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EAN : 9782757871874
384 pages
Points (25/10/2018)
3.34/5   66 notes
Résumé :
Dans un immeuble cossu de via Merulana à Rome, les bijoux d’une comtesse vénitienne ont été dérobés ; et voilà qu’on retrouve la belle Liliana Balducci assassinée de façon sanglante. Les enquêteurs sont sur les dents : indices, poursuites, interrogatoires… un vrai roman policier. Mais pour le nonchalant commissaire Ingravallo, chaque effet a une multitude de causes, chacune en cachant d’autres. Et dans le cas d’un crime, aucun des courants qui convergent dans ce tou... >Voir plus
Que lire après L'affreuse embrouille de via MerulanaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Il paraît que ce livre est un TRÈS grand roman du XXè siècle, un monument de la littérature italienne, un classique, un incontournable, que sais-je ? Les gens du Seuil n'ont d'ailleurs pas hésité à en rajouter une bonne louche lorsqu'ils ont promu la nouvelle traduction de Jean-Paul Manganaro, histoire de nous faire accroire au chef-d'oeuvre oublié... Mouais, bon, leur travail c'est de communiquer et de vendre du papier, pas forcément d'énoncer des vérités avérées, alors, tenez-vous-le pour dit.

La narration se présente sous la forme assez classique de l'enquête policière. Tout d'abord une ancienne comtesse se fait voler des bijoux dans un immeuble cossu de la via Merulana. Puis ça sent le truc louche à plein nez, elle ne veut plus porter plainte. Comme par hasard, quelques jours à peine après ce larcin, dans le même immeuble, une bourgeoise, Mme Liliana Balducci, se retrouve égorgée, et on se demande pourquoi...

Il s'avère que l'inspecteur chargé de l'enquête, Ingravallo (qu'on appelle aussi Don Ciccio ou le " dottore ", histoire de rendre l'identification plus facile) connaissait un peu les Balducci, et des relents de coup foireux, on passe au parfum de l'histoire bien glauque, avec des domestiques qui servaient de dessert au mari, bref, une affreuse embrouille, et dont le déroulé proprement policier fut globalement très bien restitué dans le film réalisé en 1959 par Pietro Germi avec Claudia Cardinale et intitulé en français, Meurtre à l'italienne.

Mais en fait, toute cette histoire proprement policière et qui soutient la tension de l'intrigue n'intéresse nullement l'auteur : elle n'est qu'un prétexte à nous faire des pages et des pages de bavardages " avec accent " et des descriptions, des descriptions et encore des descriptions ; et quelles descriptions !! Imaginez la manière pléthorique d'un Zola dans le Ventre de Paris, faite dans une langue incompréhensible, rognée, déformée, pleine d'allusions à d'autres choses et qui, sans le secours des notes en bas de page, seraient totalement absconses. Pour moi, ce fut un calvaire à lire.

En effet, après un début à peu près acceptable, quoique déjà bien noué et hermétique, ce livre devient au fur et à mesure pratiquement illisible : on suffoque, on manque d'air, on ne comprend plus rien et puis, fatalement, on décroche. Ce sont des entortillements à n'en plus finir, des allusions de ceci ou de cela, des néologismes, des mots sur des mots, jusqu'à l'overdose, des surnoms à gogo, des déformations langagières, des fautes de langue répétées à l'infini, aucune longueur ou redondance épargnée. Bref, selon mes critères, c'est chiant à mourir, et on ne sait même plus de qui l'on parle exactement dans les pages que l'on lit.

Alors si l'on considère comme un acte héroïque de tailler des costards à Mussolini en 1957 comme le fait Carlo Emilio Gadda, alors c'est très bien, mais j'ai comme dans l'idée que cela aurait été un poil plus héroïque en 1927 ou 1937, au moment même des forfaits du Duce, plutôt que vingt ans après, mais bon, c'est ma façon de voir.

