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EAN : 9782290316894
J'ai lu (07/01/2002)
3.96/5   38 notes
Résumé :
C’est à Snowdrift, village perdu des immensités glacées du Grand Nord canadien, que Max, héros de la Royal Air Force, et Rosa, jeune femme d’origine indienne, abritent leurs amours. Au cœur de cette nature âpre et sauvage, Max reprend peu à peu goût à la vie et oublie les horreurs de la guerre. Mais le destin frappe à nouveau. La mort tragique de Rosa pousse Max à l’exil. Il retourne en France, où son neveu Bruno vient de fuguer. Dès lors, Max consacrera toute son é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après la montagne et le Sahara qui lui ont valu ses livres les plus célèbres, Roger Frison-Roche, guide chamoniard devenu explorateur en même temps que journaliste et écrivain, s'est intéressé sur le tard, dans les années 1960, au Grand Nord, en Laponie d'abord, au Canada ensuite. Témoin du chant du cygne du mode de vie nomade des Samis en Scandinavie auquel il consacre un premier diptyque, il poursuit avec un second, se faisant cette fois le chantre des grands espaces du Grand Nord américain, terre de solitude entre nuit polaire, glaces et blizzards, mais aussi d'aventure et de liberté, loin de la folie ordinaire des hommes.


Meurtri par son expérience de pilote de la R.A.F. pendant la guerre, le quarantenaire Max Gilles se sent plus que jamais à l'étroit au sein de sa très matérialiste et bourgeoise famille établie dans l'industrie papetière à Grenoble. Il décide d'utiliser ses talents d'aviateur au manche d'un petit appareil privé assurant le ravitaillement des rares habitants des territoires du Nord-Ouest canadien. Là, à Snowdritt, un village perdu près du Grand Lac des Esclaves, à la lisière entre forêt boréale et toundra, il rencontre l'amour en la personne de Rosa, une jeune indienne qu'il épouse et qui lui fait découvrir les bonheurs simples et rustiques d'une vie en pleine nature, rude mais libre, aux enchantements pimentés d'aventure. de magiques survols, loin de toute liaison radio, des troupeaux de boeufs musqués, de caribous et de bisons vivant en paix dans ce sanctuaire encore sauvage, en bivouacs sous les aurores boréales ponctuant de longues échappées dans la forêt où seuls les Indiens ont la permission de trapper, d'expéditions aériennes parfois hasardeuses entre tempêtes et blizzards en périlleuses sorties de chasse où il faut disputer le gibier aux loups, enfin des viriles amitiés taiseuses entre voisins à l'amour sous les fourrures et les étoiles, Max s'est enfin réconcilié avec la vie lorsque, implacable, le drame surgit. Partie chasser en canoë avec son frère malgré un avis de mauvais temps, Rosa ne rentre pas…


Hymne à la nature et à la liberté, le récit mêle ses superbes évocations d'un cadre d'une âpre majesté à celles, de plus en plus tendues, d'aventures qui peuvent à tout instant virer au drame. L'ancien pilote de chasse vit d'adrénaline et exerce un métier non dénué de risques. Preuve en est ce collègue et ami, mort de faim et de froid après un atterrissage forcé dans les glaces. Alors, très vite, à l'exaltation des grands espaces s'associe chez le lecteur la conscience du danger, un péril qui va d'abord guetter Max lorsque l'hiver arctique s'abat soudain et que la blancheur aveugle et tourbillonnante du blizzard avale son avion, pour finalement mieux s'en prendre à Rosa, partie relever sa ligne de trappe dans la tourmente précédant l'embâcle. Au rythme haletant de cette portion du récit succèdera une partie de transition, que l'on pourra juger trop rapide, voire un peu bâclée. C'est que le retour de Max vers la civilisation ordinaire n'est qu'un préambule nécessaire, un passage préparant la seconde partie du diptyque, La vallée sans hommes, où, une nouvelle fois, l'aventure et la liberté se paieront au prix fort.


