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Marie-France de Paloméra (Traducteur)
EAN : 9782213627991
326 pages
Fayard (15/02/2006)
4.24/5   31 notes
Résumé :
Et si la psychologie humaine s'inscrivait dans le prolongement de celle des animaux, qu'il s'agisse de la violence, de l'empathie, ou même de la morale ? C'est la thèse que défend Frans de Waal, primatologue de réputation internationale, dans Le Singe en nous : il s'oppose aux théories de l'exception humaine, qu'elles fassent de l'homme une espèce destinée à dépasser une animalité mauvaise ou qu'elles le présentent comme une aberration de la nature, dont les progrès... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voilà un livre qui m'a passionné, un livre important à lire pour comprendre la nature humaine et nous remettre à notre place dans le règne animal. Frans de Waal semble avoir été influencé par Desmond Morris, dont il est le digne héritier. En tout cas ce grand scientifique donne du crédit à la psychologie évolutionniste. Il nous livre un agréable mélange d'observations, de réfléxions, d'explications d'expériences, de théories, d'anecdotes professionnelles ou personnelles sur les singes (la plupart du temps) ou sur les être humains (pas assez souvent). Il opère une synthèse de différentes idées reçues et travaux qui sont cités et parfois critiqués ; mais il raconte aussi ses propres découvertes en tant que primatologue. Ce document est très abordable, il n'y a quasiment pas de jargon scientifique, cela s'adresse vraiment au grand public, voire aux gouvernants. Car effectivement c'est aussi un livre politique, militant et empreint d'un optimisme un peu forcé et opportuniste, car aujourd'hui l'espoir est plus vendeur que le cynisme des années 80.

Le titre de cet ouvrage aurait dû être « le singe bipolaire ». L'auteur explore en effet toutes les nuances de gris qui font la complexité humaine entre le pôle « bonobo» et le pôle «chimpanzé». Entre bien et mal, amour et guerre, égalitarisme et autoritarisme, intérêts partagés et intérêts particuliers, coopération et compétition, il s'agit de trouver le juste milieu. L'auteur est connu pour un certain optimisme sur la bonne nature des êtres humains. A la fin du livre il avoue exagérer un peu les bons côtés de l'Homme car ce dernier est traditionnellement vu comme un loup.
Ce n'est donc pas un livre très objectif mais l'auteur exprime cependant clairement que la nature est violente, et la compétition (intra et intersexuelle, spermatique, sociale) omniprésente. Mais la coopération est possible si le couple est stable. Frans de Waal défend donc le modèle monogame de la famille nucléaire et suggère de vivre en petites communautés homogènes. Afin d'inciter les gens à plus d'empathie et de générosité, il compte sur les émotions. Je pense qu'il faut faire très attention à l'instrumentalisation des émotions par les médias notamment. On peut pleurer devant la misère du monde devant la télévision mais cela ne changera pas forcément notre vote. Selon moi il est préférable de faire appel à notre raison et se demander dans quelle société voulons-nous vivre : une société de chimpanzés ou une société de bonobos.
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On m'a toujours dit que l'anthropomorphisme était à proscrire en sciences. Mais à quoi pourrait bien rimer la primatologie si l'on se gardait éternellement de comparer les comportements simiesques aux nôtres.
Le primate tient une place privilégiée en éthologie, parce qu'homo-sapiens est un primate lui aussi.
Et oui, il est bon de rappeler que nous appartenons au règne animal et que les bonobos et les chimpanzés sont issus génétiquement des mêmes ascendants que nous autres les humains.
Rien que pour ça on devrait un peu mieux considérer nos proches cousins du genre homo. ( Ce qui n'a rien à voir avec les préférences sexuelles)
Donc Frans de Waal étant primatologue, peut allègrement outrepasser cette mince frontière entre ces brutes poilues mangeuses de bananes et la fine fleur de l'évolution humaine porteuse de T shirts branchés et équipée de smartphones très sophistiqués.
Les portraits de nos presque congénères sont vraiment troublants. Si la brutalité du mâle alpha chimpanzé nous semble évidente, sa capacité à établir de véritables alliances politiques est confondante.
Quant à la douceur et à l'esprit d'entre-aide dont peuvent faire preuve les bonobos, ça fait vaciller pas mal de nos croyances sur la genèse d'une éthique purement culturelle.
Frans de Wall s'attache particulièrement à déconstruire la thèse du darwinisme social, ce qui n'est pas sans me déplaire.
J'ai presque cru qu'il allait faire l'éloge de Pierre Kropotkine, tant cette magnifique idée d'entraide présente dans la nature, chez nos cousins les singes, semble constituer un des fondements de notre morale. Mais alors le petit Jésus et sa clique, Spinoza, Kant... c'est du flan ?
Au moins les singes ne savent pas ce qu'est une guerre de destruction massive, ils ne savent pas ce qu'est un génocide, ni une épuration ethnique, pas même un Camp De concentration... Preuve qu'ils ne sont pas près d'être civilisés. Ouf!

