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EAN : 9782246808770
240 pages
Grasset (01/10/2014)
3.38/5   8 notes
Résumé :
Off, un homme sans qualité, scénariste de son état, violemment bousculé par ses producteurs comme tout créateur qui a vendu son âme au diable de l’image, vit avec sa femme et ses enfants jusqu’au jour où. Une tragédie, que le lecteur découvre peu à peu dans des pages terribles. Cet homme est tombé hors de sa vie, hors de son monde, hors de « la société » : « Une société protégeant ses poubelles mérite d’être renversée par ses éboueurs ». Le voilà menant une existenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il n'a fallu que vingt-deux secondes à Off pour dégringoler de l'appartement du sixième étage qu'il occupait dans le bâtiment d'et se retrouver "locataire" du local à vélos. Un local où il n'est éclairé que par intermittence, la seule lumière dont il dispose étant soumise à une minuterie commandée par les habitants de l'immeuble à leur passage.


Cette dégringolade de l'appartement au local à vélo est la métaphore, et la conséquence de la chute de Off, de son déclassement. Suite à un drame, ce scénariste si prometteur n'y arrive plus, ses commanditaires ne veulent plus de ces textes, il n'a plus ni femme ni enfants, il se retrouve seul, regardé de travers par tous les habitants de l'immeuble, et même par un chien. Il se sent inutile, passant ses journées à errer pour ne pas rester à se morfondre dans son gourbi


"En plus, grâce au chien, j'aurais une utilité sociale. Tirant sa laisse pour le plus grand bénéfice des locataires du bâtiment D, j'occuperais une place dans le fonctionnement des sociétés. Un an et quelques poussières mensuelles après avoir emménagé dans le local à bicyclettes, il serait peut-être bon qu'on parle de moi dans les étages; que je sois reconnu; qu'on m'estime; surtout, qu'un jour peut-être, on m'aime."


Off cherche à établir le contact avec ses voisins, avec ses anciens collègues, fournisseurs, mais rien à faire, tout le monde l'ignore, personne ne veut avoir à faire à de déclassé qu'on tolère mais auquel on ne veut surtout pas adresser la parole des fois que ce serait contagieux. N'ayant rien à faire, il passe son temps à errer physiquement et mentalement, à penser, à ressasser son passé, à tourner en rond. Il est résigné, vaincu. Il vit dans ses souvenirs.


"Le temps ayant joué son rôle de papier de verre, limé les aspérités les plus douloureuses, émondé ma mémoire des zébrures diurnes et nocturnes qui l'assaillaient en toutes circonstances , je suis aujourd'hui capable de me mouvoir à peu près normalement dans les ruelles de mes cités intérieures. Cela ne s'est pas fait sans souffrance."


La société est un roman d'une rare noirceur, d'une tristesse profonde, il reflette la cruauté de ce monde où tout est soumis à résultat, tout ce qui ne convient pas, ne donne pas satisfaction est jeté au rebut. L'aspect cruel et douloureux du roman est renforcé pas le style de Dan Franck, un style plein d'humour noir, parfois presque jubilatoire. Un roman dur à ne pas mettre entre toutes les mains, mais un régal de lecture.


"Dans ma vie professionnelle, j'ai souvent tout confondu. Un petit appât suffisait à me faire croire que de l'amitié se glissait sous le tapis des bonnes manières. Hélas, une fois le service rendu et le plancher débarrassé, il ne restait plus des grandes claques dans le dos que la marque d'ecchymoses douloureuses."
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Il est tombé du 6° pour vivre dans le local à vélo... Moi aussi je me suis sentie à l'étroit dans l'histoire de cette homme qui, suite à la perte de ceux qu'il aime, se retrouve marginalisé dans cette abjecte société où plus personne ne tend la main à l' "autre"...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Dans ma vie professionnelle, j'ai souvent tout confondu. Un petit appât suffisait à me faire croire que de l'amitié se glissait sous le tapis des bonnes manières. Hélas, une fois le service rendu et le plancher débarrassé, il ne restait plus des grandes claques dans le dos que la marque d'ecchymoses douloureuses.
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Elle appartenait à cette catégorie humaine qui embrasse toujours et partout l’opinion de ses chefs, toute honte bue et bien assimilée puisque la lecture de la hiérarchie ne s’opère que dans un sens. Elle avait si bien conduit sa barque dans les eaux fangeuses du fayotage qu’elle avait été promue, chargée de lire elle aussi les scénarios qui aboutissaient sur le bureau des AOC. Etape inutile : les trois étaient toujours d’accord. L’opinion d’un seul suffisait à rallier celles des deux autres. Et à dissuader le pauvre crétin assis face à eux d’avoir à combattre pour défendre un point de vue différent. L’avantage du nombre crée parfois de bien étranges démocraties.
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Enfin, si l’on en croit la pyramide des âges et la progression de l’espérance de vie dans les pays développés, il semble probable que, sauf accident, j’atteindrai un jour la limite d’âge où, selon les deux commanditaires, le cervelet s’étiole, en sorte qu’un principe de précaution élémentaire m’oblige à davantage de respect et d’ouverture.
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Le temps ayant joué son rôle de papier de verre, limé les aspérités les plus douloureuses, émondé ma mémoire des zébrures diurnes et nocturnes qui l'assaillaient en toutes circonstances, je suis aujourd'hui capable de me mouvoir à peu près normalement dans les ruelles de mes cités intérieures. Cela ne s'est pas fait sans souffrance
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J’imaginais une amoureuse conversant à voix basse avec son amant, puis je me suis dit qu’à son âge on n’avait pas d’amant mais un petit ami, un fiancé, un copain, un compagnon. J’ai murmuré plusieurs fois le mot, amant, joli vocable en même temps que redoutable, les commanditaires auraient pu tenter d’apparier le mari et l’amant en un amour marxiste pétri de contradictions, de cas de conscience, de faux-fuyants et faux-semblants, l’un sortant du placard après le départ de l’autre, la réciproque étant plus rare.
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Dan Franck a publié en septembre 2023 un nouvel ouvrage, L'arrestation aux éditions Grasset. Un livre des plus personnel puisque dans ce dernier, il revient sur son arrestation, survenu en 84 alors qu'il n'a que 32 ans. Un passé entre quatre murs qu'il avait gardé secret, seulement ses proches étaient au courant et qu'il mettra quarante ans à réussir à coucher sur papier. Dénoncé par une lettre anonyme, il est accusé de complicité avec le groupe terroriste Action Directe. Il loue à un dénommé "Le Garçon" un petit studio qui sert de base arrière au membre du groupe. Dan Franck ignore en partie l'appartenance de son ami au groupe terroriste. Il réprouve les actions d'AD mais la police et la justice le poursuivent. S'ensuit un engrenage, une spirale, une machination policière et judiciaire et un séjour éprouvant à la prison de la Santé. Plus de 40 ans plus tard, le romancier mène l'enquête sur qui l'a balancé et pourquoi son ami l'a trahi.
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