Citations sur Les Aventures de Boro, reporter photographe : Boro s'.. (6)
- Est-ce vrai que vous avez passé la Manche uniquement pour tenter de me rapatrier?
Elle dit que oui.
- Cela signifie que les Anglais ont pris le risque de vous perdre et de perdre un avion dans le seul but de me faire venir à Londres?
- Oui.
- Rien ne justifie cela.
Il parlait bas. Il était en proie à une colère froide qui, en quelques secondes, balaya leurs complicités habituelles.
- On offre un avion et un parachute à quelqu'un qui le mérite. A Léon Blum ou à George Mandel. Pas à moi. Ni mon histoire ni mon destin, ni même ce que je représente, ne vaut votre déplacement. Il s'agit d'un passe-droit.
- En effet, reconnut-elle.
- Vous êtes séparés?
- Elle vit avec un autre homme. Malgré cela, j'ai pris la précaution de lui faire un onzième enfant avant de partir pour le front!
- Tu as participé aux opérations?
- Catégorie nettoyeur, Borop'tit! Sitôt mobilisé, on m'a hâtivement distribué dans le rôle du négro! Faute à la réclame Banania, j'imagine! Faute à Lyautey!... Les nègres avec les nègres! On m'a versé dans un régiment de tirailleurs sénégalais et on m'a mis la baïonnette au canon. J'ai compris que la France, belle patrie, terre des arts, ma réservait le sort peu enviable de viande à Panzer. J'ai écrit à ma femme pour lui apprendre que, normalement, j'allais mourir. Elle n'a pas répondu. Elle voulait sans doute déjà faire l'économie d'un timbre.
Adolf Hitler!
Naguère petit, morveux, les cheveux sales, les pommettes rendues écarlates par la colère, méprisant, violent, relâchant ses sphincters à la moindre contrariété. Ce jour-là, sanglé dans un uniforme, un baudrier, le torse médaillé, la visière de la casquette rabattue sur les yeux, la moustache aussi courte qu'à Munich, le même petit regard électrisé, vif, chafouin, un rictus qui s'ouvrit en sourire lorsque Pétain apparut en haut de l'escalier.
Boro laissa tomber son Leica. Il vit la poignée de main mais refusa de la photographier
Chaque nuit, dans toutes les villes d'Angleterre, des bénévoles montaient sur les toits afin d'éteindre les bombes incendiaires larguées par les appareils allemands. Et dans les rues, dans les cours, au fond des jardins, on s'entraînait à défendre sa maison, son quartier, sa ville, son pays.
Avec son profil d'aigle, sa canne et son Leica, il a parcouru l'Europe des années 30, combattu les conjurés de la "Cagoule", fait la guerre d'Espagne, bourlingué aux Indes, et même percé les codes ultra-secrets de la Wehrmacht.
Les nazis ne lui feront pas de cadeau.
Quand vient le temps de l'occupation, Blémia Borowicz, le splendide émigré de Budapest, reprend les armes. Malgré la rencontre avec une jeune fille aux yeux verts, l'heure n'est plus à la séduction. La France se déchire. Boro a choisi son camp en ces temps de délation, de xénophobie et de terreur.
Il devient, lui, le métèque, l'homme à abattre.
Le cinquième et dernier épisode d'une série de luxe devenue légendaire.
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "Pocket" en 2000)