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On vole des enfants à Paris.
On en vole tous les jours.
On les vole sur les grands boulevards, dans les rues les plus passantes.
On en a volé boulevard Montmartre, rue Caumartin, rue Royale, rue Racine, avenue Niel, passage des Panoramas, cité Rougemont.
On les vole en plein midi, avec une audace diabolique, avec une adresse stupéfiante."
La Une du Matin du 25 juin 1906 s'ouvre sur cet épouvantable fait divers. Des garçons blonds âgés entre 6 et 7 ans, puis des bruns, puis des roux, puis des petites filles disparaissent dans la capitale au nez et à la barbe des parents et des passants en ne laissant derrière eux que leurs vêtements et une mèche de leurs cheveux. Trois intrépides reporters, Aron Barbarus,
Alain Bernard et Clovis Binard, tout à la fois Rouletabille et Fandor, couvrent l'événement pour leurs lecteurs, en omettant ni les entrevues, ni les compte-rendus de la police. A grands renforts de titres sensationnels et d'exclusivités, ils recoupent les indices qui semblent les mener vers le très estimé docteur Flax, fils d'une authentique Shina-Chala, célèbre chirurgien spécialisé dans les maladies de l'enfance. La science et les inventions extraordinaires vont s'inviter avec fracas dans cette France de 1906 qui assiste à l'intrusion dans son quotidien, de l'électricité et des automobiles.
Le journaliste
Louis Forest nous offrait au début du siècle un beau portrait de savant fou et visionnaire, et son imagination n'avait point de limite pour nous plonger dans une sorte d'anticipation scientifique des plus délectables. Dans des laboratoires secrets on s'adonne non pas à la carnoplastie mais à l'élaboration de l'Homme nouveau. Je ne m'étais pas autant divertie depuis La Double vie de Théophraste Longuet. Lecteurs de
Maurice Renard et admirateurs du mystérieux Docteur Cornélius,
On vole des enfants à Paris vous ouvre grands les bras, soyez les bienvenus dans "cet hôtel du crime" .