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EAN : 9782702142431
168 pages
Calmann-Lévy (17/08/2011)
3.59/5   11 notes
Résumé :

" Depuis que je suis revenu dans la fumerie, j’ai cessé de souffrir, je vis reclus dans mon palais de mémoire. Les yeux clos, l’embout brûlant entre les lèvres, je vois Jade tel qu’il m’apparut en ce jour lointain, à la grande chasse d’automne, son faucon sur un bras…"

Dans les limbes d’une fumerie d’opium, le jésuite Artus de Leys, déserté par la foi, déchiré par l’amour, hésite entre le réconfort de l’oubli et la douleur du souvenir. L’h... >Voir plus
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Le Turquetto par Arditi

Le Turquetto

Metin Arditi

3.98★ (1731)

Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique


Mandchourie. 1721, la Compagnie des Jésuites, parcourt (et évangélise) la région… Artus de Leys est invité par l'empereur Kangxi pour former les jeunes lettrés de la Cité Interdite. Il enseigne l'art de la mémoire… le jeune Jade devient son élève et son disciple et de leur rencontre naîtra une « union » plus ou moins tragique sinon éphémère. L'auteur nous entraîne dans ses interprétations de l'art de mémoire, un palais aux multiples facettes. Avec lui, on essaie de construire cet édifice, à placer et à utiliser les mécanismes qui feront que le passé, les événements et les individus puissent ne jamais disparaître. Mais voilà parfois les pièces de l'édifice renferment des cauchemars et l'on voudrait que l'oubli remplace le « palais de mémoire ».
Elise Fontenaille réussit l'exploit de nous absorber dans cet univers de cour, de prince, et de conversion de l'époque où les Jésuites devenaient l'un des instruments des futures « colonisations ». Mais, le récit est tellement empreint de beauté, de poésie que l'on oublie un peu l'objectif visé.
Une interprétation assez violente de la religion chrétienne synonyme de souffrance et de cruauté.
Jade est converti, il porte en médaillon la croix… et sera mis au piloris de la société ; la sentence est terrible : identique à celle que subit le Christ, il sera crucifié….
Artus se perdra dans les fumeries d'opium …..
L'ars memoriae est avant tout une discipline, plus on la pratique plus elle devient aisée…. On évitera les détails….
Et pourtant…. cela me renvoie au récit de Primo Lévi « Et si c'était un homme ». Il se souvenait (ou voulait se souvenir des détails banals) de son emprisonnement plutôt que des événements lugubres et insupportables qu'il devait affronter chaque jour, pour ne pas perdre la raison…
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Une lecture particulière, un étrange voyage qui raconte la fin d'un monde, d'une époque, d'un homme.

La Chine impériale du XVIIIème siècle. Ce récit est celui d'un jésuite qui enseigne aux jeunes dignitaires appelés à devenir mandarin l'ars memoriae, ce fascinant art de la mémoire, une mémoire sélective et entraînée qui n'est pas rêve éveillé, construite autour d'images, labyrinthe intime de lieux référents symboliquement meublés et agencés; composition psychique théâtre de souvenirs appelé le palais de mémoire.

Ce roman d'à peine 150 pages rythmé par une vingtaine de courts chapitres pour autant d'évocations se lit d'un souffle. En ouverture de ces chapitres, des extraits rappelant les mécanismes de la mémoire et énonçant les techniques de création d'un palais de mémoire.

Il est étonnant de constater que malgré le contexte historique, cette lecture semble hors-temps; une fugue, cette musique aux thèmes repris, suivis, et une échappée. C'est la magie de la plume raffinée, à la fois érudite et aérienne, sensible, délicatement sensuelle; une plume qui s'attache à la beauté, s'attarde sur les descriptions et les émotions. Une élévation et une chute, un conte, une chronique poétique, il serait absurde de tenter de définir ce texte. Est-ce ce récit historique sur le statut et le rôle des Jésuites durant cette période où ils font face à l'hostilité du pape qui leur reproche une évangélisation respectueuse des rites et croyances en la sagesse de Confucius ainsi qu'à celle du nouvel empereur chinois reniant la curiosité et l'indulgence de son prédécesseur pour le christiannisme ? Est-ce le troublant roman d'amour du maître Arthus et du jeune prince Jade ?

