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EAN : 9782917689387
200 pages
Editions ActuSF (14/06/2012)
3.77/5   24 notes
Résumé :
Une brume grasse se lève sur le champ de bataille. Avec le stylet, Jog n'a pas son pareil pour trancher une phalange, pour cisailler les attaches d'une armure et dépecer un cadavre de son cercueil d'acier. Il agit avec une précision diabolique et ce, pour une seule raison : il respecte le chevalier. Depuis qu'il exerce ce métier, il n'a jamais oublié de murmurer une prière sur les corps qu'il allège. A l'image du chasseur qui rend hommage à son gibier, le pillard do... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime bien découvrir l'univers d'un auteur à travers un recueil de nouvelles. Ça ne marche pas toujours (exemple avec Chloé Chevalier et le recueil Fleurs au creux des ruines) mais parfois c'est une porte d'entrée avec un paillasson moelleux et une bonne odeur de feu de cheminée qui me poussent à franchir le Rubicon. Ça a marché avec Lionel Davoust, ça marche encore avec Mathieu Gaborit.

Ce petit recueil balaie en huit nouvelles toute l'étendue des imaginaires avec lesquels Gaborit s'est colleté. Certaines s'inscrivent dans ses cycles les plus célèbres – Les Crépusculaires ou les Chroniques des Féals – d'autres sont de purs one-shot. Certaines jouent dans les cours de fantasy, d'autres titillent le fantastique, orbitent autour du steampunk ou nous embarquent dans un opéra de l'espace. Bref il a touché à tout.

Intégrées à des cycles ou one-shot, l'auteur parvient à nous imprégner du décor avec assez de réussite pour que l'on se sente plongé dans un monde cohérent et compréhensible. Ses univers sont colorés, riches parfois à l'excès comme ces cathédrales baroques qui ne paient pas tant de mine à l'extérieur mais dont le moindre centimètre carré intérieur est saturé de couleurs et de formes. Ses histoires sont sérieuses et ne prêtent pas à rire car la situation est toujours grave, même le quotidien. Elles mettent en avant l'importance de l'effort, pour atteindre la magie ou pour simplement survivre.

Mes préférées ? Il y a « Aux frontières de Sienne » où la définition des frontières d'un duché dépend de la distance où le vent porte l'odeur de son duc défunt. Pour raison amoureuse, un homme tente d'influencer le phénomène avec beaucoup d'astuce. C'est un one-shot, c'est court et c'est superbe.
Il y a « le vitrail de Jouvence » qui n'est pas sans rapport, paraît-il, avec les Chroniques des Féals. Des villes luttent pour un vitrail aux propriétés magiques, mais c'est propriétés ont été volées par l'ajout dans la composition du verre d'un ingrédient… qui fait tout le sel de la fin. Construire un tel décor original et nous faire sentir sa cohérence en quelques pages est un vrai tour de force.
Et il y a « Songe Ophidien » qui s'inscrit dans Les Crépusculaires et nous conte l'histoire de la fille d'une famille de méduses (avec des serpents sur la tête) aristocrates qui sent ses serpents mourir car son être est attiré par une autre forme de magie. La magie présentée ici est très originale et difficile à manipuler.

Le livre se termine par une interview où Mathieu Gaborit se dévoile. Il est écrivain jardinier. Les plans, ce n'est pas pour lui. Il aime que la magie soit issue d'un travail, d'une manipulation de la matière. Il nous raconte les premières années de Mnémos avec Fabrice Colin, Stéphane Marsan et consort ; la description qu'il en fait rappelle Pigalle du début du XXème siècle. Il nous dit son dégoût de la religion organisée mais son attirance pour le sacré. Il est un roliste convaincu (mais qui ne l'est pas dans ce petit monde de l'imaginaire français? je me le demande).
C'est là que j'ai appris que Les Chroniques des Féals est probablement la série où il a le plus forcé sa nature, où il s'est éloigné de son côté jardinier. Tant pis, je me suis procuré la trilogie après avoir lu « le vitrail de Jouvence ».