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Dans "Le singe en nous", Frans de Waal, célèbre primatologue, passe notre espèce au crible de sa méthode, la comparant dans ses réactions à nos proches cousins.
Ca marche à 100%.
La démonstration est limpide et prouve que, dans ses réflexes profonds et dans ses réactions, l'espèce humaine réagit bien comme les autres grands singes.
Nous avons cependant notre originalité. Encore une fois, Frans de Waal conclut à contre-courant des psychologues modernes en rappelant tout simplement notre comportement depuis des millénaires.
A lire par tous ceux qui cherchent à comprendre le fonctionnement atavique de notre espèce.
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Oeuvre d'un primatologue hollandais qui travaille aux Etats-Unis (le genre qui mesure tout, filme tout, etc), ce livre est consacré aux "grands singes" (ici, surtout les chimpanzés et les bonobos) et leur comportement.
Avec, de temps en temps, une incidente sur la proximité avec certains comportements humains.
On ressort de la lecture littéralement bouleversé, et je pèse mes mots.
Non seulement nos "cousins" sont beaucoup moins "animaux" que nous le pensions jusqu'alors (ils font preuve d'altruisme, de compassion, de mémoire affective...), mais ils nous surpassent pour certaines formes d'intelligence (par exemple, la durée de vie d'un homme politique de chez nous, dans une tribu de chimpanzés, serait de trois mois environ selon les primatologues : il finirait forcément par faire une bourde monumentale qui conduirait à son... élimination physique).
Mais en outre, nous-mêmes sommes beaucoup plus "animaux" que nous voulons bien le croire (je vous laisse le soin de découvrir les similitudes entre nos instincts profonds et ceux de nos ancêtres).
Donc, un éclairage très nouveau sur la nature humaine réelle - très éloignée de celle rêvée par la plupart des philosophes, religieux et autres penseurs.
Je vais terminer là, en espérant vous avoir donné envie de lire ce livre magnifique.
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Voici le fruit d'une vie de pensées, recherches, altruismes d'un primatologue.

Loin de faire l'amalgame entre l'homme et les grands singes, nous voilà sur les pistes de nos points communs, de nos divergences... C'est même parfois jubilatoire et certains passages m'aident à vivre ma vie sociale désormais.

