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Christophe Martin (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080710246
220 pages
Flammarion (12/11/1998)
3.53/5   29 notes
Résumé :
Pour réinventer l'Univers et le peupler d'habitants de toutes sortes, il ne faut à Fontenelle que l'ardeur d'un philosophe, la curiosité d'une belle marquise, le calme d'un parc et six soirs seulement...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Souvent présenté comme un jalon essentiel de la vulgarisation scientifique, Les entretiens sur la Pluralité des mondes peuvent aussi être considérés comme le premier manifeste pour une littérature de science-fiction ou plus précisément une exhortation à ce type d'imaginaire qui s'exprime dans ce genre particulier de littérature et de cinéma qu'on appelle le Space Opera.
Bien entendu, bien des voyages imaginaires dans le monde extra terrestre ont précédés les rêveries de Fontenelle ; Lucien de Samosate au second siècle de notre ère, l'Arioste (Astulfe sur le lune dans le Roland furieux, Orlando Furioso, 1532) ce dernier étant d'ailleurs abondamment commenté dans ces entretiens. L'anglais Francis Godwin avait déjà publié The Man in the Moon en 1638 (traduit en français en 1648) et Cyrano de Bergerac avait publié en 1656 ces États et Empires de la Lune.
Ces auteurs peuvent être présentés à bon droit comme précurseurs d'un genre. Mais nul n'en avait écrit le manifeste, si tant est que la naissance d'un genre ait besoin de manifeste. Le mot science-fiction n'existait guère, la notion et le genre se sont cristallisés seulement au vingtième siècle. Le terme de fiction, lui même récemment entré dans l'usage courant désigne ce qu'autrefois ont appelait des fables ; quant à l'idée de science telle qu'on la conçoit de nos jours elle n'existait guère au temps de Lucien et c'est au temps de Galilée, pour ainsi dire au temps même de l'Arioste, que les historiens de la science situent sa naissance. le voyage d'Astolfe sur la lune est encore une fable – entre jeu d'esprit et conte moral – et nullement de la science-fiction ou du Space Opera. La fable était alors morale ou philosophique.
Descartes, avertit des déboires de Galilée avec l'inquisition, avait cru bon de déguiser sous l'artifice de la fable un discours philosophique sur le monde qu'il croyait trop audacieux pour une Église contrariante ; la Fable du monde prête à la publication en 1633 ne le sera qu'après la mort de son auteur en 1664. La fable et le conte, que maintenant nous appelons du terme plus générique de fiction, étaient alors destinés au pur divertissement (L'Arioste) ou à l'exposition philosophique (Descartes et plus te et Ptolémée) et la vision héliocentrique de Copernic. Mais l'idéologie de la science était encore trop peu assurée ; la fiction visait justement à soutenir des idées dont la vérité ne pouvait apparaître sans elle ; on bricolait alors la fiction comme on assemblait un coffrage pour soutenir une maçonnerie dont le mortier n'a pas encore assez durci.
Au temps de Fontenelle on commençait tout juste à décoffrer l'édifice ; les œuvres concurrentes de Descartes et de Newton devaient ensuite tenir tout seuls. Les siècle des Lumières était encore un siècle philosophique dont le modèle, la physique de Newton était appelé philosophie naturelle.
Puis la science est devenue cette sorte de nouvelle évidence lumineuse, un dieu de lumière sans dieu ; un discours assuré sur le monde. Un nouveau genre de littérature devait naître à la fin du dix-huitième siècle avec Louis Sébastien Mercier (L'an 2440 paraît en 1771) et s'affermir au dix-neuvième siècle avec Jules Verne (il écrit Paris au vingtième siècle en 1860)  et qu'on allait appeler plus tard science-fiction. Au temps de Fontenelle, ce qu'on n'appelait pas encore science avait besoin de la fiction ; de nos jours, la fiction a recours à la science pour être crédible. C'est un retournement de situation qui nous semble être passé inaperçu.
Lorsque Fontenelle écrivait les astronomes avaient accumulé des observations de plus en plus précises. Leurs mesures et leurs calculs sont désormais guidés par une philosophie naturelle (nous dirions aujourd'hui une physique) de plus en plus libérée des préjugés anciens hérités des épigones d'Aristote. Cette science nouvelle obligeait à apprendre à regarder différemment, à changer – littéralement – de perspective sur le ciel pour saisir la façon dont elle conçoit le mouvement des astres ; il faut un certain effort d'imagination pour se représenter la révolution de la Terre autour du Soleil quand l'expérience quotidienne donne à voir celui-ci tourner autour de celle-là. Aussi, des astronomes comme Kepler imaginèrent-ils eux-aussi des fables pour se représenter à soi-même et à autrui la possibilité de l'héliocentrisme tel que Copernic l'avait conçu le premier chez les modernes (la plus ancienne théorie héliocentrique connue est due à Aristarque de Samos au IIIème siècle avant notre ère). Ainsi Kepler, publia t'il le Songe ou l'Astronomie lunaire en 1634. Il avait déjà lu le récit des observations de Galilée avec sa lunette, le Messager des étoiles publié en 1610. Il venait de calculer le dessin de l'orbite de mars en se fondant sur les observations de Tycho Brahé ; il découvrit qu'il s'agissait d'une ellipse. Galilée en l'esprit duquel survivait des restes de préjugés antiques ignora ce résultat dont il eut pourtant connaissance ; mais ce qu'il restait d'archaïque en lui refusait que les planètes orbitent sur autre chose que des cercles.
Bien entendu Fontenelle ne pouvait connaître précisément ces petits faits de l'histoire des sciences. Mais il vivait à une époque où les prémices d'une nouvelle conception générale de l'univers invitait chacun au travail de l'imagination pour éclairer le monde d'une lumière nouvelle ; pour Fontenelle, l'imagination n'est pas tout à fait ennemie de la raison qui tout comme elle, procède de l'esprit. Aussi bien des passages des entretiens invitent à imaginer les mondes, leur pluralités, leurs habitants ou même leurs déserts ; car rien ne permet d'assurer que la lune soit habitée ou déserte. Fontenelle est convaincu que l'on pourra un jour se rendre sur la lune pour le vérifier mais pour l'instant on ne peut qu'imaginer avec tout le luxe de détail de notre puissance d'imaginer nous autorise. Notre tort serait de nous en priver en dépit de ce qu'un autre tort serait de prendre ces imaginations pour la vérité.