On verra bien ce que ça donne.
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Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de vous pencher sur la bibliographie déjà bien fournie de Mathieu Gaborit, alors « D'une rive à l'autre » est fait pour vous ! le recueil constitue en effet une porte d'entrée idéale aux différents univers développés tout au long de sa carrière par l'auteur dont ont été réunis ici huit textes. Des textes certes non inédits (tous ont déjà fait l'objet de précédentes parutions dans diverses anthologies ou revues) mais sélectionnés avec soin dans le but de donner un aperçu le plus complet possible des nombreuses facettes de l'auteur. le recueil s'ouvre avec « Naissances », une nouvelle consacrée au jeu de rôle basé sur la trilogie « Chroniques des Féals ». de quoi donner une petite idée de la noirceur et de la complexité de cet univers dans lequel évolue ici une jeune femme bien décidée à empêcher le Néant de s'infiltrer dans le monde. La narration à la deuxième personne est originale et on est vite saisi par la poésie qui se dégage de la plume de l'auteur. On enchaîne avec « Aux frontières de Sienne », une nouvelle inspirée d'une légende birmane et consacrée à l'histoire d'amour contrariée d'un jeune homme et d'une ondine. Si le texte est un peu trop court pour que l'on puisse éprouver une véritable empathie pour les deux amants, l'idée sur laquelle se base le récit est en tout cas surprenante et la chute plutôt amusante. S'ensuit une nouvelle mettant en scène deux personnages plutôt discrets bien que cheminant depuis toujours dans le sillage des armées : une prostituée et un détrousseur de cadavres (« Étreinte de Babylone »). Cette fois la relation qu'entretiennent les protagonistes ne manque pas de susciter l'émotion du lecteur qui ne pourra qu'être sensible à l'ambiance à la fois inquiétante et envoûtante dans laquelle baigne le récit.

Le texte suivant nous plonge à nouveau dans l'univers des « Chroniques des Féals » mais l'atmosphère et les enjeux sont cette fois tout autre (« Le Vitrail de jouvence »). L'auteur y dévoile notamment une autre partie de son bestiaire ainsi qu'un aspect bien particulier de sa magie, envisagée ici selon une approche artisanale qui ne manque pas d'originalité. Là encore l'aperçu est bref mais les perspectives envisagées enflamment bien vite l'imagination du lecteur qui pourra difficilement rester de marbre face à l'évocation de la mystérieuse guilde des Phéniciers, des griffons gardant le royaume de Grif' ou de la fabuleuse bibliothèque d'Alandra. « Je t'en conjure, égare-toi au moins une fois dans ce labyrinthe. Loue les services des esprits-frappeurs dont on use pour tourner les pages, observe les centaures aux sabots recouverts de velours qui trottent dans les couloirs pour ranger les grimoires, admire les dryades qui utilisent leurs longs cheveux d'or pour relier les parchemins... » le recueil se poursuit avec l'une des nouvelles les plus longues mais aussi les plus réussies de l'ouvrage (« Songe ophidien ») . Elle est consacrée à l'un des personnages phares des « Crépusculaires » et nous fournit l'occasion de faire plus ample connaissance avec deux autres créatures : un danseur et une méduse. « Depuis toujours, les sifflements des serpents résonnaient avec ses pensées. Depuis peu, elle avait su discerner les modulations, les infimes variations qui différenciaient les reptiles. Comme toutes les petites méduses de son âge, elle avait alors baptisé chaque serpent, elle avait pu les reconnaître dans le miroir et les caresser en murmurant leur nom. » Là encore l'auteur se démarque par son originalité et la perspective de découvrir cette créature mythologique non pas en tant que monstre mais en tant que personnage à part entière m'a énormément plu.

