AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246252344
127 pages
Grasset (21/01/2004)
3.76/5   161 notes
Résumé :
Bien des années après la paix des braves, le vieux colonel attend au village, par le courrier hebdomadaire, des nouvelles d'ancien combattant dont la promesse s'est perdue dans les labyrinthes administratifs de la vie civile. Il crève de faim auprès de sa compagne asthmatique, nourrissant sa vaine attente de nostalgies d'action clandestine et des victoires à venir de son coq de combat, dépositaire de ses ultimes espérances. Faudra-t-il, en désespoir de cause, manger... >Voir plus
Que lire après Pas de lettre pour le colonelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 161 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
Toute ma sympathie pour le colonel. Je ne peux m'empecher de penser qu'avoir pitie serait percu par lui comme une insulte. Il enveloppe sa misere presente de la dignite du heros d'une guerre oubliee, qu'il a ete. Et il attend la pension qui lui a ete promise, qui lui est due, et qui n'arrivera jamais. D'autres que lui l'ont recue, grace a des appuis politiques que lui n'a pas, qu'il n'a jamais pu se rabaisser a demander. Son attente de la lettre qui lui annoncera la bonne nouvelle tient plus de l'entetement que de l'espoir.


Dire qu'il vit pauvrement serait embellir la realite. Il n'a pour tout bien qu'un coq, un coq de lutte qui appartenait a son fils decede. Il pourrait le vendre, pour une somme qui les sustenterait, lui et sa femme malade, quelques semaines ou quelques mois. Il ne le fait pas, il ne le peut pas, par respect pour la memoire de son fils et peut-etre par peche d'orgueuil. Et vite apparait le dilemme: nourrir le coq ou se nourrir soi-meme.
La fin de cette nouvelle est fatalement prevue d'avance (chronique d'une mort annoncee?): a la question de sa femme "et maintenant, qu'allons nous manger?" il repond, grossier et fatidiquement serein, "de la merde". le colonel meurt mais ne se rend pas.


Cette nouvelle de Garcia Marquez, une des premieres qu'il ait publie (la premiere?), est empreinte a mon avis d'une acerbe critique des societes latino-americaines et de leur gouvernance. Sans les fioritures stylistiques du realisme magique qui caracteriseront beaucoup de ses oeuvres plus tardives. Cela accentue sa tristesse. Il n'y a pas d'expectative. Soeur Anne ne verra rien venir. le facteur ne sonnera ni une fois ni deux fois, il ne fera que se gausser. Pas le lecteur. Garcia Marquez reussit a eveiller toute l'empathie du lecteur envers la superbe fierte de cet homme berne, trahi par sa societe. Mes hommages, colonel.


P.S. A tous ceux pour qui Cent ans de solitude semblait durer un siècle je conseille cette nouvelle. Il y est aussi question d'une certaine solitude, mais d'un unique personnage, et quelques decennies seulement.
Commenter  J’apprécie          593
Un livre sur l'attente, une attente si longue qu'elle en devient absurde, ce n'est pas si original. Dans ce cas, tout est dans le ton, l'art de raconter.
Gabriel Garcia Marquez, jeune journaliste à Paris se retrouvant soudain sans rien suite à la dictature colombienne, aurait été inspiré par sa situation financière préoccupante. le voilà donc à écrire sur un vieux colonel et sa femme asthmatique, dont le fils a été assassiné quelques mois plus tôt. Celui-ci leur a laissé comme seul héritage un magnifique coq de combat qui mange le peu d'argent qu'il leur reste en grains de maïs. C'est que dans quelques mois, quand les combats de coq reprendront, ce coq vaudra son pesant d'or, et cette somme permettra au vieux couple de survivre en attendant que cette fameuse lettre, accompagnée d'une pension d'ancien combattant, finisse par arriver avec le courrier du vendredi matin. Seulement voilà, ça fait vingt-cinq ans que le colonel, tous les vendredis, attend l'arrivée du bateau qui apporte le courrier, vingt-cinq ans qu'"il n'y a rien pour la colonel" et sa femme, qui ne sait plus comment accommoder les plats avec les restes - même les grains de maïs du coq y passent - sa femme donc ne supporte plus ce coq qui pourrait leur apporter de l'argent tout de suite.
Ce petit roman est l'un des premiers publiés par Garcia Marquez mais la plume est sûre, juste et sarcastique juste comme il faut. le couple est très attachant, amoureux, faible et plein de ressources.
Commenter  J’apprécie          301
Roman écrit en 1957, peu après la fin de la Guerre Civile colombienne qui a déchiré le pays pendant presque 20 ans et a vu s'installer une dictature de droite.

