Rachmaninov

Faute de grive...
Méprisé jusque dans les années 1980 par une critique, notamment française, qui lui reprochait de ne pas suivre la règle d'or de toujours vouloir se situer à l'avant-garde artistique (dans un vaste mouvement allant de Debussy à Boulez...) et donc de se référer à des modèles esthétiques datés (Tchaïkovski, Chopin ou Schumann), Rachmaninov est aujourd'hui largement sorti du purgatoire. de toute façon si Argerich, Luganski ou Ashkenazy trouvent sa musique belle, difficile de rester à la traine....
de la même façon, il a longtemps été difficile de trouver une bonne biographie de ce compositeur, à la vie pourtant à la fois incroyablement romanesque (enfance dorée, exode loin d'une Russie adorée pour cause de révolution bolchévique, vie de star aux Etats-Unis, gout pour la Suisse...) et banale car comme tant d'autres artistes Rachmaninov est par goût et par nécessité un travailleur acharné.
Ce petit livre déjà un peu ancien comble un manque. Il est à la fois synthétique et agréable à lire. Toutefois cela reste un peu superficiel, l'auteur fait un travail de synthèse intéressant mais ce n'est pas la grande biographie avec un grand B que l'on aurait été en droit d'attendre (ce n'est d'ailleurs pas l'objet de cette agréable collection) de ce grand compositeur passionnant.

Peut-être qu'un spécialiste de grande musique viendra contrecarrer mon sentiment ou me démentir, mais il me semble que jamais un tel carrefour de génies viendra se présenter à nouveau à nous simples mélomanes avec une telle richesse, une telle intensité que lors de cet entre deux guerres où l'on voit sous l'ombre pleinement vivante d'un Tchaikovski , la figure de Rachmaninov que se disputent les pianistes virtuoses, époustouflants que sont Vladimir Horovitz et le tout jeune Sviatoslav Richter. Où chaque protagoniste illuminait l'autre de son talent inouï, avec une telle soif de sollicitude et une telle joie, poussé par ce vent fougueux venant de la Russie romantique, éternelle qui semble aller provoquer le doux rêve américain, ou s'y joindre quand on sait que les bolcheviks menaçants n'ont pas eu raison de l'artiste génial aux doigts de feu, l'auteur du concerto n°3..

Je suis un peu restée sur ma faim.
Je ne cherche pas à avoir l'avis d'un spécialiste sur l'oeuvre de Rachmaninov, ce qui est bien , beau et qu'il faut écouter, ni l'analyse détaillée des oeuvres... tout ça ne m'intéresse pas bcp.
Non, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur sa vie. Alors qd même, j'ai découvert qqs informations comme le fait que Rachmaninov pouvait faire une 12ième ....Et un début d'analyse de sa personnalité complexe. Je comprends pourquoi je tire la langue sur les concertos et je finis avec la main en compote car moi je suis toujours en extension. J'ai vu une photo de ses mains ....;pfouuuuuu
C'est le bon côté de ce petit livre : les photos.... ça c'est formidable ....
C'est vrai qu'il avait une tête de bagnard échappé de sa prison avec un air profondemment triste et austère. C'était un grand type d'un mêtre 90 qui devait être impressionnant à voir. J'aurais tellement aimé le voir jouer ....Je finirais pas cette phrase de Joseph Hofmann inscrite sur la quatrième de couverture , à propos de Rachmaninov :" Rachmaninov était fort d'acier et d'or; l'acier était dans ses mains, l'or était dans son coeur. "