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sur 1455 notes
À l'automne 1978, alors en troisième année à l'université de Missoula, Pete Fromm rencontre par hasard, lors d'un des ses nombreux entrainements de natation, une jeune fille avec qui il a passé un été, au parc national de Lake Mead dans le Nevada. Au cours de la discussion, elle mentionne sa rencontre avec un garde-forestier. Ce dernier propose à l'une de ses amies un boulot au Fish and Game de l'Idaho. Un emploi qui consiste à passer tout un hiver, seul dans les montagnes, à surveiller des oeufs de saumons. Cette amie se désistant, Pete voit là une aventure exaltante et une formidable histoire à raconter, ne se doutant pas un seul instant combien ces longs mois hivernaux allaient marquer son existence...

Une tente isolée de toute civilisation, surtout quand les chasseurs, aux mois les plus rudes, s'en vont. Des températures pouvant chuter jusqu'à -40°. Une seule occupation: jeter un oeil sur les saumons une fois par jour. de grands espaces, la plupart recouverts de neige, à perte de vue. C'est ce qui attend Pete Fromm, et ce durant 7 mois. Après quelques moments de doute et d'incertitude, le jeune homme fera en sorte de savourer chaque instant. Véritable récit initiatique ancré en plein coeur d'une nature sauvage et rude, l'auteur nous livre ses aventures non sans un certain humour et une touche de naïveté. Il dépeint avec justesse et sincérité non seulement son quotidien, ses rares visites, son apprentissage, ses excursions, ses parties de chasse ou encore les Hommes, mais aussi ces Montagnes Rocheuses et cette nature grandiose et inhospitalière. Un récit intime, touchant, d'une simplicité rare et servi par une plume authentique et prenante.
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Petit je rêvais d'être un baroudeur, avec mon sac à dos, mon chien, ma bite et mon couteau, comme ils disent dans le métier…avec le couteau tu manges, avec ta bite tu pisses, parfois tu imagines, et souvent tu joues… du coup plus grand j'ai commencé par devenir un touriste, genre petite bite, voyage organisé avec plein de touristes comme moi…

Le truc c'est que les gens, quand tu leur parle de tes voyages, ils méprisent ta banalité, ouais la Thaïlande trop de touristes, ouais les Philippines trop de touristes, Bali trop de touristes, Croatie, Turquie, trop de touristes…

- Ah ouais et du coup tu pars ou toi ?

- Moi mec je vais camper dans le Morvan entre la pluie et l'averse, je vais me cailler les nuages qui se grisent au son du néant qui m'entoure, l'ivresse de la nature qui m'enlise jusqu'au genoux, je me perds dans l'oubli d'un monde boueux de médiocrité…

- OK bah moi je vais rincer ma déprime citadine sous le soleil brulant de désir de me cramer ma bêtise, avec mes shorts et mes tongs, et ma peau toute blanche, enduit d'une chaleur suffocante, j'emmerde le grand nord, et les aventuriers en tout genre, je dors dans des hôtels de petit luxe réservés à la classe moyenne, je me douche à l'eau chaude, je taquine la raie dans des draps propres, et je croise des tortues majestueuses qui brassent leur liberté dans les courants légers d'une mer claire et rassurante… moi bercé par le silence des bulles qui s'échappent de l'immensité qui m'enivre, puis je remonte mon sourire à la lumière d'une chance inouï : celui de vivre un peu de mes rêves… dans l'ivresse des profondeurs...

Alors oui la route est tracée et banalisée, mais tout aussi passionnante…

Et notre héros lui, il vit un rêve d'enfant, le grand frisson dans le grand froid, un récit qui ne se la raconte pas, sans branlette, fait trop froid pour se tripoter, alors voilà le gars se retrouve avec sa solitude, sa routine, ses compagnons de chasse, ses doutes, ses peurs… il neige, il motoneige, il cuisine, il chasse, il dort, il se pèle le cul dans une galère qui le fait bander, libre comme l'air du grand nord...

