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Flammarion (01/01/1976)
4.5/5   2 notes
Résumé :
El fotógrafo Paul Morel recibe una inesperada visita en la celda donde está prisionero. El comisario Matos y su amigo Vilela, una famoso novelista, están dispuestos a todo para averiguar cuanto se refiere al crimen que imputan al artista. Este, al parecer, está escribiendo una autobiografía con la que pretende confesar unos actos que ni en sus más retorcidas pesadillas Matos podría llegar a imaginar. Pero ¿qué hay de ficción y qué de realidad en tan delirante texto?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mieux vaut tard que jamais! Je ne decouvre que maintenant, a mon age avance, ce grand bresilien qui nous a quitte en 2020. Il a ete policier, avocat, juge, avant de se consacrer a l'ecriture. Et dans ce livre, son premier roman, publie quand il avait 48 ans (en 1973), un des personnages lance a un autre: “Quelle vie sordide que la votre. Policier, avocat, ecrivain, toujours les mains sales". La derision est son metier.


Ce livre est un polar. Si on veut. Un thriller si on veut. Mais c'est surtout une plongee dans les abimes de l'abjection, de la ruine morale, qui ne sont peut-etre que le desarroi, la detresse que produit la societe moderne. Comme attrapes dans une toile d'araignee mortifere, les differents protagonistes ne peuvent entrevoir ni sauvetage ni fuite, mais seulement une lente (ou rapide) degradation, un suicide social.

Et c'est aussi une aventure litteraire. Un roman qui n'est pas simplement polyphonique. Aux differentes voix et pensees est entremele un texte qui s'ecrit peu a peu, un roman dans le roman. Et la critique de ce roman. Et comme pour accentuer ses faiblesses, des allusions a de grands romanciers, Proust, Maupassant, Tolstoi, Dante, et meme des citations. Et comme le heros est peintre, des considerations sur la peinture, que ce soit la peinture naïve, colorielle, du Bresil, ou celle de grands classiques, Uccello, Michel-Ange, le tout accompagne d'une critique des musees.


Mais commencons par le commencement. Un detenu, Morel, a qui on impute un crime mais qui n'a pas encore ete juge veut ecrire un livre (sa biographie?). Un commissaire de police, Matos, esperant que le livre servira d'accusation, lui amene un ecrivain pour le guider, Vilela.
Tiempo.
On passe a un photographe desabuse et sa recherche d'amour desenchantee. le tout entrecoupe d'apartes: “Par dessus tout, sois honnete avec toi-meme”, “Ne dites pas sobaco, dites axila” [aisselle. J'ai lu ce livre en espagnol], “Le veritable ecrivain n'a rien a dire, il a une maniere de ne rien dire", “Les personnes qui n'ont rien a dire sont tres soigneux de la maniere de le dire". Et on se rend compte qu'on est passe au livre. Que ce sont des conseils d'ecriture. Au fur et a mesure il y a moins de conseils et plus de pensees intimes. “Un homme avait peur de rencontrer un assassin. Un autre avait peur de rencontrer une victime. L'un etait plus sage que l'autre". Sont-ce Vilela et Morel? Les apartes sont de Vilela? Ou peut-etre de Matos? Ou du greffier du tribunal?
Tiempo.
Nouveau chapitre, nouvelle rencontre, nouvelle critique du livre dans le livre, et on enchaine avec le photographe et ses amours qu'on entrecoupe par des considerations paralitteraires: Proust qui pose pour ses photos, Maupassant qui s'enorgueillit de ses prouesses: “Je peux plus de six fois en une heure". Puis le photographe visite son pere en hopital. Son pere qui se meurt.
Tiempo.
On nous raconte l'enfance de Morel (c'est du livre dans le livre?). Pauvre. Des 14 ans il travaille comme representant. Et nous passons a l'homme. Il a ete, est encore, peintre. Il a ete marie dix ans. Il ne l'est plus. Beaucoup de femmes. Des artistes. Il veut coucher, sans arret, avec de nouvelles rencontres, mais il a des problemes d'erection. Beaucoup de jeux erotiques, sadiques, proches du porno (ou carrement?). Tout se melange avec l'ecriture du livre? Oui et non, parce qu'apparait clairseme, isole, le mot “Pause" [Tiempo, dans la traduction espagnole]. Et on comprend qu'on passe d'un décor a un autre, d'une epoque a une autre, du livre a la vraie vie. “Tiempo”. Et vice-versa.
Tiempo.
Morel a l'idee de fonder une famille. Speciale. Avec plusieurs des femmes avec qui il couche ou veut coucher. Joana, jeune peintre qui ne jouit qu'avec des jeux sado-machos (jeux?). Et trois autres, une artiste, une prostituee et une bourgeoise aristocratique. Puis Joana disparait et on la retrouve morte, sur la plage, avec force marques de coups.
Tiempo.
Matos, le policier, a en mains le journal intime de Joana, ou elle decrit la “famille" ainsi que les jeux sadistes qu'elle forcait Morel a jouer. Il veut voir ce que Morel a ecrit mais Vilela refuse de le lui montrer. A partir de la Vilela devient le principal personnage de la deuxieme partie du roman. Esseule, en manque d'inspiration pour ecrire, il prend les renes de l'enquete. Il hante la plage et les baraques attenantes, interroge tous ceux qui auraient pu voir Joana vivante ou morte. Il croit savoir qui est le vrai assassin et convainc Matos de l'interroger. Un petit con qui a vole la bague que portait Joana. Mais quand on vient l'arreter a l'hotel ou il travaille, celui-ci se jete par une fenetre. Suicide. Etait-ce lui l'assassin? Ou Morel, malgre lui? On ne le saura jamais vraiment. “Un voleur est considere plus dangereux qu'un artiste".
Tiempo.
Drole de fin pour un polar. Derniere rencontre de Morel et Vilela. Morel terminera-t-il son livre? Ou sera-ce Vilela? “Nous sommes dans la meme cellule et nous nous regardons en silence. […] Nous sommes tres fatigues. En verite, nous sommes une seule personne et ce que l'un sent, l'autre le sent aussi. Logique. Par consequent notre fin aussi est la meme".


Ce roman se finit dans des silences. En des questions sans reponse? Ou peut-etre justement en grand bruit? Un petit passage que j'ai note, quelque part vers la moitie du livre, me donne une piste: “Personne ne savait ni voulait rester silencieux. J'ai vecu pres d'un institut de sourds-muets. Je passais des centaines de fois devant la porte et les muets conversaient furieusement avec des gestes violents. Ils criaient comme des fous".

Si sa fin est silence ce roman est un cri. Un cri subversif autant qu'atterre. Un cri qui derriere une esthetique seductrice montre (je n'ose dire denonce) les nombreuses descentes aux enfers permises, avalees, par nos societes modernes. Promises par nos societes? Je laisse la parole a l'auteur, ou a un de ses personnages: “Je suis un moraliste, je veux attaquer l'hypocrisie, nous avons besoin de plus de perversion pour moraliser le pays. Que pensez-vous de cette theorie?”.

Ce roman est un cri. Chante. Un tres beau chant. Subtil et penetrant. Un grand roman d'un grand ecrivain. Il nous parle de nous. “Nous les humains portons en nous les germes, continuellement alimentes, de notre propre destruction. Nous avons besoin d'aimer, et aussi de hair. de detruire, et aussi de creer et de proteger". J'ai decouvert Rubem Fonseca tard. Mieux vaut tard que jamais.
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