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EAN : 9782213624839
634 pages
Fayard (18/03/2009)
3.5/5   4 notes
Résumé :

Quelqu'un, un beau matin, se réveille en pleine rue et s'aperçoit que les images publicitaires qui prolifèrent autour de lui et qui lui ont toujours semblé innocentes, ne le sont pas autant que cela. Et si les hommes ressemblaient à l'image qu'ils se donnent d'eux-mêmes ? Ainsi commence, par ce déclic apparemment infime, un sinueux voyage dans le temps et dans l'espace, à partir de deux bases de départ successi... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il y a dans la notion latine d'otium la même ambivalence du tout au rien, de l'être au non être, que dans la notion d'imago. L'otium peut être un usage inerte et ignoble du temps, ou bien le plus noble de ces usages, la vie contemplative. L'imago, l'objet du sens et de la vue, peut n'être qu'un faux objet, un fantôme, un songe trompeur, une vaine apparence, une apparition, un simulacre, une copie dégradée, mais aussi la représentation fidèle, le portrait, le double vraisemblable dans le miroir qu'offre l'oeuvre d'art de l'objet absent ou abstrait, ancêtre mort, être aimé disparu ou éloigné, paysage, drame. Selon l'usage que l'on fait du temps, le regard et l'image changent du tout au tout. Ils passent de la futilité du regard suspendu aux simulacres qui défilent devant lui, à l'arrêt du regard sur une forme qui sait tout ou qui sait beaucoup sur son modèle. Entre image icône et image idole, entre image mirage et image oeuvre d'art durable, s'impose la même différence qu'entre l'inertie et la passivité paresseuses, et le repos actif de l'oeuvrer et du lire à loisir. Deux entames incompatibles du temps que le regard se donne, ou se refuse, pour choisir ou subir les images qui comblent ou qui leurrent son désir de voir, de savoir, de goûter ce qui lui manque. La langue et la poésie latine en savent autant que Proust sur ce qui sépare la culture de l'âme de la culture de consommation et sur la conversion du Narcisse hâtif, prisonnier de son vain reflet qu'il prend pour un autre, en Narcisse prenant son temps et découvrant dans son propre portrait sur l'eau le secret de sa propre fugacité et mortalité.
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(Art contemporain). Le rusé concept d'"appropriation", qui transforme le ready-made selon Marcel Duchamp en une prédation générale et effrénée, par l'"Art pop", des images de la pop culture commerciale et publicitaire américaine, a dès lors rétabli une hiérarchie féodale féroce entre les "artistes" cloneurs, promis à la gloire et à l'argent, sacrés par le musée ou la galerie malgré leurs plagiats de coucous, et les artisans de la caméra tels que Jim Krantz, demeurés dans l'obscur circuit du design publicitaire, privés d'une image glamour et pillés sans remords par les compères de l'"Art contemporain". La hiérarchie est encore plus féroce entre ces mêmes "artistes" et les techniciens anonymes chargés d'usiner pour eux à la chaîne, dans des ateliers high tech (qui ne font l'objet, et pour cause, d'aucun reportage ni d'aucune publicité, sinon posthume), les "concepts" de ces mêmes "artistes" qui ne se salissent pas les mains.

p. 118, "Le clonage de photographies, stade suprême de l'"Art contemporain".
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En Europe, le passé ne passe pas si aisément. Il est ancien, multiple, splendide, douloureux. Un poids jugé trop lourd, on nous le répète de toutes parts. Un poids de trop, comme si la parole du passé pouvait alourdir les montagnes que nous avons à déplacer. Nous ne manquons pas de petits Mao pour s'employer, aux points stratégiques, à faire taire cette importune. On veut ignorer que le propre d'un tel passé surabondant est de se réduire de lui-même, de déposer ce qu'il a consommé et de filtrer ce qui, en lui, est durable et fécond : la beauté. Il n'est pas nécessaire d'accélérer la critique du temps. Les figures, les oeuvres, les objets qui lui ont survécu sont à même d'asseoir la demeure symbolique que les modernes, passagers impatients et désorientés, souhaitent, au fond, habiter et édifier sans toujours le savoir. A l'Europe, que je vais bientôt regagner, de se les réapproprier, au terme d'un siècle de démesure, et d'y trouver un équilibre entre mouvement et repos, histoire et mémoire.

p. 291
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La galerie (new-yorkaise Gagosian) tente en vain, cet hiver, de me faire reconnaître une grandeur abstraite à de gigantesques toiles récentes de Cy Twombly, plus que jamais frappées des mêmes impacts ruisselants et des mêmes graffiti et gribouillages s'effaçant eux-mêmes, inspirés depuis un demi-siècle par une "créativité" infatigable qui confine à la rage de souiller le visible et de rendre illisible le lisible. Qu'importe mon indifférence idiote envers cet exhibitionniste impénitent ? Gagosian a vendu récemment l'une de ces toiles cinq millions de dollars.

p. 132
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Le dérèglement rimbaldien "de tous les sens", amplifié par la génération de Breton en subversion générale de la perception normale au profit d'une libération poétique du regard enchaîné, était aux yeux des surréalistes le fourrier de la révolution appelée à libérer le monde du joug bourgeois et de ses institutions mortifères. Un extraordinaire idéalisme démocratique exaltait ces égotistes dédaigneux de "générosités vulgaires". Une Histoire qui rit sous cape a voulu qu'ils devinssent, malgré eux, les fourriers de l'industrie de la publicité, du luxe et de l'entertainment de masse dont l'Amérique a inventé le marché et à laquelle elle s'est employée à convertir le monde entier.

p. 389
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Vidéo de Marc Fumaroli
Cette émission "Une Vie, une Œuvre", consacrée à Boèce, dans laquelle intervient Marc Fumaroli, est diffusée le 11 juillet 1991, sur France Culture, et réalisée par Françoise Estèbe et Isabelle Yhuel. Autres invités : Philippe Hoffman, Colette Lazam, André Miquel et Michel Onfray.
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