Là bas, l'air est si pure que ça vous donnerait presque envie planter votre tente dans le salon, d'ouvrir les vélux en grand pour chasser le tigré de Sibérie qui court après cette souris synthétique que vous lui avez acheté pour Noël, et ainsi éviter qu'il émiette le reste du mobilier, putain ils sont deux les petits enculés, mais rien à faire, ils font une fixette sur le simili cuir tanné de mes chaises, alors vous traquez les bêtes sans relâche à travers votre appartement comme un trappeur des immenses terres du nord… mais déjà au bout de quelques minutes de caresses et de ronronnements intensifs, la fatigue vous gagne, alors emmitouflé dans votre duvet du soir naissant au coin de la télé crépitante, vous imaginez toutes ces femmes nues qui peuplent les terres arides de vos fantasmes, et cette femme presque inaccessible qui à peine effleurée s'évanouit de vos songes profonds pour s'envoler avec vos désirs les plus fous, ceux d'un vieux gosse qui rêvait d'être un baroudeur mais qui n'est en fait qu'un touriste… une petite bite quoi... manque plus que le couteau...

A plus les copains…
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J'ai honte mais sachez que je ne connaissais pas Pete Fromm avant d'être conquis par le désormais célèbre " Lac de nulle part " qui , je l'avoue m'a subjugué au point de " m' obliger " à m'intéresser aux autres ouvrages de cet auteur .
Me voici donc avec , entre les mains , un livre dans lequel , à la suite d'une décision d'abord enthousiaste, puis regrettée, enfin impossible à annuler , l'auteur va passer seul 7 mois en milieu hostile à surveiller un " bassin dont il devra assurer l'entretien pour permettre à ses occupants de se développer en toute quiétude..." . Je reste vague , très vague , mais sachez qu'en quelques minutes , la mission quotidienne est accomplie !!! Oui , mais que faire tout le reste de chaque journée d'un séjour solitaire qui n'en comprend pas moins de 200 ? Et bien , s'adapter , faire preuve d'ingéniosité, ne compter que sur soi même et se " fondre " dans cette nature hostile qui , avant de vous accepter , vous offre des épreuves dignes des plus pervers des bizutages de Grandes Écoles. ( Je déteste ces coutumes qui n'honorent pas l'intelligentsia de notre ...civilisation !!! ) . Seulement là , pas question d'analyser les faits , de les juger ou pas , il faut les affronter ...
S'immerger dans une nature aussi sauvage , c'est , pour le lecteur , endosser les vêtements ( ..) d'un Robinson Crusoe des montagnes rocheuses ...
Long ? 250 pages . Pas mal pour un homme seul perdu au milieu de nulle part . Mais c'est là que la magie opère : la plume de Pete Fromm. Incroyable .Sous sa plume , les mots viennent s'insérer dans le décor, nous faire pénétrer aussi dans les pensées du héros. Bref , comprenez le bien , ce livre véhicule tout ...sauf l'ennui . Que de beautés, que de réflexions, quelle initiation à la vie dans un autre monde et , malgré les réticences du début, quelle difficulté, au terme du contrat , de retourner dans le " monde ( dit ) civilisé. L'arrivée du printemps ...Je vous dis pas , je vous priverais d'une extraordinaire renaissance .
Voilà un roman à lire pour s'évader dans un milieu dont on n'imagine même pas la réalité. Lire ce roman , cet été, sur une plage bondée du Sud de la France , fera se lever de sa serviette ensablée ,le plus sensé des êtres humains et , " façon Georges Marchais " , vous risquez de l'entendre crier " Chérie, fais les valises , on part à Indian Creek ! " ( Je rejette toute révolte féminine quant à la préparation des valises , ça , c'était avant..même si c'était...) .
Je n'ai pas terminé, je vous l'assure , ma découverte des ouvrages de Pete Fromm . Vous comprendrez aisément que j'aimerais vous entraîner dans les traces de ses " raquettes " . J'ai adoré ce très beau roman initiatique mais ça, chers amies et amis , ce n'est que mon modeste point de vue .
A bientôt, bonnes vacances , je pars dans les grands espaces sauvages d'Indian Creek.....j'emporte des livres ...et seulement des livres ...
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Si on m 'avait dit qu'un jour , je partirai camper par moins trente- cinq degrés, dans l' Idaho, surveiller des oeufs de saumon , chasser, pêcher , blottie sur mon canapé ...
Après deux romans de Pete Fromm, j'ai décidé de récidiver avec un troisième, qui n'était , au départ, pas parti pour m'emballer et pourtant...

