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Une enquête de Mario Conde tome 2 sur 10

François Gaudry (Traducteur)
EAN : 9782757810002
256 pages
Points (08/01/2009)
3.72/5   117 notes
Résumé :
Quand les vents de carême annonciateurs de l'infernal printemps cubain commencent à souffler, toutes les journées deviennent troublantes pour l'inspecteur Mario Conde. Il tombe amoureux d'une éblouissante saxophoniste, amateur de jazz, et enquête sur la mort d'une jeune professeur, enseignante dans le lycée dont l'inspecteur et ses amis gardent une si grande nostalgie.
Mario Conde pénètre alors dans un monde en pleine décomposition, où règnent l'arrivisme, le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Vents de carême est le second tome de la tétralogie intitulée Les quatre saisons de Leonardo Padura.

L'action se déroule à La Havane au printemps 1989 et on retrouve un Mario Conde encore plus proche de la dépression qu'aux premiers jours de l'année (voir Passé parfait et mon avis) :

"Je rêve que je pourrais rêver d'autres rêves heureux : construire quelque chose, avoir quelque chose, donner, recevoir, créer quelque chose : écrire.  Mais c'est un délire inutile pour qui vit ce qui est détruit. C'est pour cela que la solitude du policier est la plus redoutable des solitudes : c'est la compagnie de ses fantômes, de ses douleurs, de ses fautes... Si au moins une femme avec un saxophone pouvait composer une berceuse pour endormir le policier. Mais, silence !... La nuit est venue. Dehors le vent maudit ravage la terre." (P29)

Comme pour Passé parfait, je réitère ma mise en garde... Les livres de Leonardo Padura ne sont pas des romans policiers mais des chroniques de la vie cubaine.
Leonardo Padura est un "écrivain havanais, et donc cubain. Les particularités, les tribulations de l'histoire et de la vie cubaines sont sa nourriture artistique" (voir P11 - L'eau de toutes parts -  Leonardo Padura)

Et il y a beaucoup à dire sur La Havane :
"Henry Miller disait que Paris est comme une pute, mais La Havane est encore plus pute : elle ne s'offre qu'à ceux qui la payent avec de l'angoisse et de la douleur, et même ainsi elle ne se donne pas toute, même ainsi elle ne livre pas l'ultime intimité de ses entrailles." (P145)

Avec Vents de carême, l'écriture de Leonardo Padura s'est affirmée, la plume est devenue beaucoup plus poétique : un grand auteur est né !


Vents de carême de Leonardo Padura
Traduit par François Gaudry
GF : Éditions Métailié (indisponible au 18/01/2023)
Poche : Éditions Métailié
Poche : Éditions Points
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Quel plaisir de retrouver Mario Condé, ce flic déjà las d'une profession qu'il a choisit plus par défaut que par vocation.
Et double plaisir, avec l'écriture de Léonardo Padura qui donne vie à des personnages au combien attachants. Chez lui, on a souvent l'impression que l'enquête policière n'est qu'un prétexte, ce qui l'intéresse vraiment c'est l'instantané d'un pays, dont une majorité de ces habitants tente de survivre à un régime totalitaire. D'ailleurs Condé n'est pas dupe, il se méfie de sa hiérarchie et de l'âme humaine avec une forme de lassitude réjouissante. Heureusement, il y a les amis, notamment ce pauvre El Flaco, cloué dans un fauteuil roulant. le regard de Padura sur Cuba est désabusé, fataliste. « Vents de Carème » fait partie d'un cycle des quatre saisons envoutant. Laissez vous guider par ces vents (et par l'enquête policière tout de même), avec un peu de chance, vos narines sentiront les effluves du rhum. Et la nostalgie qui va avec, après plusieurs verres.
Santé.

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Un grand merci à Bookycooky pour m'avoir fait découvrir le versant « polar » du célèbre auteur cubain.

L'auteur de « Poussière dans le vent » ou de « l'homme qui aimait les chiens » a bâti un personnage de flic auquel on s'attache très vite, Mario Conde.