Changement radical d'ambiance avec « Un passé trompeur », une nouvelle s'inscrivant clairement dans la mouvance steampunk qui semble avoir suffisamment intéressée l'auteur pour qu'il y consacre plusieurs romans (« Bohème », que je vous recommande, et « Confession d'un automate mangeur d'opium » écrit en collaboration avec Fabrice Colin). le récit est encore plus bref que les précédents et met en scène le monument le plus célèbre de notre capitale ici reconstruis des années après sa création et reconverti en vue d'une toute autre utilisation. Un petit texte agréable qui vaut essentiellement pour sa chute. La nouvelle suivante est sans aucune doute ma favorite (« Mime ») : Mathieu Gaborit y imagine une créature invisible des hommes mais capable d'aspirer chez eux toute envie, toute volonté créatrice. Ne reste plus de leur proie que des coquilles vides, des hommes ou des femmes se noyant dans un travail et une routine abrutissante, sans plus chercher à rêver ou à aimer. Un texte bouleversant qui s'interroge sur notre société et encourage le lecteur a prendre un peu de recul. Dernière du recueil, la nouvelle « Involution » relève quand à elle davantage de la science-fiction que de la fantasy et je dois avouer que cette histoire d'enfants ailés tout puissants ne m'a que peu passionnée. L'ouvrage offre en bonus une longue interview réalisée en 2012 par ActuSF dans laquelle l'auteur revient sur l'ensemble de sa carrière et présente chacune des nouvelles du recueil (je vous encourage d'ailleurs à lire cette interview avant votre lecture afin de bien saisir le contexte dans lequel ces différents textes ont été écris).

Avec « D'une rive à l'autre » Mathieu Gaborit signe un recueil épatant dont chaque nouvelle nous permet d'apprécier ce constitue la marque de fabrique et le charme de l'auteur : une ambiance sombre et souvent baroque, un bestiaire et une approche de la magie qui sortent de l'ordinaire, et surtout une plume dont se dégage une infinie poésie. Je ressors de ce recueil avec des envies de lecture plein la tête, aussi si vous avez des suggestions concernant la série par laquelle il vous semble préférable de débuter, je suis preneuse !
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Passionné par les jeux de rôle depuis très jeune, Mathieu Gaborit en joue, en conçoit et en rédige. C'est grâce à cela qu'il finit par se lancer dans l'écriture ; et c'est aussi dans cet univers de rôlistes qu'il rencontre un jeune éditeur qui accepte de publier son premier roman. Nous sommes en 1995 et voilà que paraît Souffre-Jour, le premier tome d'une trilogie aujourd'hui emblématique de sa bibliographie : Les Chroniques des Crépusculaires. Plus tard paraitront, entre autres, Les Chroniques des Féals, et Confessions d'un automate mangeur d'opium, roman fantastique co-écrit avec Fabrice Colin.

Ce recueil de nouvelles a la particularité de piocher dans la plupart des univers qu'il a créés. Pour moi qui découvre Matthieu Gaborit, ce fut une fenêtre ouverte sur la richesse de son imagination. J'ai été éblouie.

La première nouvelle, Naissances, est un coup de poing. Une femme – une inconnue – s'apprête à assassiner un mendiant dans la rue. Pour quelle raison voudrait-elle tuer un homme qui n'a pas d'histoire et plus d'avenir ? La protagoniste est complexe, fascinante et mystérieuse. La narration est particulière : elle se fait à la deuxième personne du singulier, rendant le texte encore plus immersif. le système de magie est très innovant : il se base sur la fusion humaine-animale, et l'ambiance générale, sombre et haletante, m'a enthousiasmée. En bref : tous les éléments sont pour me plaire.
Le seul problème (pour moi qui ne connais pas Les Crépusculaires), c'est que j'ai manqué de repères. Je n'ai compris plusieurs détails qu'après coup (comme l'explication de l'incarnation du Néant), je n'ai pas très bien saisi la fin et j'ai sans doute raté plusieurs références à l'oeuvre principale. Qu'importe ! Ça m'a donné envie de la découvrir…

Aux frontières de Sienne est beaucoup plus abordable – et moins noir. L'histoire se déroule dans un pays divisé en duchés, où la taille du domaine est définie par l'odeur des cadavres putréfiés (je vous jure que c'est moins noir). Luttes de pouvoirs, alliances et haines sont au rendez-vous lorsque le duc de Galidea vient à rendre l'âme, permettant ainsi au chambellan du roi d'exercer son autorité et de se distraire en regardant les amitiés des nobliaux se faire et se défaire. Le principe du découpage de territoire serait inspiré d'une légende birmane.
Ici, peu de référence à une autre oeuvre – si ce n'est l'apparition de quelques créatures, comme les Zéphirs et les naïades. Les personnages principaux sont intéressants et touchants, mais j'avoue avoir une petite préférence pour Also Malaga, le chambellan, un être délicieusement fourbe. le texte se suffit à lui-même, la conclusion est amusante malgré (ou à cause de) son côté glauque et décalé.