En 1978, alors qu'il entame sa troisième année d'université, le jeune Pete Fromm se voit proposer un job , grâce au désistement d'une amie d'amie. Sa mission, (s'il l'accepte ) sera de surveiller des oeufs de saumon. Et pour se faire, il logera dans une tente, au croisement de deux rivières, dans les montagnes. Le job , en lui- même n'est pas astreignant, il suffit de vérifier que la glace ne recouvre pas la totalité de l'eau, cela ne prend qu'une demi- heure par jour ( si j'ai tout compris...).
Non, le défi est ailleurs...
Températures, extrêmes, extrême solitude et dangers extrêmes...
Aucune âme à la ronde, à part quelques visites de chasseurs et celles, rapides et rares du Ranger...
Il y a bien un téléphone, mais il ne capte pas toujours...
Comment ce gamin de vingt ans, sans aucune expérience s' en est sorti sans aucun souci, c'est ça qui m'a épaté ! 6 livres pour 7 mois comme seules distractions, un peu de courrier et des ballades dans la neige avec son chien, et la chasse...
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde avec ce jeune homme qui vit une sacrée aventure. Quel mental , quelle personnalité ! Il est touchant car il se livre avec une totale sincérité : manque d'expérience, naïveté, erreurs, solitude , moments difficiles .
Mais aussi : énorme débrouillardise, gentillesse, courage, sociabilité, intelligence.
Et quelle expérience aussi, que de se replonger dans ses jeunes années, de retrouver un peu de la fougue de ses vingt ans !
Vertigineux...
Vertigineuse aussi, cette nature , dont il est le seul "locataire" : offerte, immense, sauvage, immaculée , silencieuse, jusqu'au printemps, qui voit revenir les touristes, les visiteurs , les " gâcheurs". Et avec lui, le retour à la "civilisation".
Le retour à sa (vraie) vie.
Indian Creek, comme une parenthèse enchantée...

Challenge Multi défis.
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Il est des propositions un peu folles que l'on pourrait accepter
sur un coup de tête, comme ça sans réfléchir,
parce qu'elles arrivent à un moment de sa vie
où l'on souhaite devancer son histoire, réinventer l'aventure !

C'est l'histoire de Pete Fromm qui accepte une mission :
Passer un hiver au coeur des montagnes Rocheuses de l'Idaho.
Sept mois en solitaire pour veiller sur des oeufs de saumon. Il va se retrouver seul face à que dalle dans une tente au milieu des bois, à parfois -40° et la neige comme tapis de sol. Ne sachant même pas couper du bois !
Il a vingt ans, est étudiant en biologie, citadin et fauché.
Il se cherche, s'enivre de récits de voyages d'aventuriers et ressent l'envie de vivre une aventure similaire, pouvoir réaliser quelque chose d'incroyable, avoir à le raconter un jour !
Il va écouter cette folie des grands espaces, l'âme des indiens et partir ...
Il m'intrigue, je suis curieuse de le voir relever ce défi. Alors je le suis. Je serai discrète jusqu'à n'être que l'ombre de sa chienne Boone ...
Il va très vite prendre conscience de son inexpérience.
Il ne sait rien, ne connait rien à la vie en forêt : il va tout apprendre, s'adapter à cette vie solitaire rustique.
Apprendre à couper du bois, briser la glace, cuisiner, chasser pour manger, se chauffer, jouer les Davy Crockett, se couvrir ...
Mais il apprend vite car il admet qu'il ne sait pas.
Il nous laisse à voir ses erreurs et ses peurs.
A l'automne, avant que la route ne soit fermée, bloquée par trop de neige, il fait connaissance avec les chasseurs, leurs histoires de chasse et de traques.
Quelques soirées bien arrosées, quelques bonnes tranches de viande et de rigolade, en compagnie de ces hommes soiffards et viandards mais chaleureux !
Et avec l'hiver, revient la mélancolie ...
Puis peu à peu il se sentira moins seul au coeur de cette solitude car émerveillé par cet univers d'une exceptionnelle beauté !
Il fait corps avec la nature. Cette nature hostile, rugueuse, l'hiver qui fige tout ... Mais elle sera sa plus belle découverte !
Il apprend le sens de l'eau en remontant la rivière, écoute son chant.
Au pays de l'hiver, il marche, il marche des miles et une nuit ... Enfoncé dans la neige, le froid aigre qui pique le visage, il observe fasciné la lune illuminant les crêtes, cette lumière spectrale, une éclipse de soleil et les animaux sauvages.

