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EAN : SIE281713_821
J.-C. Lattès (30/11/-1)
4.14/5   25 notes
Résumé :
a
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La poésie de François Villon est, paraît-il difficile à aborder, du fait de la langue et du contexte bien particulier dans lequel il écrit. En outre, bien qu'il ait été reconnu, dès après sa mort (notamment grâce à Clément Marot), comme le plus grand poète françois de son temps, ses oeuvres ont été rapidement dispersées et altérées... comme pressées de suivre la déchéance de leur auteur.
Il me faut donc rendre hommage au travail de compilation de l'éditeur JC Latès, qui m'a permis de lire ces oeuvres complètes. Par ailleurs, la langue n'a pas été un obstacle car je m'étois familiarisé, juste avant, à la lecture du vieux françois dans le Roman de Renart et chez Rabelais, entre lesquels François Villon prend chronologiquement place.
Quant au contexte, il s'agit de la France de Charles VII, royaume exsangue, affaiblie par la guerre civile des armagnacs et des bourguignons et encore à moitié occupée par l'anglois à la naissance de ... François.
Il fallait s'appeler Jeanne d'Arc, en de tels temps, pour entendre les voix qui allaient mener le pays à se redresser et à retrouver son unité et son identité. le clerc, poète et malandrin François, lui, fait les quatre cent coups dans le Paris étudiant, vole et se bat, échappe de peu au gibet, et disparaît à 32 ans, sans doute usé par les excès et dans le dénuement. Disons le, le "pauvre Villon" qui demande qu"on s'apitoie sur son sort, aurait fort bien pu trancher la gorge à son lecteur au détour d'une venelle.
Derrière la légende du poète maudit qui nous a été transmise par ses successeurs du XIXème siècle (Baudelaire, Nerval, Th. de Banville...), c'est donc un homme de son temps qu'il faut s'attendre à découvrir dans ses poèmes : on n'y trouve pas les fêtes galantes de Verlaine, mais les ballades de pendus. Ses vers en évoquent parfois d'autres, moins distrayants pour l'homme...
La souffrance, la cruauté des hommes et la mort sont partout présents en cette fin de Guerre de cent ans, et il faut toute la gouaille et l'ironie mordante d'un Villon pour écrire de beaux vers en des temps si durs. En cela, Villon est le petit frère de Gargantua et lointain cousin du goupil. Il traite avec cynisme et double sens sa vie, sa mort, ses emmerdes...
Mais, s'il se laisse porter par ces échos d'un autre temps, le lecteur confortable du XXIème siècle peut pourtant en ressentir toute la force et l'esprit de liberté : pas toujours gai, il est avant tout libre, comme Ferré et Brassens l'ont bien chanté.
Villon, pour cela est donc aussi incroyablement moderne. Ses références médiévales aux danses macabres, et d'autres qui nous échappent souvent, nous connectent à d'autres temps, mais lui, au ban de cette société où l'individu n'est encore que peu valorisé, nous confie sans détours ce qu'il est, ses états d'âme, avec un lyrisme digne des romantiques plusieurs siècles plus tard.
Volontiers sombre, cru, cassant les codes de l'amour courtois, il joue les bouffons, choque par ses débauches, puis se montre triste et grave, raille et émeut à la fois.
Non, décidément, ni la langue ni les allusions à ses amis de beuveries, qui nous échappent, ne sont un obstacle : la poésie de François Villon traverse le temps et nous touche, parce que, dépourvue de tout jugement moral ou esthétique, elle dévoile en tout liberté l'être qu'il fut, celui que nous sommes, dans toutes ses ambiguïtés.

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Vieux livre qui ornait la bibliothèque de mes parents depuis trop longtemps déjà, je l'y est délogé alors qu'il s'y languissait. Un peu poussiéreux, il y a sans doute un moment qu'il n'avait connu la joie d'être tenu entre deux mains fermes, d'être ouvert pour se laisser parcourir des yeux au fil des pages qui se tournent. Et si j'ai eu un peu de mal au début à m'adapter au vieux français médiéval ici employé, l'on s'y fait finalement et l'on se laisse même charmé et emporté dans un autre temps sous la plume authentique de Maistre François Villon. Je découvre ainsi un poète charismatique non sans une pointe d'autodérision qui joue avec sarcasme et ironie poussés parfois jusqu'au cynisme, ce qui n'est point pour me déplaire. C'est ainsi qu'il lègue à son procureur une ballade en guise de paiement, aux cabaretiers ses dettes, à un ivrogne son tonneau vide, et j'en passe dans son "Petit Testament". Dans son Grand Testament il remercie le roi de ses bonnes grâces qui lui ont épargné la prison de Mehun. Puis alors que je m'imprègne de ses Ballades ("Ballade des dames du temps jadis", "Ballade des Seigneurs du temps jadis", "Ballade A ce propos en vieil françois", etc.) j'entrevois la facette nostalgique et mélancolique du poète qui semble regretter amèrement un passé révolu, "Mais où sont les neiges d'antan?", "Autant en emporte ly vens" traduisant toute son impuissance.
Et je pourrai déblatérer infiniment sur toute l'oeuvre de ce poète que j'estime à présent beaucoup, mais aucun de mes mots ne sauraient décrire à leur juste valeur les vers de ce poète de la Pléiade. Je conclurai alors en citant Boileau plus apte que moi à critiquer telle oeuvre:
« Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers. »
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critiques presse (1)
Liberation
24 novembre 2014
François Villon, pour quoi faire ? Pour le trouver «terriblement moderne», parmi les clichés d’appréciation à notre disposition, et parce que sa vie de rapines obscures (plus un meurtre) aide à le ranger dans la catégorie des écrivains maudits, forcément maudits.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le débat du cœur et du corps de Villon

Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
- Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
- Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
- Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
- Quand sera-ce ? - Quand serai hors d'enfance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.

- Que penses-tu ? - Etre homme de valeur.
- Tu as trente ans - C'est l'âge d'un mulet
- Est-ce enfance ? - Nenni. - C'est donc foleur
Qui te saisit ? - Par où ? Par le collet ?
- Rien ne connois. - Si fais. - Quoi ? - Mouche en lait ;
L'un est blanc, l'autre est noir, c'est la distance.
- Est-ce donc tout ? - Que veux-tu que je tance ?
Se n'est assez, je recommencerai.
- Tu es perdu ! - J'y mettrai résistance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.

- J'en ai le deuil ; toi, le mal et douleur.
Se fusse un pauvre idiot et folet,
Encore eusses de t'excuser couleur :
Si n'as-tu soin, tout t'est un, bel ou laid.
Ou la tête as plus dure qu'un jalet,
Ou mieux te plaît qu'honneur cette méchance !
Que répondras à cette conséquence ?
- J'en serai hors quand je trépasserai.
- Dieu, quel confort ! Quelle sage éloquence !
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.

- Dont vient ce mal ? - Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me fit mon fardelet,
Ces maux y mit, je le croi. - C'est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son varlet.
Vois que Salmon écrit en son rolet ;
" Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur planètes et sur leur influence. "
- Je n'en crois rien : tel qu'ils m'ont fait serai.
- Que dis-tu ? - Da ! certes, c'est ma créance.
- Plus ne t'en dis. - Et je m'en passerai.

- Veux-tu vivre ? - Dieu m'en doint la puissance !
- Il le faut... - Quoi ? - Remords de conscience,
Lire sans fin. - En quoi ? - Lire en science,
Laisser les fous ! - Bien j'y aviserai.
- Or le retiens ! - J'en ai bien souvenance.
- N'attends pas tant que tourne à déplaisance.
Plus ne t'en dis - Et je m'en passerai.
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Ballade des Dames du Temps Jadis

Dictes moy où, n'en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine;
Archipiada, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine;
Echo, parlant quand bruyt on maine
Dessus rivière ou sus estan,
Qui beaulté ot trop plus qu'humaine?
Mais où sont les neiges d'antan!

Où est la très sage Helloïs,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Saint-Denis?
Pour son amour ot cest essoyne.
Semblablement, où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fust gecté en ung sac en Saine?
Mais où sont les neiges d'antan!

La royne Blanche comme lis,
Qui chantoit à voix de seraine;
Berte au grant pié, Bietris, Allis;
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jehanne, la bonne Lorraine,
Qu'Englois brulerent à Rouan;
Où sont elles, Vierge souvraine?
Mais où sont les neiges d'antan!

Prince, n'enquerez de sepmaine
Où elles sont, ne de cest an,
Qu'à ce reffrain ne vous remaine:
Mais où sont les neiges d'antan![
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Ballade des pendus

Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
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Une fois me dicte ouy,
En foy de noble et gentil femme;
Je vous certifie, ma Dame,
Qu'oncques ne fuz tant resjouy.

Veuillez le donc dire selon
Que vous etes bénigne et doulche,
Car ce doulx mot n'est pas si long
Qu'il vous fasse mal en bouche

Soyez seure, si j'en jouy,
Que ma lealle et craintive ame
Gardera trop mieux que nul ame
Votre honneur . Avez vous ouy?
Une fois me dicte ouy.
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Ballade des menus propos

Je congnoys bien mouches en laict,
Je congnoys a la robbe l'homme,
Je congnoys le beau temps du laid,
Je congnoys au pommier la pomme,
Je congnoys l'arbre a veoir la gomme,
Je congnoys quant tout est de mesmes,
Je congnoys qui besongne ou chomme,
Je congnoys tout, fors que moy mesmes.
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Vidéo de François Villon
François VILLON – Improvisations jazz (FILM 2011) Un film intitulé "Villon Jazze" réalisé par Didier Baulès, Jean-Pierre C. Brouat, Franck Halimi, Fabien "Fabix" Rabeaux.
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