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Jacqueline Huet (Traducteur)Jean-Pierre Carasso (Traducteur)
EAN : 9782020638890
416 pages
Seuil (17/03/2004)
3.83/5   330 notes
Résumé :
Ils sont inséparables : lui, le jeune écrivain au langage déroutant, et son grand-père aux cheveux longs qui prétend être aveugle. En quête de leurs origines, partis à la recherche d'un improbable village sur les routes d'Ukraine, ils vont traverser la mer, la terre et l'Histoire : celle, de 1791 à 1942, du shtetl Trachimbrod, peuplé d'enfants trouvés, de kabbalistes et d'érotomanes... Un puzzle génial, d'une stupéfiante modernité.

Né en 1977 à Washin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,83

sur 330 notes
C'est d'abord l'histoire pour le moins mouvementée du shtetl ukrainien Trachimbrod. Tout commence en 1791, avec la chute spectaculaire du chariot de Trachim B. dans la rivière Brod, mais ce n'est que le début d'un récit rythmé par les conflits entre Verticalistes et Avachistes, les discours du Rabbin, les rites, les rêves, les joies, les drames et les secrets, génération après génération. Jusqu'aux atrocités de 1941 qui ont chassé le grand-père de l'auteur vers les États-Unis.

Jonathan Safran Foer nous raconte cette histoire qu'il semble avoir reconstituée à partir des fragments qu'il a pu rassembler, lors d'un voyage en Ukraine. Sa voix s'entremêle avec celle d'Alex, son traducteur ukrainien, qui parle un ramage un peu harassant mais d'une inventivité qui n'est pas dénuée de poésie. Il nous révèle, quant à lui, dans, les coulisses du récit en rapportant leurs recherches sur les traces de Trachimbrod, conduits par son grand-père embauché comme chauffeur bien qu'il soit convaincu d'être aveugle…

Cette narration est très déstabilisante. Elle nous fait basculer sans transition de la réalité à la fiction en train de s'écrire, d'une époque à l'autre, de la comédie burlesque et de l'autodérision à la tragédie, avec plusieurs moments de pure grâce. Voilà un texte qui ne se lit pas facilement. Pourtant, à l'image des deux protagonistes qui parviennent à surmonter leurs nombreux décalages culturels et malentendus, tout finit par s'illuminer et on comprend mieux chemin faisant comment les deux fils du récit s'enchâssent. L'enquête menée par l'auteur en Ukraine met au jour les traces qui constituent la base de son histoire familiale. Une histoire de mémoire, d'amour, de solitude et de filiation qui va ébranler et transformer à jamais Alex et son grand-père.

Avec ce roman, ce (très) jeune auteur faisait irruption avec fracas sur la scène littéraire où sa fantaisie, son originalité et son culot firent l'objet de louanges unanimes. Pour ma part, je ne sais que penser d'un roman plein de vie et d'humanité, indéniablement stimulant et touchant, mais trop étrange et « illuminé » pour moi.
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Profondément drôle malgré le drame à l'oeuvre, ce roman est à la fois une quête identitaire et un conte, une réécriture baroque de l'Histoire et un récit à la première personne. Jonathan Safran Foer offre un bonbon fantasque et absurde plein d'émotions derrière les tournures de phrases maladroites de son interprète ukrainien, l'un des narrateurs (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/12/16/tout-est-illumine-jonathan-safran-foer/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Tout est illuminé est un roman savoureux et drôle, basé sur des prémisses qui n'ont rien de réjouissant et qui sont, pour tout dire, dramatiques. Jonathan Safran Foer se met lui-même en scène, en jeune écrivain américain, débarqué en Ukraine afin de retrouver ses origines, à la recherche des vestiges d'un village, que les Nazis détruisirent en leur temps, en massacrant la quasi totalité de ses ressortissants juifs. Il y aurait eu évidemment de quoi sombrer dans le pathos le plus naturel : que nenni, c'est un roman qui s'avère à la lecture absolument débridé et original.