Dans « les vents de Carême », après une introduction de 15 pages qui rappelle que Leonardo Padura est d'abord un grand écrivain, on entre dans l'intrigue : une jeune femme – on découvrira bientôt qu'elle est professeure enseignante dans un lycée que Mario Conde connaît très bien – vient d'être découverte assassinée.
En parallèle Mario Conde rencontre une jeune femme dont il tombe raide amoureux en quelques minutes. Il ne sait pas grand-chose d'elle, si ce n'est que comme lui elle aime le jazz et joue du saxophone.

Commence alors un récit dans les ruses de Cuba où la drogue, les trafics en tout genre, et où le crime est roi. La vie au commissariat avec ses jalousies, ses bassesses, mais aussi ses coups de main entre collègues est rendue très palpable.

Mais ce n'est pas tout. Car contrairement à ses polars télévisuels dont on nous matraque à longueur de soirée, il s'agit ici aussi de nostalgie, et aussi de la force de l'amitié.

Autour de nombreuses bouteilles de rhum (bien sûr), avec une scène de sexe torride (bien sûr) l'auteur nous balade dans tous les sens du terme.
Et si on découvrira à la fin qui est l'auteur de ce meurtre stupide, ce n'est pas le principal.

On refermera « Vents de carême » avec une furieuse envie de lire une autre histoire de Mario Conde, un verre de rhum à la main, en écoutant un solo de Benny Carter, dont il est question dans ce livre, à moins qu'on ne préfère Charlie Parker ou John Coltrane – libre à vous – mais vite ! un nouveau Leonardo Padura sur ma table de chevet.
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Cap vers le sud, pour découvrir Cuba (et pour changer des polars nordiques…)

On ne connait souvent de Cuba que l'ami Fidel ou les plages, on oublie que cette île, à peine plus petite que l'Islande, compte plus d'habitants que la Suède (11 millions) !

Pour goûter l'atmosphère du pays, accompagnons le lieutenant Mario Condé à La Havane. Pendant cette enquête, il sera tiraillé entre la nostalgie du collège où il a étudié et un meurtre très actuel.

On pourra aussi être au fait de sa vie privée, ses amours et ses aventures sexuelles, ses amis d'enfance et les gueuletons qu'il déguste avec son ami le Flaco.

Un polar sans prétention, dans une ambiance différente…
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A l'image d'un Corto Maltesse se confondant avec son créateur Hugo Pratt, on pourrait presque s'attendre à croiser Mario Conde dans une pittoresque rue de la Havane, tant Leonardo Padura est parvenu à insuffler une certaine densité dans l'univers de cet emblématique enquêteur cubain, représentatif d'une génération désenchantée perdant toutes ses illusions révolutionnaires avec l'effondrement des pays du bloc de l'est qui sont à l'origine des privations frappant durement tout l'ensemble de la population cubaine. Il n'est d'ailleurs pas anodin que le cycle des quatre saisons se déroule en 1989, année marquante de ce déclin économique dont Leonardo Padura évoque les conséquences au travers du quotidien de ses personnages sans pourtant l'aborder de manière frontale avec un arc narratif tournant autour d'une affaire de corruption affectant une partie des policiers travaillant au commissariat où est affecté Mario Conde et qui n'est donc pas sans corrélation avec le climat social d'un pays ravagé par les privations. Débutant en hiver avec Passé Parfait, on retrouve donc Mario Conde au printemps avec Vents de Carême nous permettant de faire plus ample connaissance avec un policier cultivé qui se questionne au sujet de son engagement lui qui se remémore encore sa carrière d'écrivain avortée dans sa jeunesse avec une nouvelle censurée dans le journal de son lycée. C'est d'ailleurs une nouvelle fois autour de son ancien lycée que Mario Conde va enquêter à l'occasion de la mort terrible d'une enseignante retrouvée assassinée dans son appartement donnant l'occasion à cet enquêteur nostalgique de se pencher sur les brumes de son passé.

