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EAN : 9782848052014
300 pages
Sabine Wespieser (04/02/2016)
3.17/5   15 notes
Résumé :
La violente agression que subit dans sa salle de bains de La Esmeralda, Mexique, un inconnu vêtu d’un tee-shirt Redskins – c’est la scène inaugurale du livre – n’a pas de lien apparent avec le road movie mélancolique qui conduit Dale et Hoa dans le désert de Chihuahua.
Dale fait des recherches sur Ambrose Bierce, l’écrivain mort mystérieusement en 1913 après avoir rejoint la Révolution mexicaine. C’est sur sa trace qu’il emmène sa femme, Hoa. Le silence de le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je préfère être claire tout de suite : amateurs d'action, de rebondissements à répétition, de trame de lecture claire et bien définie, vous risquez de vous enliser, malgré un premier chapitre délirant.

Intimiste, lent, voire un brin décousu parfois, magnifiquement écrit et probablement traduit, ce roman séduit avant tout par sa capacité à magnifier les grands espaces désertiques mexicains et à décortiquer les liens qui unissent un couple en difficulté, Dale et Hoa, dont la vie s'est fissurée depuis que leur fils ne donne plus signe de vie. Des poèmes, comme des instantanés de leur vie passée, introduisent chaque nouveau chapître.

« La faible lueur d'une perle de sentiment sincère enfouie
dans une personnalité qu'elle croyait éteinte. »

Dans ce décor minéral et désolé, Dale a entrainé sa femme sur la trace d'Ambrose Bierce, écrivain mort mystérieusement en 1913, prétexte pour la sortir de sa torpeur dépressive.
« Trois théories sur la mort de Bierce. Donc je te les raconterai dans les trois endroits que nous visiterons pendant les trois jours qui viennent. »
En parallèle, l'histoire succincte de narcotrafiquants ponctue le périple du couple, insufflant par touches violence et rythme à leur huis-clos introspectif et angoissant. Les deux intrigues semblent tout d'abord n'avoir rien en commun, jusqu'à ce que le véhicule du couple tombe en panne en plein désert, alors que leurs réserves d'eau et de nourriture sont quasi épuisées.

J'avoue, j'ai bien failli décrocher. Une impression d'immobilité et de tristesse un peu trop oppressante sans doute, un manque d'action certain malgré la beauté incontestable du texte. Puis, rien de tel qu'une situation dramatique pour réveiller l'intérêt, la panne et le danger ont pimenté l'aventure.
Le road movie intimiste s'est achevé avec l'impression pour moi d'une oeuvre très aboutie finalement qui a su magnifiquement dépeindre le malaise d'un couple, son errance, sa mise en danger, pour déboucher sur un renouveau insolite.

Une lecture conseillée par une libraire enthousiaste que je n'aurais probablement pas dénichée seule. Rien ne remplace la transmission, n'est-ce pas…
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Voilà vingt ans que Dale et Hoa s'aiment mais l'équilibre de leur couple est mis à mal depuis quelques mois. Depuis l'accident de Declan, leur fils unique, la douleur et la dépression se sont installées entre eux, creusant un gouffre rempli d'une cruelle absence. Le dialogue est devenu difficile, le couple s'attache à ne parler que de généralités, de banalités , de tout ce qui ne risque pas de leur faire mal.
Aussi Dale qui doit partir quelques jours jours en voyage d'étude, propose à son épouse de l'accompagner. Il envisage cet intermède comme un possible temps de convalescence et de renouveau pour son couple.
Leur périple qui commence à Marfa dans le Texas va les mener jusqu'à Sierra Mojada au Mexique.
La route est longue, très longue et monotone. Ça pourrait être pour eux l'occasion idéale de parler mais pendant tout le voyage ils évitent d'aborder ce qui les préoccupe vraiment. Le sujet a l'air tabou. Dale et Hoa semblent craindre de faire exploser leur couple en l'abordant franchement. Leur esprit est tellement absorbé par cette pensée qu'ils ne sont pas capables de s'intéresser vraiment à autre chose. Le regard qu'ils portent sur ce qui les entoure reste en permanence superficiel, ne s'attachant qu'aux détails les plus triviaux. Pas de descriptions flamboyantes des paysages qu'ils traversent, juste quelques considérations anodines ( l'oiseau qui s'écrase sur le pare-brise, le menu des restaurants ect. ) mais derrière cette banalité , le feu couve, près à tout embraser.
Dans le même temps se joue une histoire singulière qui ouvre le roman sur un meurtre particulièrement barbare dont on ne nous dit pas grand chose à part les détails sordides.
On se doute bien que la route du couple va croiser celle du mystérieux tueur mais où et quand ? Et surtout pourquoi ? C'est ce qu'il vous reste à découvrir.....
Pendant 300 pages Forrest Gander réussit l'exploit de ne quasiment rien dévoiler d'essentiel. En ne faisant que suggérer au travers de détails, il réussit à créer une atmosphère un peu morbide et presque surréaliste, évocatrice d'une menace souterraine. Ça n'est pas forcement toujours captivant mais suffisamment intriguant pour avoir envie de poursuivre la lecture et découvrir comment cette histoire va se terminer.
La trace est un roman qui sort des sentiers battus et déroute par l'originalité de son style.
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Cette interminable errance dans le désert du Chihuahua m'a semblé très très longue : la chaleur, la poussière, la fatigue et les rencontres avec des personnages pas franchement sympathiques m'ont mise mal à l'aise. J'ai eu plus d'une fois envie de descendre de cette voiture. (D'ailleurs je me demande encore pourquoi les deux personnages sont restés !)