Le colonel, vieil homme malade qui sent pousser des champignons dans ses entrailles tous les mois d'octobre, est plongé dans la misère par une pension militaire qui n'arrive jamais et le décès de son fils alors qu'il distribuait des tracts.

Tous les vendredis il va guetter le bateau chargé d'un courrier qui ne lui est jamais adressé et rentre retrouver sa femme, s'occuper du coq de combat qu'il a hérité à la mort de son fils. Ce coq, qui pourrait les soulager de leur pauvreté s'il gagnait des combats, est seul à profiter des maigres ressources du couple.

Le temps s'écoule au rythme nonchalant de la pauvreté, des écrits transmis clandestinement et des habitudes du vieux couple.

Dans ce court roman on voit déjà apparaître la plume poétique de Garcia Marquez avec l'amertume et la tristesse qui se dégagent de tous ses livres.

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE PYRAMIDE VI - Halloween 2020
Commenter  J’apprécie          220
Gabriel Garcia Marquez est un écrivain colombien que je connais même si je l'ai peu lu jusque-là. C'est sans doute en raison de son prix Nobel de littérature obtenu en 1982, de son engagement et des nombreux articles le concernant, lui et son oeuvre.
J'ai donc ouvert ce court roman intitulé "Pas de lettre pour le colonel" avec beaucoup d'intérêt. le titre est explicite puisqu'il s'agit d'une vie d'attente. Celle d'un homme âgé qui s'est engagé jeune pour son pays en participant à la guerre civile et qui attend toujours une pension de guerre pour vivre décemment. Aujourd'hui, alors qu'il est vieux, que sa femme souffre d'asthme et que son fils activiste politique vient d'être tué par les militaires pour avoir distribué des tracts interdits, il croit encore à l'arrivée du courrier de l'administration lui annonçant son dû. Il refuse de baisser les bras alors que le couple n'a plus rien à manger. Seul le coq de combat que lui a laissé son fils semble lui donner espoir de gagner un peu d'argent. Seulement voilà, il faut le nourrir et le colonel et sa femme non plus rien. La dignité ne se mange pas.
Gabriel Garcia Marquez sait faire peser cette attente sur le lecteur. On a du mal à comprendre l'obstination du colonel et je trouve que le plus beau personnage est celui de sa femme. C'est elle qui a raison et pourtant c'est lui, le colonel, qui décide. À travers des personnages forts on retrouve une société patriarcale avec un coq comme enjeux pour ne pas mourir de faim.
Et puis, il y a la dimension politique en filigrane avec les jeunes du village, les amis de son fils mort pour avoir défendu ses idées et le médecin qui se bat dans l'ombre pour une démocratie à laquelle il aspire.
Si la fin est réaliste, je l'aurai aimée moins brutale.


Challenge Riquiqui 2021
Challenge XXème siècle 2021
Challenge Multi-défis 2021
Challenge Nobel illimité
Commenter  J’apprécie          160
Après la lecture du recueil de nouvelles Les Funérailles de la Grande Mémé, j'ai voulu continuer sur ma lancée et lire ce livre, que j'avais acheté en même temps. Je ne suis pas l'ordre chronologique puisque ce court roman est publié en 1961 et précède donc la célèbre nouvelle d'une petite année.
Ce roman avec son titre énigmatique, comme souvent chez Garcia Marquez me semble-t-il, ne fait pas partie de ses plus connus, et je n'en avais jamais entendu parler avant de le trouver sur les étagères de la bouquinerie en cette fin d'année scolaire.
Pourtant, j'ai beaucoup aimé cette lecture, son ironie mordante, son ton désabusé, sa chaleur écrasante. J'ai même plus aimé que Les Funérailles de la Grande Mémé, même si je dois avouer que la fin m'a parue un peu décevante, un peu en queue de poisson comme si l'auteur n'avait pas trop su comment mettre un point à cette histoire.
Il est bien pathétique ce colonel dont on ne saura pas le nom, qui a servi vaillamment son pays pendant les heures sombres de la Guerre des Mille jours entre 1899 et 1902, guerre qui aboutira à la sécession du Panama, et qui depuis attend que le gouvernement se souvienne de lui. Voilà quinze ans que tous les vendredis, qu'il pleuve ou qu'il vente, il se rend invariablement au bureau de poste pour savoir si le gouvernement a enfin accédé à sa demande pour le versement de sa pension. Quinze ans qu'il vivote dans son petit bourg, quinze ans qui ont vu partir beaucoup de meubles chez les riches du village pour pouvoir se nourrir, qui ont vu l'asthme de sa femme s'aggraver, qui ont vu son fils mourir dans des circonstances troubles. Quinze ans ramassées dans les quelques jours que dure ce roman, car toutes les semaines ont été celles de la même misère et de la même attente.