En somme, d'après moi, un livre pénible, dont je ne garderai aucune impression de plaisir à la lecture, ni même d'un quelconque intérêt plus général sur la connaissance qu'il m'aura procuré à propos de l'Italie de cette époque-là ou du phrasé romain passé à la moulinette de la traduction. Moralité : grosse déception et impression d'avoir perdu mon temps, mais, vous savez que ça n'est que mon avis, affreusement embrouillé, c'est-à-dire, bien moins que le chant d'un merle par un matin d'avril.
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Cela faisait longtemps que je voulais m'atteler à la lecture de L'Affreux pastis de la rue des Merles (1957) de Carlo-Emilio Gadda (1893-1993) mais jamais je n'avais encore trouvé le courage de l'aborder. Entre temps, le pastis est devenu l'embrouille et la rue a retrouvé son nom italien. Et là, à l'occasion de mon giro de la littérature italienne, je m'y suis collée.

Et  alors ?
C'est encore pire que je l'imaginais. Cette lecture, mes chers amis, est une épreuve physique et mentale, un col hors-catégorie réservé à une élite italianiste et érudite.

De quoi qu' ça cause ?
A priori il s'agit d'une double affaire policière. Dans un immeuble bourgeois de la via Merulana à Rome, un vol de bijoux puis un meurtre horrible ont été commis. le livre suit fidèlement le déroulement chronologique de l'enquête. On se retrouve dans tous les milieux, chez les bourgeois, dans les bas-fonds et même à la campagne. L'enquête sur le meurtrie de la belle Liliane Balducci, qui adoptait ses nièces pour pallier le désespoir causé par sa stérilité, ne sera pas élucidé. le policier n'est qu'un prétexte.

De quoi qu' ça cause donc ?
Heu…..

Pourquoi qu' c'est dur à piger ?
Au lieu d'aller droit au but, d'éclaircir la réalité logiquement , le langage utilisé complexifie l'histoire ligne après ligne et fabrique une affreuse pelote embrouillée. Ce pasticciaccio est farci jusqu'à saturation d'odeurs, de puanteurs, de méchancetés, diverses et variées rapportées dans différents dialectes, idiomes ou niveaux de langue par l'ensemble des protagonistes. Au départ c'est « truculent », «  gouailleur »mais bien vite ça devient très pénible à lire, roboratif, lourdingue, indigeste. On étouffe !

Pourquoi qu' c'et'i donc lelitiste ?
Parce qu'il faut avoir le palais éduqué pour savourer le "pasticciaccio". Parler italien pour comprendre les jeux de mots, les inventions verbales et rire vraiment. Connaître la vie quotidienne à Rome durant les années fascistes. Il est souhaitable de posséder une connaissance populaire et intime de la langue italienne transmise par un aïeul par exemple mais aussi une connaissance érudite, historique et philosophique. On trouve également pas mal de références savantes à l'Antiquité romaine. Je n'ai pas compris la plupart des allusions, des parodies, des pastiches et mélanges. Sans ces références, c'est difficile de prendre plaisir à lire ce livre.