S'étant adressé à une agence de voyage russe apportant son concours aux touristes américains en quête des lieux où vivaient leurs ancêtres, Jonathan se voit affublé d'une sacrée équipe de bras cassés pour l'assister dans ses recherches. Alex Perchov, son "traducteur", baragouine un anglais des plus baroques, à la limite du compréhensible; le chauffeur-guide de l'équipée n'est autre que le grand-père de ce dernier : bourru, plutôt ignare pour un guide, disposé à la sieste impromptue et impérieuse, il est d'une utilité toute relative. Ajoutez une chienne pétomane, nommée Sammy Davis Junior, dont l'affection intempestive afflige notre héros cynophobe, vous obtiendrez notre fine équipe. Toute la narration de cette partie du récit est prise en charge par Alex, dont le jargon truffé de barbarismes, demande une bonne aptitude chez le lecteur à l'interprétation par analogie. S'intercale régulièrement, en interrompant cette trame, la chronique pittoresque et familiale, échelonnée sur cent cinquante ans, du village en question, et dont le héros-narrateur assume le récit. Enfin, quelque lettres savoureuses du dénommé Alex à Jonathan, devenu entre-temps son ami et rentré depuis au Etats-Unis, apporte un contrepoint et une mise en abîme des plus drolatiques, à un récit qui regorge d'humour malgré la gravité du sujet traité et le drame sous-jacent.


Certes, on peut considérer les passages de baragouinage du piteux traducteur comme de l'anti-littérature; il est vrai qu'un léger temps d'adaptation est nécessaire au lecteur, mais très vite on n'a de cesse d'attendre ces savoureux interludes du slave estropiant allègrement l'anglais, dans un choc des cultures cocasse. Roman polyphonique, burlesque, foisonnant, audacieux dans sa conception, ce roman est une prouesse, il accomplit le tour de force d'égayer une situation dont les fondements sont tragiques.
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Quelle entrée flamboyante en littérature que ce roman! J'ai encore du mal à imaginer que Foer n'a que 26 ans lorsqu'il publie cette oeuvre qui déborde, détonne et régale, et qui lui valut alors d'être considéré comme un prodige des lettres américaines.

Les premières pages ont pourtant failli avoir ma peau : des phrases ampoulées, une langue qui sonne faux (le travail de traduction est en réalité époustouflant), et des aller-retours incessants entre différentes époques m'ont fait l'effet d'un trop-plein bouillonnant impossible à saisir. Mais c'est sans compter l'énergie communicative de cette odyssée et le génie littéraire de Foer qui nous embarque malgré nous dans sa quête d'identité.

En deux mots, c'est l'histoire d'un jeune écrivain juif new-yorkais, Jonathan (toute ressemblance est volontaire) qui se rend en Ukraine sur les traces de ses aïeux, de leur village décimé par les Nazis en 1941, et de la mystérieuse Augustine qui sauva son grand-père d'une mort certaine. Pour le guider sur place, il s'adresse à une agence de voyage, celle de la famille Perchov. le grand-père (sacré personnage!) conduit le taxi et le petit-fils, Alex (fasciné par les Etats-Unis, et surtout le "numéraire") fait office d'interprète (aussi doué en anglais que moi en serbo-croate en gros).

Ainsi ce récit baroque alterne entre la quête des origines de l'écrivain américain, raconté par le jeune Alex, entre drôlerie et tendresse, et l'incroyable histoire des générations qui se succèdent dans le shtetl de Trachimbrod, aussi fantasque que tragique.

Fantaisie et douleur, dinguerie et massacre, centralité du souvenir et amour filial, on ne sait pas où donner de la tête dans ce roman, et c'est tant mieux. Une très belle entrée dans l'oeuvre de Foer pour moi!

Mention spéciale au passage qui donne son titre au roman : le rayonnement de nos corps aimants pourraient peut-être résoudre la crise énergétique
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"Tout est illuminé" m'est tombé dessus presque par voie détournée, à la suite de la découverte de l'adaptation au cinéma du roman. Surprenante bande annonce, si bien mise en valeur par la musique de Devotchka. Il me fallait lire le livre. Celui-ci fut bien différent de ce que j'avais pu imaginer. En effet, l'oeuvre est complexe et ne se laisse pas aisément enfermer dans une analyse synthétique : d'autres chroniques mettraient en avant des aspects ou un ressenti bien différent de ce qui pourrait être relaté ici.