Ce récit est un véritable hymne aux grands espaces sauvages, une prise de conscience de la fragilité de l'homme face à cette environnement mais aussi sa capacité à s'adapter.
Pete Fromm conte avec humilité, autodérision : il ne se considère pas comme un héros mais un novice avec toute sa candeur.
J'ai aimé sa sobriété, sa délicatesse à me laisser m'imprégner, m'émerveiller sans remplir le silence par trop de mots, trop de qualificatifs ....
Il pose son regard sur cette expérience, son état d'esprit d'alors, une distance avec celui qu'il était.
La magie d'un instant est unique
La poésie qui s'en dégage, cette douce musique
Comme une première fois !
Qui ne se vit qu'une fois !
..........
Je perdrais l'eau de ma rivière

Si j'en parlais

Le caillou se refait poussière

Quand il lui plaît

Mais si ton âme s'appareille

À cause de mon peu de bruit

Navigue au coeur et à l'oreille

Arrive avant la fin des fruits
C'est le temps, c'est le temps

D'écouter la rivière

C'est le temps, c'est le temps

D'écouter cet oiseau

Tant qu'il reste de l'air dans l'air

Tant qu'il reste de l'eau dans l'eau
.......
Gilles Vigneault



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La montagne, ça vous gagne !

Quoi de plus naturel, pour ce fervent admirateur du mode de vie trappeur, que d'accepter, presque sur un coup de tête, de se couper volontairement de toute civilisation durant sept longs mois. Certains chassent le job d'été, Fromm aura eu la démarche inverse. Idéaliser un standard de vie n'induit pas d'en maîtriser tous les codes. de jeune citadin avide de fêtes et d'amitié à ermite rustique n'aspirant finalement à rien moins que de s'immerger corps et âme en cette nature inhospitalière qui lui aura souvent porté préjudice, ce mémorable parcours initiatique est fait de ce bois propre aux grands classiques de la littérature.

C'est l'hiver, rude l'hiver, dans les montagnes Rocheuses et ce boulot de surveillance des oeufs de saumons auquel il est affecté ne lui prenant que quelques minutes par jour, inutile de préciser que le temps restant lui laissera tout loisir d'appréhender la beauté sauvage des monts environnants et par là même de se découvrir des aptitudes et des ressources insoupçonnées.
Chasse, pêche, - non, pas tradition – solitude, froid, autant de délicates petites attentions propres à sa nouvelle situation, autant d'inusuels défis à relever en compagnie d'un être à l'amour aussi exclusif que vital, sa fidèle chienne Boone.

Récit grandiose, fondateur et bouleversant, véritable hymne à la liberté et aux immensités indomptées, Indian Creek est un concentré d'émotions, une expérience unique, qui par de nombreux aspects évoque une certaine quête du bonheur forgée dans l'individualisme, l'isolement et libérée de toute contrainte civilisée, à l'instar de l'infortuné Christopher Johnson McCandless dit " Alexander Supertramp ", pour finalement enfanter un être immaculé, une entité physique désormais connectée avec l'essentiel...

4.5/5
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L'été approchant, j'avais déjà prévu de boucler mes valises, mon but ultime : lézarder sur une plage de sable fin à l'ombre des palmiers, à regarder quelques culs bien alléchants prenant le soleil, à mater quelques naïades sortant de l'eau au bikini mouillé et transparent. M'enfiler des punchs cocos et m'enfiler des naïades. Et puis, je ne sais pas ce qu'il m'a pris… Un coup de soleil, j'ai lu une petite annonce dans le journal pour un job d'été, son but ultime : surveiller pendant plusieurs mois une rivière afin que les oeufs de saumon puissent survivre jusqu'à leurs éclosions. Passionnant. Enrichissant même. Je me vois déjà dans cette contrée sauvage et hostile, à chasser l'élan, à boire un mauvais whisky autour d'un feu de bois que j'ai allumé en frottant deux bâtons, pendant que les loups hurlent la mort de l'autre côté de la rivière. Je m'imagine déjà dessiner des mandalas sur la neige fraîche avec mon jet d'urine fumant de se tiédeur. Un petit coin de paradis, en somme, et côté boulot, cela consiste juste à casser la glace du bassin à têtards. 15 minutes de taf, 23 heures et quarante cinq minutes de glandouilles. Mais attention, pas n'importe quelle glandouille. du genre glandouille extrême où il n'y a strictement rien à faire, où l'on s'emmerde ferme, seul, absolument seul, terriblement seul, sans même un épisode de ma série préférée à mater, et j'abandonne l'idée de voir le cul des autochtones – là-bas, il n'y a que de vieux trappeurs grincheux ou de vieux chasseurs alcooliques. Tout juste si je peux écouter le vent s'engouffrer dans les pans de ma tente. Ah oui, j'avais oublié cette précision, ni maison, ni mobil-home cinq étoiles, camping sauvage dans une tente, chiotte mixte derrière le grand érable, lumière tamisée à la bougie où il manque juste une gonzesse pour se réchauffer le dard qui a tendance à rapetisser avec les températures s'engouffrant dans les négatifs. La solitude du solitaire.

