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EAN : 9782070309771
192 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.26/5   1453 notes
Résumé :
"On dit souvent qu'il existe des hommes à femmes, on peut considérer qu'Hector est un homme à objets. Bien loin de comparer la femme à l'objet, nous notons toutefois d'évidentes similitudes, et les angoisses de notre héros pourront se refléter dans les angoisses des infidèles, et de tous les hommes transpercés par la rareté féminine." Après avoir collectionné, entre autres, les piques apéritif, les badges de campagne électorale, les peintures de bateaux à quai, les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (158) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1453 notes
Relecture pour tenter d ‘élucider ce qui ne va plus entre Foenkinos et moi : qui est le responsable, lui ou la lectrice que je suis devenue, douze ans après avoir encensé ce roman qui m'avait totalement séduite.

Conclusion de cette enquête : je plaide non coupable car j'ai à nouveau apprécié l'originalité de l'histoire, la fragilité des personnages, la relative sobriété de l'intrigue bien centrée sur le thème de l'addiction aux collections, analyse psychologique de chacun des protagonistes.
Certes quelques tournures un peu too much auraient pu m'agacer (« deux nouvelles dents avaient propulsé dans l'oubli, par le charisme de leur calcium, celles qui avaient été chassées »!), elles restent confidentielles et c'est sans doute la propension de l'auteur à les multiplier dans ses écrits plus récents qui est franchement rédhibitoire.

Rappelons l'histoire : Hector est un employé banal, célibataire, fils de parents âgés (il est né morsure son frère ainé a quitté la maison). Il cache, mal, un secret : sa collectionnite chronique. Des badges de campagne électorale, aux tickets de métro en passant par les dictons croates, les jouets kinder, les boutons de manchette, les pieds de lapin, les bruits à cinq heures du matin, tout est bon pour débuter une collection, dès le moment où l'objet en question est au nombre de deux.
Toute addiction peut conduire au pire, et après un long passage à vide et un sevrage, c'est l'amour qui va sortir Hector de sa mauvaise passe. A moins que…

C'est léger, ça ne se prend pas au sérieux, tout en assénant quand même quelques vérités bien senties sur notre fonctionnement dans une société qui favorise ces dérives névrotiques.
Le style est plutôt agréable ‘même si, comme je l'ai dit plus haut, on sent l'émergence de figures de style de fin de repas arrosé.

C'est donc plus une évolution dans le style d'écriture qui explique ma réticence actuelle et le désagrément que m'a causé le mystère Henri Pick.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Hector est un homme somme toute assez sympathique et banal, à première vue. Il bosse dans une grande entreprise avec son frère, s'entend bien avec ses collègues, rend régulièrement visite à ses parents pour savourer la délicieuse soupe de maman, a un poisson rouge prénommé Orange mécanique... Mais, voilà, il est malade: il collectionne tout et n'importe quoi, des timbres, des bouchons de champagne, des badges de campagne électorale, les pique apéritif, les dictons croates, les étiquette de melon, les bruits à cinq heures du matin... et j'en passe des plus insolites encore! N'en pouvant plus de cette maladie, il décide de se suicider mais, chance ou malchance, il se rate! Il décide de se soigner et part en convalescence pendant 6 mois, mais, honteux, il fait croire à son entourage qu'il est parti en voyage aux Etats-Unis. Dès son retour, il veut parfaire ses connaissances américaines, pour avoir quelque chose à raconter, dès fois qu'on lui poserait des questions... En cherchant un livre, il tombe par hasard sur Brigitte et en devient fou amoureux... Une nouvelle collection s'abat sur lui: il devient collectionneur de sa femme, de ses gestes, ses mouvements et surtout de son lavage de vitres qui devient une véritable obsession...

Foenkinos fait dans la névrose avec ce roman court mais suffisant. Avec une intrigue assez longue à se mettre en place, celui-ci ne devient réellement intéressant qu'à partir de la seconde moitié du livre. A partir de là, on est happé par le côté burlesque de l'histoire et des situations cocasses. Dommage, car j'ai trouvé l'idée de départ assez originale et rocambolesque et la quatrième de couverture était alléchante. Hector est un personnage très attachant que l'on voudrait pouvoir aider.
Un brin d'humour, un style léger, un phrasé particulier et des aventures incroyables m'auront finalement convaincue pour dire que ce roman se laisse lire agréablement et reste plaisant, surprenant et pétillant.

