureusement je n'ai pas pu aller au bout bien trop perdue que j'étais entre les différentes époques de sa vie, les différentes femmes qui tournent autour de lui et les revois assez fréquent à son précédent ouvrage.

Dans l'ensemble, j'ai cru entrevoir que mettait en lien deux types de photographies : celle de l'échographie de sa future fille et celles d'actes de torture commit en Irak.

Si quelqu'un peut me fournir une clé de lecture je suis preneuse !
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Profondément touché par l'affaire d'Abou Ghraib, Nick Flynn ne peut accepter la légitimation de la torture et sa banalisation. Auteur reconnu, il décide de se pencher sur la question et choisit de rencontrer, en Irak, d'anciens prisonniers au coeur de ce scandale.


En marge de cette quête, la vie de l'auteur est sur le point de changer : la naissance de son premier enfant est imminente et le conduit à s'interroger. Il revient sur son passé familial douloureux, sur sa vie sentimentale, les métiers qu'il a exercés, … le tout étant parfois lié. Il envisage également son avenir, évoque ses craintes à cette époque charnière de sa vie.


Dans ce récit intimiste et chahuté, l'auteur mêle en vrac son indignation face à la torture et à l'injustice, son hérédité pesante, sa vie privée, … L'ensemble est parfois difficile à suivre car l'auteur aborde, de manière anarchique, époques et événements. Pourtant, le récit est plaisant à lire : les chapitres sont courts et le charme de l'auteur fait le reste.


En suivant cet homme à la recherche d'un sens à sa vie et désireux de remettre de l'ordre dans une existence un peu mouvementée, le lecteur est amené, lui aussi, à se poser des questions existentielles. Il s'agit là d'une des grandes qualités de ce texte, malheureusement atténuée par sa construction chahutée. Un bilan en demi-teinte donc au terme de cette lecture interpellante, pour laquelle je remercie Babelio et les Editions Gallimard.
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
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J'ai plutôt bien apprécié cette forme. Ensemble de textes courts sans déroulement chronologique fluide. J'aime bien le ton, doux-amer-acide sans désespoir mais sombre, car plein de peur-s. Ce personnage tente de progresser, de réparer, d'oser, de faire des choix. Initiation et se donner les moyens d'être courageux ? Il y a des tortures évidentes et choquantes et des tortures moins évidentes et troublantes. Trouble, flou. Ce livre.
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critiques presse (2)
Telerama
27 novembre 2012
Un assemblage de fragments où l'intime, le matériau autobiographique et généalogique […] alterne et dialogue avec la dimension collective et politique. Le tout entrecoupé et éclairé d'échos littéraires et mythologiques qui convoquent les motifs du paradis perdu, de l'obscurité, de l'égarement.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
15 octobre 2012
Egalement poète, s'apprêtant à devenir père, Flynn s'est servi de la littérature pour fouiller toutes les notions d'humanité. Jusqu'à l'inhumanité. Un homme pour qui le mot est un principe actif.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
On lit souvent l’allégorie de la caverne comme évoquant la perception, les processus qui nous conduisent à croire que les ombres sur le mur, qui nous terrorisent ou nous divertissent, sont réelles. Mais comment sommes-nous arrivés dans cette caverne ? Comment avons-nous fini, heure après heure, jour après jour, par regarder fixement des ombres sur un mur ? Et pourquoi ne détournons-nous pas simplement les yeux ?
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Ma terreur à l’idée d’être père, d’avoir une fille n’est pas facile à cerner, ne tient pas de la menace d’un hypothétique maniaque qui la kidnapperait. C’est la terreur de ne rien éprouver en posant les yeux sur elle. Que son apparition ne change rien à rien. D’être incapable de l’accueillir, d’entrer dans cette vie, de m’engager.
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Des semaines ont passé à présent, des semaines sans sommeil, et je ne suis plus aussi sûr, pour la photo de mon père avec moi dans ses bras. Peut-être est-il simplement fatigué, harassé. Peut-être est-il resté debout toute la nuit, à essayer de me calmer pour me rendormir, et ce que je vois sur son visage n'est pas du malheur, mais de l'épuisement pur et simple. Si on prenait une photo de moi lors d'une de ces nuits de veille, quand j'arpente l'appartement en chantant "All You need Is Love" tout doucement à Lulu, essayant désespérément de nous renvoyer tous les deux au pays du sommeil, on pourrait trouver que je n'ai pas l'air spécialement enthousiaste face à ce miracle que je tiens dans mes bras. Mais on aurait tort. Donc, peut-être ai-je eu tort, toutes ces années, à propos de mon père.
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"J'essayais d'imaginer ce qui se passerait si chacun prenait conscience de l'importance de sa vie."
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Janet Malcolm écrit dans The Silent Woman : Sylvia Plath & Ted Hughes (Knopf, 1994, p 58) :
La vie, bien sûr, n'attire jamais complètement l'attention. La mort, elle, demeure intéressante, nous attire, nous intringue. De même que le sommeil est nécessaire à notre physiologie, la dépression l'est à notre économie psychique. A sa façon secrète. Thanatos nourrit Eros en même temps qu'il s'oppose à lui. Les deux principes oeuvrent selon une entente secrète : bien qu'Eros domine en la plupart d'entre nous, Thanatos n'est jamais totalement soumis. Toutefois, et c'est le paradoxe du suicide, mettre fin à ses jours est un comportement "érotique" plus actif et assertif que d'assister impuissant à la lente agression de la mortalité inévitable rognant ces jours. Le suicide implique à la fois la haine de la mort et notre désir de mort : à un certain stade, le suicide nous paraît enviable en même temps qu'il suscite notre pitié.
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