Tristesse et ironie mêlées, un livre beaucoup plus réaliste que le style qui fera quelques années plus tard la renommée de Gabriel Garcia Marquez. Un style plus classique, voire conventionnel donc, mais qui m'a beaucoup plu. Un roman accessible, qui montre une facette moins connue de cette grande figure colombienne, et il me semble que c'est là la marque d'un grand écrivain, quand ses écrits mineurs ou moins connus sont comme de petites pépites qui brillent de mille feux ou comme de petits bonbons acidulés qu'on ne peut s'empêcher de grignoter avec gourmandise.
Commenter  J’apprécie          140

Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Il se souvint de Macondo. Le colonel y avait attendu dix ans que se réalisent les promesses de Neerlandia. Dans la torpeur de la sieste, il avait vu arriver un train jaune et poussiéreux où étaient entassés, jusque sur le toit des wagons, une foule d'hommes, de femmes et d'animaux asphyxiés de chaleur. C'était la fièvre de la banane. En vingt-quatre heures, ils avaient transformé le village. "Je pars, avait alors dit le colonel. L'odeur de la banane me met les intestins en purée. " Il avait quitté Macondo au retour du train, le mercredi 27 juin 1906 à deux heures dix-huit de l'après-midi.
Commenter  J’apprécie          120
La semaine dernière, une femme est apparue au pied de mon lit, dit-elle. J’ai eu le courage de lui demander qui elle était et elle m’a répondu : “Je suis la femme qui est morte il y a douze ans dans cette chambre. ”
— La maison a été construite il y a à peine deux ans, dit le colonel.
— C’est comme ça, dit la femme. Ça veut dire que même les morts peuvent se tromper.
Commenter  J’apprécie          50
El coronel no leyó los titulares. Hizo un esfuerzo para reaccionar contra su estómago. «Desde que hay censura los periódicos no hablan sino de Europa», dijo. «Lo mejor será que los europeos se vengan para acá y que nosotros nos vayamos para Europa. Así sabrá todo el mundo lo que pasa en su respectivo país.»
—Para los europeos América del Sur es un hombre de bigotes, con una guitarra y un revólver —dijo el médico, riendo sobre el periódico
—. No entienden el problema.
Commenter  J’apprécie          20
Depuis qu'il y a la censure, les journaux ne parlent plus que de l'Europe, dit-il. Le mieux, ce serait que les Européens s'en viennent par ici et que nous, nous partions pour l'Europe. Comme ça, tout le monde saurait ce qui se passe dans son propre pays.
Commenter  J’apprécie          30
Un poco después de las siete sonaron en la torre las campanadas de la
censura cinematográfica. El padre Ángel utilizaba ese medio para divulgar la
calificación moral de la película de acuerdo con la lista clasificada que recibía
todos los meses por correo. La esposa del coronel contó doce campanadas.
—Mala para todos —dijo—. Hace como un año que las películas son malas
para todos.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Gabriel Garcia Marquez (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabriel Garcia Marquez
Troisième épisode de Dans les pages avec la romancière américaine Joyce Maynard. Elle est venue nous parler des livres qu'elle aime, de Gabriel Garcia Marquez, du Petit Prince et de musique.
Bon épisode !
"L'hôtel des oiseaux" est publié aux éditions Philippe Rey, Arthur Scanu à la réalisation
#librairie #joycemaynard #danslespages #millepages #books @editionsphilipperey1918
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
autres livres classés : littérature colombienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (406) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez

Comment s´appelle la famille dont l´histoire est contée dans le roman

Buenos Dias
Buendia
Bomdia
Banania

8 questions
678 lecteurs ont répondu
Thème : Cent ans de Solitude de Gabriel Garcia MarquezCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..