Ce livre est très bien écrit et plein d'érudition. L'auteur est agrégé de lettres et on sent qu'il a une grande culture littéraire. Cela peut intéresser un lycéen qui a pris l'allemand en première langue vivante car il y a beaucoup de référence à l'Allemagne, aux peintres, poètes et écrivains de langue allemande.
Il y a beaucoup de mots et d'expressions en allemand non traduits par l'éditeur, ce qui est dommage quand on ne comprend pas cette langue. Par exemple, page 13 : "Vom Blau, das noch sein Auge suchts..." ou page 106 : "Du bleibst, du bleibst, du bleibst ! einer Toten Kind, / geweight dem Nein meiner Sehnsucht....".
J'ai bien aimé Perceval ! un squelette pédagogique de taille adulte, pendu juste à l'entrée de la salle de classe. "Une métaphore de la vie" avait dit l'instituteur. Cela me rappelle mon enfance et la classe de sciences naturelles qui avait, elle aussi, son Perceval accroché dans un coin.
Il semblerait que ce soit fortement autobiographique mais je ne connais pas suffisamment l'auteur pour me prononcer dans ce sens.
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J'avoue avoir eu du mal avec ce livre, ces moments hachés, et des références difficiles à appréhender...
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Evoque, par fragments, une enfance et une jeunesse dans une ville frontalière, proche de l'Allemagne où surgissent, tels des fantômes, les personnages du roman familial : un frère, mort dans un accident, l'oncle Martin, disciple de Heidegger,...
Un roman d'apprentissage, plein de brume et de mystère, à l'écriture élégante et précise.
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C'étaient aussi des temps de solitude, comme on en vit seulement dans l'ennui dur des grandes villes.
Mais sa passion finit par se dissiper, pour les heaumes ou les hauberts (enfant, on aime les mots nouveaux), tandis que demeurèrent son goût des timbres et le souvenir du petit fantôme dans les buts du stade près du marronnier, au croisement des rues de France et de Graefinthal. Restait quand même Perceval, sa drôle de famille, son vieil oncle ermite, cette lance qui saigne et le Graal. Il s'était cru à l'abri du temps, dans son château du Moyen Age, avec ses ors et son lapidaire, les couleurs à combiner sans fin de ses pierres précieuses : chrysolithe, émeraude, améthyste, topaze, escarboucle ou cristal... C'était passé. Bientôt pourtant il monterait à cheval : il emprunterait, c'est tout vu, le palefroi d'Yvain lavé de sa folie noire. "L'amble de l'oubli", nota-t-il dans son journal.
Hélas, quand on comprend enfin que les morts ne nous ont pas quittés, il est souvent trop tard : c'est presque l'heure de mourir à son tour, de devenir soi-même un fantôme. Ou peut-être un ange.
Un autre encore de ses oncles portait au doigt une chevalière d'or et d'émeraude. C'était M.H. Rattaché par alliance, donc par hasard, au tronc tordu de la famille, M.H. rêvait pour elle d'un blason pur. Il voulut déterrer de force les racines mortes d'un arbre déjà sec : il se piquait de généalogie. Mal lui en prit, car il trébucha très vite sur une affaire taboue d'enfant trouvé, d'ascendants juifs. Bien sûr, il refusa de l'admettre, se fâcha, finit par réinventer le mythe sempiternel d'anciennes ramures aristocratiques et même anglaises.
Il faut du temps pour comprendre que les morts ne nous ont pas quittés, qu'ils sont toujours là pour nous veiller, nous surveiller. Ce ne sont pas des fantômes, non, plutôt des anges qui nous regardent, comme des yeux sans visage... Des anges ? Perdu devant l'écran blanc, la forêt du tableau, il cherchait en vain la distance exacte pour saisir à nouveau la forme de son frère (une fiction). Toute son imagination n'y suffisait pas.
Par Fabrice Gabriel, écrivain et critique littéraire.
Tous ceux qui ont vécu la période du confinement ont été saisis d'un désir continu de sortir, d échapper à l'injonction du « Restez chez vous ». K, le héros du Château de Kafka, aspire, lui, à rentrer, à rejoindre cet idéal du lieu fermé (das Schloss, « château » , signifiant également « serrure »). Dans le maquis des interprétations qui ont proliféré depuis que Kafka a laissé à la postérité son ultime roman – publication posthume comme beaucoup de ses oeuvres –, Fabrice Gabriel tente de trouver un nouveau chemin, susceptible d'éclairer en miroir l'expérience du confinement.
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