Formellement, le roman est une alternance, d'une part, de lettres et de témoignages écrits dans un anglais approximatif ("broken english") par un ukrainien, Alex, à un américain juif, Jonathan Safran Foer à la recherche de ses origines en Ukraine, et, d'autre part, de la chronique poétique de Jonathan sur l'histoire d'un Shtelt, village juif local.

L'histoire proprement dite se déroule sur deux lignes temporelles, celle du voyage de Jonathan - alors qu'Alex lui servait de guide avec son grand père - et de ses conséquences sur les protagonistes, et celle de l'histoire des ancêtres de Jonathan dans le shtelt, de la fin du 18e siècle à la seconde guerre mondiale.

Après un instant de désorientation, la lecture des parties attribuées à Alex n'est jamais pesante et révèle autant la maitrise du langage de l'auteur que la grande qualité de la traduction ... En effet, s'il m'est déjà arrivé de lire des textes de personnes qui voulaient "ré-inventer" la langue, le résultat était souvent atroce, ou en tout cas "il piquait les yeux".

Ici, le décalage de langage de l'ukrainien, semble choisi avec attention, toujours avec sa cohérence propre, millimétré. En vérité, pour arriver à ce niveau là il est nécessaire d'avoir une grande maîtrise du style.

Quant à la partie relative à l'histoire du village, elle possède quelques très beaux passages au service d'une histoire dont le lyrisme n'est pas absent.

******


Si le voyage est l'occasion de s'interroger sur ses racines pour construire son identité, passion américaine s'il en est, d'autres niveaux de lectures semblent possibles, à l'instar de Macbeth et cet emboîtement de pièces de théâtre. La relation entre Jonathan, apprenti écrivain, et Alex laisse apparaître la construction d'un roman sur ce voyage, lequel est l'occasion de voir émerger certaines interrogations : le sens (et la légitimité ?) de la vérité derrière les mots en dehors de l'expérience sensible des "témoins de l'histoire", la possibilité d'un travail sur la mémoire ainsi que l'héritage que cette mémoire laisse. Aussi, la quête par Jonathan de la femme qui aurait sauvé son grand-père des nazis apparaît presque secondaire.


La dernière page tournée et le livre refermé, il reste une oeuvre, habitée par un humour rempli d'une certaine gravité, le seul moyen d'exprimer le plus justement possible la tristesse qui traverse les personnages et les événements relatés. Et l'amour... Mais au final tout est illuminé...


A noter que l'auteur, végétarien convaincu semble-t-il, a également publié "Faut-il manger les animaux". Quelques unes de ses convictions se retrouvent d'ailleurs dans le personnage de Brod (p96-97). Critique de l'ouvrage sur reflets de mes lectures...