Contrairement aux dialogues de Galilée qui confrontent des visions du monde à coups d'arguments (un personnage défend les idées aristotéliciennes, un autre celles de Galilée et un troisième fait office de candide et de modérateur), les Entretiens sur la pluralité des mondes ne confrontent pas deux thèses ; un savant s'adresse à une naïve ignorante. A travers celle-ci, le discours du savant veut instruire le lecteur en lui présentant des faits selon lui attestés par les meilleurs savants. L'intention n'est nullement polémique ; bien au contraire, c'est une sorte d'invitation au voyage et à la rêverie qui le lecteur est convié.

Voici comment Fontenelle fait l'éloge de l'imagination par le truchement d'une fable dans laquelle il décrit une forme vie étrange dans société de laquelle un seul est fécond quand tous les autres sont stériles et travaillent au service de cet être fécond et de ses progénitures. Bien que cette organisation paraît absolument fantaisiste, Fontenelle révèle à la fin que ce monde existe bel et bien car c'est celui des abeilles. Ainsi, en décrivant une forme de vie qui ressemble à une fantaisie imaginaire, il force son lecteur à imaginer la possibilité du radicalement autre et à admettre que cet alien, sur Terre, s'incarne déjà dans la société des abeilles (à une époque où la découverte du microscope ouvre la voie à la découverte de formes de vies jusqu'alors insoupçonnées).