Peut-être pas tout à fait aussi marquant que les livres les plus connus de l'auteur, pour ne citer que Premier de cordée, La grande crevasse ou Les montagnards de la nuit, ce roman dans la plus pure tradition du récit d'aventure et de nature writing se dévore presque d'une traite, pour le plaisir de son adrénaline conjugué à celui des sublimes évocations de son cadre d'exception. L'écriture et les récits de Roger Frison-Roche n'ont pas pris une ride.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Snowdrift, un village indien perdu au sein des immensités glacées du Nord canadien. A l'autre bout de la planète, Grenoble et ses industries papetières. Max Gilles, la quarantaine n'est plus à sa place dans le giron familial et petit bourgeois de la ville du Grésivaudan. Ce héros de guerre que la R.A.F. a libéré, garde en lui les traces de sang de ce conflit. L'humeur n'est plus à la vie. Il a besoin de fuir. Sa vallée, sa famille, lui-même. Pour se reconstruire et c'est par conséquent à Snowdrift qu'il va poser son petit avion au coeur du vide enneigé parsemé par quelques cabanes de trappeurs, au milieu des indiens, des loups et des bisons.

Là, il découvrira l'amour. Celui qui se construit avec un grand A. Rosa cette indienne, si généreuse, si belle, si indépendante, si indienne. Elle lui apprendra à vivre et à jouir de cette liberté retrouvée. Et n'y-a-t-il pas plus belle liberté que de faire l'amour nu sur une peau de bison, dans le silence assourdissant du vide entouré de neige. Par -40°C, aller couper du bois, pisser contre un sapin, chasser des loups ou survoler un troupeau de bisons. Une nouvelle vie, un miracle de la nature, prend soin tous les jours de cet être si solitaire au début et qui s'ouvrira tant avec la découverte de l'amour, et de Rosa.

Mais comme je suis plus roman à eau-de-feu que roman à l'eau de rose, il faut un mais pour contrarier tant de bonheur. Faire l'amour sur une peau de bête, même de bison, ne suffit plus à nos deux héros. Et Rosa s'en va chasser, seule avec son frère dans un canoë de fortune. le blizzard, la neige, le vent, le froid, tabarnak, le temps nord-canadien. le drame, le deuil, la perte, la reconstruction. Rester sur ces terres sauvages ou retourner à Grenoble.

Combien d'années n'ai-je pas pris le temps d'ouvrir un vieux bouquin de Frison-Roche, presque un parchemin, les feuilles jaunies par le temps, les pages gondolées par la fonte des neiges, l'encre parfumée aux senteurs de milles plantes que les moines utilisent pour élaborer la Chartreuse ? En ai-je déjà ouvert un ? Certainement… Dans ma jeunesse, le bison du Grésivaudan que j'étais a du se « forcer » à ouvrir son premier de cordée ou d'autres épisodes d'alpinisme littéraire. Des années plus tard, je continue à goûter à la Chartreuse, je découvre la Mandrin, mais n'en oublie pas l'essentiel l'herbe à bison aromatisée à la vodka. Et pour causer essentiel, ce roman m'a enchanté, si bien que je n'en espérais pas autant avant de me laisser submerger par ses grands espaces, son histoire d'amour et ses histoires de solitudes.

« La Peau de Bison », du nature-writing bien avant l'heure qui donne envie de chausser ses raquettes et de crapahuter dans le froid tabarnakien juste pour pouvoir se réchauffer ensuite sur une peau de bison. Nu bien entendu.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Frison-Roche, c'est l'inoubliable Premier de cordée.
Mais ce n'est pas que ça.
L'écrivain nous a laissé d'autres ouvrages, témoins de son amour de la nature et des grands espaces.
Ici, point de haute montagne, point de sommets alpins : nous sommes dans le grand Nord canadien. Avec son climat rugueux, ses zones inaccessibles l'hiver à cause de la glace qui fige tout, ses conditions de vie difficiles et demandant aux hommes beaucoup d'énergie pour survivre.
Ses paysages sublimes aussi. Ses aurores boréales inquiétantes autant que fascinantes.
C'est là que vit Max, au milieu de cette nature sauvage, des bisons, des caribous et des loups, au milieu d'indiens farouches et fiers.
C'est là que Max est venu pour fuir le monde d'avant dans lequel il ne trouvait plus sa place.
C'est là qu'il a trouvé l'amour.
Un amour puissant, merveilleux, rare. Un amour exceptionnel.
Cette lecture fut un vrai régal !
Frison-Riche maîtrise parfaitement l'art de la description. Les paysages sont grandioses, la force de la nature jaillit à chaque page et l'auteur nous immerge dans cette beauté envoûtante.
Rivières, forêts, montagnes, sentiers, varient au rythme des saisons et dans cet écrin merveilleux, l'auteur a installé une magnifique histoire d'amour.
"Que c'est beau" me suis-je souvent dit tout en tournant les pages d'un roman que j'ai dévoré en un clin d'oeil.
Seule la fin m'a paru un peu trop simple, un peu "facile", tout s'enchaînant un peu trop rapidement. Mais cela n'a pas gâché le plaisir que j'ai eu à suivre l'histoire de Max, et je compte bien poursuivre avec le second volet intitulé "La vallée sans hommes".
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Introspection canadienne.

