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Critique de petitours


Gabriel Bonnot de Mably, frère de Condillac et précurseur du socialisme utopique m'était totalement inconnu il y a peu. Je crois pouvoir ajouter que si le mal est réparé me concernant, ce philosophe peu illustre l'était à la fois pour nombre de lecteurs francophones, la faute peut être, aux hasards de ce que l'histoire de la pensée aura choisi de filtrer. Quoi qu'il en soit les Presses universitaires du Mirail proposent ici de remettre à l'honneur un philosophe sous-représenté, à travers notamment un important travail introductif d'Eliane Martin-Hagg. Plus qu'un riche appareil éditorial et critique, l'introduction complète la pensée de l'auteur et la remet dans le contexte des débats historiques et philosophiques.
Ce qui saisit tout d'abord le lecteur, c'est la puissante ironie, voltairienne oserais-je dire, de l'auteur qui remet en cause les bienfaits du libéralisme et le prisme utilitariste d'évaluation du bien-être collectif : "Je crois assez vraisemblable qu'on ne doit la première idée des propriétés foncières, qu'à la paresse de quelques frelons qui voulaient vivre aux dépens des autres sans peine, et à qui on n'avait pas l'art de faire aimer le travail". La critique du libéralisme politique au sens classique tel qu'il est porté à la fois par les Lumières et par la pensée économique de son siècle repose ainsi avant tout sur une remise en cause radicale de la recherche leibnizienne d'un meilleur des mondes possibles, où le possible excuse et justifie tout à la fois l'injustice inégalement répartie. Il m'est difficile d'estimer l'apport réel de l'auteur aux débats d'idées de l'époque et il me semble que si sa critique est parfois radicale et souvent justifiée, elle est parfois un peu datée et que certaines de ses polémiques, si elles restent d'actualité, ont pris un visage nouveau enrichies par la constitution et le rejet des utopies politiques des siècles suivants. Quoi qu'il en soit si la lecture de ces dix lettres est aisée, il ne fait aucun doute qu'une relecture sera nécessaire pour en saisir la portée.
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