L'été

J'ai loué une petite chambre dans le premier hôtel du port. De la fenêtre je voyais des grues, des containers, des docks. La mer derrière la jetée.
Dans tous les ports du monde il était l'heure de commander un café, assis devant un guéridon de marbre ou debout au comptoir avec des oiseaux de nuit et des marins. L'heure de regarder les bateaux disparaître dans l'or et la brume. L'heure d'ouvrir un journal, de rentrer se coucher. L'heure de la confiance. L'heure d'avoir envie d'une paire de seins ou d'un croissant chaud. L'heure de monter dans son camion. L'heure de se cacher. Celle de naître ou d'abandonner. L'heure de s'asseoir dans un jardin public sous le vacarme des rossignols et le parfum des citronniers. L'heure de comprendre ou d'oublier. Comprendre ce que j'avais fait. Je venais de tuer une partie de ma vie.

"Je serai concise, c'est pourtant un style que je déteste. La concision tue toute chose. L'essentiel réside toujours dans les détails."

"Plus on attend les gens, moins ils viennent. Je suis descendu l'attendre au bistrot d'en face. A travers la vitre, je la guettais. J’apercevais aussi le va-et-vient du Petit Farci, entre la fontaine et les platanes. Ça ne m’intéressais pas. Tous les quarts d'heures j'allais dans la cabine composer son numéro. Personne. Les gens surgissent dès qu'on ne les attend plus."

Plus on attend les gens, moins ils viennent.

Pigeon, je l'ai été moi-même quand j'avais vingt ans, pas étonnant que je les réussisse.

Un écrivain avait dit : « Elle était plus belle qu’un rêve que je n’avais jamais fait. »

On réfléchit mieux en regardant la mer. On est si petit que nos fautes ont beaucoup moins d’importance.

Pendant deux jours nous avons arpenté ces forêts et montagnes. Les gens que nous croisions sur les sentiers avaient de grosses chaussures, des sacs à dos et des casquettes. Nous n’avions que notre bonheur.

Plus rien n’existait, le petit farci, Altona, ma jalousie. Rien que ce regard et ces seins sur ma peau. Elle se retournait et la vie avait un sens. Dieu avait dessiné le monde avec la pointe de ces seins.

"Il était inutile de lutter et je n'en avais plus la force. Oui, j'étais calme parce que je n'avais plus la force d'avoir peur. Elle n'était peut-être pas folle mais sa folie était là : prête à tout pour voir souffrir un homme. Prête à tout pour ses sentir aimée."