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Guillaume Faroult (Directeur de publication)Christophe Leribault (Directeur de publication)Guilhem Scherf (Directeur de publication)
EAN : 9782070130887
504 pages
Louvre éd. (09/12/2010)
3.5/5   4 notes
Résumé :

L’art du XVIIIe siècle est souvent perçu comme une marche progressive du petit goût rocaille vers un grand goût classique. Cette exposition souhaite, au contraire, mettre en lumière les différentes expériences qui, dans l’Europe entière, ont été menées pour renouveler les formes et les thèmes artistiques, entre 1720 et 1790. Dans cette quête, le regard sur l’antique est centra... >Voir plus
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Winckelmann est un antiquaire de stature européenne qui, une fois à Rome, peut mettre au service de sa science des dons d'historien et d'orateur longuement mûris à la lecture de Montesquieu et de Voltaire. Son Histoire de l'art chez les Anciens introduit une véritable révolution copernicienne dans la littérature artistique. Le point de vue privilégié par Winckelmann n'est plus celui de l'artiste et des divers paramètres poétiques et rhétoriques à l'intérieur desquels son talent devient fécond et sa production classique. Le thème hégélien de "la mort de l'Art" est présupposé dans ce changement radical d'optique. La supériorité de l'art grec classique, irrépétable à jamais, Winckelmann l'explique de l'extérieur par le climat, qui fit croître de superbes modèles d'humanité, et par la liberté, qui instaura une fertile émulation entre pairs. Toutes ces conditions d'apparition sont refusées aux spectateurs tardifs, mélancoliques, bannis de la liesse méditerranéenne, mais transportés hors d'eux-mêmes à la fois par la beauté sublime et disparue des modèles de l'art grec et par l'art suprême avec lequel les sculpteurs grecs, qui avaient ces modèles sous les yeux, en ont fixé pour notre mémoire les archétypes idéaux.
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Au cours des années 1760 -1770, un phénomène esthétique majeur prit corps dans le nord de l'Europe, en réaction contre l'impassible idéalité de l'esthétique antique prôné par Johann Joachim Winckelmann. Ainsi, en 1766, Gotthold Ephraim Lessing, dans un ouvrage publié à Berlin, Laokoon ou Des frontières des la peinture et de la poésie, attaquait le théoricien allemand, romain d'adoption, en critiquant l'absence de charge émotionnelle de l'intouchable statuaire antique. Dans ses Pensées sur l'imitation des oeuvres grecques en peinture et en sculture de 1755, Winckelmann avait exalté en effet la maîtrise des affects jusque dans la plus extrême douleur, maîtrise qui se lit sur les statues antiques et qu'incarne parfaitement, selon lui, le célèbre Laocoon, conservé au Vatican (fig. 147) : " Pareille âme se révèle sur le visage de Laocoon, pourtant dans la vive souffrance (...). Et pourtant c'est sans fureur sur son visage ni dans toute son attitude que s'exprime une telle douleur (...). Laocoon souffre, mais il souffre, comme, chez Sophocle, Philoctète : sa détresse pénètre dans notre âme, mais nous voudrions la supporter comme ce grand homme la supporte" (Winckelmann, 2005 (1), p. 38-39)
Lessing reprit et osa discuter ce passage célèbre en s'appuyant justement sur la tragédie de Sophocle Philoctète, citée par Winckelmann. A rebours de l'antiquaire, il insista sur l'hybris de la pièce, mettant en exergue les hurlements de douleur du héros dûment mis en scène par le dramaturge pour exprimer l'incurable souffrance de son personnage. En regard d'une telle intensité, la retenue des moyens plastiques de sculpture antique lui semblait un aveu de faiblesse. En bref, Lessing osait dénier à la sculpture antique la capacité de parvenir à l'intensité expressive de la poésie.
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Par ailleurs les arts visuels, comme la poésie, et comme le suprême modèle des uns et de l'autre, la nature, sont assujettis à la loi harmonique des convenances, internes et externes, qui devrait les prévenir de tomber aussi bien dans l'excès d'ornementation et de séduction que dans le désordre contraire, l'excès de sécheresse et de lourdeur, l'un et l'autre trahissant la nature. D'où la nécessité de combattre ces hérésies, qu'on les qualifie selon les époques de maniéristes, naturalistes, baroques, ou rocaille, pour ramener l'aiguille de la beauté au milieu, dans son orientation juste.
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Pour Boileau, ces maîtres étaient apparus dans les grands siècles de l'Antiquité gréco-latine, souche mère de la Renaissance du XVIe siècle qui avait fait de la Poétique d'Aristote la pierre angulaire de la théorie de la poésie et des arts européens. Pour Perrault, puisque le Grand Siècle français résume, contient et dépasse tous les précédents, y compris la Renaissance, les maîtres et modèles en langue française qui y on surgi, en poésie et dans les arts visuels, dans les sciences et dans les techniques, s'imposaient désormais à l'imitation et à l'émulation des Européens, sans faire de détour par les modèles antiques. Molière tenait lieu de Térence, Racine d'Euripide, et Le Brun de Raphaël.
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L'Angleterre, depuis l'iconoclasme du XVIe siècle, n'avait eu d'artistes que transplantés des Flandres. Ses rares amateurs d'art et mécènes avaient été Charles 1er et ses amis catholiques.L'Angleterre d'après 1688 est bien décidée à mettre fin à cette carence. Le comte de Shaftesbury, dans ses Characteristics (1711-1714), fait du goût pour les arts un trait légitime du gentleman moderne, et John Richardson, dans un recueil commenté d'oeuvres d'art conservées en Italie (1722), fait de ses nobles compatriotes des Anciens réapparus parmi les modernes, héritiers, par droit de nature, de la supériorité noble dans les arts : " Nulle nation sous le ciel ne ressemble autant que nous aux anciens Grecs et Romains. Il y a chez nous un port altier, une élévation de pensée, une grandeur dans le goût, un amour de la liberté et une droiture que nous héritons de nos ancêtres, et qui nous appartiennent au titre d'Anglais."
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Vidéo de Marc Fumaroli
Cette émission "Une Vie, une Œuvre", consacrée à Boèce, dans laquelle intervient Marc Fumaroli, est diffusée le 11 juillet 1991, sur France Culture, et réalisée par Françoise Estèbe et Isabelle Yhuel. Autres invités : Philippe Hoffman, Colette Lazam, André Miquel et Michel Onfray.
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