Une superbe et enrichissante lecture et reflexion sur l'humanité.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Dans toutes ces études, l’explication est à chercher non pas dans le souci du bien-être d’autrui, mais dans la détresse causée par celle d’autrui. Ce type de réaction a une énorme valeur de survie. Si les autres manifestent de la peur et de la détresse, vous avez tout lieu d’être inquiet aussi. Si des oiseaux se posent au sol et que l’un d’entre eux s’envole brusquement, tous les autres l’imiteront, avant même de savoir ce qui se passe. Le retardataire peut devenir une proie. C’est pourquoi la panique se propage si vite chez les humains aussi.
Nous avons été programmés pour ne pas supporter de voir et d’entendre la souffrance des autres. Par exemple, de jeunes enfants ont souvent les larmes aux yeux et sont bouleversés – et courent vers leur mère pour être rassurés – quand ils assistent à la chute et aux pleurs d’un autre. Ils ne se font pas de souci pour cet enfant, mais sont submergés par les émotions qu’il exprime. C’est seulement à un stade ultérieur de leur développement, quand ils instaurent la distinction moi-eux, que les enfants dissocient les émotions par identification à autrui et leurs propres émotions. C’est cette dissociation qui est à l’origine de l’empathie (…)
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Plus méthodiques dans notre brutalité que les chimpanzés et plus empathiques que les bonobos, nous sommes de loin le plus grand singe bipolaire par excellence. Nos sociétés ne sont jamais complètement pacifiques, ou complètement compétitives, jamais gouvernées par le pur égoïsme, jamais non plus parfaitement morales. La nature ignore les états purs. Ce qui vaut pour la société humaine vaut aussi pour la nature humaine. Elle peut allier bonté et cruauté, grandeur et vulgarité – le tout parfois dans la même personne. Nous sommes bourrés de contradictions, mais de contradictions apprivoisées.
(…)Le rôle de l’intelligence vient se superposer à la dualité inhérente de la nature humaine. Même si nous surestimons habituellement notre rationalité, on ne peut nier que le comportement humain soit une combinaison d’énergie vitale et d’intelligence. Nous maîtrisons mal des pulsions anciennes tournées vers le pouvoir, le sexe, la sécurité et la nourriture, mais en général nous soupesons les avantages et les inconvénients de nos décisions avant de passer à l’acte. L’expérience infléchit considérablement le comportement humain.


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La différence fondamentale entre nos deux plus proches cousins est que l'un résoud les problèmes de sexe grâce au pouvoir, tandis que l'autre résoud les problèmes de pouvoir grâce au sexe.
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Un scientifique de l'assistance fit valoir (...)que la réconciliation est infiniment plus complexe chez les humains que chez les singes, parce que influencée par l'éducation et la culture. Chez les autres primates, déclara-t-il, il s'agit seulement d'instinct.
Le mot "instinct"me resta en tête. C'est à peine si je sais encore ce que l'on entend par là, pour la bonne raison qu'il est impossible de rencontrer une conduite purement innée. Comme les humains, les autres primates se développent lentement ; ils sont influencés des années durant par l'environnement dans lequel ils grandissent, notamment par leur tissu social. Nous savons que les primates apprennent les uns des autres toutes sortes de comportements et de compétences, en vertu de quoi des groupes de même espèce agiront de manière très différente. C'est pourquoi les primatologues parlent de plus en plus de variabilité " culturelle", celle-ci portant essentiellement sur l'utilisation d'outils et sur les habitudes alimentaires, à l'image de ces chimpanzés qui écrasent des noix avec des pierres (...). Or, la culture sociale présente la même diversité.
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Chez le chimpanzé mâle le pouvoir est le moteur par excellence : une obsession constante , source d’immenses avantages pour qui l’acquier, et d’intense amertume pour qui le perd. ....
Le rang doit offrir d’enormes avantages , sinon l’évolution n’aurait jamais mis en place des ambitions aussi aventureuses.......
Un statut plus élevé se traduit en général par de la nourriture pour les femelles, et par des compagnes sexuelles pour les mâles.......
Tout dans l’évolution, se ramène au bout du compte au succès reproducteur ; autrement dit, les orientations différentes des mâles et des femelles s’inscrivent dans une logique parfaite. .....
Les bénéfices que procure la situation au sommet de la hiérarchie expliquent ils l’instinct de domination?...........
Les traits génétiques qui aident les mâles à affirmer leurs droits sur les femelles fertiles sont transmis. Les animaux ne pensent pas en terme de procréation, mais appliquent en revanche des stratégies qui contribuent à la dissémination de leurs gènes.
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Videos de Frans de Waal (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frans de Waal
Le primatologue Frans de Waal dont les travaux font autorité dans le monde entier, nous explique que les animaux sont aussi capables d?éprouver de multiples émotions. Et si le rire, la peur, la colère, le désir n?étaient pas le propre de l?homme ? Il publie « La dernière étreinte » aux éditions Les Liens qui Libèrent.
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