Un ange à ma table, tome 3 : Le messager

Quelle merveilleuse mémoire possède Janet Frame. Bien des années après, elle se souvient avec précision de tous les lieux londoniens qu'elle a visités et de tous les trajets qu'elle a pris pour les visiter. Nous pouvons reproduire son parcours avec exactitude... Mais hélas, quel ennui de lire ces longues séries de noms de rues et ruelles. Bien sûr, je peux comprendre que pour elle, qui venait de Nouvelle-Zélande, le changement était total, mais il n'empêche que cette avalanche de précisions ne m'a pas permis d'apprécier le dernier tome de son autobiographie.

Celui-ci retrace son départ de Nouvelle-Zélande pour aller découvrir le monde et ouvrir son esprit sur le monde étranger : Ibiza, Andorre et Angleterre. Apres sept années d'exil, elle rentre au pays. Elle, si timide et soumise, s'est un peu affranchie et surtout elle s'est débarrassée de l'étiquette "schizophrène" qui lui servait de couverture quand elle n'arrivait pas à affronter le monde. Elle est maintenant une auteure reconnue et peut assouvir librement sa passion de l'écriture.

Ce dernier épisode n'a pas la grâce de l'écriture des deux précédents tomes. C'est du moins ce que j'ai ressenti face aux énumérations cadastrales. Seules les dernières pages m'ont touchée quand l'auteure nous fait part de son urgence à se remettre à l'écriture car il y a tant à dire...

Un ange à ma table est un texte bouleversant, écrit avec beaucoup de sensibilité et sans doute de sincérité. Janet Frame nous entraîne dans les aléas de sa vie de femme écrivain, nous fait partager ses souffrances mais aussi sa passion pour la littérature et l'écriture.

Dans ce troisième et dernier volume, intitulé le Messager, Janet Frame part pour l'Europe. Après un voyage maritime difficile, l'auteur arrive enfin à Londres, où elle doit s'ouvrir au monde, comme le préconise la bourse littéraire qu'elle a obtenu pour ce voyage. de nouvelles langues, de nouvelles rencontres, des petits boulots, des logements diverses, des paysages diversifiées ( les quais londoniens, les petits villages enneigés d'Andorre, les plages d'Ibiza ) et la découverte de l'amour, Janet Frame va être servie.

En effet, après quelques semaines en Angleterre, Janet Frame part séjourner quelques temps à Paris, puis à Ibiza et enfin Andorre où sa propension à se laisser emprisonner contre son gré triomphe encore ( elle est prête à sa marier ! ).

Elle retourne alors à Londres où à la suite de séjours à l'hôpital, un poids énorme de son passé s'envole : sa prétendue schizophrénie qui lui a valu de nombreuses années en hôpitaux psychiatriques "n'était qu'une erreur de diagnostic...."

Les années passant, Janet Frame écrit de plus en plus, et demeure assez solitaire. Cependant elle accède désormais à la publication presque systématique de ses écrits.
Après la mort de son père, elle décide de rentrer dans son pays, désormais cher à son coeur, la Nouvelle Zélande.

Cette autobiographie est un véritable bijou littéraire qui m'a énormément marqué.

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Elle peut alors, dans le troisième et dernier volume, le messager, sortir de son I(s)-land pour se lancer à la découverte du monde. Pendant sept ans, déracinée en Europe, écartelée entre petits boulots et machine à écrire, découvrant les réalités de la vie d'écrivain, elle transpose ses paysages intérieurs en paysages extérieurs et ses expériences humaines (rencontres littéraires, découvertes émotionnelles, apprentissage de la sexualité) en paysages littéraires, composant des romans et des poèmes, décalques décalés de ses apprentissages.

Si elle revient, dans les dernières pages, sur les terres de son enfance et leurs reflets, c'est enfin libérée de toute suspicion de folie, de sa culpabilité de vivre et du pesant isolement que nourrissait son âme insulaire, poétique ; c'est riche de ce décalage accepté, sublimé par l'écriture, celui d'une personnalité unique, irradiée de lumière.

La critique de l'ensemble de l'autobiographie ici :
Lien : http://www.delitteris.com/in..