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EAN : 9782221144657
364 pages
Robert Laffont (17/04/2014)
3.9/5   383 notes
Résumé :
Miss Bartlett ne s'en remet pas : pour son premier voyage à Florence, sa jeune cousine Lucy devait bénéficier d'une chambre avec vue. Comment la tenancière de leur pension a-t-elle pu si cruellement les décevoir ? Tandis que la jeune fille et son chaperon accusent ce terrible coup, M. Emerson et son fils George, également pensionnaires, ont l'impertinence de proposer leurs propres chambres qui, elles, donnent sur l'Arno. Son éducation prévient Lucy contre les Emerso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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"Les réceptions de l'ambassadeur sont réputées pour le bon goût du maître de maison"... on y sert des pyramides de pépites en chocolat de la marque - tut tut pas de marques !!

Chez Gwen, qui s'imagine complaisamment être l'un des très nombreux ambassadeurs de la littérature, on sert également des pépites mais elles ne sont pas en chocolat, elles sont faites d'une matière plus rare et, de ce fait, plus recherchée : le talent. Bref, c'est de la pépite de compet' !

Tout ça pour dire que ce roman de Forster est une PE-PI-TE !

Bien, il est nécessaire de faire un rapide retour en arrière, allez, on rembobine. (bruit du magnéto VHS)

Voilà, nous y sommes. 1985.
J'avais cinq ans, c'est émouvant. Ah, non, pardon, ça, vous n'en avez rien à faire et vous avez bien raison. On reprend, un peu de concentration, surtout dans le fond, les deux là-bas, "vous n'arrêtez pas de bavarder, faites attention, faites trèèès attention !*"

Je disais : 1985. James Ivory réalise son chef-d'oeuvre. Que dis-je son "chef-d'oeuvre" ? James Ivory réalise LE chef-d'oeuvre du 7ème art, j'ai cité (sous vos applaudissements)... "Chambre avec vue".

En lisant (ENFIN !) le roman à l'origine de cette superbe adaptation, primo je mettais un terme à l'état de honte dans lequel je vivais jusque là, très consciente de cette lacune, et secundo je me sentais libre de donner à Lucy et à George les visages d'Helena Bonham-Carter et de Julian Sands.

Cette oeuvre romanesque de Forster est à la fois forte de par l'écriture et le style, belle de par la remarquable profondeur psychologique de chaque personnage et lucide vis-à-vis de la société dont elle décortique les codes. En un mot, elle est puissante.

L'humour et l'ironie sont présents tout au long de la narration mais ne nuisent pas une seconde à l'intensité dramatique du récit qui propose de voir évoluer dans le carcan des principes rigides d'une bonne société déclinante une histoire d'amour passionnée et passionnante. Tout est décrit ici avec subtilité : paysages, personnages, relations, protocoles sociétaux, sentiments. L'auteur, sans jamais le délaisser, ne mâche pas tout le travail à son lecteur ; il le pousse à explorer par lui-même la personnalité des protagonistes et la nature de leurs émotions. le lecteur s'interroge, doute, espère et vibre. C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et on en redemande.

Lucy représente le type de femme qui, en ce début du XXème siècle, étouffe encore sous les conventions quand autour d'elle le monde s'ouvre et que les routes s'élargissent sous ses pas. de Florence à Londres en passant par la délicieuse campagne anglaise, son parcours initiatique est touchant de sincérité et de pureté et on souffre avec elle des élans retenus, des pieux mensonges et des désirs contrariés.

George est l'archétype (non le stéréotype) du jeune homme de ce début du XXème siècle, ne se nourrissant que d'illusions, découvrant avec passion et curiosité le progrès des techniques et l'avancée laborieuse des idées et qui, résolument attaché à ses idéaux et à sa propre philosophie, ne sait pas encore où trouver sa place et n'a qu'une certitude : il lui faut vivre à fond ou mourir vite.