Le potentiel érotique de ma femme...manque de sensualité...
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Que dire de plus que rabanne quand on a le même ressenti et que le bouquin vous tombe des mains de la même manière ?
Rien. Si ce n'est que "Charlotte" attendra dans ma bibliothèque que le souvenir s'estompe...
Pourtant, "Le mystère Henri Pick" ne m'avait pas déplu. Il faut dire que je l'ai lu après avoir vu le film et ma lecture était sans doute habitée par le souvenir de l'excellent Lucchini...
Abandon ! C'est rare chez moi... Mais comme rabanne (encore !), ça m'arrive plus souvent maintenant que par le passé...
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Lorsqu'un lecteur découvre un écrivain sur un ensemble de trois volumes qu'il lit d'affilée avec un plaisir qui ne faiblit pas jusqu'à la dernière ligne du troisième, on peut afirmer, indéniablement, qu'une immédiate et permanente empathie s'est installée entre eux.

Pourquoi? Comment? Quelle est la recette ?

Foenkinos est un romancier malicieux, qui vous entourloupe dans ses histoires dont l'originalité tient au fait qu'elles se fondent à la fois, paradoxe habile, sur l'imbrication d'une série de faits courants marquant la vie quotidienne du couple et de situations des plus inattendues accompagnées de réflexions et commentaires des plus surprenants (au sens propre de l'adjectif) frôlant parfois l'ubuesque le plus débridé.

Ainsi, quand le présumé cocu s'interroge sur le cinq à sept de son épouse:

"Dans le mensonge et dans la vérité, les femmes sont fascinantes. Brigitte avait donc des courses à faire et puis, en fin d'après-midi, de cinq heures à sept heures, elle verrait son frère. [Son frère] avait bon dos: qu'est-ce qu'elle pouvait faire avec lui un samedi après-midi? Non, ce n'était pas possible, personne ne voyait son frère ce jour-là. Les frères, ça se voit surtout le mardi midi. Alors le sang d'Hector fit plusieurs tours (au passage, il battait déjà le dicton). Il entrait de plein fouet dans le sursaut de dignité que tout cocu connaît bien..." (Le potentiel érotique de ma femme).

Foenkinos est un romancier impertinent, qui vous détourne sans cesse du courant de l'intrigue vers les méandres adjacents de la pensée faussement naïve d'un narrateur et vous y enfile avec une créativité débordante des perles époustouflantes ayant des airs de brèves de comptoirs.

Ainsi la scène classique de la première rencontre, que l'auteur situe, évidemment, banalement dans la rue:

"Nathalie et François se sont rencontrés dans la rue. C'est toujours délicat un homme qui aborde une femme [...] Quand un homme vient voir une inconnue, c'est pour lui dire de jolies choses. Existe-t-il, ce kamikaze masculin qui arrêterait une femme pour asséner: «Comment faites-vous pour porter ces chaussures? Vos orteils sont comme dans un goulag. C'est une honte, vous êtes la Staline de vos pieds!» Qui pourrait dire ça?" (La délicatesse).

Ou la relation de cette autre rencontre, à laquelle repense le narrateur, qui s'est produite quelque temps avant, au cours d'une soirée, évidemment, vulgairement, dans une cuisine, dans un cercle d'invités ne se connaissant pas où il a eu le coup de foudre pour une des filles lui faisant face:

"J'ai pensé: la prochaine fois que je tombe amoureux, je prends aussi le numéro de la fille d'à côté (on ne sait jamais: je suis peut-être destiné à ne rencontrer que les femmes qui sont juste à côté des femmes de ma vie)" (Nos séparations)

Peut-on ne pas s'ébaubir à découvrir ces notes de bas de page, illustration drôle de la relation que feint d'entretenir l'auteur avec ses personnages, comme si... ceux-ci n'étaient pas ses propres créatures?

1- C'est étrange de s'appeler Alice et de travailler dans une pharmacie. En général, les Alice travaillent dans des librairies ou des agences de voyages.
2- A ce stade, on peut s'interroger: s'appelait-elle vraiment Alice? (La délicatesse)

Foenkinos est, définitivement, le romancier des comparaisons incongrues, des rapprochements d'hurluberlu, des « comme si » qui vous décontenancent, vous désarçonnent et vous éberluent, vous laissent un instant perplexe, bouche bée, sourcils froncés, avant qu'une subite et irrépressible bouffée de rire ne manque de vous faire sauter le livre des mains, comme si... avait jailli de la page brusquement l'auteur déguisé en trublion soufflant tous azimuts dans une trompette... comme si...

