Philippa Foot réalise un exploit en démarquant le bien du devoir et de l'intérêt. Elle a par contre du mal à s'opposer aux salauds satisfaits.
Pour y parvenir, elle se réfère à l'idée trop peu incisive du « bonheur profond ».
Pourtant, à y regarder de près, et en toute simplicité, le « bonheur profond » n'est rien d'autre que le bonheur profondément enraciné dans le bonheur.
Car « réussir dans la vie » n'implique en rien de réussir sa vie, et le « bonheur » du salaud est impropre à le rendre heureux.
Dès lors qu'un être humain vit séparé de ce qui lui permet de goûter pleinement l'humanité, il s'éloigne de ce qui peut le rendre pleinement humain et ce faisant il abîme voire déracine son humanité.
Mal agir, c'est décroître en humanité.
C'est pourquoi l'injuste s'enlaidit, se dessèche, tandis que le juste, quoi qu'il endure, transmet toujours quelque chose d'épanouissant dans son regard, dans ses paroles et dans ses gestes.
Il est donc bon d'être bon et bien d'être bien, et par-dessus tout juste d'être juste.
C'est en quoi les salauds sont des vaincus, et les justes les véritables champions de l'existence.
Seule une vie qui se développe en vertu à la vertu de développer la vie en elle. C'est toujours la vie qui gagne, hier, aujourd'hui, demain et éternellement.