La rencontre entre ces deux jeunes gens, c'est l'alliance de la belle et la bête, le choc de la tradition et de l'espérance, le conflit de deux courants de pensée en mouvement... Ces deux jeunes rivières en crue finiront-elles par se joindre à une confluence ?

Allez, je vais revisionner le film ; je le connais par coeur, et alors ? C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et j'en redemande.

*Dixit Louis de Funès, "la Grande Vadrouille".
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A room with a view… une vie avec vue sur l'Arno ou bien une vie avec vue sur cour ?
Tel est le choix que devra faire Lucy Honeychurch, jeune anglaise de bonne famille, tiraillée entre deux prétendants qui lui offrent des horizons bien différents.

Le petit monde de Lucy est plein de convenances et de préjugés, de cette conception étriquée de l'ordre social où il y a ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas, de cette phallocratie qui enferme le désir féminin. Rien ne l'a prédisposée à le remettre en cause ce monde, si ce n'est peut-être cette façon passionnée de jouer Beethoven… et puis son voyage en Italie et sa rencontre avec les Emerson, père et fils, anglais anticonformistes et athés. Alors l'esprit et les sens de Lucy s'éveillent et les doutes et les interrogations l'assaillent.

Forster raconte avec subtilité le combat intérieur de la jeune fille pour dépasser les conventions sociales et affirmer sa liberté de choix. Héroïne emblématique des sentiments et conflits qui caractérisent les adolescents, Lucy est un personnage très attachant et intemporel.
Dotée d'émotions et de réflexions, elle contraste avec la bonne société de la pension Bertolini qui avance dans la vie comme elle voyage à l'étranger, avec un guide Baedeker à la main pour ne pas risquer de s'écarter du droit chemin. Les personnages secondaires dont les comportements et jugements stériles apportent beaucoup d'humour au récit, servent la critique sociale, voir la dimension politique du roman de Forster.

Publié quelques années après la mort de la reine Victoria, l'auteur oppose une société britannique encore engluée dans les conventions victoriennes et qualifiée de moyenâgeuse, à la « renaissance » italienne et à l'hypothétique « renaissance » édouardienne, représentée par les Emerson et Lucy, libres de pensées et d'actions, mais encore bien seuls et marginalisés.

Forster mêle avec beaucoup d'habileté le roman sentimental et le roman d'apprentissage à une critique sociale mordante et j'adore ça ! Cette relecture d' « Avec vu sur l'Arno » m'a comblée une fois de plus : j'en « pince » pour ce roman c'est indéniable !
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La jeune Lucy Honeychurch voyage en Italie avec sa vieille cousine Charlotte Bartlett. Elles sont descendues dans une pension à Florence et se désespèrent que leurs chambres ne donnent pas sur l'Arno. MM. Emerson père et fils leur proposent de changer d'appartement. C'est ainsi que commence le chassé-croisé amoureux entre Lucy et le jeune George Emerson. de retour en Angleterre, Lucy se fiance pourtant avec le distant et très conventionnel Cecil Vyse, mais l'ombre de George Emerson ne tarde pas à planer sur le couple. Qui donc Lucy épouser-elle ? « Se souvenant qu'elle était fiancée à Cecil, elle se contraignait à mal se souvenir de George ; il ne lui était rien, il n'avait jamais rien été pour elle. » (p. 220)

À mon sens, ce roman pourrait être de Jane Austen, mais il y manque deux aspects essentiels : le talent et la qualité ! Tout m'a semblé faux et maladroit. Lucy est une jeune personne qui bout d'énergie et qui rêve d'aventures tandis que George est un jeune homme cynique, athée et un brin mélancolique. Voilà déjà deux bons gros clichés. Il faut y ajouter une cousine pauvre, sotte et bornée qui est parfaitement agaçante avec sa manie affectée de présenter des excuses pour tout et n'importe quoi, mais aussi avec sa façon de se comporter en société. « Je suis une femme du monde à ma petite façon, je sais où conduisent les choses. » (p. 21) N'oublions pas le possible gendre idéal qui devient de moins en moins idéal à mesure qu'on le découvre : Cecil est atrocement désagréable et aucunement attachant. « Depuis ses fiançailles, Cecil affectait un cosmopolitisme de mauvais garçon qu'il était loin de posséder. » (p. 133) Enfin, il y a toute une cohorte de personnages secondaires, de la vieille fille aventurière au pasteur bedonnant, qui m'ont prodigieusement agacée.

