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Critique de BazaR


Sacré Boro !
Ça faisait un bout de temps que tu faisais tournoyer ta canne d'ennui sur mes étagères. Evidemment, c'est une fille qui t'en a sorti. C'est grâce à la pioche de Witchblade que je t'ai retrouvé ; encore une qui n'a pas su résister à ton charme.

Oui, je suis envieux de ton succès avec ces dames, je l'avoue. Les plus belles, les plus intelligentes tombent en pamoison devant ta mèche rebelle et ton boitillement. Et toi, coeur d'artichaut, tu crois tomber à chaque fois sur l'amour de ta vie.

Mais je vois que tu t'agaces de ma légèreté. Tu as raison, excuse-moi ; c'est que l'heure n'est plus à la rigolade. Tu es en colère contre cette France affadie et vaincue qui accepte la collaboration, souvent avec dépit, parfois avec une joie perverse. Tu détestes ce que Pétain et Laval en ont fait, au point de même refuser de les photographier. Tu n'attends pas, toi, l'appel de De Gaulle pour te lancer dans une résistance nullement voilée. Tu prends même de gros risques. Tu oublies que tes ennemis nazis – le SS handicapé Friedrich von Riegenburg et la massive Frau Spitz en tête – te recherchent activement. Ils n'épargneront aucun de tes amis pour te mettre la main dessus.
Mais des amis, tu t'en es fait à la pelle dans les romans précédents, pas vrai ? Surtout parmi le ban et l'arrière ban de la canaille de Paris ; surtout parmi les supporters du Front Populaire. Ils n'attendent qu'un chef pour les mener à la bataille contre le Boche envahissant.

Mais surtout, tu as ta sublime cousine Maryika. Ah, Maryika ! Tu l'aimes tellement que je n'ai pu m'empêcher de lui prêter les traits de celle qui fit jadis tomber la foudre sur mon pauvre coeur. Elle est si belle, si pleine de toi, si pleine aussi de caractère qu'elle ira jusqu'à suivre l'entrainement commando en Angleterre pour venir te sauver. C'est que même les services secrets britanniques s'intéressent à toi depuis que tu les as aidés à mettre la main sur la machine Enigma.

Ah, tu m'as encore offert de sacrés bons moments, mon gaillard. Tu m'as fait revivre cette France grise, affamée et apeurée de la fin 1940. Tu m'as fait découvrir le rôle Honoré d'Estienne d'Orves dans l'organisation de la Résistance. Tu m'as montré les choix déchirants que Churchill a dû faire pour conserver une chance de l'emporter sur le troisième Reich. Et tout cela dans une ambiance gouailleuse, avec l‘humour et l'amour du mot qu'Audiard n'aurait pu qu'applaudir.

En te lisant, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander ce que toi et tes deux amis-pour-la-vie Pázmány et Prakash, émigrés hongrois, penseraient de ce qu'est devenu votre pays d'origine, mené par le conservateur nationaliste Viktor Orbán.
A mon avis, tu repartirais en guerre.
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