Elle fut lancée comme une fronde dans le mur presque vertical qui continuait les pentes douces du début, elle eut le temps de voir une zone de discontinuité dans l'étendue de la neige; sur un large espace la glace noire brillait, puis, plus bas, le névé reprenait pour se terminer par une langue concave qui se glissait au milieu d'un chaos d'éboulis. Quand elle compris son erreur, il était trop tard! Elle était perdue! Sa glissade, d'abord volontaire, mais maintenant incontrolable, la jetait littéralement dans le vide de la face nord - près de trois cents mètres d'une inclinaison excessive!
Si le guide Zian Mappaz a accepté cette course folle, fatale, n'était-ce pas par désarroi, parce-que l'absence de sa femme se prolongeait ? Ainsi pensent les chamoniards...
Or, Brigitte Mappaz, la parisienne, l'étrangère, est de retour. Elle a voulu que son enfant naisse dans le village de Zian. L'homme qui lui a révélé toute la splendeur de la montagne.
Visages hostiles, portes qui se ferment, voilà ce qu'affronte Brigitte.
Un fils naît...et, pour lui, elle doit lutter, trouver du travail. Elle réussit enfin à trouver la garde d'un refuge à flanc de montagne. Mais elle veut plus : être reconnue, aimée par la petite communauté montagnarde.
Quel gage donner ? Quel exploit réaliser ?
De son refuge, elle aperçoit deux alpinistes en perdition, sur la paroi quasi verticale des grandes Jorasses....
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "J'ai Lu" en 1979)
Ils avaient des mines patibulaires, des figures rouges et barbues, des yeux menacés d'ophtalmie et des écorchures partout: aux mains, aux coudes, aux mollets, qui saillaient à travers les bas de laine déchirés. Leurs vêtements étaient en lambeaux, lacérés par l'escalade en crampons qu'ils avaient dû prolonger, et, brusquement, de se voir voir dans un pareil état ils se mirent tous à rire sans plus pouvoir parler.