Max Gilles, ancien pilote de bombardier dans la RAF, a retrouvé goût à la vie comme indépendant dans le grand Nord canadien. Eloigné des tourments sans fin du monde des humains, Max a fait sienne cette vie simple au coeur du territoire des Indiens, une vie au rythme de la nature et des grands espaces. Il est désormais libre, libre des affres de la civilisation. Et son épouse indienne Rosa en est pour quelque chose... mais celle-ci décède...et le voilà de nouveau tourmenté! Rentrer en France, dans sa bourgeoise famille grenobloise? oui, il a besoin de réponses à ses obsédantes questions... Mais qu'en sera-t-il de l'appel du Grand Nord?
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Un livre d'aventure qui nous tient jusqu'au bout sans une once de lassitude et d'impatience. Pas d'intrigue haletante, juste la rencontre avec de belles âmes dans un univers qui ne nous est pas familier , celui des lacs gelés, de la taïga, des aurores boréales et des forêts infinies .
Max vit son aventure dans les territoires du Grand nord Canadien au rythme des 3 longs mois de nuits polaires et de ses liaisons avec son avion taxi pour relier et approvisionner les villages isolés. Il va découvrir la sagesse indienne , incarnée par Rosa avec laquelle il va vivre une magnifique histoire d'amour. On vibre avec eux lorsqu'ils se retrouvent en grand danger face à un troupeau dévastateur de bisons. On se réchauffe avec eux auprès du feu au milieu des forêts gelées. de quelles ressources disposent -ils pour affronter par -45* -50* l'omniprésence du danger et la peur ? Frison- Roche nous livre quelques clés: Lorsque l'on se sent à sa place, juste là où l'on est, non pas par volonté mais juste animé (e) par une pulsion de vie originelle qu'il faut savoir retrouver en soi. Max et Rosa sont allés jusqu'au bout de cette expérience malgré le prix tragique à payer.
Désormais, toutes les épreuves de la vie traversées par Max garderont cette mémoire de la "juste place". Sa décision de partir puis de revenir illustre son chemin à parcourir pour découvrir humblement là où peut s'épanouir son humanité.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Ils volaient depuis deux heures et avaient dépassé Hay River, lorsque le ciel subitement sembla se désintégrer. Il se déchirait en traînées lumineuses qui s'effilochaient, puis se reformaient en rideaux scintillants de pierreries – mauves, dorées, violettes –, en somptueuses robes de féerie, en traînes impériales de velours amarante, et ces draperies, qui s'accrochaient très haut, dans le cosmos, aux myriades d'étoiles et de planètes, semblaient parfois issues des nébuleuses puis tout à coup flotter sur la terre comme si au contraire elles émanaient des sources mêmes du magma. Désormais on pouvait distinguer tous les détails du relief, la plaine sans fin des eaux glacées du grand lac, les archipels couverts de forêts, les roches nues moutonnées qui entourent Yellowknife ; c'était un paysage grandiose, exaltant, que contemplait Bruno, haletant d'émotion. Une nuit de lumière.
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Dans le ciel les étoiles brillaient comme par les nuits les plus froides, des traînées laiteuses se formaient en franges, en écharpes multicolores dispersés par les vents, premières esquisses des aurores boréales qui dans un mois seraient leur seule lumière dans la longue nuit polaire.