Dans la vie, il faut faire les choix, genre tirer à pile ou face le sens de sa vie ou le chemin de ses études, ou tirer à la courte paille la serveuse blonde pas très futée mais que ses gros seins lui pardonnent tous ses défauts. Je ne me souviens plus pour quelle raison mes études se sont tournées vers la biologie animale, toujours est-il qu'un concours de circonstance aussi fortuit qu'une belette prise dans un de mes pièges me donne rendez-vous avec cette nature enneigée où le bruit de mes pas dans la neige étoufferait n'importe quel cri de jouissance d'une serveuse blonde aux gros seins. Mais je divague, la solitude ça force les hallucinations - à moins que cela soit le whisky frelaté – et mon esprit s'éparpille dans les cimes enneigées de ce territoire inexploré par l'âme humaine. D'ailleurs, faut-il être saint d'esprit pour aller s'enfermer dans cette immensité blanche alors que ton esprit s'hypnotise devant les seins de cette serveuse du Montana.

Traînasser. Dans les Rocheuses en plus. Putain, si c'est pas prendre son pied ça ! Partager son petit-déjeuner avec des lynx, manger du steak d'élan découpé au silex, décongeler des pancakes sous les aisselles. La vraie nature que je te raconte là. Sauvage en plus. La nuit est froide, elle est sauvage-age… Un hiver au coeur des Rocheuses, c'est long et c'est gelé – et pour les esprits détraqués, je ne me parle pas de mon sexe aussi dur que gelé et qui se réchaufferait bien à tes côtés, que tu sois serveuse ou pas. Faut que j'arrête de faire une fixation sur les serveuses et leur tour de poitrine, sinon tu vas penser que je suis un obsédé – alors que pas du tout.

Mais revenons à la réalité… Bien sûr tu auras deviné mon penchant et mes préférences estivales, alors, pendant qu'une brune épicée m'apporte un verre en s'agenouillant devant moi, j'envoie l'autre, celui avec sa petite bite et son couteau, l'ami Hugo partir au bord de la Selway-Bitterroot dans l'Idaho. Ça lui plait bien cette ambiance solitaire, seul dans le froid et la neige, - le froid ça lui donne moins de complexe - et pendant ce temps, je m'occupe de sa choupette…
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Ceci n'est pas un livre pour amateur de salade et de petit confort douillet ! C'est un peu sanglant la vie, l'hiver dans les montagnes de l'Idaho.

Je suis surprise de m'être laissée entraîner aussi facilement dans ce superbe et rude récit d'apprentissage de vie dans la nature. Si les histoires de Robinson qui s'adaptent à la vie sauvage sont généralement fascinantes, c'est qu'il doit rester quelques traces de notre passé de chasseur cueilleur dans la mémoire du plus citadin d'entre nous. On se demande en lisant ces sortes d'histoire si on aurait le courage de chasser ou pêcher pour vivre, d'aller couper du bois, de tanner une peau de lynx.

Pete Fromm est un merveilleux conteur. Il nous fait partager son expérience de "gardien d'oeufs de saumon" pendant tout un hiver qui représente aussi sa naissance comme écrivain. Ces 7 mois ont fait d'un étudiant indécis et pas très dégourdis avec un couteau suisse, un homme débrouillard observateur et passionné par sa région. La montagne comme université, en somme, on apprend plus sur soi et le monde en marchant dans la neige.