L'Étreinte de Babylone est une nouvelle magistrale qui m'a laissé une très forte impression. Voilà l'histoire d'un jeune détrousseur de cadavres et de sa belle et mystérieuse amante, prostituée de son métier. Cette jeune femme cache un secret si terrible qu'elle ne peut en parler à personne, et certainement pas à celui qui partage sa couche. C'est une histoire sombre et fascinante, morbide à souhait, et dont la chute a de quoi glacer le sang. J'ai beaucoup aimé le couple que forment Jog et Cassandria. Tous deux sont des protagonistes atypiques, surprenants, et le duo qu'ils forment sonne terriblement vrai. C'est un texte très efficace, mordant à souhait.

Le contexte du Vitrail de Jouvence fait partie d'une plus grande oeuvre – Les Chroniques des Féals – mais je n'ai pas été trop dépaysée. Le village de Steinghal est menacé par les hommes du seigneur de Castelnaut, son pire ennemi. Aucune aide n'est attendue, l'affrontement est imminent, et la première préoccupation du curé (personnage à travers les yeux duquel nous assistons à toute l'histoire) est de protéger le magnifique vitrail qui orne sa paroisse, qui cache un secret des plus surprenants. Mais voilà, Castelnaut a reçu un soutien extérieur pour son effort de guerre : des Phéniciers se sont joints à lui pour d'obscures raisons… Un petit détail m'a amusée à la lecture de cette oeuvre : les grands royaumes de ce monde sont réunis sous l'égide des créatures fantastiques. Les Chimériens dépendent des Chimères, les Licornéens sont réunis sous l'égide des Licornes, les Phéniciers veillent sur les Phénix, etc. Les peuples semblent même posséder certaines caractéristiques de leur emblème, si j'en crois les yeux rougeoyants des Phéniciers.
Et enfin c'est un huis-clos : la totalité de l'intrigue se déroule dans l'église de Steinghal. Je tiens à préciser que la chute est excellente, et les explications, délicieusement surprenantes !

Mais Songe ophidien est, selon moi, la plus aboutie de ces nouvelles. Elle a le mérite de posséder la richesse d'un univers qui ne se limite pas à elle-même, mais d'être en même temps tout à fait accessible ; de présenter des personnages nuancés et intéressants ainsi qu'un système de magie complexe et curieux. Encore une fois, Matthieu Gaborit s'inspire des légendes et revisite cette fois le mythe de la méduse. La petite Eyhide est très malade : les serpents qui lui servent de cheveux dépérissent lentement depuis qu'un lutin sorti d'un tableau l'a mise en contact avec une étrange petite créature magique. Pourquoi ? Pour quelle raison faudrait-il le taire à sa mère ? Qu'est-ce que cette dernière cache à sa fille ? Le texte ne fait qu'une trentaine de pages, et pourtant l'histoire est très complète et parfaitement achevée.
La conclusion, toutefois, m'a laissée sur ma faim. J'ai très envie de retrouver Eyhide et de savoir ce qu'il lui arrivera – une raison supplémentaire de lire Les Crépusculaires, décidément !

Un passé trompeur est le texte le plus court – et de loin –, mais non pas le moins intéressant. La chute est divine. Mathieu Gaborit quitte l'univers de la fantasy pour se glisser dans le steampunk. Des centaines d'années après notre ère, nos descendants retrouvent ce qui semblerait être la structure d'un vaisseau spatial particulièrement abouti et s'apprêtent à le faire décoller.

Mime, quant à lui, est peut-être l'histoire la plus glaçante de ce recueil. C'est une nouvelle fantastique qui prend place dans notre monde. On suit le parcours d'un employé de bureau tout ce qu'il y a de plus banal, dont le morne quotidien le vide de sa substance. Une critique de notre société déshumanisante qui fait vraiment froid dans le dos.

Involution, enfin, est un texte d'anticipation assez surprenant qui revisite le mythe d'Icare de façon très originale. C'est la conclusion du recueil, et elle s'achève sur une Apocalypse grandiose et démesurée. Le moins que je puisse dire, c'est que cela s'annonce brillant.