PS : critique parue sur le blog : myowntoshokan
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
"Pourquoi voulez-vous écrire?" "Je ne sais pas. Avant je pensais que j'étais né pour ça. Non, je ne l'ai jamais vraiment pensé. C'est un truc qu'on dit." "Non, pas du tout, je pense vraiment que je suis né pour être comptable." "Vous avez de la chance." "Peut-être vous êtes né pour écrire?" "Je ne sais pas. Peut-être. C'est terrible à dire. Minable." "Ce n'est ni terrible ni minable." "C'est si difficile de s'exprimer." "Je comprends ceci." "Je veux m'exprimer." "La même chose est vraie pour moi.""Je cherche ma voix." "Elle est dans votre bouche."
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J’ai tenté de deviner certaines des choses que tu me ferais altérer et je les ai altérées moi-même. Par exemple, je n’ai pas utilisé le mot « morfondre » avec une telle habitualité, parce que j’ai perçu qu’il te mettait sur les nerfs par la phrase dans ta lettre quand tu disais, « Arrête d’utiliser le mot “morfondre”, ça me tape sur les nerfs. » J’ai aussi inventé des choses que je croyais t’apaiser, des choses drôles et des choses tristes. Je suis certain que tu m’informeras quand j’ai voyagé trop loin.
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"Il faut que ce soit un secret entre nous."
C'est cette dernière chose qu'il dit qui laissait la marque la plus permanente sur mon cerveau. Je ne m'en étais pas avisé avant qu'il l'articule, mais nous avons un secret. Nous avons une chose parmi nous que personne d'autre au monde ne sait, ou ne pourrait savoir. Nous avons un secret ensemble, et nous ne sommes plus séparés.
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Mais que cette mouche était était importune, chatouillant comme elle le faisait certains des endroits les plus chatouilleux. ET DE MÊME QUE DIEU DEMANDA A ABRAHAM DE MONTRER A ISAAC LA POINTE DU COUTEAU, DE MÊME NOUS DEMANDE-T-IL DE NE PAS NOUS GRATTER LE CUL! ET S'IL LE FAUT ABSOLUMENT, ALORS ET COÛTE QUE COÛTE, QUE CE SOIT DE LA MAIN GAUCHE!
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C’est très utile pour moi de connaître les expressions correctes. C’est nécessaire. Je sais que tu m’as demandé de ne pas altérer les fautes parce qu’elles font humoristique, et qu’humoristique est la seule véridique façon de raconter une histoire triste, mais je pense que je vais les altérer. S’il te plaît ne me déteste pas.
J’ai bien façonné toutes les autres corrections que tu commandais. J’ai inséré ce que tu as ordonné dans la partie de quand je t’ai rencontré la première fois. (Penses-tu en vérité que nous sommes comparables ?) Comme tu l’as commandé, j’ai retiré la phrase « Il était gravement petit », et inséré à sa place, « Comme moi, il n’était pas grand. » Et après la phrase « “Oh”, dit grand-père, et j’ai perçu qu’il se départait encore d’un rêve », j’ai ajouté, comme tu commandais, « Au sujet de grand-mère ? »
Avec ces changements, j’ai confiance que la deuxième partie de l’histoire est parfaite. J’ai été incapable d’ignorer d’observer que tu m’as encore posté de la numéraire.
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Dans ce nouvel épisode, nous allons parler d'engagement, et de comment l'écriture peut servir une cause. Notre invité : le journaliste Hugo Clément. Après avoir travaillé pour le Petit Journal, Quotidien et Konbini, il a rejoint la rédaction de France Télévisions en 2019. Spécialisé dans l'environnement, il présente l'émission documentaire "Sur le Front". Ardent défenseur du bien-être animal, il est également très actif sur les réseaux sociaux.
En 2019, son premier livre Comment j'ai arrêté de manger les animaux évoquait la transition qui l'a amené à devenir végétarien. Son deuxième livre, Journal de Guerre écologique, paru chez Fayard en 2020, vient de sortir en poche. Il y raconte ses enquêtes coups de poing menées sur le terrain, au plus proche de ceux qui agissent en faveur de la protection de la planète.
Juste après cet entretien, nous retrouverons notre libraire Romain, pour quelques conseils de lecture... engagés, à n'en pas douter !
Bibliographie :
- Comment j'ai arrêté de manger les animaux, de Hugo Clément (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192327-comment-j-ai-arrete-de-manger-les-animaux-hugo-clement-points
- Journal de guerre écologique de Hugo Clément (éd. Fayard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/17443037-journal-de-guerre-ecologique-pourquoi-je-suis--hugo-clement-fayard
- Faut-il manger les animaux, de Jonathan Safran Foer (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/2015320-faut-il-manger-les-animaux--jonathan-safran-foer-points
- le Tour de Gaule d'Astérix, de René Goscinny et Albert Uderzo (éd. Hachette) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16049-une-aventure-d-asterix-5-asterix-le-tour-de--rene-goscinny-albert-uderzo-hachette-asterix
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