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Critique de LydiaB


Cet ouvrage me réconcilie avec l'Histoire du XIXe siècle, qui, habituellement, n'est vraiment pas quelque chose qui m'intéresse. Il y a des époques comme ça qui me captivent moins que d'autres. Mais n'étant pas fermée, je suis toujours friande de journaux, correspondances, biographies ou mémoires qui en apprennent souvent beaucoup plus qu'un fastidieux manuel d'Histoire jargonnant.

Une fois de plus, c'est le cas ici. C'est avec une écriture résolument moderne, ce qui me fascine toujours, mais riche sur le plan stylistique que ce proscrit, général de la grande armée, va nous faire partager son exil. Bien que gradé, et donc attaché à Napoléon, c'est avec beaucoup de recul et sans une once de regret que Frédéric Guillaume de Vaudoncourt va faire état des événements qui l'ont amené à sa condition. Si vie privée et vie professionnelle sont étroitement imbriquées dans sa situation, il n'en reste pas moins qu'elles apportent toute la lumière nécessaire à la bonne compréhension de cette période troublée. On restera admiratif face à l'humour dont voici un échantillon : " Ces informations me suffirent pour me décider à m'éloigner davantage, au grand contentement de ma craintive compagne, qui ne se trouvait pas encore assez éloignée de ce qu'elle appelait, je pense sans trop d'exagération, nos bourreaux. Nous ne nous occupâmes donc plus que de choisir le lieu où nous irions chercher un asile. N'ayant pas une disposition bien prononcée pour les cachots ou les cancers à l'estomac, nous ne nous sentions pas disposés à profiter des bontés de cette alliance, appelée Sainte, par une figure de rhétorique qui paraît appartenir à l'ironie. Nous passâmes cependant en revue les quatre enfers qu'on nous destinait pour Champs-Elysées" (P41). Ce style, certes ironique, intervient dès les premières pages. le ton est donné. Mais n'est-ce pas là un stratagème afin, justement, de ne pas laisser paraître ses émotions ? En bon général qui se respecte, celui-ci reste pudique afin de laisser le premier plan à L Histoire dans toute sa splendeur. Et c'est de bout en bout que cet humour, fin, va ponctuer le texte. le deuxième volume s'achèvera ainsi sur une pensée qui force le sourire : " Car en vérité, il vaut mieux être au nombre des spectateurs que d'avoir rien de commun avec ceux qui sont au pouvoir." Humour fin, disais-je, mais parfois féroce, notamment envers les britanniques qui en prennent, si j'ose dire, pour leur grade, dans le premier tome : " le paysan anglais, quoi qu'on en dise, abruti sous le despotisme d'une aristocratie toujours plus soupçonneuse, à mesure que sa force numérique diminue, est élevé dans la haine de tout ce qui est étranger, et est par là fort peu sociable." (P56) le deuxième tome fera plus référence aux espagnols et aux italiens avec une plume moins acerbe : " Un seul réfugié piémontais, capitaine de garde nationale, vieillard très doux et inoffensif, fut grièvement blessé par trahison, mais il n'en parvint pas moins à faire fuir ses assassins, au nombre de plus de vingt." (P160)

Ceci dit, qu'il encense ou qu'il critique, Frédéric Guillaume de Vaudoncourt reste fidèle à ses valeurs d'homme droit dans ses bottes, d'humaniste au sens noble du terme. Et ce n'est jamais vraiment l'homme en lui-même qu'il fustige mais bien plutôt le gouvernement et la politique.

Une mention spéciale aux notes de Laurent Nagy, précieuses afin de combler les lacunes du lecteur ou d'apporter les renseignements nécessaires.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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