Un recueil bourré de bonnes découvertes, très bien agencé (je viens de me rendre compte que les différents textes suivent une logique chronologique).
En bref, D'une rive à l'autre m'a mis l'eau à la bouche. J'ai rajouté Mathieu Gaborit dans ma liste des auteurs à suivre et je croise les doigts pour que ses romans soient à la hauteur de ses nouvelles ! (Auquel cas, il serait mon prochain coup de coeur de l'année...)
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Un trop court recueil de nouvelles qui va enrichir les univers déjà ultra-riches des oeuvres de Mathieu Gaborit (Les Chroniques des Crépusculaires ainsi que Les Féals, et, on l'apprend plus tard un univers SF), mais pas que puisque l'auteur nous propose pas moins de 3 nouvelles ayant pour cadre le moyen-age, la fin du XIXème siècle et notre époque contemporaine.

A cela s'ajoute une longue interview (qu prend au final quasi 1/5 du recueil!) très intéressante notamment pour ceux qui découvrirait l'auteur. J'ai été particulièrement surpris du regard qu'il porte sur ses Féals. Cette trilogie, que je considère comme un quasi-sommet de son oeuvre, car il a (enfin?) réussi à allier une discipline d'écriture à son imagination sans limite, et bien lui n'y voit finalement qu'un carcan et l'oeuvre la moins "gaborienne qui soit".

Et quand j'ai dit recueil trop court, c''est parce que j'en voulais encore et encore ! Afin de compléter ces 3 petites merveilles:

-Naissance: Nouvelle qui démarre le recueil à cent à l'heure, la narration à la seconde personne est totalement immersive et haletante.

- Songe Ophidien : préquelle au Chronique des Crépusculaires où l'on retrouve Eyhide, l'enfant méduse dont les serpents sont malades.

- Mime: la nouvelle contemporaine dont le sujet ferait presque écho à "Naissance". Flippante à souhait, et qui donen forcément à penser au sujet lorsqu'on prend les transports en communs...

Et ces 3 excellentes nouvelles: Au frontière de Sienne, l'étreinte de Babylonne et le Vitrail de Jouvence

- Un passé trompeur est bien sympa mais tellement courte !

- Involutions m'a moins plu, mais j'ai toujours eu du mal avec la SF.