J'en viens au titre : parce que Lucy et Charlotte se sont senties lésées (et ont fait un caprice, grosso modo) en n'obtenant pas les chambres qu'elles attendaient, MM. Emerson père et fils les ont obligées en leur offrant leurs appartements. Mais finalement, les deux femmes ne passent que très peu de temps dans ces chambres et admirent bien peu la vue, d'autant plus que leur séjour à Florence est brusquement écourté avec un départ précipité pour Rome. L'incident liminaire est un prétexte d'une banalité affligeante pour justifier la rencontre entre les deux femmes et les Emerson. En effet, puisque tous ces touristes logeaient dans la même pension, il est fatal qu'ils auraient fini par se rencontrer dans les pièces communes. J'en suis venue à penser que le sens du titre est le suivant : si l'amour ne peut pas entrer par la porte, il entre par la fenêtre. Oui, cette formule manque d'élégance, mais c'est à l'image du roman.

Entre mauvais romantisme, situations bouffonnes et coquilles à répétition, ce roman a mis ma patience à rude épreuve. On m'en avait pourtant dit grand bien, de même que du film. J'hésite maintenant à ouvrir le boitier DVD…
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Voici un roman que je voulais lire depuis très longtemps ! J'ai beaucoup aimé le personnage de Lucy Honeychurch qui, en voyage à Florence en compagnie de sa cousine et chaperon Charlotte Bartlett, va rencontrer grâce à un malentendu M. Emerson et son fils, George. de là va suivre une sublime histoire d'amour entre George et Lucy à travers des baisers passionnés mythiques dans les violettes de Fierone ou dans un sentier étroit...

Délicieux roman que j'ai véritablement adoré, E.M.Forster nous décrit avec humour cette société très diversifiée, mais toujours avec des personnages charmants, qui ont chacun des caractéristiques plus ou moins symphatiques (j'ai apprécié Freddy, Lucy et George, M.Emerson, Miss Lavish et parfois M.Beebe), ses paysages merveilleux et son histoire fascinante !

Je vous conseille de voir le film de James Ivory aussi passionnant et délicieux que ce roman, avec un casting de rêve (Helena Bonham Carter, Daniel Day-Lewis, Julian Sands, Maggie Smith, Judi Dench...) avec un petit coup de coeur, je l'avoue pour la si romantique scène du baiser dans les champs...