Gaddin.
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Quel livre étrange et splendide!
Ce n'est pas un roman policier et pourtant les crimes sont au coeur du récit.
Ce n'est pas une description de Rome et pourtant quelques lieux de Rome et surtout de ses environs prennent une consistance forte.
C'est une oeuvre de Carlo Emilio Gadda, parue en 1957 sous sa forme définitive et dont une nouvelle traduction, due à Jean-Paul Manganaro, vient de paraître. Je découvre cet auteur à travers ce roman, et la découverte est belle, sombre aussi.
L'action se situe donc à Rome, en 1927, cinq ans après le début du fascisme mussolinien. le crime perpétré est le point de rencontre entre la bourgeoisie et les milieux populaires. Entre les deux, les forces de l'ordre (on devrait dire de l'Ordre), divisées en policiers et carabiniers. Chaque lieu et chaque personnage possède une densité et une identité forte. Et comme une ombre tutélaire et grotesque, le dictateur que Gadda afflige d'une multitude de sobriquets dévastateurs avec une inventivité jouissive.
Car la prose que nous restitue Jean-Paul Manganaro est d'une richesse époustouflante, remplie de trouvailles, de détournements de sens, de mots inventés, de références littéraires ou picturales. L'accès à ce livre n'est donc pas très aisé. D'autant plus que le traducteur, pour rendre la diversité linguistique de l'original, recrée des parlers populaires auxquels il faut s'adapter.
Mais si l'on arrive à plonger dans cet écheveau et à en démêler quelques fils (il faut renoncer à tout comprendre à la première lecture), on est invité à un festin littéraire de très haut niveau. En tout cas, je me suis régalé.
Un conseil pour finir: ne lisez pas l'introduction de Jean-Paul Manganaro avant le roman, mais après.
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Comme propos liminaire au roman j'aimerais m'attarder sur la traduction du titre Quer pasticciaccio brutto de via Merulana, rendu par l'Affreux pastis de la rue des Merles. le terme pastis est trop inusité dans l'acception présente, et traduire le nom de la rue en français est maladroit. Je préfère la nouvelle traduction, plus congrue, l'Affreuse embrouille de via Merulana. Ma critique a donc pour objet la traduction de 1963, une nouvelle ayant été éditée en 2018. Passons.

Rome. 1927. Dress code : chemise noire. C'est moins salissant. Au 219 via Merulana se dresse un immeuble bourgeois (escalier A pour les gens de condition, escalier B pour le reste) sans charme. Un jour une vieille dame est victime d'un cambriolage par une personne soi-disant missionnée pour vérifier le bon fonctionnement des radiateurs. Grand émoi dans le bâtiment. Plus incroyable encore, peu de temps après, on retrouve la voisine du même pallier atrocement assassinée, presque décapitée, lardée de plusieurs coups de couteau. La police enquête.

Mais là n'est pas le propos. Ceci n'est pas un roman policier, ce n'est pas la matière de l'oeuvre. Et matière il y a. Carlo Emilio Gadda va travailler, tel un potier son argile, la nature même du langage. Il emploi d'abord à sa fantaisie cinq ou six dialectes régionaux italiens (la traduction s'efforce d'en rendre les particularismes, mais c'est assurément plus savoureux dans l'original) et pas l'Italien académique toscan, ce qui exige peut être même plus d'effort pour les italophones. Il balaye toutes les formes langagières. L'argot alterne avec des mots savants, scientifiques - d'un pédantesque Joycien. Rassurez vous cependant, c'est lisible et articulé, vous n'êtes pas en présence d'une mouture transalpine de Finnegans Wake. le texte est parsemé de locutions latines mais aussi de grec ancien incompréhensible du commun des lecteurs, d’archaïsmes, sans oublier quelques assertions en langues européennes. Gadda oralise les mots, il phonétise des parties du discours; comme le fera après lui Raymond Queneau. Il n'est pas avare de néologismes, et a recours, avec bonheur, au pastiche, de Joyce donc, mais aussi de Rabelais et certainement d'autres auteurs, allez-y voir. Il n'oublie pas de ridiculiser allusivement le duce.

Ce texte est réputé comme un des sommets de la littérature italienne du XXème siècle. C'est une oeuvre baroque et protéiforme. Elle est la manifestation que tout est permis en littérature, hormis la médiocrité. C'était un roman dont j'attendais beaucoup. Il m'a fallu saisir la tournure d'esprit, jouer le jeu. Je penses que c'est une de ces oeuvres qui perd un peu de son sel à la traduction.
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Ce roman est sans aucun doute le livre italien dont la lecture en version originale a été la plus ardue pour moi jusqu'ici ! Et pour cause. D'une part, avec Carlo Emilio Gadda, tout est prétexte à de délicieuses digressions. D'autre part, ce roman n'est pas écrit en italien mais s'adapte au dialecte des personnages et donc essentiellement en "romain". Quel voyage ! On s'y croirait !
L'intrigue, par ailleurs, consiste en deux vols de bijoux dont le second associé à un meurtre, à via Merulana 219. Don Ciccio, qui était régulièrement reçu chez la victime, est chargé de l'enquête. L'histoire va donc nous emporter dans les méandres de la campagne romaine, le long de la via Appia. Si l'on n'aura aucune certitude quant à l'identité du coupable en refermant le livre, on n'en aura pas moins passé un excellent moment.