" Ah, non, désolée, je ne peux pas. Je vais au théâtre! dit Nathalie comme si elle annonçait la naissance d'un enfant vert." (La délicatesse).

"Il arrivait fréquemment que je prenne en charge nos ébats, et j'aimais alors tenir sa nuque comme s'il s'agissait de son coeur" (Nos séparations).

"Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité" (La délicatesse).

Ne nous y trompons pas pourtant! Sous l'apparente absurdité de telle réplique, sous l'immédiate irrationalité de telle intrusion, sous le burlesque affiché de telle association d'idées coule un flux constant de tendresse, de détresse, de lucidité qui irrigue la narration et lui donne cette puissante tonalité tragi-comique qui est celle, fondamentalement, de toute relation amoureuse.

Car Foenkinos est le romancier du pire et du meilleur de la vie de couple.

"Nous sommes allés chez Ikea, et nous nous sommes disputés chez Ikea. Dans ce grand magasin, ils devraient embaucher un conseiller conjugal. Car s'il existe un endroit où le coeur des couples se révèle, c'est bien là." (Nos séparations).

Un plein coffret de « délicatesses » littéraires à offrir...
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Rarement une lecture ne m'a autant crispé …
J'avais apprécié Charlotte de David Foenkinos, mais ici j'ai du me forcer pour terminer ce livre !
Et comble de malheur, c'est un livre que j'avais offert à ma femme, j'en suis honteux …
C'est surtout le style qui m'a rebuté, des comparaisons sensées nous arracher un sourire, chez moi elles revêtaient une grande platitude
« Il y avait une ambiance de quatuor de Bach, la musique en moins. »
Et que dire de ses affirmations : « Il avait remarqué que la réussite allait de pair avec la beauté, certaines avocates avaient des seins et des jambes qui leur promettaient de sublimes plaidoiries. »
Enfin, la trame de ce roman n'a pas réussi à m'intéresser le moins du monde.
À oublier vite !
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Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Hector avait une tête de héros. On le sentait prêt à passer à l’acte, à braver tous les dangers de notre grosse humanité, à embraser les foules féminines, à organiser des vacances en famille, à discuter dans les ascenseurs avec des voisins, et, en cas de grande forme, à comprendre un film de David Lynch. Il serait une sorte de héros de notre temps, avec des mollets ronds. Mais voilà qu’il venait de décider de se suicider. On avait vu mieux comme héros, merci. Un certain goût pour le spectacle lui avait fait opter pour le métro. Tout le monde saurait sa mort, ce serait comme l’avant-première médiatique d’un film qui ne marchera pas. Hector chancelait gentiment tout en écoutant, par politesse, les recommandations sonores en vue de ne pas acheter son billet à la sauvette ; au cas où il se raterait, ce serait utile de s’en souvenir. On ne connaissait rien de lui, alors on l’espérait un peu ce ratage, au moins pour savoir s’il faut se fier à la tête des gens. C’est fou, cette tête de héros. Il commençait à voir flou, des pilules ayant pour but une action soporifique avaient été ingurgitées avant l’échéance. On mourait mieux endormi. Finalement, ce fut une chance puisque Hector nous fit un malaise. Dans son œil, on ne voyait rien. Il fut découvert gisant dans les couloirs du métro, plus près de Châtelet-Les Halles que de la mort.
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La poussière avait veillé sur le lieu, avant de s’ennuyer au point de se reproduire.

Son existence respirait la frénésie ; avec toutes les périodes d’euphorie pure et d’extrême dépression que cela pouvait impliquer. Il ne se souvenait pas d’un seul moment de sa vie où il n’avait rien collectionné, où il n’avait pas été à la recherche de quelque chose. Pourtant, à chaque nouvelle collection, Hector pensait toujours qu’elle serait la dernière. Mais systématiquement, il découvrait dans son assouvissement les sources d’un nouvel inassouvissement.

Certains enfants légèrement délaissés par leurs parents se mettent à collectionner pour se rassurer. L’abandon est un temps de guerre ; on a si peur de manquer qu’on accumule.