Annonciateurs d'un printemps agité, les vents de carême s'engouffrent dans les rues de la Havane depuis plusieurs jours en troublant l'esprit de ses insulaires dont le lieutenant Mario Conde tombant soudainement amoureux d'une splendide ingénieure, amatrice de jazz qui joue du saxophone à ses heures perdues. Quelque peu désoeuvré sur le plan professionnel, il se voit confier par le major Rangel, une enquête portant sur le meurtre sordide d'une professeur qui enseignait dans son ancien lycée, lui donnant ainsi l'occasion de se replonger dans la nostalgie de sa jeunesse tout en découvrant une structure en pleine décomposition où règne l'arrivisme et le trafic d'influence ainsi que toutes sortes de fraude, ceci jusqu'à mettre à jour un trafic de drogue qui pourrait devenir le mobile du crime. Jaloux de ses talents d'enquêteur, Mario Conde doit également se confronter à un collègue irascible qui semble vouloir le provoquer. Un conflit qui pourrait remettre en cause son engagement au sein d'une corporation dans laquelle il ne se reconnaît guère.

Avec une intrigue se déroulant à nouveau dans le contexte de l'ancien lycée de Mario Conde, tout comme c'était le cas pour Passé Parfait, il émane de Vents de Carême une sensation de déjà lu pour ce qui a trait notamment à cette nostalgie qui caractérise la personnalité de ce policier atypique qui ne cesse de s'interroger sur le sens de sa vie, au gré de digressions philosophiques qu'il partage avec son ami d'enfance le Flaco Carlos, en dégustant des plats mémorables concoctés par Josefina et arrosés de généreuses rasades de rhum que le Conde consomme plus que de raison. Avec ce second volume, c'est donc l'occasion pour Leonardo Padura de consolider les caractéristiques d'un personnage attachant qui au-delà de son apparence machiste, se révèle plus sensible qu'il n'y paraît comme le révèle sa relation avec Karina, une ingénieure aussi séduisante qu'émancipée, dont il tombe fou amoureux. Lors une telle relation, se déroulant en dehors du cadre de l'enquête, Leonardo Padura tend à doter son héros d'une vie sentimentale intense en lui conférant ainsi davantage d'épaisseur tout en évitant l'écueil du stéréotype de la femme fatale qui peuple les intrigues policières.

En enquêtant sur le meurtre de Lisette Núñez Delgado, une enseignante du lycée de la Víbora, Mario Conde retourne donc sur les lieux de son adolescence pour mettre à jour toute une série manipulations et d'incartades qui deviennent le reflet d'une société cubaine désemparée qui doit déjà recourir à quelques expédients pour survivre. Ainsi de victime encensée, Lisette Núñez Delgado devient l'incarnation de la fille d'édile combinarde, abusant de ses privilèges pour parvenir à ses fins ce qui la conduira à sa perte. On s'achemine ainsi sur une enquête assez classique, bien éloignée d'un ancrage social ou historique qui caractérise l'oeuvre de Leonardo Padura pour découvrir les entrelacs d'un trafic de drogue plutôt banal. On s'intéressera donc plutôt aux rapports particuliers qu'entretient Mario Conde avec la hiérarchie policière et ses collègues du commissariat dont l'animosité avec le lieutenant Fabricio qui ne supporte pas sa manière de travailler ainsi que ses relations privilégiées avec la major Rangel qui confie à son protégé les affaires sensibles. Pourtant les rapports entre Rangel et Conde se révèlent bien plus complexes et ambigus avec ce supérieur intègre qui décèle chez son subalterne un certain désappointement quant à sa carrière au sein de la police.

Ouvrage charnière du cycle des quatre saisons, Vents de Carême consolide donc les bases d'un héros peu commun et attachant qui va traverser l'oeuvre de Leonardo Padura sur l'ensemble d'une série composée de neuf romans passionnants reflétant les caractéristiques sociales de l'île de Cuba.

Leonardo Padura : Vents de Carême (Vientos de Cuaresma). Editions Métailié 2004. Traduit de l'espagnol (Cuba) par François Gaudry.