J'admets que ce livre est vraiment bien écrit, mais il ne se passe rien ou à peu près rien jusqu'au dernier quart du livre. Heureusement pour moi la fin était beaucoup plus captivante que le début.

Les derniers chapitres valent-ils l'ennui du début ? Probablement, puisque malgré tout ce que je viens d'écrire quelque chose d'indéfinissable m'a poussé à lire jusqu'à la dernière page.

En conclusion, je suis assez partagée, mais je pense que ce livre vaut quand même le détour (si on n'a rien d'autre sous la main).

Bonne lecture.
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Roman étrange, où la mort, omniprésente, imprègne toutes les pages. Au coeur de cette morbidité pourtant, la vie surgit et ne rend pas les armes - que ce soit par le biais des animaux, qui rendent vibrant un désert au premier abord inanimé, ou par celui de ce couple, superbement fort dans leurs prises avec un milieu hostile. Un roman qui est donc finalement, incroyablement vivant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il fut aspiré complètement dans sa course et n'eut plus conscience de penser à quoi que ce soit jusqu'à ce que sa montre sonne et qu'il mesure son temps. Autrement dit, il était sa course. Son corps séquestrait son esprit. [..]
Il n'avait aucun souvenir des chansons entendues au-delà du troisième kilomètre. Pendant l'essentiel de cette phase, il avait existé dans un pur présent.
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Il était tellement absorbé par ses lèvres - leur extrémité vermillon, le sillon vertical marqué de sa lèvre supérieure l'hypnotisaient entièrement - qu'elle dut lui poser deux fois la question. Avec son assurance détendue, sa façon de parler à bout portant - de donner son avis sincère sans se préoccuper de ce qu'on pouvait souhaiter entendre - jointe à son allure sensuelle et son visage animé - l'ouverture de sa bouche quand elle riait, ces lèvres, doux Jésus -, elle déclencha un sérieux détour de son attention.
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Ils pensaient chacun aux sons et aux vies des gens qui avaient vécu ici jadis. Hoa n'avait aucune peine à les imaginer : les rues bruyantes d'hommes en chapeau s'ignorant ou se saluant, leur voix basse résonnant sur ces mêmes murs d'adobe ou absorbée par eux. Une bibliothèque d'ondes sonores irrécupérables. En tant que céramiste, elle aimait cela. L'idée que des traces infinitésimales de vies humaines soient prises dans la pierre et l'argile.
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Les chauves-souris continuaient leur essor, masse énorme qui s'éloignait puis ressurgissait comme une trombe de fumée réabsorbée par la flamme. Pendant un instant interminable, il resta paralysé par le vacarme, tandis que l'épais lasso hypnotique, tourbillonnant dans la pénombre, se dénouait dans l'obscurité. Le temps que le tapage se réduise à des couinements perceptibles, la nuit répondait avec son orchestre électronique d'insectes, d'oiseaux de nuit et de crapauds.
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Une légère brise lui caressa les joues, et il se sentit presque bien, avec le panorama étalé au loin devant lui. Un goût d'illimité. Et soudain ce qu'il ressentait s'aiguisa en crainte grotesque. Pas un signe d'humanité en vue. [...] Devant lui, la piste disparaissait en s'enroulant derrière une petite butte. Ce n'était pas du tout une brise qu'il sentait, se dit-il. C'était l'aspiration du vide. Les poils fins humides de ses avant-bras se hérissèrent au garde-à-vous.
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Vidéo de Forrest Gander
5 questions posées à Forrest Gander, à l'occasion de la sortie de son livre En ami (Sabine Wespieser). Forrest Gander était présent dans le cadre du festival des Belles Etrangères.
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