Voici donc une oeuvre qui invite à l'imagination pour donner à entendre à des profanes des connaissances nouvelles débattues dans les académies savantes. Or ce n'est pas seulement un propos sur le ciel ; la pluralité des mondes ne se réduit pas à une description des astres ; le but est bien d'imaginer d'autres mondes que le notre, c'est-à-dire d'autres formes de vie et, en particulier, de vies intelligentes. le monde décentré de Copernic, cet univers infini substitué à l'ancien monde clos, rend imaginable d'autres Terres ; c'est à cela que Fontenelle encourage ses lecteurs. C'est pour cela que, bien plus qu'une vulgarisation de l'astronomie ces entretiens constituent un texte qui devrait inspirer l'imagination littéraire et particulièrement celle qui est à la base du Space Opera qui projette dans l'univers étoilé les conflits internes de l'humanité ; géopolitique, histoire culturelle, conflits ethniques, hominisation etc. Une invitation à aller bien au-delà du décentrement de la Terre ; une invitation à décentrer l'homme. Ce texte marque peut-être le début de la fin de l'humanisme.
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Entretiens sur la pluralité des mondes / Bernard le Bovier ( ou le Bouyer) de Fontenelle (1657-1757) Académie française(1691)
Né à Rouen, Fontenelle, neveu des frères Corneille, est mort dans sa centième année quoiqu'il fût de santé délicate toute sa vie durant. Esprit brillant, hardi et moderne, il fut un penseur éclectique abordant aussi bien les sujets philosophiques que scientifiques. Poète à ses heures, il écrivit aussi des opéras et des tragédies.
Dans le petit ouvrage ici concerné, il se veut vulgarisateur tout autant que critique, restant fidèle à l'esprit des Encyclopédistes. Mettant l'astronomie à la portée du grand public cultivé qui était encore habitué au système de Ptolémée qui plaçait la Terre au centre de l'Univers, il expose le système de Copernic en s'entretenant avec une marquise, Madame de la Mésangère au cours d'une conversation aimable et même galante. Alors que l'auteur en élégante compagnie dans les jardins de la propriété s'apprête à admirer la voûte céleste, il note :
« Ce spectacle me fit rêver, et peut - estre sans la marquise eussay - je resvé assez long - temps : mais la presence d'une si aimable dame, ne me permit pas de m'abandonner à la lune et aux étoiles.»
Et se tournant vers la marquise il déclare : « Mais en récompense , une blonde comme vous , me feroit encore mieux rêver que la plus belle nuit du monde. » Fontenelle le séducteur !
En six soirées animées, Fontenelle nous confie sa foi en la science, haïssant toute superstition et critiquant l'homme qui se croit seul et maître de la nature au centre de l'Univers.
« Je me suis mis dans la teste que chaque étoile pourroit bien estre un monde. Je ne jurerois pourtant pas que cela fust vray, mais je le tiens pour vray, parce qu'il me fait plaisir à croire. C'est une idée qui me réjouit, et qui s'est placée dans mon esprit d'une maniere riante. »
Dans un style précieux d'époque il expose avec enjouement les idées les plus complexes sur la Terre, la Lune, les planètes et les étoiles. Déjà, il prévoyait que le progrès scientifique susciterait un accroissement considérable des possibilités matérielles de l'homme. Toutefois, il reste souvent dubitatif et sans illusion à propos de cette bizarre créature qu'on appelle le genre humain : « Nostre folie à nous autres , est de croire aussi que toute la nature sans exception est destinée à nos usages. » Fontenelle le sage !
S'adressant à la marquise au sujet de la philosophie : « Toute la philosophie, luy dis - je, n'est fondée que sur deux choses, sur ce qu'on a l'esprit curieux, et les yeuz mauvais : mais on veut sçavoir plus qu'on ne voit, c'est - là la difficulté. Ainsi les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu'ils voyent , et à tâcher de deviner ce qu'ils ne voyent point. » Fontenelle le philosophe !
Autre remarque pertinente : « L'astronomie est fille de l'oisiveté, la geometrie est fille de l'interest, et s'il estoit question de la poësie, nous trouverions apparemment qu'elle est fille de l'amour. »
Évoquant Copernic : « Saisi d'une noble fureur d'astronome , il prend la terre , et l'envoye bien loin du centre de l'univers , où elle s'estoit placée , et dans ce centre , il y met le soleil ; les planetes ne tournent plus autour de la terre et tout tourne presentement autour du soleil… Je luy sçay bon gré d'avoir rabatu la vanité des hommes , qui s'estoient mis à la plus belle place de l'univers , et j'ay du plaisir à voir presentement la terre dans la foule des planetes . »
Autres extraits : « La mesure de bonheur qui nous a esté donnée , est assez petite ; il n'en faut rien perdre , et il est bon d'avoir pour les choses les plus communes , et les moins considerables , un goust qui les mette à profit . »
« Toute cette masse immense de matiere qui compose l'univers , est dans un mouvement perpetuel , dont aucune de ses parties n'est entierement exempte. Les anciens estoient plaisans de s'imaginer que les corps celestes estoient de nature à ne changer jamais. »
« Pourquoy la matiere propre à faire un soleil ne pourra - t - elle pas , aprés avoir esté dispersée en plusieurs endroits differens , se ramasser à la longue en un certain lieu , et y jetter les fondemens d'un nouveau monde ? »
Fontenelle : un scientifique visionnaire.