Challenge XXème siècle 2022
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
« Utiliser » l'événement — quel que soit l'événement que Jupiter Salopard, présidant aux nuages, t'a fienté d'vant l'nez, plaf, plaf — pour la magnification d'une activité pseudo-éthique personnelle, en fait protubéremment scénique et salement théâtralisée, est le jeu de quiconque, institution ou personne, veut attribuer à la propagande et à la pêche les dimensions et la gravité d'une activité morale. La psyché du dément politique exhibée (narcissiste à contenu pseudo-éthique) agrippe le crime d'autrui, réel ou supposé, et y rugit dessus comme un fauve couillon et furibard à froid sur une mâchoire d'âne : se conduisant de la sorte pour épuiser (pour détendre), sous la vaine apparence d'un mythe punitif, la sale tension qui le contraint à l'acte pratique : à la pratique quelle qu'elle soit, pourvu qu'il y ait pratique, à la pratique « coûte que coûte ». Le crime d'autrui est « utilisé » afin d'assouvir la Mégère à la crinière enserpentée, la multitude en folie : qui ne se laisse pas assouvir pour si peu : il est offert, le crime, comme bouc ou faon déchiré, aux échevelées qui le détruiront en lambeaux, suaves en leurs bonds par buissons ou mamelons, omniprésentes et voraces dans la bacchanale qui s'enflamme de leurs cris, et s'empourpre du massacre et du sang : une pseudo-justice, une pseudo-vérité, ou la pseudo-habilitation aux diktats acquérant ainsi cours légal.

Chapitre IV.
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Madame Liliana, de temps à autre, on eût cru qu'elle soupirait. Ingravallo remarqua que, deux ou trois fois, à mi-voix, elle avait dit bah ! Cœur qui soupire n'a pas c' qu'il désire. Une étrange tristesse semblait teinter son visage, dans les moments où elle ne parlait ni ne regardait les convives. Une idée, un souci la retenaient-ils ? se cachant derrière le rideau des sourires, des attentions prévenantes ?

Chapitre I.
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Ce n'est pas uniquement le prix qui doit nous déterminer pour la transaction, le miroir aux alouettes du prix… la brutalité d'un chiffre.

Chapitre III.
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Tous l’appelaient désormais don Ciccio. C’était le dottor Francesco Ingravallo détaché à la garde mobile : l’un des fonctionnaires les plus jeunes et, on ne sait pourquoi, jalousés du bureau enquêtes : doué d’ubiquité, omniprésent dans les affaires ténébreuses. De taille moyenne, plutôt replet de sa personne, ou peut-être un peu trapu, les cheveux noirs, touffus et crépus qui semblaient sortir à mi-hauteur de son front, comme pour abriter du beau soleil d’Italie ses deux bosses métaphysiques, il avait un air un peu somnolent, une allure lourde et indolente, la façon d’agir un peu niaise de quelqu’un qui lutte avec une digestion laborieuse 
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"Utiliser" l'événement - quel que soit l'événement que Jupiter Salopard, présidant aux nuages, t'a fienté d'vant l'nez, plaf, plaf - pour la magnification d'une activité pseudo-éthique personnelle, en fait protubéremment scénique et salement théâtralisée, est le jeu de quiconque, institution ou personne, veut attribuer à la propagande et à la pêche les dimensions et la gravité d'une activité morale.
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