A lire absolument !!
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La question centrale de ce roman est de savoir ce que choisira la jeune héroïne Lucy Honeychurch : une chambre avec vue sur l'Arno ou les murs aveugles d'une société conventionnelle ?
Ce choix est symbolisé par les deux hommes qui rivalisent pour ravir son coeur. George Emerson, attentionné et passionné ou Cecil Wyse, arrogant et sophistiqué...
Ce roman traite des difficultés et des choix qui caractérisent le passage à l'âge adulte, la tentation de l'aveuglement, les tensions entre ses propres désirs et le conformisme familial.
Satire brillante de l'Angleterre moyenne du début du 20ème siècle et de ses conventions sociales, ce roman est simplement délicieux une fois que le lecteur s'est habitué au style désuet de l'écriture de Forster . ( il faut dire que je l'ai lu après Kinderzimmer, le changement de style fut difficile. Note 3,5 sur 5)
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juillet 2014
Toute la finesse psychologique de l'auteur de La Route des Indes s'exprime au fil de ce voyage initiatique où le coeur de Lucy va souvent battre très fort.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
-Croyez-en un vieillard. Il n’y a rien de pire au monde que de ne pas savoir où l’on est. Il est facile d’affronter la Mort, le Destin et autres choses qui paraissent terribles. Je ne regarde avec horreur dans ma vie passée que mes propres confusions – surtout ce que j’aurais pu éviter. Nous ne pouvons que très peu les uns pour les autres. Je me croyais autrefois capable d’enseigner aux jeunes toute la vie, mais j’en ai rabattu maintenant et tout l’enseignement que je donne à George se ramène à ceci : « Sache où tu en es. » […] Faites-moi confiance, Miss Honeychurch. Si magnifique que soit la vie, elle est difficile. (Elle se taisait toujours.) « La vie, a écrit un de mes amis, c’est jouer du violon en public et apprendre à en jouer en même temps. » Je crois qu’il pose bien le problème. L’homme doit découvrir chemin faisant le bon usage de ses fonctions – et particulièrement de l’Amour.
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-Tout n'est que nuit maintenant. Maintenant, Beauté et Passion semblent n'avoir jamais existé. Je le sais. Mais souvenez-vous des collines dominant Florence et de la vue. Ah ! mon enfant, si j'étais George un baiser vous donnerait du courage. Il vous faut, toute froide, engager un combat qui demanderait de la chaleur; il vous faut affronter cette confusion que vous avez créée vous-même; et votre mère et tous vos amis, ma tendre enfant, vont vous mépriser et vous mépriser justement, s'il y a jamais de justice à mépriser. George est encore dans l'ombre: vous devez batailler et souffrir sans un mot de lui. Ai-je raison ? (Des larmes montèrent aussi à ses yeux.) Oui, car nous luttons pour bien que plus que l'Amour ou le Plaisir: il y a la Vérité. La Vérité compte, la Vérité compte vraiment.
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Elle avait reçu de lui l’impression de quelque réconciliation divine, le sentiment qu’en gagnant l’homme qu’elle aimait elle gagnerait quelque chose pour l’univers. […] Lavant le corps de ses souillures, ôtant leurs aiguillons aux outrages du monde, il lui avait découvert la sainteté d’un désir direct. Elle ne sut jamais – avoua-t-elle des années plus tard – comment il avait pu lui infuser cette force. Elle avait eu l’impression de tout embrasser d’un regard.
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-Je voudrais seulement que les poètes disent encore ceci : L’amour est du corps ; il n’est pas le corps mais du corps. Ah ! les douleurs qui seraient épargnées si nous confessions cela ! Ah ! Un peu de droiture qui libère l’âme ! Votre âme, ma chère Lucy ! Je déteste maintenant ce mot d’âme à cause de tous les voiles d’hypocrisie dont la superstition l’a enveloppé. Nous avons pourtant des âmes. Je ne sais d’où elles nous viennent ni où elles vont, mais nous avons des âmes et je vous vois détruire la vôtre.
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Bonheur : s'éveiller à Florence [...]. Plus grand bonheur encore : ouvrir longuement ses fenêtres, [...] s'accouder enfin au soleil, face à la beauté des collines, des jardins, des églises de marbre, avec, juste en-dessous, l'Arno [...].
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Le jeune médecin et critique littéraire Henry Ellis vient d'épouser Edith. Ils se sont rencontrés dans un groupe de libres-penseurs appelé la Vie Nouvelle, et se sont promis de construire un couple moderne, loin des rigidités de l'Angleterre victorienne. Au même moment, John Addington, grand bourgeois respecté par la bonne société londonienne, marié et père de trois jeunes femmes, entre en contact avec Henry. Ensemble, ils décident de concevoir un ouvrage à quatre mains : une étude historique de l'homosexualité depuis la Grèce antique.
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