De nombreux romans policiers commencent par la découverte d'un cadavre. Et
La mort indienne n'échappe pas à cette règle. Mais ici, ce cadavre ne nous est pas inconnu. L'auteure, dans le peu de pages précédant la découverte macabre a su nous rendre extrêmement attachante cette jeune femme indienne, qui arrive plein d'espoir, rejoindre en Norvège Gunder, l'homme qu'elle vient d'épouser en Inde. Et d'entrée de jeu on se retrouve bouleversé, d'autant plus que dans le même temps, la soeur de Gunder est entre la vie et la mort à l'hôpital après un accident de voiture. L'auteur nous a touché au coeur, nous rendant beaucoup plus attentif à l'enquête policière qui va suivre.
L'inspecteur Sejer commence par rechercher d'éventuels témoins de ce meurtre. Mais dans cette petite ville d'Elvestad, les témoins montrent des réticences à se manifester. « S'ils ont vu quelque chose qu'ils ne comprennent pas, ils n'osent pas le raconter. Ils partent du principe que ce doit être faux, parce que j'ai grandi avec ce type, j'ai travaillé avec lui, et en plus de ça, c'est mon cousin. Ou mon voisin. Ou mon frère. On est allés à l'école ensemble. Alors je ne dis rien ». Néanmoins les uns après les autres, quelques témoins vont se manifester, mais ils ne relateront que très progressivement ce qu'ils ont vu, rendant ainsi l'enquête compliquée.
Karin Fossum nous montre aussi les conséquences de ce meurtre sur les relations entre les habitants. Ainsi, Linda qui a témoigné à la police, se voit montrer du doigt par les autres habitants et perd sa meilleure amie. Chacun déclare que le meurtrier ne peut pas être d'Elvestad, mais en même temps, chacun - en son for intérieur - doute de cette certitude. Certains ont même peur. Au passage l'auteur brosse le portrait d'une dizaine d'habitants: bien sûr, Gunder et sa soeur, son beau-frère, mais aussi le chauffeur de taxi, le tenancier de la taverne, Sejer et son Leonberg de 10 ans, le beau flic blond, Linda la lycéenne amoureuse du beau flic blond, l'épicier à la Golf rouge, le menuisier culturiste au Rottweiler, le pompiste de la station Shell…. C'est bien écrit. On sent la ville s'agiter autour de ce meurtre, sous nos yeux. La fin subtile et émouvante, est un petit bijou.