Le cadre est grandiose, et la solitude redoutable et déprimante du début de l'aventure le quitte pour des moments de contemplation et de communion intenses avec les éléments, la forêt, les animaux. Sa passion est communicative. On a envie comme lui que partent les véhicules pétaradants troublant la quiétude de la vallée de la Salway, retrouver le silence de l'hiver.

C'était magique, un très beau moment de lecture.

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Sans aucune expérience, mais la tête farcie des grands récits de trappeurs et autres aventuriers lus avec son colocataire, le jeune Pete Fromm, en troisième année d'études biologiques à l'université de Missoula (Montana), accepte une proposition de travail de la Fish and Game (Pêche et Chasse) de l'Idaho. Il s'agit de passer sept mois à Indian Creek dans les Rocheuses pour surveiller des oeufs de saumon. Une tâche simple a priori, mais c'est sans compter avec le climat hostile des lieux durant l'hiver : du vent, de la neige, toutes les routes bloquées, des températures qui tombent à -40 et pour seule compagnie une chienne, quatre livres et de très rares visites. Pete, naïf, inconscient, ne sait pas ce qui l'attend lorsqu'il s'installe dans la tente rudimentaire qui sera sa maison pendant ces longs mois. Et, les débuts sont difficiles. Puis finalement, le jeune homme trouve son rythme, découvre la montagne, la nature, la faune, la chasse, la pêche et ses capacités d'adaptation.

Magnifique roman d'apprentissage basé sur l'expérience hivernale qui a changé la vie de Pete Fromm, en 1978. D'étudiant fêtard il devient un véritable homme des bois, capable de couper son bois, de faire son pain, de chasser, de survivre tout simplement. On suit ses débuts laborieux, ses erreurs de débutant, ses moments de doute, son besoin irrépressible de rencontres et finalement son acclimatation à ses nouvelles conditions de vie, les moments de partage avec les chasseurs ou les gardes, ses petites victoires, ses promenades avec sa chienne la fidèle Boone, son goût nouveau pour la solitude.
C'est avec beaucoup d'humour que Pete Fromm raconte cette aventure hors norme qui a fait de lui un écrivain. On y sent son innocence, sa sincérité, une bonne dose d'auto-dérision et son amour de l'aventure, des grands espaces, de ce territoire sauvage dont il fut le seul habitant durant un hiver.
Un récit vivifiant, optimiste et intense. A lire, bien au chaud sous la couette.
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Pete Fromm nous raconte ici son séjour dans la vallée de Bitterroot, à la frontière entre l'Idaho et le Montana, de l'automne 1978 au printemps 1979.

Roman typique du nature writing, Indian Creek nous transporte au coeur des Rocheuses et nous donne à voir ce qui s'y passait lorsque les rangers des Eaux et Forêts retournaient à la civilisation et que la nature reprenait ses droits.
N'ayant pour seule occupation que la surveillance d'un bassin à bébés saumons, Pete Fromm part à la découverte de son environnement. La neige vient vite recouvrir toute végétation mais la vie animale se laisse voir à qui souhaite l'apprivoiser : élan, lynx, grouse...

La spécificité d'Indian Creek est sans doute de nous montrer un jeune homme qui se rêve trappeur mais qui n'a en réalité qu'une vague idée de ce qu'est la vie, seul en montagne. Pete Fromm ne se montre pas toujours sous son meilleur jour : un peu benêt et inconscient, accumulant les décisions inconsidérées, allant de déconvenues en humiliations face aux chasseurs aguerris. L'auteur n'hésite pas à se moquer gentiment de lui-même ; il ne manque pas d'humour !

J'ai apprécié le récit de ses chasses car Pete Fromm évolue beaucoup au cours de son passage dans les Rocheuses : d'une chasse pour passer le temps et s'entraîner, il se rend rapidement compte que retirer la vie à un être vivant n'est pas un acte anodin.
Il nous explique sa vie en solitaire : la cuisine, les marches, le besoin de voir du monde, le besoin de se retrouver seul...

Enfin, en bonne lectrice qui accumule des livres sur sa PAL, je n'ai pu m'empêcher de noter les nombreuses références littéraires que l'on retrouve au fil des pages : beaucoup de récits de trappeurs mais pas seulement. Indian Creek fût donc une très bonne découverte qui me laisse entrapercevoir tout un autre monde littéraire fort appétissant !
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