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Après un petit échauffement à essayer de se représenter ce que pourrait donner une forme de vie sur une autre planète que la nôtre avec un fort sympathique magma d'idées et de raisonnements scientifiques et historiques dans Exquise Planète, nous voilà maintenant en compagnie de Fontenelle et de son amie la Marquise pour philosopher sous les étoiles. Bien qu'il faudrait être habile pour manier la machine à remonter le temps, car ces Entretiens se déroulent au XVIIème siècle...

Et pourtant, ce texte n'a pas perdu une ride dans le voyage, il est toujours fort d'actualité, et si nous avons depuis été éblouis cent fois par les miracles et les progrès de la technologie astronautique, nous en sommes toujours au même point qu'eux à nous demander s'il y a, s'il peut, s'il pourrait y avoir de la vie en-dehors de notre planète. En tout cas, on est déjà un peu plus loin que lorsqu'on pensait que la Terre était plate et que tout s'agençait autour d'elle, on sait déjà qu'il existe d'autres Soleils que le nôtre et probablement d'autres galaxies aussi, que l'Univers est infini.

Pour situer un peu le contexte, à l'époque nous n'avons pas encore réussi à voyager par les airs. de grandes excursions ont déjà été réalisées par les mers, ce qui fait que nous avons découvert qu'il existe bien d'autres terres et d'autres civilisations par-delà l'horizon. Nous avons vu que les hommes ne sont déjà pas tous pareils et vivent de manière différente alors même qu'ils ont tous les pieds posés sur la même planète. Comme Fontenelle le souligne si bien, nous sommes déjà bien en peine de ne pas voir en l'autre une espèce différente de nous, alors qu'allons-nous nous réjouir de savoir s'il y a de la vie ailleurs ?

Ce qui prévaut ici, ce n'est pas tant l'aspect possible ou scientifique ou rationnel d'imaginer de la vie ailleurs, mais plutôt un discours philosophique ponctué de petites anecdotes ou mythologies sur les formes de vie que nous connaissons et notre manière de les appréhender. C'est de découvrir petit à petit l'immensité du cosmos et des possibles, alors même que l'on n'en connait qu'un tout petit bout de museau, et de se dire à la fois que tout est possible, et qu'à la fois on ne le saura probablement jamais car même s'il y avait de la vie ailleurs, il n'est pas certain que nous sachions la reconnaître tant nous sommes persuadé que tout ce qui vit doit ressembler à ce que l'on connait déjà.

Non seulement Fontenelle a un raisonnement très intelligent et déjà très visionnaire pour son époque, mais il donne aussi leur place aux femmes dans le monde scientifique et philosophique en prenant bien soin de faire valoir que si elles étaient plus mêlées à ces milieux, elles seraient tout aussi douées et aptes à comprendre, voire plus créatives, que des hommes, qui sont souvent eux trop bornés.