Faire croire qu’on est heureux est quasiment plus difficile que de l’être réellement.

Pourquoi les retraités adorent-ils autant les horloges bruyantes ? Est-ce une façon de savourer les derniers croûtons, de sentir passer les ultimes et lents moments d’un cœur qui bat ? On pouvait tout chronométrer chez les parents d’Hector ; jusqu’au temps qu’il leur restait à vivre.

Face à l’innocence, on est face à la vie qu’on ne vit pas.

Il était condamné à être leur cliché. Dans leur regard, il percevait le reflet de celui qu’il avait été la veille. Indéfiniment, ce rapport était un enfermement.

Hector est au creux de la vague, vague qui elle-même est au creux de l’océan, océan qui lui-même est au creux de l’Univers, il y a de quoi se sentir petit.

« Il faut s’avouer malade pour commencer à guérir »

Et sans trop savoir pourquoi, Hector repensa à un dicton croate qui disait qu’on rencontrait souvent les femmes de sa vie devant des livres. A priori, il y avait là un livre.

Quand deux personnes se mentent sur le même sujet, il y a peu de chances de se démasquer.

Hector joua l’habitué des choses de ce genre en tirant partiellement le rideau ; bien sûr, il rêvait d’être dans le noir le plus complet. Il avait peur que leurs corps ne soient pas à la hauteur de leur rencontre. Il restait devant cette fenêtre, un instant, un instant qui devenait assez long, un instant qui n’était plus vraiment un instant mais l’esquisse d’une éternité. Derrière lui, il y avait le corps d’une femme qui n’était plus caché par rien. Hector avait entendu le bruit des vêtements féminins évanouis sur le sol, ce bruit de rien qui justifie les oreilles des hommes.

Elle avait préféré conserver cette découverte fondamentale : pour rencontrer l’amour, il faut chercher la solitude.

Heureusement que tous les bonheurs dérapent, il suffit juste d’attendre.

Les pulsions modernes étaient souvent des révélateurs de passés frustrants

À l’entrée de l’agence était encadré un article de journal qui exposait ce sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de mille hommes. a) Préférez-vous coucher avec la plus belle femme du monde sans que personne ne le sache ? b) Préférez-vous que tout le monde croie que vous avez couché avec cette femme sans que l’acte se soit réellement produit ? Le résultat confirme d’une manière excessive que, dans notre société, tout n’est qu’affaire de considération des autres. En effet, 82 % des hommes interrogés ont opté pour la seconde réponse.

Tous ceux qui vivent un intense bonheur éprouvent la peur de ne plus parvenir à revivre un tel instant. L’étrangeté du moment élu le troublait tout autant. On aimait parfois d’une manière extravagante dans le douillet du quotidien, c’était peut-être aussi simple que ça. Il ne fallait pas chercher à comprendre, on gâchait trop souvent les bonheurs à les analyser.

En rencontrant Brigitte, il avait cru toucher à la merveille de l’unicité, à la femme des femmes unique dans chacun de ses gestes, unique dans sa façon unique de se mordiller les lèvres, de passer ses mains dans ses cheveux du matin, avec sa grâce et son élégance, femme des femmes, unique en écartant les cuisses. Et pourtant, rien à faire, toujours la même saloperie, lancinante et absurde, toujours cette vie de ver de terre à mener dans une terre réduite.

Pour se sentir bien, il avait trouvé la solution : ne pas chercher à guérir ! Il était comme ça, un point c’est tout. Il aimait les lavages de vitres de sa femme comme d’autres aiment aller aux putes en promenant le chien.

La mort a ses défauts, elle encombre la vie des bien-portants en laissant sur leurs bras ceux qui ne meurent pas.

Il se tassait dans son âge et considérait, pour la première fois, qu’il n’avait pas d’enfants. Quand il mourrait, qui viendrait errer autour de sa tombe ? Qui viendrait jeter des fleurs ? Personne ; sans progéniture, les tombes restent des tombes, et ne connaissent jamais le douillet des pétales. Il semblait à Hector qu’il avait toujours cherché une bonne raison de faire un enfant, et qu’il venait de la trouver là, dans l’évidence de sa future solitude.

Dans le mensonge et dans la vérité, les femmes sont fascinantes.