alors en résumé un excellent recueil de nouvelles qui permet avec bonheur de retrouver les univers riches, baroques et poétiques de Mathieu Gaborit.
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Dans Naissances, en rapport avec le jeu de rôle tiré de Les Chroniques des Féals, le combat d'une guerrière contre le Néant est narré à la deuxième personne du singulier. Elle bénéficie d'une symbiose pour tirer partie des aptitudes d'une araignée, d'un cheval et d'un faucon. Ce personnage armé d'une dague de glace est prometteur avec son rapport ambigu à l'oubli, son histoire de déterminisme social et d'infanticide.
Dans Aux frontières de Sienne, Also Malaga, chambellan du roi, est garant d'une tradition funéraire et géopolitique consistant, à la mort du duc, en la redéfinition des frontières de son territoire à la mesure de l'empuantissement de son cadavre. Lozio est amoureux de Soé, une Ondine, et espère que les limites du duché engloberont le ruisseau auprès duquel elle demeure.
Dans L'étreinte de Babylone, Jog, pillard de champs de bataille, écume les routes avec Cassandria, une prostituée officiant dans leur roulotte, vampires de richesses autour des massacres et pourvoyeurs des légions infernales.
Dans le vitrail de jouvence, Steinghal est un village assiégé par un seigneur voisin et son église brille par sa rosace exceptionnelle. le texte confronte le christianisme à un paganisme magique et mythique qui introduit Les Chroniques des Féals.
Dans Songe ophidien, Eyhide est une méduse de sept ans, elle est fiévreuse, les serpents sur sa tête sont malades. Un lutin sort d'un tableau pour la prévenir d'un danger, ce qui fait penser à La licorne de Julie, nouvelle de Peter S. Beagle. L'histoire aborde le déterminisme social et la liberté, introduisant Les Chroniques des Crépusculaires.
Dans Un passé trompeur, Mathieu Gaborit développe une plaisanterie uchronique et steampunk sur l'élan technologique et les messages du passé.
Dans Mime, des spectres traquent des humains à la vie réglée et terne, sans imagination ni liberté, pour étouffer leurs âmes.
Dans Involution, des enfants icariens munis d'ailes apparaissent sur Terre et développent des capacités psychokinétiques. L'expansion de l'humanité dans l'espace débute avec l'envoi de nefs colonisatrices, un icarien au centre de chacune d'entre elles. le texte montre l'arrogance humaine et dénonce la religion comme système de pouvoir par un culte.
Le recueil de nouvelles donne un bon aperçu des univers développés par Mathieu Gaborit, avec de très bonnes idées et une volonté de sortir de l'ordinaire, une magie omniprésente et des emprunts aux mythes antiques dans des mondes cohérents, des personnages très intéressants et une philosophie anticléricale dans une atmosphère pas si enfantine. L'entretien avec l'auteur montre bien sa passion pour la magie dans les arts et l'artisanat, et la similitude de son imaginaire avec celui de Serge Brussolo.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
20 juillet 2012
D’une Rive à l’Autre est un recueil qui comblera à la fois les connaisseurs de l’œuvre de Mathieu Gaborit et les novices.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Avec le stylet, Jog n'a pas son pareil pour trancher une phalange, pour cisailler les attaches d'une armure et dépecer un cadavre de son cercueil d'acier. Il agit avec une précision diabolique et ce, pour une seule raison : il respecte le chevalier. Depuis qu'il exerce ce métier, il n'a jamais oublié de murmurer une prière sur les corps qu'il allège. Les autres pillards ne comprennent pas ces honneurs rendus à des cadavres que l'on s'apprête à amputer. Jog, lui, est convaincu qu'il s'agit là d'un devoir sacré dont tous devraient s'acquitter. A l'image du chasseur qui rend hommage à son gibier, le pillard doit respecter celui qui l'enrichit.
("L’Étreinte de Babylone")
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Secousses. Premier arrêt et nouvelle bousculade. J'esquive une première vague de voyageurs mais ne parviens pas à éviter un adolescent qui me passe au travers. Une vague grimace sur son visage boutonneux. Il se sent sale, soudain. Et moi aussi. Je déteste passer "au travers". Sensations parasites, émotions résiduelles. L'empreinte de l'adolescent fait écran entre moi et la proie.
("Mime")
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Lorsqu'on était l'hôte d'un tableau et ce, quelle que soit sa qualité, il fallait en redouter la moindre altération. Avec l'expérience, on se faisait aux rhumatismes lorsque le tableau était trop exposé à l'humidité ou même aux entailles que provoquaient les craquelures d'une peinture vieillie, mais jamais on n'oubliait le risque de demeurer prisonnier d'un tableau.
("Songe Ophidien")
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Tu grimaces et tu frissonnes.
Puis, d'une pression légère, tu caresses une patte de l'araignée qui loge dans ton crâne. L'egrin a accompli la fusion il y a un an. Un instant sacré, infiniment douloureux, pivot de ton évolution. L'insecte n'était plus seulement une créature tolérée au sommet de ton crâne mais un ami intime, une présence indiscutable logée au cœur de tes pensées.
("Naissances")
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La loi des Morts...
En ce moment même, le corps du défunt devait être exposé sur un catafalque tandis que les ducs voisins tremblaient en sentant le vent se lever. De sa force dépendraient les limites du duché de Galidea. Dans l'Empire de Sienne, les frontières se renouvelaient en fonction de l'odeur de putréfaction exhalée par le corps du défunt. Si le vent se voulait clément à l'égard du mort et si le soleil, lui aussi, daignait accorder ses faveurs, les frontières s'élargiraient et provoqueraient à coup sûr colère et ressentiment dans les rangs des ducs voisins.
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Vidéo de Mathieu Gaborit
À l'occasion de la sortie du tome 2 de la Cité exsangue et de notre mois d'avril entièrement dédié son auteur, Mathieu Gaborit a répondu à nos questions dans ce nouvel épisode à découvrir dès maintenant.
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