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Critique de Thyuig


Il y a beaucoup à dire sur ce roman. Il y a d'ailleurs, dans un premier temps, beaucoup à lire.
L'histoire de Will Cooper, l'enfant blanc vendu par sa famille d'adoption à un vieil homme dans le but de tenir un comptoir commercial en pays cherokee, débute comme commencerait n'importe quel western un peu intéressant : la misère sur le personnage principal et surtout pas la miséricorde. Celle-ci viendra plus tard.
D'emblée, Frazier pose son empreinte en caractérisant les actions de Will par son inexpérience. C'est un gamin sensé, mais terriblement seul et désespéré. Il suit comme il peut le chemin du comptoir et sur sa route, après avoir perdu son cheval, il va rencontrer son destin : un ennemi et la femme de sa vie.
Il y aurait beaucoup à dire sur ces Treize lunes parce qu'elles sont d'abord beaucoup plus nombreuses que ça, elles vont regarder le jeune Will devenir avocat, puis homme d'affaires, ardent défenseur de la Nation Indienne. Ces Treize Lunes en deviennent des centaines, et les pages de tourner et Frazier de nous livrer, peu à peu, un aperçu de son grandiose talent, qui émerge quelques fois au détour d'un dialogue maladroit et pose une vision très personnelle sur les paysages sauvages d'Amérique.
Un chapitre exceptionnel de maîtrise va conter, notamment, la traque d'un Indien devenu rebelle et indésirable et va confondre l'homme chassé avec le chasseur, le grand, celui qui partait le ventre creux affronter l'ours au coeur de sa tanière. Frazier a ce talent inouï de conteur, il sait entraîner le lecteur vers des confins inatteignables s'sil s'était contenté de restituer cette simple histoire d'amour.
Le romancier voit plus grand. Il aborde la question raciste du déplacement de population, la déportation de peuples soumis, affamés et dépossédés de leurs biens et nous apprend encore davantage sur l'Homme, sur la constitution des états d'Amérique, sur l'indifférence qui continue d'accompagner cette abomination, comme une gangrène à un pied qu'on veillerait toujours à cacher aux regards indifférents d'une communauté internationale bien aveugle lorsqu'elle doit traiter de son passé.
Treize lunes est un beau roman, ample et parfois difficile à lire tant l'importance des informations relatées freine le rythme de croisière que le lecteur croyait prendre. Malgré tout, l'usage du passé composé dans la narration, les hésitations dans la concordance des temps, font de ce livre un tout imparfait, un peu bancal. Une narration sans faille l'aurait élevé au panthéon que ses quelques défauts le condamnent à regarder d'en bas.
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