A lire en écoutant : Easy Living de George Benson. Album : The New Boss Guitar of George Benson. 1990 Fantasy, Inc.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Assis devant la mer, le Conde pensait de nouveau à l'étrange perfection du monde qui divisait l'espace pour rendre la vie plus complexe et plus équilibrée, et pour séparer en même temps les hommes et leurs pensées. À une époque, ces idées et cette fascination pour la mer tenaient au désir de voyager, de connaitre et de survoler les autres mondes dont il était séparé par l'eau - l'Alaska, avec ses explorateurs et leurs traineaux, l'Australie, la Bornéo de Sandokan - mais depuis de nombreuses années il s'était habitué à son destin d'homme ancré et sans vent favorable. Il se contentait de rêver, sachant que ce n'était qu'un rêve, qu'un jour il vivrait au bord de la mer dans une maison de bois et de tuiles exposée à l'odeur du sel. Dans cette maison propice il écrirait un livre, une histoire simple et émouvante sur l'amitié et l'amour, et consacrerait ses soirées, après la sieste, qui n'était pas négligée dans ses projets, sous la grande galerie ouverte aux brises et aux siroccos, à lancer quelques lignes à l'eau et à réfléchir, comme maintenant, les chevilles battues par les vagues, aux mystères de la mer.
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- Et qu'est-ce qui se passera si nous ne pouvons pas continuer ensemble?
Le Conde la regarde : il se demande pourquoi, après tant d'amour, elle peut imaginer une chose pareille. Mais lui-même n'a pas cessé d'y penser.
- Je ne veux même pas y penser. Je ne peux pas y penser, dit-il cependant. Karina... je crois que le destin de l'homme s'accomplit dans la recherche, non dans la découverte, bien que toute les découvertes paraissent le couronnement d'un effort : la Toison d'Or, l'Amérique, la théorie de la relativité... l'amour. Je préfère être un chercheur de l'éternel. Pas comme Jason ou Colomb qui sont morts pauvres et désenchantés après tant d'obstination. Plutôt un chercheur de l'Eldorado, de l'impossible. Pourvu que je ne te découvre jamais, Karina, protégée par un dragon, comme la vieille Toison. Ne me laisse pas t'attraper, Karina.
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Le Conde consulta sa montre : bientôt quatre heures, Karina ne l’appellerait jamais avant six heures. Est-ce qu’elle va m’appeler ? douta-t-il, et il avança contre le vent sans même jeter n coup d’œil à l’affiche du cinéma qui rouvrait ses portes après des réparations qui avaient duré dix ans.
Bien que son corps réclamât l’horizontalité du lit, les révolutions où tournoyaient ses pensées auraient rendu impossible l’inconscience du sommeil pour tromper l’attente. De toute façon une promenade en solitaire dans le quartier était un plaisir que le Conde s’octroyait régulièrement : dans cette géographie circonscrite étaient nés ses grands-parents, son père, ses oncles et lui-même, et déambuler sur cette Calzada qui avait tapissé le vieux chemin, par où transitaient vers la ville les meilleurs fruits des vergers du Sud, était un pèlerinage vers lui-même jusqu’aux limites qui appartenaient déjà à la mémoire de ses aînés.
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C'était le mercredi des Cendres et, avec la ponctualité de l'éternel, un vent aride et suffocant, comme envoyé directement du désert pour remémorer le sacrifice nécessaire du Messie, s'engouffra dans le quartier, soulevant les détritus et les angoisses.
Le sable des carrières et les vieilles haines se mêlèrent aux rancœurs, aux peurs et aux déchets débordant des poubelles, les dernières feuilles mortes de l'hiver s'envolèrent avec les émanations fétides de la tannerie et les oiseaux du printemps disparurent, comme s'ils avaient pressenti un tremblement de terre. L'après-midi se flétrit sous des nuées de poussière et respirer devint un exercice conscient et douloureux.
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- On dit souvent qu'enseigner est un art et il existe une littérature abondante sur l'éducation, et beaucoup de jolies phrases. Mais à vrai dire, une chose est la philosophie de l'enseignement, une autre le fait d'enseigner tous les jours pendant des années.
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