Bien des hommes rêveraient d’être cocus, juste pour pouvoir tromper à leur tour, enfin sans culpabilité. À l’évidence, il adaptait ses subites théories à son état de futur érémitique. Il n’y avait aucun doute sur une telle échéance car on disait les femmes bien plus entières que les hommes. Elle le quitterait, donc. Et il ne serait alors plus rien qu’un homme quitté.

La vieillesse réduit l’espace vital des couples. On finissait l’un sur l’autre, comme si on se préparait pour la concession.

Hector contempla cette mèche avec une si grande émotion... D’une manière ultra-fugitive, il ne put s’empêcher de penser à la collection de Marcel. Il s’agissait d’un réflexe de sa vie antérieure qu’il ne maîtrisait pas complètement ; même s’il ne collectionnait plus rien, il continuait de penser très souvent aux collections.

Après avoir collectionné, entre autres, les piques apéritif, les badges de campagne électorale, les peintures de bateaux à quai, les pieds de lapin, les cloches en savon, les bruits à cinq heures du matin, les dictons croates, les boules de rampe d’escalier, les premières pages de roman, les étiquettes de melon, les œufs d’oiseaux, les moments avec toi, les cordes de pendu, Hector est tombé amoureux et s’est marié. Alors, il s’est mis à collectionner sa femme.
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« Voilà, j’ai quelque chose à vous dire…J’ai fait une tentative de suicide…et je n’étais pas aux États-Unis mais en convalescence… »
Après un silence, ses parents se mirent à rire ; un rire à l’opposé de l’érotisme. Que c’était drôle ! Ils gloussaient leur chance d’avoir un fils si doux et si comique, Hector des Hector, fils comique ! Ce fils qui avait, comment dire, un léger problème de crédibilité. Il avait été rangé dans la catégorie « bon fils » puisqu’il venait manger même quand il n’avait pas faim. Et les bons fils ne se suicident pas ; au pire ils trompent leur femme quand elle part en vacances à Hossegor. Hector fixa le visage de ses parents, il n’y avait rien à lire, des têtes d’annuaires téléphoniques. Il était condamné à être leur cliché.

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Il se mit donc à expliquer comment il avait caché une caméra sur le haut d’un meuble, caméra qui se déclencherait à chaque mouvement dans l’axe d’une vitre sale. Sa démarche fut couronnée d’un grand succès car Marcel, choqué par ce qu’il venait d’entendre, arrêta net tous ses pets.
Dépité, il demanda quelques informations complémentaires : comment tout cela avait commencé, comment une si folle idée lui était venue, etc. À peine les explications finies, il dévoila l’atrocité de son diagnostic.
« Hector, tu as replongé ! »
Dans un premier temps, Hector pensa piscine .
Puis, il sortit la tête de l’eau pour comprendre le sens figuré du mot « replongé ». Il lui fallait du silence pour digérer la terrible annonce. Tout concordait, chaque parcelle de sa nouvelle passion collait, instant par instant, à sa vie d’avant. Cette fascination foudroyante pour un objet, et l’envie irrépressible de le collectionner. Cette fascination foudroyante pour un moment de sa femme, et cette envie irrépressible de le revivre. Il énonça alors, en détachant chaque syllabe, cette sentence : « Je collectionne les moments où ma femme lave les vitres. » Hector répéta cent douze fois cette phrase. La sueur, la frénésie, il collectionnait un moment de sa femme.
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Faire croire qu'on est heureux est quasiment plus difficile que de l'être réellement. Plus il souriait, plus ses parents se détendaient;
(...)
Ses parents se passionnaient toujours pour tout ce que faisait leur fils. Enfin, le mot passion était pour eux un sentiment éclair, une sorte d'orgasme du sourire. 'Ah bon ? Tu as trouvé un nouveau porte-savonnette...C'est fabuleux !' Et voilà, on s'arrêtait là. C'était un enthousiasme réel (Hector ne l'avait jamais remis en question), mais qui s'apparentait au pic d'une montagne russe ; après, on chutait violemment dans le silence. Non, ce n'est pas tout à fait juste : il arrivait à son père de lui tapoter le dos, pour lui exprimer toute sa fierté. Hector, dans ces moments-là, avait envie de le tuer; sans trop savoir pourquoi.
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Comment se place Hector lors de la finale du concours national du meilleur détenteur de badge de campagne électorale ?

Il est déclaré vainqueur.
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