" Il est parfois vain de nommer les élans de l'âme. "


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Emprunté à la bibliothèque qui venait de recevoir cet ouvrage de la rentrée littéraire, il m'apparaît difficile de le faire entrer dans une "catégorie". Roman ? Voyage initiatique ? Prose ? Un savant mélange de tout cela, organisé dans des chapitres courts, agrémentés de citations de poètes chinois - de nombreuses références à Li Po et aux pensées de Confucius jalonnent le texte-, de correspondances avec la lointaine Europe, et d'explications du fonctionnement de la mémoire.

Le narrateur, jésuite vivant en Chine, qui fréquente les princes de la Cité interdite, enseigne ce qu'est l'art curieux de la mémoire. Dans l'ambiance si particulière de "La maison des lettrés", des jardins impériaux, des fumeries d'opium, des chevauchées à travers la Mandchourie, et de ses rencontres, il tente par ailleurs de convertir à la foi chrétienne ses interlocuteurs, qui pratiquent alors un christianisme doublé de croyances populaires locales.

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Un récit langoureux et sensuel, entre rêve et vapeurs d'opium, où l'on ne voit plus vraiment les frontières entre raison et déraison et où l'on se demande si c'est le désespoir qui pousse dans l'opium ou le contraire. Quand politique et religion s'y opposent, même l'amour ne peut rendre libre...
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Très beau, très poétique
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Page 99
En Chine, le deuil se dit par l’absence de couleur et c’est beauté ; comme nos habits de ténèbres semblent triviaux, à côté. Car la mort, bien sûr, c’est cela : toute couleur nous est ôtée. Le noir est une orgie de couleurs, jusqu’à l’anéantissement ; la blancheur seule sait dire ce qui nous manque…..(à la mort du Fils du Ciel)
Page 110 :
Jade : « Des lieux et des images pour glorifier la souffrance… ta religion est pétrie de cela, n’est ce pas ? la joie de souffrir »….
Artus : « Nous devons sans cesse nous rappeler les joies invisibles du Paradis et les tourments éternels de l’enfer… » (mais les joies restent invisibles…)
L’art de l’oubli :
On dit que Thémistocle refusa d’être initié à l’art de mémoire : « Que l’on m’enseigne plutôt l’art de l’oubli ! » répondit-il aux disciples de Sémonide soucieux de le convertir….Ce que je prenais pour une boutade me semble aujourd’hui le comble de la sagesse…

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"On dit que vous fabriquez vos longues-vues avec les yeux des enfants que vous ramassez dans les rues... Est-ce vrai ?"
J'éclatai de rire.
"Certes, nous ramassons des orphelins dans les rues, mais c'est pour les baptiser, pas pour leur arracher les yeux ! Vous ne croyez pas à ces sornettes, prince ..."
Il fronça les sourcils, deux ailes d'oiseau déployées.
"Ces nourrissons sont voués à la mort, à quoi bon leur laver le front ?
- En les baptisant, nous leur offrons la vie éternelle."
A son tour, il rit.
"Vous ne croyez pas à ces sornettes ..."
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En Chine, le deuil se dit par l'absence de couleur, et c'est beauté; comme nos habits de ténèbres semblent triviaux, à côté. Car la mort, bien-sûr, c'est cela : toute couleur nous est ôtée. Le noir est une orgie de couleur, jusqu'à l'anéantissement; la blancheur seule sait dire ce qui nous manque. Sur la poitrine du Fils du Ciel, neuf dragons perle chevauchent un nuage de neige; un ruban de vison souligne l'immaculé de la robe, la rendant plus livide encore.

Et c'est splendeur, puissance, sérénité.
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Ainsi vont les nouvelles entre l'Europe et Cathay : d'un bord à l'autre du Styx. Quand on écrit à un ami, on ne sait jamais s'il est toujours vivant. Les lettres que l'on reçoit font parfois entendre la voix d'un mort qui ignore qu'il n'est plus.
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Je tremble à l'idée de devenir semblable à ces moines taoïstes, qui, à force de mener une vie d'ascète, prolongent presque indéfiniment leur survie.
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