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Elisabeth Cardonne (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080705914
246 pages
Flammarion (07/01/1993)
4/5   9 notes
Résumé :

" L'esprit de M. Fromentin tient un peu de la femme, juste autant qu'il faut pour ajouter une grâce à la force. Mais une faculté qui n'est certes pas féminine, et qu'il possède à un degré éminent est de saisir les parcelles du beau égarées sur la terre, de suivre le beau à la piste partout où il a pu se glisser à travers les trivialités de la nature déchue. Aussi il n'est pas diffi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Des bagages remplis de croquis et de notes ramenés d'Algérie, une mémoire sans pareille aux dires des contemporains et la tête tourneboulée par un pays dont il ignorait tout ont fait de l'indécis Fromentin ce qu'il est devenu : un peintre écrivain ou un écrivain peintre, c'est selon, reconnu comme l'un des chefs de file de l'orientalisme et demeurant malgré tout extraordinairement à part. Sa première découverte très courte d'environ un mois avec son ami Armand du Mesnil l'a conduit à Blidah en 1846. Durant son deuxième séjour de huit mois, l'année suivante, il pérégrine en compagnie de deux peintres entre Constantine, Biskra et les oasis environnantes. Son troisième et dernier voyage qu'il effectue tout jeune marié est le plus long (1852/1853) et scelle au retour sa réputation d'écrivain : Un Eté dans le Sahara paraît en feuilleton (novembre et décembre 1854 puis en volume en 1857). C'est le récit des trois mois passés dans le Sud saharien - à Laghouat en particulier – où Fromentin rêvait depuis longtemps s'aventurer et à l'issue desquels il dit adieu à l'Algérie. Une Année dans le Sahel est postérieur (paru en feuilleton en 1858, en volume en 1859) complète son cycle algérien en utilisant les souvenirs de ses premiers voyages. Ainsi du séjour à Mustapha d'Alger (première partie), de la description de Blidah (deuxième partie), de l'épisode de chasse au lac Haloula et de la fantasia de la troisième et dernière partie. Une subtile ellipse fait revivre mentalement l'épisode au Sahara entre la deuxième et la troisième partie.

L'Année dans le Sahel use de la même forme, un journal épistolaire, que L'Eté dans le Sahara. Forme qui prend le rythme des diligences et des lenteurs de l'acheminement des nouvelles et des hommes dans le pays algérien du milieu du XIXe siècle, alors que les Français progressent dans leur entreprise colonisatrice – aspect des choses dont l'évidence diffuse se fait aussi sentir pour qui consent à regarder l'Histoire d'un peu près et que des notes très précises éclairent dans cette édition. (Un massacre a précédé Fromentin lorsqu'il arrive à Laghouat en ruines en juin 1853. Silence oppressant d'une petite ville écrasée qu'il expose aussi plus tard dans un tableau de 1859 « Une rue à El Aghouat »). L'écrivain joue donc ici subtilement de sa plume. Il s' adresse au lecteur mais par le détour d'un ami jamais nommé, supposé resté en France mais avec qui il aurait déjà parcouru l'Algérie. Evoquant des souvenirs communs, il parle de ses rencontres, du pays qu'il traverse, de ses paysages et des hommes d'Algérie, d'art et de quelques ambitions. L'explorateur et aventureux Vandell (son exact inverse) devient son compagnon de route. Les souvenirs rétrospectifs evoqués pour son ami parlent d'aujourd'hui mais pour servir aussi un fil narratif où une femme bientôt entre en jeu. Le dispositif dégage une authentique nostalgie et un certain lyrisme. Les réflexions disséminées dans les pages finissent par interroger sur le sens réel de ce voyage tant l'approche de Fromentin qui se dit sédentaire dans l'âme est particulière. Avec Vandell et Haoûa, femme mystérieuse rencontrée à Alger, dans la première partie, ils forment un trio intéressant vraiment insolite. C'est la jeune femme qui apporte son côté énigmatique au récit. Associée symboliquement à l'une des principales figures féminines du tableau de Delacroix qu'admire l'écrivain « Femme d'Alger dans leur appartement » (1834), elle permet également à Fromentin de livrer sa vision personnelle et très intérieure de l'orientalisme. Dans un siècle dominé par nombre de géants de la peinture et de la littérature Fromentin témoigne discrètement qu'il est possible d'exister à côté des grands puisqu'il est toujours réédité et lu aujourd'hui. La fin du voyage, bien que ou parce que tragique, est vraiment de toute beauté.
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Présenté sous forme épistolaire, ce récit de voyage publié en 1858 par l'écrivain et peintre orientaliste, fait la part belle aux traditions et paysages de ce pays visité et décrit respectueusement par l'auteur qui se lie avec ses habitants. Il a le mérite d'apporter une tentative d'explication au pourquoi en 130 ans de présence (abstraction faite de la relation colonisateur/ colonisé) en Algérie, les français n'ont pu s'unir aux algériens: "Pour nous, vivre, c'est nous modifier; pour les Arabes, exister, c'est durer. N'y eût-il entre les deux peuples que cette différence, c'en serait assez pour les empêcher de se comprendre".
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Un tres beau voyage avec l'auteur qui nous fait decouvrir l'afrique en sa compagnie et son style fait merveille pour ce genre de recit: une reussite !
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Connu pour ses talents de peintre, Eugène Fromentin l'est beaucoup moins pour ses qualités littéraires.Et c'est bien dommage.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mustapha, 5 novembre.
Tout est dans tout. Pourquoi le résumé des pays algériens ne tiendrait-il pas dans le petit espace encadré de ma fenêtre, et ne puis-je espérer voir le peuple arabe défiler sous mes yeux par la grande route ou dans les prairies qui bordent mon jardin ? Ici, comme à l'ordinaire, je trace un cercle autour de ma maison, je l'étends jusqu'où il faut pour que le monde entier soit à peu près contenu dans ses limites, et alors je me retire au fond de mon univers ; tout converge au centre que j'habite et l'imprévu vient m'y chercher. (p. 39)
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Beaucoup plus tolérants que les Arabes, les Juifs et les nègres permettent à leurs femmes de sortir sans voiles.
Quant aux négresses, ce sont comme les nègres, des êtres à part. Elles arpentent les rues lestement, d'un pas viril, ne bronchant jamais sous leur charge et marchant avec l'aplomb propre aux gens dont l'allure est aisée, le geste libre et le coeur à l'abri des tristesses. Elles ont beaucoup de gorge, le buste long, des reins énormes: la nature les a destinées à leurs doubles fonctions de nourrices et de bêtes de somme. - Anesse le jour, femme la nuit,- dit un proverbe local, qui s'applique aux négresses aussi justement qu'à la femme arabe. pp.30, 32 éd.Plon (12ème édition), 1909
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Pour nous, vivre, c'est nous modifier; pour les Arabes, exister, c'est durer. N'y eût-il entre les deux peuples que cette différence, c'en serait assez pour les empêcher de se comprendre.
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Ce qu'ils détestent, c'est notre voisinage, c'est à dire nous-mêmes; ce sont nos allures, nos coutumes, notre caractère, notre génie.(...) Ne pouvant nous exterminer, ils nous subissent.
p.22 éd. 1909 Plon
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Videos de Eugène Fromentin (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugène Fromentin
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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