AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Luniver


Les prisons forment un monde mystérieux, et objet de tous les fantasmes. Perdu entre ceux qui s'indignent de l'état de délabrement de nos prisons actuelles, et ceux qui s'indignent tout autant que les prisonniers aient assez d'espace dans leur cellule pour étendre leurs jambes, confort qu'ils ne méritent certainement pas, une question se pose rapidement : qu'est-ce qu'on attend réellement de nos prisons à notre époque ? Cet essai de Michel Foucault nous fournit de bonnes bases de réponses.

Réponse qui commence par un nécessaire historique du système pénal en France : d'abord expression de l'autorité et de la puissance du souverain, et donc « forcée » de répliquer à chaque infraction par un coup plus dur, on glisse progressivement vers une justice qui doit « réparer » le coupable et le réinsérer dans la société. On ne juge plus un acte, mais la personne dans son ensemble : quelle est sa part exacte de responsabilité dans l'acte qu'elle a commis, et surtout, quels sont les risques qu'elle recommence ?

Si les premiers penseurs imaginent des punitions directement liées au crime commis, le système carcéral vient balayer toutes ces idées et s'affirme capable de corriger n'importe quel coupable. Les mécanismes se mettent en place : surveillance continue, recensement de tous les bons et mauvais comportements, consignes à respecter scrupuleusement, … Ces mécanismes sont vite adoptés par toute une foule d'autres institutions : école, armée, hôpitaux, entreprises, qui y voient le moyen idéal de gérer des groupes importants en imposant une normalisation de chaque individu.

L'essai est assez dense, et bouscule beaucoup d'idées préconçues : quand on ne connait pas un sujet, on a tendance à le voir de manière linéaire (tout était très mauvais il y a des siècles, et chaque décennie fait un pas vers le mieux). le constat sur la prison est sévère, et est présenté comme un échec. Difficile pourtant d'imaginer une solution alternative, tellement elle s'est imposée comme une évidence de nos jours. On peut aussi se demander s'il est possible d'instruire et de faire travailler des milliers de personne sans les formater quelque peu auparavant. Si le coeur crie « oui ! », trouver des alternatives qui tiennent la route est loin d'être simple. En bref, « Surveiller et punir » nous force à nous interroger sur le bien-fondé de mécanismes qu'on a acceptés depuis longtemps sans trop se poser de questions.
Commenter  J’apprécie          260



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}