Un loup en chasse hurla quelque part derrière eux, et à son cri répondit le gémissement de la louve. Rosa sourit, cet hiver elle reviendrait les chasser lorsque leur fourrure devenue d’un beau gris et bien fournie prendrait toute sa valeur. Max aimait beaucoup les peaux de loup. Chez eux, il y en avait un peu partout et les reflets argentés se mariaient bien avec la peau sombre de bison jetée sur leur lit.
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L’intérieur du bar était sombre, à peine éclairé par quelques lampes aux abat-jour foncés qui voilaient la moitié de la lumière. Il fallait quelques minutes pour que les yeux habitués à l’éblouissante lumière blanche du dehors se fassent à cette pénombre. Alors on découvrait une grande salle quadrangulaire, barrée dans le fond par un comptoir moderne clinquant de tous ses cuivres, et autour des tables une foule murmurante et bariolée de prospecteurs, de mineurs, d’Indiens, ingurgitant des quantités invraisemblables de bières. Et bien que certains eussent déjà sombré dans une ivresse caractérisée, le ton des voix ne montait pas. Les propos, qu’on échangeait comme des secrets, passaient de table en table, ricochaient, revenaient : gaudrioles, histoires de forage, drills, et toujours l’inévitable retour au grand rêve ! Chacun connaissait un coin secret de la forêt, qui contenait de l’or, il avait déposé un claim, mais chut… chacun savait bien que l’autre mentait, mais cela faisait partie du jeu. La vérité était que tous ces gens étaient venus ici chercher fortune, se ruinaient en recherches et en matériel, et puis échouaient comme ouvriers aux mines d’or de la grande compagnie dont l’exploitation était déjà déficitaire.
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Des loups en bandes tournaient autour des caribous sans que ceux-ci manifestent la moindre inquiétude ; les vieilles femelles qui dirigeaient la migration continuaient à tenir leur cap, traversant les plateaux, franchissant les rivières, remontant sur la toundra, et l'ensemble dessinait sur le relief comme un énorme reptile. Les loups se gardaient bien de pénétrer dans le grand troupeau. Ils se contentaient de harceler la migration, et parfois deux ou trois d'entre eux se rabattaient sur les trainards, ou sur un jeune que sa fantaisie et l'ignorance du danger avaient un instant écarté de ses congénères.
Alors le drame avait lieu, rapide et cruel : l'échine brisée, la gorge ouverte, le caribou agonisait encore, alors qu'il était déjà férocement dépecé.
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La bise de l'est venue du grand lac pénétrait toujours plus âpre et glaciale sous les arbres de la forêt. Rosa se dressa, jeta de nouvelles branches sur le foyer et vint s'accroupir devant les braises qui craquaient doucement, ouvrant des gueules pavées de rubis, laissant filtrer à travers leurs crevasses de minces filets de fumée bleuâtre. Maintenant le feu reprenait avec une ardeur nouvelle et Rosa contemplait , avec une joie toujours renouvelée, le mystère qui d'une branche sèche fait un éblouissement de formes et de beauté ; une flamme torturée, frémissante qui chuinte et pleure parfois comme un nouveau-né, puis lance des étincelles et se consume en une fumée bleue irréelle.
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Vidéo de Roger Frison-Roche
Interview de : Sophie Cuenot pour son livre : le roman de Chamonix
paru le 02 novembre 2023 aux Editions Paulsen
Interview réalisé à Chamonix par TVMOUNTAIN
Résumé du livre : À l'occasion des célébrations des Jeux de 1924, la réédition d'un livre de référence sur Chamonix, une passionnante fresque de plus de 1000 ans qui couvre les événements de la vallée jusqu'à aujourd'hui.
En 1786, la première ascension du mont Blanc inscrit Chamonix sur la carte du monde et amorce un essor touristique fabuleux qui dure toujours… Mais l'histoire de la vallée ne commence pas avec ce coup d'éclat. Sophie Cuenot en arpente les chemins millénaires en Chamoniarde curieuse et érudite. Cette seconde édition du Roman de Chamonix célèbre le centenaire des premiers Jeux d'hiver de 1924 avec un nouveau chapitre consacré à l'événement, enthousiaste, joyeux et porteur d'avenir pour la ville. Aujourd'hui, Chamonix a toujours les yeux tournés vers le mont Blanc, mais les effets spectaculaires du réchauffement climatique se sont invités dans le paysage et les alpinistes s'efforcent d'inventer de nouvelles manières d'arpenter la montagne.
Bio de l'auteur : Sophie Cuenot est chamoniarde d'origine et vit désormais près de Grenoble. Après avoir été journaliste à Radio France, elle a choisi de se consacrer à l'écriture et a déjà publié deux ouvrages chez Guérin: Paris camp de base et Petzl, la promesse des profondeurs. Elle est également l'auteure du film La piste Frison-Roche, réalisé par Arthur Chays. Elle est actuellement assistante de programmation pour plusieurs festivals de films de montagne.
#guerin #livres #montagne #chamonix #textes&images
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