A lire donc pour les passionnés curieux, les futurs cosmonautes, les doux rêveurs, mais déjà assez bons lecteurs car même si c'est un petit livre, il est assez pointu dans son langage. Et j'ajouterai que la présentation au dos ainsi que la préface rendent un très bon hommage à son auteur.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
S’il se pouvait faire que nous eussions de la raison, et que nous ne fussions pourtant pas hommes, et si d’ailleurs nous habitions la Lune, nous imaginerions-nous bien qu’il y eût ici-bas cette espèce bizarre de créatures qu’on appelle le genre humain ? Pourrions-nous bien nous figurer quelque chose qui eût des passions si folles, et des réflexions si sages ; une durée si courte, et des vues si longues, tant de science sur des choses presque inutiles, et tant d’ignorance sur les plus importantes ; tant d’ardeur pour la liberté, et tant d’inclination à la servitude ; une si forte envie d’être heureux, et une si grande incapacité à l’être ?
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Nous voulons juger de tout, et nous sommes toujours dans un mauvais point de vue. Nous voulons juger de nous, nous en sommes trop près ; nous voulons juger des autres, nous en sommes trop loin (...) Il n’y a que la vérité qui persuade, même sans avoir besoin de paraître avec toutes ses preuves. Elle entre si naturellement dans l’esprit que, quand on l’apprend pour la première fois, il semble qu’on ne fasse que s’en souvenir.
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Mais, reprit-elle, voilà l’univers si grand que je m’y perds; je ne sais plus où je suis, je ne suis plus rien. Quoi ! tout sera divisé en tourbillons jetés confusément les uns parmi les autres ! Chaque étoile sera le centre d’un tourbillon, peut-être aussi grand que celui où nous sommes (Cela peut être ; mais rien ne nous indique que des planètes tournent autour des étoiles.) ! Tout cet espace immense qui comprend notre Soleil et nos planètes, ne sera qu’une petite parcelle de l’univers ! autant d’espaces pareils que d’étoiles fixes ! Cela me confond, me trouble, m’épouvante. Et moi, répondis-je, cela me met à mon aise. Quand le ciel n’était que cette voûte bleue où les étoiles étaient clouées, l’univers me paraissait petit et étroit, je m’y sentais comme oppressé. Présentement qu’on a donné infiniment plus d’étendue et de profondeur à cette voûte en la partageant en mille et mille tourbillons, il me semble que je respire avec plus de liberté, et que je suis dans un plus grand air, et assurément l’univers a toute une autre magnificence. La nature n’a rien épargné en le produisait; elle a fait une profusion de richesses tout-à-fait digne d’elle. Rien n’est si beau à se représenter que ce nombre prodigieux de tourbillons, dont le milieu est occupé par un Soleil qui lait tourner des planètes autour de lui. Les habitants d’une planète d’un de ces tourbillons infinis, voient de tous côtés les soleils des tourbillons dont ils sont environnés ; mais ils n’ont garde d’en voir les planètes, qui n’ayant qu’une lumière faible, empruntée de leur Soleil, ne la poussent point au-delà de leur monde.
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Je suis à peu près dans le même cas où se trouva Cicéron, lorsqu'il entreprit de mettre en sa langue des matières de philosophie, qui jusque-là n'avaient été traitées qu'en grec. Il nous apprend qu'on disait que ses ouvrages seraient fort inutiles, parce que ceux qui aimaient la philosophie s'étant bien donné la peine de la chercher dans les livres grecs, négligeraient après cela de la voir dans les livres latins, qui ne seraient pas originaux, et que ceux qui n'avaient pas de goût pour la philosophie ne se souciaient de la voir ni en latin, ni en grec.

À cela il répond qu'il arriverait tout le contraire, que ceux qui n'étaient pas philosophes seraient tentés de le devenir par la facilité de lire les livres latins ; et que ceux qui l'étaient déjà par la lecture des livres grecs seraient bien aises de voir comment ces choses-là avaient été maniées en latin.

Cicéron avait raison de parler ainsi.
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Parce que la Lune est éloignée de nous, nous ne la voyons que comme un Corps lumineux, et nous ignorons que ce soit une grosse masse semblable à la Terre. Au contraire, par ce que la Terre a le malheur que nous la voyons de trop près, elle ne nous paroît qu'un grosse masse, propre seulement à fournir de la pâture aux Animaux, et nous ne nous appercevons pas qu'elle est lumineuse, faute de nous pouvoir mettre à quelque distance d'elle. Il en iroit donc de la même manière, dit la Marquise, que lorsque nous sommes frappés de l'éclat des conditions élevées au-dessus des nôtres, et que nous ne voyons pas, qu'au fond elles se ressemblent toutes extrêmement.
C'est la même chose, répondis-je. Nous voulons juger de tout, et nous sommes toujours dans un mauvais point de vûë. Nous voulons juger de nous, nous en sommes trop près; nous voulons juger des autres, nous en sommes trop loin.
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