Il ya très longtemps, je m'étais promis de lire ce roman de Gainsbourg. Je le fais seulement maintenant...
Une histoire qui peut paraître dérangeante amis accessoire, celle d'un peintre pétomane utilisant ses flatulences en profitant des secousses qu'elles produisent sur la main qui tient sa plume à l'encre de Chine et produisent sur la toile des oeuvres qui deviennent rapidement la coqueluche des galeries du monde entier.
"Or, un jour qu'une flatulence formidable venait de me faire progresser de trente centimètres, que m'étant légèrement reculé, j'appréciais la finesse de mon tracé (...)"
On serait tenté de dire fermez le ban ! Circulez y'a rien à lire !
Eh bien, non !!!
Dans ce qui semble une bouffonnerie, Gainsbourg assène au lecteur ébahi une leçon de littérature sans pareille.
Une description des flatulences dans le droit fil de l'exagération rabelaisienne avec son accumulation de termes savants et ses listes à n'en plus finir :
"Mes gaz militaires plongèrent mes compagnons dans des transes de joie, la mauvaise nutrition de ces pauvres diables aidant, singe, corde-beef, et musiciens, haricots blancs, l'état d'esprit devient compétitif, Ylan s'écriaient certains cachant du lest n'est pas loin, et l'aire devint bientôt irrespirable.
(...)
Déclaré champion toutes catégories l'on me surnomma l'Embaumeur, la Bombarde, le Canonnier, l'Artificier, l'Artilleur, le Baroudeur, le Mortier, Bombe à gaz, Bazooka, Bertha, Roquette, la Bourrasque, le Souffleur, l'Anesthésiste, le Chalumeau, la Fuite, lourant, le Bouc, Putois, Grisou, Gazogène, l'Éolien, la Voisin, Borgia, Zéphyr, Violette, Vent-Vent, Master Poum, Prout-Cadet, Cocotte, Camping-gaz, Fulmicoton, Vent de cul, Gaz-oil, Perlouse (...)"
Evguenie veut comprendre le pourquoi et le comment de ses flatulences :
" Je réussi à me procurer (...) A. Lambling et L.Truffert, La composition actuelle des gaz intestinaux, étude de leur limite d'explosibilité des leur mélange avec l'air, (...) A.Oppenheimer, Concerning action of post pituitary extraits upon gaz in intestines, et me plongeai dans leur étude."
Derrière (GAG !), cette avalanche de vents odorants, Gainsbourg nous montre sa connaissance de deux thèmes qui lui tiennent à coeur, l'art et le marché mondial de l'art contemporain, l'alcool et la sophistication de ses préparations et représentations.
"Cette année-là Stolfzer vendit cent une de mes oeuvres, quatre-vingt-trois dessins et eux-fortes de la série des gazogrammes, et dix-huit peintures dont une à l'Institue of Arts de Detroit, deux au Moderne Museet de Stockholm, une au Marlborough Fine Arts de Londres, une encore à l'Art Muséum. Ateneum d'Helsinki, et un triptyque enfin à la Staatgaleire de Stuttgart. Dans le même temps, il m'obtint une position à la Galerie Galatea de Turin, une autre à Bruxelles au
Crédit Communal de Belgique, et une dernière à l'University Art Muséum de Berkeley."
Gainsbourg s'est souvent exprimé sur son regret de n'être qu'une vedette de la chanson, un art qu'il qualifiait de mineur et non pas peintre ou romancier :
https://www.youtube.com/watch?v=B1b_aSqWxW0
Autre passion de l'auteur, l'alcool, ses images et ses ravages :
"(...) m'asseyant au bar je m'enivrais de cocktails anciens, Lady of the lake, Baltimore Egg Nog, Too Too, Winnipeg Squash, Horse's Neck, Tango Interval, White Capsule, Corspse Reviver, et mon préféré Mona Vanna et Miss Duncan, dans un petit verre, flûte, verser doucement sans mélanger en parties égales, Cherry Brady et Curaçao vert, puis titubant d'alcool et de sucre je m'allais adosser à la paroi de l'ascenseur, en fixant d'un oeil glauque les chiffres des étages."
Ce court récit est prémonitoire de la trajectoire de Gainsbourg à Gainbsbarre.
À lire pour les aficionados de l'Ecce homo
Eh ouais c'est moi Gainsbarre
On me trouve au hasard
Des night-clubs et des bars
Américains c'est bonnard
(...) Il est reggae hilare
Le coeur percé de part en part.