Certains l'aiment noir

On retrouve dans ce recueil toutes les perles et pépites de Foerster, ces horribles contes noirs et gothiques, qui l'ont fait connaitre chez Fluide Glacial.
C'est un vrai plaisir tordu que de retrouver ces "vieilles" histoires, dont notamment celles de Théodule Gouatremou, le représentant de commerce sans scrupules.
Un ouvrage hommage très dense, une vraie rétrospective, du lourd. Pour les afficionnados et ceux qui ne seraient pas effrayés par son univers implacablement sombre et méchant.

Fan des Contes de la Crypte ou des Idées Noires de Franquin, cet album vous ravira ! 48 histoires courtes ont été rassemblées ici, en noir et blanc pour mieux nous glacer les sangs.
Monstrueux, mais drôle. Cauchemardesque mais envoûtant... le ton est généralement fantastique mais varie d'une histoire à l'autre. Un petit garçon à deux têtes, un arbre avec des pendus en guise de fruits, des sirènes-ver dans les égouts, des crucifix suceurs de sang, un squelette qui se fait la malle (sans l'autorisation de son propriétaire), une rue dévoreuse de SDF, une épidémie qui transforme les gens en insectes, un ignoble monstre qui rêve qu'il est monsieur tout-le-monde, un oiseau qui cherche sa cage coûte-que-coûte, un crocodile qui fait pourrir ses proies par télépathie... Certains récits tels Dernière porte au Sud , Mosquito, Paulo s'évade, Mon Petit frère André ou le Repas des Cercueils sont d'authentiques petits chefs d'oeuvres.
Foerster avait profondément marqué les esprits dans les années 80, mais ses histoires n'ont pas pris une ride. Cette magnifique intégrale rend hommage à l'un des dessinateurs les plus cultes de Fluide Glacial. Et puis ça fait une histoire à lire chaque soir aux enfants, c'est meugnon.

"Certains l'aiment noir" est le premier album de Philippe Foerster chez Fluide Glacial, en 1982.
L'auteur maîtrise déjà son style sombre et déformé qui rappelle les illustrations de "La triste fin du petit enfant huître" ou des premières éditions d'"Alice au pays des merveilles". le trait est cependant plus appuyé, plus précis et plus vif.

Les histoires sont peut-être un peu plus "naïves" que dans les autres albums, plus portées sur l'humour et l'absurde que sur la noirceur et le macabre.
Toutefois, on prend plaisir à suivre les courtes déambulations d'un enfant à deux têtes (dont l'une dotée de pouvoirs télékynétiques), la détresse d'un homme que l'univers efface ou encore la colère d'un psychologue s'efforçant de convaincre un petit intellectuel agaçant que le monstre qui l'accompagne n'est PAS juste une manifestation de son esprit.

Bref, cet album est agréablement divertissant. le style est là et la narration aussi. On regrette seulement une proportion élevée d'histoires qui finissent "bien" (notion toute relative, cela dit, dans l'univers de Foerster).

Foester certains l'aiment noir.
Noir ça l'est très. Beaucoup trop pour moi, outre son dessin que je n'aime pas du tout, mon univers est je me rends compte bien peu préparé au sien et je n'ai pas pu lire plus de trois histoires avant de rendre les a(r)mes.
Petite mention de l'intro du duo Larcenet-Ferri qui est excellente.